«La Grèce veut devenir un pont entre le Moyen-Orient et l'Europe», déclare Giorgos Gerapetritis, à Arab News

Le ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, est favorable à la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies et soutient les appels en faveur d'un siège permanent pour le monde arabe. (Photo fournie)
Le ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, est favorable à la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies et soutient les appels en faveur d'un siège permanent pour le monde arabe. (Photo fournie)
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Publié le Samedi 07 octobre 2023

«La Grèce veut devenir un pont entre le Moyen-Orient et l'Europe», déclare Giorgos Gerapetritis, à Arab News

  • Le ministre grec des Affaires étrangères déclare que son pays cherche à coopérer avec l'Arabie saoudite et les autres pays du Golfe, qui sont «à l'avant-garde des projets verts et des initiatives en matière d'énergies renouvelables»
  • Gerapetritis explique les motivations de la candidature de la Grèce à un siège non-permanent au Conseil de sécurité des Nations unies

NEW YORK: La Grèce renforce sa coopération avec les États arabes du Golfe, notamment l'Arabie saoudite, qui sont «à l'avant-garde des projets verts et des initiatives en matière d'énergies renouvelables», a déclaré Giorgos Gerapetritis, le ministre grec des Affaires étrangères, à Arab News.

Il a également révélé qu'Athènes avait l'ambition de transformer la Grèce en un «pont» entre le Moyen-Orient et l'Europe, en vue de devenir un point de rencontre transrégional pour l'énergie, les communications et la logistique, à la croisée de deux continents.

«Nos efforts pour devenir une plaque tournante de l'énergie, reliant l'ensemble de la région aux marchés européens et promouvant la diversification et l'autonomie énergétiques, sont en cours», a indiqué Gerapetritis.

La Grèce explore également «les perspectives de coopération avec le monde arabe, surtout les États du Golfe et l'Arabie saoudite, qui ont ouvert la voie à des projets verts et à des initiatives en matière d'énergies renouvelables».

La Grèce aspire à devenir le «pont» entre le Moyen-Orient et l'Europe en matière d'interconnexion énergétique, a-t-il souligné.

Au cours de cette interview, qui a porté sur les motivations de la Grèce à briguer un siège non-permanent au Conseil de sécurité des Nations unies pour la période 2025-2026, Gerapetritis a signalé que la candidature de son pays reflétait un engagement à relever les défis communs au monde entier.

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Les appels à la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU se concentrent sur l'ouverture d'un plus grand nombre de pays ou de groupements en tant que membres permanents. (Photo, AFP)

Il s'agit notamment du règlement pacifique des conflits, de la promotion du droit international et de la bonne gouvernance, et de la réponse collective au changement climatique, depuis la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le passage aux énergies renouvelables jusqu'à un mode de vie plus durable.

Reconnaissant l'urgence de relever le défi climatique, en particulier dans la région méditerranéenne, qui a récemment connu des incendies de forêt et des conditions météorologiques extrêmes dévastatrices, Gerapetritis a réitéré l'engagement de son pays en faveur de la transition écologique.

«Le changement climatique affecte énormément la Grèce et l'ensemble de la région méditerranéenne», a-t-il alerté. «Cet été, nous avons été frappés par les effets de la crise climatique, d'abord par des incendies de forêt, puis par des inondations. Cela nous oblige à agir au niveau national et mondial.»

La Grèce vise à atteindre son objectif national de se procurer 80% de son électricité à partir d'énergies renouvelables d'ici 2027, tout en continuant à mettre en œuvre «activement» l'Accord de Paris et l'Agenda 2030 des Nations unies pour le développement durable, a déclaré Gerapetritis.

La semaine dernière, lors de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations unies, le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, a annoncé deux initiatives en matière de climat. La première est une initiative régionale visant à donner la priorité aux efforts d'adaptation à court terme dans les pays de l'UE Med 9.

La seconde est une initiative internationale visant à créer une «alliance mondiale pour l'adaptation au climat», dans le but de partager des connaissances sur les technologies innovantes permettant de prévoir les phénomènes météorologiques extrêmes, avec l'intention de l'inclure dans la prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique, la COP28, qui se tiendra à Dubaï.

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Un avion de lutte contre les incendies largue de l'eau sur un feu de forêt près du village de Vati dans la partie sud de l'île grecque de Rhodes, le 25 juillet 2023. (Photo, AFP)

Un autre élément majeur de la réponse au changement climatique est la coopération énergétique, notamment en ce qui concerne les sources d'énergie renouvelables telles que l'énergie éolienne et solaire ou les carburants plus propres tels que l'hydrogène vert − un domaine dans lequel l'Arabie saoudite a réalisé des avancées significatives.

Gerapetritis a déclaré que l'accord conclu la semaine dernière entre la Grèce et l'Arabie saoudite en vue de la création d'une société commune chargée d'étudier la possibilité de relier les réseaux électriques des deux pays constituait la première étape d'un plan visant à fournir à l'Europe une énergie propre moins coûteuse.

La coentreprise, baptisée Saudi Greek Interconnection, est chargée «d'examiner la viabilité commerciale de l'interconnexion électrique», a indiqué Gerapetritis. «Il s'agit de la première étape de notre plan commun visant à approvisionner l'Europe en énergie verte.»

L'accord a été signé à Athènes le 27 septembre par Manos Manousakis, PDG de l'IPTO (Independent Power Transmission Operator), et son homologue saoudien, Abdellah Waleed al-Saadi, de National Grid SA.

Un protocole d'accord a également été signé entre les deux pays, couvrant les domaines de l'efficacité énergétique, du pétrole, du gaz, de la pétrochimie, de l'économie circulaire et de la décarbonisation.

Lors de la signature, Alexandra Sdoukou, vice-ministre grecque de l'Environnement et de l'Énergie, et Nasser Hadi al-Qahtani, vice-ministre saoudien de l'Énergie, ont souligné que l'hydrogène, les énergies renouvelables et les infrastructures électriques étaient des domaines prioritaires pour la coopération énergétique. 

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Alexandra Sdoukou, vice-ministre grecque de l'Environnement et de l'Énergie, et Nasser Hadi al-Qahtani, vice-ministre saoudien de l'Énergie. (Photo, X : @ASdoukou)

Ils ont également mentionné l'importance de la coopération énergétique dans le développement du corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe, ou IMEC, qui a été dévoilé lors du sommet du G20 à New Delhi le mois dernier, et qui est soutenu par les États-Unis en tant que rival de l'initiative chinoise «Belt and Road».

Lors de l'assemblée générale des Nations unies à New York, Gerapetritis a souligné l'importance d'une politique étrangère à multiples facettes fondée sur le droit international et les principes inscrits dans la charte des Nations unies dans un environnement international en constante évolution.

«J'ai fait savoir à tous mes interlocuteurs que nous sommes déterminés à travailler en étroite collaboration avec nos partenaires de l'UE, nos voisins, nos alliés et nos amis afin de créer les conditions nécessaires à la prospérité et à la sécurité de nos pays, de notre région et du monde entier», a-t-il indiqué à Arab News.

Il a ajouté: «La Grèce est un pilier de stabilité dans une région où se posent certains des problèmes les plus urgents: Les conflits en Méditerranée orientale, dans la région MENA, au Sahel et dans les Balkans, la question des réfugiés, la traite des êtres humains et le terrorisme.»

«On peut affirmer sans risque que les questions mondiales deviennent de plus en plus compliquées. De nouveaux défis apparaissent: Le changement climatique, l'agressivité des relations internationales, les grands flux migratoires, les urgences de santé publique et les crises alimentaires.»

«Ces défis exigent des efforts concertés à l'échelle régionale et mondiale. Notre principal message à l'Assemblée générale des Nations unies était que les actions unilatérales ne mènent nulle part. Nous devons revenir à l'essentiel: le dialogue, la démocratie et l'État de droit.»

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Cette photo prise par un hélicoptère de sauvetage des garde-côtes grecs montre des migrants à bord d'un bateau de pêche dans les eaux de la côte du Péloponnèse, le 13 juin 2023. (Photo, AFP)

«Forger une gouvernance mondiale plus délibérative, représentative et participative, contrôler les défis mondiaux, s'appuyer sur la solidarité mondiale et prendre en compte les besoins des générations futures, tels devraient être les maîtres mots de la politique internationale d'aujourd'hui», a estimé Gerapetritis.

L'un des principes fondamentaux de la candidature de la Grèce à un siège non-permanent au Conseil de sécurité des Nations unies est l'engagement à promouvoir le règlement pacifique des conflits.

Compte tenu des nombreux conflits de ce type qui ravagent le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord et des relations étroites qu'entretient la Grèce avec plusieurs pays arabes, Gerapetritis a signalé qu'Athènes est bien placée pour faciliter les initiatives visant à promouvoir la coopération entre l'UE et le monde arabe.

Il a cité l'exemple de la «Retraite de la Syrie» organisée en avril dernier à Athènes, à laquelle a participé Geir Pedersen, l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Syrie, et qui a été organisée avec l'aide du ministère grec des Affaires étrangères.

Gerapetritis a également qualifié de «légitimes» les aspirations arabes à un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies et a exprimé son soutien à la poursuite des discussions sur la réforme proposée de cet organe.

«Le Conseil de sécurité des Nations unies est le principal organe de maintien de la paix et de la sécurité internationales. L'élan de réforme est compréhensible et les aspirations arabes sont légitimes», a-t-il insisté.

«La Grèce entretient des relations solides et durables avec tous les pays arabes et travaille en étroite collaboration avec la Ligue arabe», a-t-il poursuivi.

«En outre, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, j'ai eu l'occasion de tenir une réunion productive avec le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe, et je me réjouis de participer à la réunion ministérielle UE-CCG à Oman qui se tiendra le 9 et 10 octobre», a annoncé Gerapetritis.

Gerapetritis a déclaré que la candidature de la Grèce à un siège non-permanent au Conseil de sécurité des Nations unies était guidée par la devise «Dialogue – Diplomatie – Démocratie» – les 3D – en réponse à une tendance croissante au révisionnisme mondial, à la polarisation et aux actions unilatérales.

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Le ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, est favorable à la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies et soutient les appels en faveur d'un siège permanent pour le monde arabe. (Photo fournie)

Outre le règlement pacifique des différends, Gerapetritis a déclaré que les autres priorités essentielles de la candidature grecque au Conseil de sécurité des Nations unies sont le respect du droit international et de la charte des Nations unies, ainsi que le soutien au programme relatif aux femmes, à la paix et à la sécurité, compte tenu du rôle vital des femmes dans la prévention et la résolution des conflits.

Parmi ses autres principales priorités figurent l'intégration des préoccupations liées au changement climatique dans l'ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations unies, la protection des enfants dans les conflits armés et l'intégration de la coopération en matière de sécurité maritime.

«En tant que nation maritime par tradition et premier pays armateur au monde, la Grèce attache une grande importance à la sécurité maritime et au respect du droit international de la mer», a indiqué Gerapetritis.

«Les activités illégales en mer – telles que la piraterie, les actes terroristes, le trafic d'armes, la traite des êtres humains et la pêche illicite, non réglementée et non déclarée – constituent des menaces majeures pour la sécurité maritime», a-t-il affirmé. 

La Grèce continuera à promouvoir la mise en œuvre de la convention des Nations unies sur le droit de la mer, qui constitue le seul cadre juridique et institutionnel régissant les océans et les mers du monde.

Gerapetritis a soutenu: «En 2024, nous accueillerons la 9e conférence ‘Our Ocean’ à Athènes sur toutes les questions importantes concernant les océans et les mers, notamment la santé et la sécurité des océans, le changement climatique, la perte de biodiversité, la surpêche et la pollution marine.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Vatican diffuse les premières images du pape dans son cercueil

Sur ces photos datant de lundi soir après la mise en bière, le pape, décédé d'un AVC à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains ensèrent un chapelet. (AFP)
Sur ces photos datant de lundi soir après la mise en bière, le pape, décédé d'un AVC à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains ensèrent un chapelet. (AFP)
Sur ces photos datant de lundi soir après la mise en bière, le pape, décédé d'un AVC à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains ensèrent un chapelet. (AFP)
Sur ces photos datant de lundi soir après la mise en bière, le pape, décédé d'un AVC à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains ensèrent un chapelet. (AFP)
Sur ces photos datant de lundi soir après la mise en bière, le pape, décédé d'un AVC à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains ensèrent un chapelet. (AFP)
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  • Le Vatican a diffusé mardi matin les premières images du pape François dans son cercueil ouvert, encadré de deux gardes suisses dans la chapelle de la Résidence Sainte-Marthe où il vivait
  • Sur ces photos datant de lundi soir après la mise en bière, le pape, décédé d'un AVC à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains ensèrent un chapelet

CITE DU VATICAN: Le Vatican a diffusé mardi matin les premières images du pape François dans son cercueil ouvert, encadré de deux gardes suisses dans la chapelle de la Résidence Sainte-Marthe où il vivait.

Sur ces photos datant de lundi soir après la mise en bière, le pape, décédé d'un AVC à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains ensèrent un chapelet.

 


Le Vatican prépare les obsèques du pape, où sont attendus Trump et Macron

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées sont attendus aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité. (AFP)
Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées sont attendus aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité. (AFP)
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  • A l'issue de la messe qui débutera à 10H00 locales (08H00 GMT), le cercueil sera transféré à la basilique Sainte-Marie-Majeure dans le centre de Rome, dédiée à la Vierge, où le pape sera enterré conformément à sa volonté exprimée dans son testament
  • Le Saint-Siège a diffusé mardi matin les premières images du pape François dans son cercueil ouvert, encadré de deux gardes suisses dans la chapelle de la résidence Sainte-Marthe du Vatican, où il vivait

CITE DU VATICAN: Les funérailles du pape François se dérouleront samedi matin sur la place Saint-Pierre au Vatican, où sont attendus des centaines de milliers de fidèles mais aussi des dirigeants étrangers comme les présidents américain Donald Trump, français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky.

A l'issue de la messe qui débutera à 10H00 locales (08H00 GMT), le cercueil sera transféré à la basilique Sainte-Marie-Majeure dans le centre de Rome, dédiée à la Vierge, où le pape sera enterré conformément à sa volonté exprimée dans son testament.

Le Saint-Siège a diffusé mardi matin les premières images du pape François dans son cercueil ouvert, encadré de deux gardes suisses dans la chapelle de la résidence Sainte-Marthe du Vatican, où il vivait.

Sa dépouille sera transférée à la basilique Saint-Pierre mercredi matin à 07H00 GMT afin d'être exposée aux fidèles, sans catafalque, une demande du souverain pontife argentin qui a souhaité introduire plus de simplicité et de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Sur des photos et une vidéo réalisées lundi soir après la mise en bière, le pape, qui a succombé lundi matin à un accident vasculaire cérébral (AVC) à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, tandis que ses mains ensèrent un chapelet.

Soeur Nathalie Becquart, sous-secrétaire du Synode des évêques, qui s'est recueillie lundi soir devant le cerceuil, a confié à des journalistes avoir vécu un moment "très émouvant, très touchant", éprouvant "à la fois de la tristesse et de l'action de grâce pour tout ce qu'il a donné jusqu'au bout".

"Pour nous, c'est le temps du deuil. L'Eglise c'est comme une grande famille et dans un moment comme ça, pour ceux qui ont côtoyé le pape de près, qui l'ont servi, on perd quelqu'un d'assez proche", a-t-elle ajouté.

Pour la première fois depuis le décès du pape, les cardinaux sont réunis à huis clos depuis 09H00 (07H00 GMT), notamment pour décider des modalités des funérailles papales. Les 135 cardinaux électeurs, ceux âgés de moins de 80 ans, auront aussi la lourde tâche d'élire son successeur lors du conclave, qui devrait débuter début mai.

"Révolutionnaire" 

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées sont attendus aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Donald Trump a annoncé qu'il viendrait avec sa femme Melania, malgré les critiques dures et répétées du pape contre sa politique anti-migrants. "Nous sommes impatients d'y être!" a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

Emmanuel Macron sera présent lui aussi: "Nous serons aux obsèques du pape, comme il se doit", a-t-il déclaré depuis l'île de La Réunion, où il est en déplacement.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a remercié lundi celui qui "a prié pour la paix en Ukraine et pour les Ukrainiens", prévoit également d'assister à la cérémonie en la basilique Saint-Pierre.

Le décès du chef des 1,4 milliard de catholiques fait mardi la une de toute la presse internationale: plusieurs journaux italiens mentionnent le "pape des laissés pour compte". "Perdimus Papam", titre Libération, tandis que le quotidien britannique The Guardian évoque la mort d'un pape "révolutionnaire".

Au Vatican mardi matin, des centaines de journalistes des quatre coins du monde affluent tandis que la police italienne a bouclé les accès à la place Saint-Pierre pour encadrer l'entrée des touristes et fidèles.

Hommages unanimes 

De l'Iran à l'Allemagne en passant par les Etats-Unis, l'UE, l'ONU, le Liban, Israël ou l'Autorité palestinienne, les dirigeants du monde entier ont rendu un hommage unanime à François.

Pékin a présenté mardi ses "condoléances" et dit vouloir continuer à développer ses relations avec le Vatican.

Son compatriote, la star du football Lionel Messi qu'il avait rencontré, a évoqué "un pape différent, proche, argentin... Repose en paix, pape François", a-t-il écrit sur Instagram.

Déjà affaibli par une sévère pneumonie, le premier pape sud-américain et jésuite de l'Histoire, sorti de l'hôpital le 23 mars, avait multiplié les apparitions publiques ces derniers jours en dépit de l'avis des médecins lui ayant prescrit un strict repos de deux mois.

Apparu épuisé dimanche, à l'occasion des célébrations de Pâques, il s'était tout de même offert un bain de foule en "papamobile" sur la place Saint-Pierre.

En 12 ans de règne, "Papa Francesco" s'est engagé sans relâche pour la défense des migrants, l'environnement et la justice sociale, sans remettre en cause les positions de l'Eglise sur l'avortement ou le célibat des prêtres.

Opposant acharné au commerce des armes, l'ancien archevêque de Buenos Aires est toutefois resté impuissant face aux conflits en Ukraine ou au Proche-Orient, malgré d'innombrables appels à la paix.

Face au drame de la pédocriminalité dans l'Eglise, il a levé le secret pontifical et obligé religieux et laïcs à signaler les cas à leur hiérarchie. Sans convaincre les associations de victimes, qui lui ont reproché de ne pas être allé assez loin.


Le retard fatal d'Athènes pour se préparer aux canicules

Le centre d'Athènes est la deuxième zone la plus densément peuplée d'Europe après Paris, selon Eurostat. (AFP)
Le centre d'Athènes est la deuxième zone la plus densément peuplée d'Europe après Paris, selon Eurostat. (AFP)
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  • Verdir les villes est une réponse crédible à l'effet dit d'"îlot de chaleur urbain", en Grèce comme dans les innombrables villes qui en souffrent déjà et en souffriront davantage avec le réchauffement futur, martèlent des experts
  • Mais la réponse doit être massive, et Athènes fournit un contre-exemple spectaculaire

ATHENES: Sur les hauteurs de Kypseli, l'un des quartiers les plus densément peuplés d'Athènes, des habitants déambulent dans un petit parc récemment créé pour apporter un peu de fraîcheur quand la capitale grecque suffoque, une initiative qui arrive avec beaucoup de retard, de l'avis d'habitants et d'experts.

Ce nouvel espace vert est la première "micro-forêt" d'Athènes voulue par son maire, Haris Doukas, qui veut planter 5.000 buissons et arbres par an.

Dans cette cité méditerranéenne bétonnée, les espaces verts font cruellement défaut alors que le mercure dépasse régulièrement les 40°C durant plusieurs jours au coeur de l'été.

Verdir les villes est une réponse crédible à l'effet dit d'"îlot de chaleur urbain", en Grèce comme dans les innombrables villes qui en souffrent déjà et en souffriront davantage avec le réchauffement futur, martèlent des experts. Mais la réponse doit être massive, et Athènes fournit un contre-exemple spectaculaire.

Les petits arbres du parc d'Alepotrypa à Kypseli auront besoin d'environ une décennie pour grandir.

"Trop peu, trop tard", déplore Katerina Christoforaki, architecte et urbaniste à l'Université Technique d'Athènes, dans un entretien à l'AFP.

La dernière tentative de réaménagement d'Athènes remonte à plus de 20 ans, avant les Jeux olympiques de 2004.

Mais à l'époque la construction de stades et d'infrastructures de transport avait été privilégiée au détriment des espaces verts.

Occasion ratée 

"Nous n'avons mis l'accent ni sur la réduction du trafic automobile ni sur la modernisation des bâtiments", insiste Katerina Christoforaki.

La plupart des bâtiments et des rues d'Athènes ont été construits avec des matériaux datant de plus de 40 ans qui absorbent la chaleur en été. Et l'hiver, l'isolation est mauvaise, explique-t-elle.

Le maire adjoint chargé du climat, Nikos Chrysogelos, ancien eurodéputé des Verts, convient qu'Athènes "a raté une occasion" de développer un dispositif anti-chaleur lors des travaux pour les JO de 2004.

"À partir de 2000, nous aurions pu faire beaucoup plus car nous connaissions l'ampleur du problème", insiste-t-il.

Avec près de quatre millions d'habitants, la grande région d'Athènes s'est développée de manière désordonnée tout en perdant 60% de ses forêts alentour en raison des incendies à répétition ces derniers étés, rappelle-t-il.

La construction de hauts immeubles dans la banlieue balnéaire empêche l'air marin de rafraîchir la ville.

Chaudron bouillant 

Le centre d'Athènes est la deuxième zone la plus densément peuplée d'Europe après Paris, selon Eurostat.

La capitale ne compte que 0,96 mètre carré d'espace vert par habitant, selon l'OCDE, ce qui est bien loin de la recommandation de l'Organisation mondiale de la santé d'au moins neuf mètres carrés par habitant.

Pour Ivvona Kujda, une Athénienne de 54 ans, les vagues de chaleur de ces dernières années sont "alarmantes".

"Athènes est un bassin entouré de trois montagnes, nous sommes dans un chaudron bouillant", explique cette Polonaise installée depuis trois décennies en Grèce.

En 2021, Athènes a enregistré la pire canicule de ces 30 dernières années avec des températures de 45°C.

Les deux derniers étés, elle a souffert de canicules prolongées. La Grèce a subi la mortalité liée à la chaleur la plus élevée d'Europe en 2023, selon une étude dans Nature Medicine.

La ville a besoin d'une solution plus drastique que des "parcs de poche", réclame Achilleas Plitharas, un ancien responsable de la section grecque du WWF.

"Ce n'est pas qu'Athènes a raté le train. Nous n'avons même jamais construit les rails pour un train", tance-t-il.

25.000 arbres d'ici à 2028 

"Une intervention à grande échelle est nécessaire", assure-t-il, qui pourrait aller jusqu'à la démolition "de blocs entiers (d'habitations) pour créer des corridors verts".

Mais cela nécessite une volonté politique et des choix difficiles ainsi qu'"une de coopération dont nous manquons", ajoute-t-il.

Maire d'Athènes depuis janvier 2024, Haris Doukas s'est engagé à planter 25.000 arbres d'ici 2028 pour tenter de réduire la température ressentie de trois à cinq degrés en été.

De nouveaux capteurs fourniront des données de température en temps réel, quartier par quartier, lors des journées les plus chaudes pour planifier une réponse d'urgence si nécessaire.

En attendant, chaque été, les Athéniens se débrouillent comme ils peuvent pour se protéger de la chaleur écrasante.

Ivvona Kujda ne travaille que le matin et en fin d'après-midi. Aux heures les plus chaudes, elle se réfugie dans sa maison climatisée.

"Nous n'avons pas assez de verdure, ni assez d'oxygène", déplore-t-elle. "Je pense que ça va s'aggraver parce que le climat change".