BRUXELLES: L'UE va revoir son aide au développement en faveur des Palestiniens, après l'attaque du Hamas contre Israël, a indiqué lundi soir la Commission européenne, sans faire mention d'une suspension annoncée par un de ses Commissaires, au grand dam de certains des 27 Etats membres.
La Commission européenne a annoncé qu'elle lançait "un rééxamen urgent de l'assistance de l'Union européenne à la Palestine", quand quelques heures plus tôt un de ses commissaires, Oliver Varhelyi, annonçait la suspension de tous les paiements prévus dans le cadre de cette aide au développement.
"Tous les paiements immédiatement suspendus, tous les projets réexaminés, tous les budgets concernant des projets, y compris pour 2023, reportés jusqu'à nouvel ordre, réévaluation de tout le programme", avait affirmé le commissaire hongrois en charge du voisinage et de l'élargissement, dans un message sur X (ex-Twitter).
"L'ampleur de la terreur et de la brutalité contre Israël et son peuple marque un tournant. Il n'est pas possible de faire comme si de rien n'était", a encore dit ce commissaire, à la veille d'une réunion extraordinaire d'urgence des ministres des Affaires étrangères de l'UE, convoquée à la suite de l'attaque du Hamas contre Israël.
Cette annonce a surpris à Bruxelles et au-delà, d'autant qu'un porte-parole de la Commission venait à peine de préciser qu'une décision de réexamen de l'aide européenne aux Palestiniens serait précisément soumise mardi aux 27 lors de cette réunion.
L'Union européenne, plus important soutien financier aux Palestiniens, a un budget de quelque 1,2 milliard d'euros entre 2021 et 2024 pour financer des projets, notamment dans l'éducation ou la santé.
Protestation à Madrid
Selon le ministère des Affaires étrangères à Madrid, le chef de la diplomatie espagnole, Jose Manuel Albares, a appelé le commissaire Varhelyi pour protester contre cette décision, jugeant qu'elle devait d'abord être discutée par les 27.
Idem à Dublin. "Nous analyse est qu'il n'y a pas de base légale pour une décision unilatérale de cette nature prise par un commissaire individuellement et nous ne soutenons pas une suspension de l'aide", a déclaré un porte-parole du ministère irlandais des Affaires étrangères. Ce dernier a précisé que l'Irlande avait formellement demandé à la Commission de préciser la légalité de sa décision.
Et si les capitales européennes ont condamné les "actes terroristes" du Hamas, plusieurs se sont élevées contre la décision annoncée par M. Varhelyi.
"Deux millions de gens habitent Gaza. Ce sont aussi des otages du Hamas. Avec ces méthodes-là, on les pousse dans les bras des terroristes", a vivement commenté le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn.
"On est le plus grand donateur pour Gaza. C’est important pour les jeunes cette aide. Ce n’est pas de l’argent pour le Hamas. C’est pour la population de Gaza", a-t-il ajouté, interrogé par l'AFP.
La Commission européenne est alors venue dans la soirée rectifier le tir face au tollé dans ces capitales. Plus question de suspension mais plutôt d'une révision des programmes existants qui se fera rapidement et en concertation avec les 27.
"L'objectif de ce rééxamen vise à s'assurer qu'aucun financement européen ne permette à une quelconque organisation terroriste de mener des attaques contre Israël", a précisé la Commission lundi soir.
Quant à la suspension des paiements évoquée plus tôt par M. Varhelyi, elle n'a pas lieu d'être, selon ce communiqué.
"Comme il n'y avait aucun paiement de prévu, il n'y aura pas de suspension des paiements", a souligné la Commission.
Celle-ci va procéder à ce rééxamen "le plus vite possible et coordonnera avec les Etats membres et ses partenaires toute action ultérieure nécessaire", a-t-elle encore ajouté.