Les humains sur Mars: techniquement possible, mais aucun voyage à l'horizon

 Le rover de la Nasa, Perseverance, partira aujourd'hui de cap Canaveral en Floride vers Mars. (Photo Gregg NEWTON/AFP).
Le rover de la Nasa, Perseverance, partira aujourd'hui de cap Canaveral en Floride vers Mars. (Photo Gregg NEWTON/AFP).
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Publié le Jeudi 30 juillet 2020

Les humains sur Mars: techniquement possible, mais aucun voyage à l'horizon

  • Le paradoxe de la conquête humaine de la planète rouge: promise car faisable, mais toujours remisée au profit des robots, moins chers et moins risqués
  • "C'est comme si, après le retour de Christophe Colomb du Nouveau Monde, Ferdinand et Isabelle avaient dit que cela ne les intéressait pas"

WASHINGTON : Le 11 mai 1990, le président américain George Bush annonçait la prochaine frontière de l'exploration spatiale: un homme sur Mars -- avant le 20 juillet 2019, cinquantième anniversaire du premier pas sur la Lune.

L'engagement a évidemment fait long feu, et les promesses similaires de trois de ses successeurs (Bush fils, Barack Obama et Donald Trump) n'ont donné naissance à aucun programme concret, ce qui illustre le paradoxe de la conquête humaine de la planète rouge: promise car faisable, mais toujours remisée au profit des robots, moins chers et moins risqués.

"J'ai dû assister à 10.000 présentations sur la façon d'envoyer des humains sur Mars", dit à l'AFP G. Scott Hubbard, à Stanford, ancien de la Nasa. "Mais personne depuis Kennedy n'a été capable de mettre les sommes conséquentes".

Les experts en conviennent: les grands défis technologiques et de santé pour cette mission, qui durerait deux ou trois ans, sont à peu près résolus.

Pour le lancement, il faudra une fusée très puissante, ce que la Nasa sait faire depuis les années 1960. Aujourd'hui les nouvelles sociétés SpaceX, d'Elon Musk, et Blue Origin, du patron d'Amazon Jeff Bezos, construisent des lanceurs lourds qui seront capables d'envoyer des dizaines de tonnes vers la planète rouge.

 Seuls et loin

Pour les sept mois de transit, vingt ans d'occupation de la Station spatiale internationale ont rassuré les scientifiques sur les risques posés par les radiations et l'apesanteur, comme la perte de muscles: le corps n'en ressort pas indemne, mais le risque est jugé acceptable.

Reste le séjour sur Mars, qui durera une quinzaine de mois afin d'attendre que les deux planètes reviennent du même côté du Soleil. Il y fait -63°C en moyenne, et les radiations sont importantes, mais on sait fabriquer des combinaisons et des abris protecteurs.

Pour les urgences médicales, la distance rendra impossible une évacuation. 

Quels pépins devront anticiper les astronautes? D'abord une fracture, mais un plâtre suffira souvent, dit Dan Buckland, ingénieur et médecin urgentiste à l'université Duke, qui développe une aiguille intraveineuse robotisée avec le soutien de la Nasa. 

Diarrhées, calcul rénal et appendicite sont généralement soignables, sauf 30% des appendicites qui doivent être opérées et pourraient donc être fatales.

Avec des dépistages poussés, on peut fortement réduire la probabilité qu'un cancer apparaisse et devienne dangereux en trois ans, dit Dan Buckland.

"Selon moi, il n'y a pas d'obstacle médical absolu pour aller sur Mars", conclut le médecin.

Pour les habitations et les véhicules, un problème sera d'empêcher la poussière de rentrer. "Mars a ce problème spécifique des tempêtes de poussières", pointe Robert Howard, du centre Johnson de la Nasa. Ces infernales tempêtes peuvent bloquer pendant des mois le Soleil... et donc tout panneau solaire.

Il faudra donc des mini-réacteurs nucléaires. En 2018, la Nasa et le département de l'Energie ont réussi un projet de démonstration, le Kilopower Project.

A terme, le but sera de fabriquer des matériaux sur place grâce aux ressources minières, sans doute avec des machines d'impression 3D. Là le développement est embryonnaire, mais le programme lunaire américain Artémis sera un banc d'essai.

Coloniser ?

Elon Musk prône une colonisation de Mars, avec une première équipée pour construire une usine d'oxygène et de carburant (méthane), à partir de l'eau martienne et du dioxyde de carbone de l'atmosphère.

"Devenir une espèce multiplanétaire", a-t-il lancé dans un discours phare en 2017, "c'est quand même autre chose que d'être une espèce monoplanétaire".

Robert Zubrin, président de la Mars Society, défend infatigablement la création d'une "nouvelle branche de l'humanité". Qu'on n'ait rien fait depuis le dernier pas sur la Lune en 1972 est selon lui honteux.

"C'est comme si, après le retour de Christophe Colomb du Nouveau Monde, Ferdinand et Isabelle avaient dit que cela ne les intéressait pas", compare-t-il.

"Arrêtons les conneries!", s'exclame à l'inverse l'exobiologiste Michel Viso, de l'agence spatiale française (CNES). "On a une planète formidable avec de l'atmosphère, de l'oxygène, de l'eau (...) C'est criminel, on n'a pas le droit de faire croire aux gens qu'il y a un plan B, une planète B, qu'on va faire une civilisation martienne!"

Que l'humanité installe une colonie ou des bases permanentes, l'obstacle le plus important, pour une présence humaine durable sur Mars, sera de convaincre les peuples et leurs dirigeants d'accepter un niveau de risque supérieur que pour la Lune ou l'ISS, argue Dan Buckland. A long terme, tout le monde ne reviendra pas de Mars.


Hoor al-Qasimi nommée directrice artistique de la Biennale de Sydney

Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
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  • Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre
  • Depuis 2017, Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique

DUBAÏ : La Biennale de Sydney a annoncé cette semaine la nomination de la commissaire d’expositions émiratie Hoor al-Qasimi au poste de directrice artistique de sa 25e édition, qui se tiendra du 7 mars au 8 juin 2026.

Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre et s’affirme en tant que première biennale établie dans la région Asie-Pacifique.

En 2009, Al-Qasimi a créé la Fondation d'art de Sharjah, dont elle est actuellement la présidente et la directrice. Tout au long de sa carrière, elle a acquis une vaste expérience dans la conception de biennales internationales, notamment en tant que commissaire de la deuxième Biennale de Lahore en 2020 et du Pavillon des Émirats arabes unis à la 56e Biennale de Venise en 2015.

Elle a également cocuraté la sixième édition de la Biennale de Sharjah en 2003 et en assure la direction depuis.

Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique depuis 2017.  Elle a précédemment siégé au conseil d'administration du MoMA PS1 à New York et à celui du Ullens Center for Contemporary Arts (UCCA), à Beijing, entre autres fonctions.

Elle est également directrice artistique de la sixième Triennale d'Aichi, qui se tiendra au Japon en 2025.

 


Cannes: le conflit israélo-palestinien en filigrane

L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
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  • Sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza
  • Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité »

CANNES, France : Un symbole palestinien ou un portrait d'otage: à l'heure où le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza embrase les campus et les réseaux sociaux, les stars présentes au 77e Festival de Cannes préfèrent afficher un soutien discret.

Ruban jaune accroché à la veste, l'acteur Philippe Torreton a gravi mardi les marches du Festival. Un symbole en soutien aux quelque 250 personnes prises en otage par le Hamas le 7 octobre.

L'actrice Leïla Bekhti, qui a récemment enregistré un message en faveur des enfants de Gaza pour l'Unicef, a arboré mercredi un pin's pastèque, l'un des symboles de la résistance palestinienne.

Des positionnements très discrets quant au conflit israélo-palestinien, au moment où sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza. Beyoncé et Kim Kardashian figurent parmi les cibles de cette mobilisation propalestinienne et ont déjà perdu des centaines de milliers d'abonnés.

En réponse, des célébrités comme Omar Sy, membre du jury à Cannes, ont mis en ligne en début de semaine un appel au cessez-le-feu sur Instagram.

Sur le tapis rouge cannois, le message le plus fort à propos de ce conflit est venu jusqu'ici d'une survivante de l'attaque du Hamas le 7 octobre, Laura Blajman-Kadar, vêtue d'une robe jaune affichant des portraits d'otages israéliens et une écharpe noire «Bring them home» («Ramenez-les à la maison»).

Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité, ont indiqué à l'AFP ses organisateurs.

Ce film, composé d'extraits des caméras et téléphones des assaillants du Hamas et d'images captées par des victimes et des secouristes, avait été diffusé le 14 novembre à l'Assemblée nationale en France. Des projections privées ont déjà eu lieu en marge de sommets comme Davos, selon les organisateurs.

- Haute surveillance -

Mais point de manifestation politique, ni côté public, ni côté montée des marches. Une discrétion à l'extrême, qui pourrait basculer avec la présentation vendredi à 18H00 de «La belle de Gaza», documentaire dans le milieu très fermé des femmes transgenres palestiniennes réfugiées à Tel-Aviv.

Même si le conflit israélo-palestinien, évoqué à travers la dureté des autorités pour les «clandestines» venues de Cisjordanie sans permis de travail, s'efface totalement dans ce film de Yolande Zauberman, supplanté par un autre type de conflit intime et universel.

Si aucun film palestinien n'est présent en sélection, «Vers un pays inconnu» du réalisateur danois d'origine palestinienne Mahdi Fleifel, suit deux jeunes cousins palestiniens se retrouvant en Grèce, après avoir fui un camp au Liban. Le film est présenté à la Quinzaine des cinéastes.

Au Marché du film, le plus grand au monde, le pavillon du «film arabe» a déroulé une grande banderole appelant à soutenir l'industrie des territoires occupés ou ses cinéastes en exil.

Le seul film israélien présenté cette année est le court-métrage d'Amit Vaknin, étudiante en cinéma à l'Université de Tel-Aviv. «It's no time for pop» s'attache à une jeune femme qui refuse de prendre part à des festivités patriotiques.

Le pavillon israélien a été maintenu, sous très haute surveillance, avec un filtrage sécuritaire drastique à l'entrée.

L'équipe de l'ambassade israélienne a déclaré à l'AFP avoir douté jusqu'au dernier moment du maintien de sa présence, moins d'une semaine après les manifestations monstre lors de l'Eurovision en Suède.

 


Pour sa nouvelle création, Angelin Preljocaj livre son «Requiem(s)»

Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
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  • Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes
  • Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal

AIX-EN-PROVENCE, France : De la tristesse, de la rage parfois mais aussi des moments de joie, le chorégraphe français Angelin Preljocaj présente ce week-end à Aix-en-Provence, en première mondiale, «Requiem(s)», un spectacle autour de toutes les facettes de la mort et du deuil.

«C'est un thème magnifique et puis l'année 2023 était une année assez dure pour moi personnellement. J'ai perdu beaucoup d'amis, mes parents aussi. Je me suis dit que c'était peut-être le moment de faire un requiem», confie M. Preljocaj à l'AFP.

Basé avec son ballet à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, au Pavillon noir, le chorégraphe d'origine albanaise est connu notamment pour ses ballets «Le Parc» et «Blanche-Neige», et ses collaborations fréquentes avec des artistes issus de la musique électro comme Air, le DJ Laurent Garnier et les Daft Punk.

Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes.

Pour ce spectacle, Angelin Preljocaj dit s'être longuement documenté, allant piocher des références entre autres chez le sociologue Émile Durkheim, qui expliquait que les hommes ont fait société quand ils ont commencé à donner une cérémonie pour leurs morts.

Les facettes de ce cérémonial ressortent tout au long du ballet, tantôt langoureux, tantôt très rythmé, parfois complètement frénétique, les danseurs jouant avec les différentes émotions liées au deuil.

«Ce n'est pas toujours triste, il y a beaucoup de joie dans le spectacle aussi, de la rage parfois, de la mélancolie», énumère le chorégraphe.

- De Mozart au métal -

Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal.

«Les musiques m'apportaient des nuances d'émotions différentes et j'avais envie de travailler avec ces choses-là, par exemple les cantates de Bach (1685-1750), Ligeti (1923-2006), Mozart (1756-1791)... et du métal. Je me suis beaucoup amusé avec ça», sourit Angelin Preljocaj.

Des décors aux costumes en passant par la lumière, les danseurs se retrouvent plongés dans une bichromie noire et blanche pudique, seulement troublée par quelques très rares touches de rouge.

Après une heure trente de danse, le public a applaudi de longues minutes.

«Un spectacle, c'est comme une photographie qu'on met dans le révélateur; le révélateur c'est le public, et ce soir c'était très très chaleureux», souffle le chorégraphe à l'issue de la générale.

Après les deux dates inaugurales au Grand Théâtre de Provence vendredi et samedi, une tournée à Paris et dans plusieurs autres villes de France, le spectacle reviendra au mois d'octobre à Aix puis sera joué le 4 décembre à Modène (Italie) puis en 2025 à Athènes, Madrid et Fribourg (Suisse).