«La Grèce veut devenir un pont entre le Moyen-Orient et l'Europe», déclare Giorgos Gerapetritis, à Arab News

Le ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, est favorable à la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies et soutient les appels en faveur d'un siège permanent pour le monde arabe. (Photo fournie)
Le ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, est favorable à la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies et soutient les appels en faveur d'un siège permanent pour le monde arabe. (Photo fournie)
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Publié le Samedi 07 octobre 2023

«La Grèce veut devenir un pont entre le Moyen-Orient et l'Europe», déclare Giorgos Gerapetritis, à Arab News

  • Le ministre grec des Affaires étrangères déclare que son pays cherche à coopérer avec l'Arabie saoudite et les autres pays du Golfe, qui sont «à l'avant-garde des projets verts et des initiatives en matière d'énergies renouvelables»
  • Gerapetritis explique les motivations de la candidature de la Grèce à un siège non-permanent au Conseil de sécurité des Nations unies

NEW YORK: La Grèce renforce sa coopération avec les États arabes du Golfe, notamment l'Arabie saoudite, qui sont «à l'avant-garde des projets verts et des initiatives en matière d'énergies renouvelables», a déclaré Giorgos Gerapetritis, le ministre grec des Affaires étrangères, à Arab News.

Il a également révélé qu'Athènes avait l'ambition de transformer la Grèce en un «pont» entre le Moyen-Orient et l'Europe, en vue de devenir un point de rencontre transrégional pour l'énergie, les communications et la logistique, à la croisée de deux continents.

«Nos efforts pour devenir une plaque tournante de l'énergie, reliant l'ensemble de la région aux marchés européens et promouvant la diversification et l'autonomie énergétiques, sont en cours», a indiqué Gerapetritis.

La Grèce explore également «les perspectives de coopération avec le monde arabe, surtout les États du Golfe et l'Arabie saoudite, qui ont ouvert la voie à des projets verts et à des initiatives en matière d'énergies renouvelables».

La Grèce aspire à devenir le «pont» entre le Moyen-Orient et l'Europe en matière d'interconnexion énergétique, a-t-il souligné.

Au cours de cette interview, qui a porté sur les motivations de la Grèce à briguer un siège non-permanent au Conseil de sécurité des Nations unies pour la période 2025-2026, Gerapetritis a signalé que la candidature de son pays reflétait un engagement à relever les défis communs au monde entier.

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Les appels à la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU se concentrent sur l'ouverture d'un plus grand nombre de pays ou de groupements en tant que membres permanents. (Photo, AFP)

Il s'agit notamment du règlement pacifique des conflits, de la promotion du droit international et de la bonne gouvernance, et de la réponse collective au changement climatique, depuis la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le passage aux énergies renouvelables jusqu'à un mode de vie plus durable.

Reconnaissant l'urgence de relever le défi climatique, en particulier dans la région méditerranéenne, qui a récemment connu des incendies de forêt et des conditions météorologiques extrêmes dévastatrices, Gerapetritis a réitéré l'engagement de son pays en faveur de la transition écologique.

«Le changement climatique affecte énormément la Grèce et l'ensemble de la région méditerranéenne», a-t-il alerté. «Cet été, nous avons été frappés par les effets de la crise climatique, d'abord par des incendies de forêt, puis par des inondations. Cela nous oblige à agir au niveau national et mondial.»

La Grèce vise à atteindre son objectif national de se procurer 80% de son électricité à partir d'énergies renouvelables d'ici 2027, tout en continuant à mettre en œuvre «activement» l'Accord de Paris et l'Agenda 2030 des Nations unies pour le développement durable, a déclaré Gerapetritis.

La semaine dernière, lors de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations unies, le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, a annoncé deux initiatives en matière de climat. La première est une initiative régionale visant à donner la priorité aux efforts d'adaptation à court terme dans les pays de l'UE Med 9.

La seconde est une initiative internationale visant à créer une «alliance mondiale pour l'adaptation au climat», dans le but de partager des connaissances sur les technologies innovantes permettant de prévoir les phénomènes météorologiques extrêmes, avec l'intention de l'inclure dans la prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique, la COP28, qui se tiendra à Dubaï.

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Un avion de lutte contre les incendies largue de l'eau sur un feu de forêt près du village de Vati dans la partie sud de l'île grecque de Rhodes, le 25 juillet 2023. (Photo, AFP)

Un autre élément majeur de la réponse au changement climatique est la coopération énergétique, notamment en ce qui concerne les sources d'énergie renouvelables telles que l'énergie éolienne et solaire ou les carburants plus propres tels que l'hydrogène vert − un domaine dans lequel l'Arabie saoudite a réalisé des avancées significatives.

Gerapetritis a déclaré que l'accord conclu la semaine dernière entre la Grèce et l'Arabie saoudite en vue de la création d'une société commune chargée d'étudier la possibilité de relier les réseaux électriques des deux pays constituait la première étape d'un plan visant à fournir à l'Europe une énergie propre moins coûteuse.

La coentreprise, baptisée Saudi Greek Interconnection, est chargée «d'examiner la viabilité commerciale de l'interconnexion électrique», a indiqué Gerapetritis. «Il s'agit de la première étape de notre plan commun visant à approvisionner l'Europe en énergie verte.»

L'accord a été signé à Athènes le 27 septembre par Manos Manousakis, PDG de l'IPTO (Independent Power Transmission Operator), et son homologue saoudien, Abdellah Waleed al-Saadi, de National Grid SA.

Un protocole d'accord a également été signé entre les deux pays, couvrant les domaines de l'efficacité énergétique, du pétrole, du gaz, de la pétrochimie, de l'économie circulaire et de la décarbonisation.

Lors de la signature, Alexandra Sdoukou, vice-ministre grecque de l'Environnement et de l'Énergie, et Nasser Hadi al-Qahtani, vice-ministre saoudien de l'Énergie, ont souligné que l'hydrogène, les énergies renouvelables et les infrastructures électriques étaient des domaines prioritaires pour la coopération énergétique. 

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Alexandra Sdoukou, vice-ministre grecque de l'Environnement et de l'Énergie, et Nasser Hadi al-Qahtani, vice-ministre saoudien de l'Énergie. (Photo, X : @ASdoukou)

Ils ont également mentionné l'importance de la coopération énergétique dans le développement du corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe, ou IMEC, qui a été dévoilé lors du sommet du G20 à New Delhi le mois dernier, et qui est soutenu par les États-Unis en tant que rival de l'initiative chinoise «Belt and Road».

Lors de l'assemblée générale des Nations unies à New York, Gerapetritis a souligné l'importance d'une politique étrangère à multiples facettes fondée sur le droit international et les principes inscrits dans la charte des Nations unies dans un environnement international en constante évolution.

«J'ai fait savoir à tous mes interlocuteurs que nous sommes déterminés à travailler en étroite collaboration avec nos partenaires de l'UE, nos voisins, nos alliés et nos amis afin de créer les conditions nécessaires à la prospérité et à la sécurité de nos pays, de notre région et du monde entier», a-t-il indiqué à Arab News.

Il a ajouté: «La Grèce est un pilier de stabilité dans une région où se posent certains des problèmes les plus urgents: Les conflits en Méditerranée orientale, dans la région MENA, au Sahel et dans les Balkans, la question des réfugiés, la traite des êtres humains et le terrorisme.»

«On peut affirmer sans risque que les questions mondiales deviennent de plus en plus compliquées. De nouveaux défis apparaissent: Le changement climatique, l'agressivité des relations internationales, les grands flux migratoires, les urgences de santé publique et les crises alimentaires.»

«Ces défis exigent des efforts concertés à l'échelle régionale et mondiale. Notre principal message à l'Assemblée générale des Nations unies était que les actions unilatérales ne mènent nulle part. Nous devons revenir à l'essentiel: le dialogue, la démocratie et l'État de droit.»

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Cette photo prise par un hélicoptère de sauvetage des garde-côtes grecs montre des migrants à bord d'un bateau de pêche dans les eaux de la côte du Péloponnèse, le 13 juin 2023. (Photo, AFP)

«Forger une gouvernance mondiale plus délibérative, représentative et participative, contrôler les défis mondiaux, s'appuyer sur la solidarité mondiale et prendre en compte les besoins des générations futures, tels devraient être les maîtres mots de la politique internationale d'aujourd'hui», a estimé Gerapetritis.

L'un des principes fondamentaux de la candidature de la Grèce à un siège non-permanent au Conseil de sécurité des Nations unies est l'engagement à promouvoir le règlement pacifique des conflits.

Compte tenu des nombreux conflits de ce type qui ravagent le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord et des relations étroites qu'entretient la Grèce avec plusieurs pays arabes, Gerapetritis a signalé qu'Athènes est bien placée pour faciliter les initiatives visant à promouvoir la coopération entre l'UE et le monde arabe.

Il a cité l'exemple de la «Retraite de la Syrie» organisée en avril dernier à Athènes, à laquelle a participé Geir Pedersen, l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Syrie, et qui a été organisée avec l'aide du ministère grec des Affaires étrangères.

Gerapetritis a également qualifié de «légitimes» les aspirations arabes à un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies et a exprimé son soutien à la poursuite des discussions sur la réforme proposée de cet organe.

«Le Conseil de sécurité des Nations unies est le principal organe de maintien de la paix et de la sécurité internationales. L'élan de réforme est compréhensible et les aspirations arabes sont légitimes», a-t-il insisté.

«La Grèce entretient des relations solides et durables avec tous les pays arabes et travaille en étroite collaboration avec la Ligue arabe», a-t-il poursuivi.

«En outre, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, j'ai eu l'occasion de tenir une réunion productive avec le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe, et je me réjouis de participer à la réunion ministérielle UE-CCG à Oman qui se tiendra le 9 et 10 octobre», a annoncé Gerapetritis.

Gerapetritis a déclaré que la candidature de la Grèce à un siège non-permanent au Conseil de sécurité des Nations unies était guidée par la devise «Dialogue – Diplomatie – Démocratie» – les 3D – en réponse à une tendance croissante au révisionnisme mondial, à la polarisation et aux actions unilatérales.

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Le ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, est favorable à la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies et soutient les appels en faveur d'un siège permanent pour le monde arabe. (Photo fournie)

Outre le règlement pacifique des différends, Gerapetritis a déclaré que les autres priorités essentielles de la candidature grecque au Conseil de sécurité des Nations unies sont le respect du droit international et de la charte des Nations unies, ainsi que le soutien au programme relatif aux femmes, à la paix et à la sécurité, compte tenu du rôle vital des femmes dans la prévention et la résolution des conflits.

Parmi ses autres principales priorités figurent l'intégration des préoccupations liées au changement climatique dans l'ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations unies, la protection des enfants dans les conflits armés et l'intégration de la coopération en matière de sécurité maritime.

«En tant que nation maritime par tradition et premier pays armateur au monde, la Grèce attache une grande importance à la sécurité maritime et au respect du droit international de la mer», a indiqué Gerapetritis.

«Les activités illégales en mer – telles que la piraterie, les actes terroristes, le trafic d'armes, la traite des êtres humains et la pêche illicite, non réglementée et non déclarée – constituent des menaces majeures pour la sécurité maritime», a-t-il affirmé. 

La Grèce continuera à promouvoir la mise en œuvre de la convention des Nations unies sur le droit de la mer, qui constitue le seul cadre juridique et institutionnel régissant les océans et les mers du monde.

Gerapetritis a soutenu: «En 2024, nous accueillerons la 9e conférence ‘Our Ocean’ à Athènes sur toutes les questions importantes concernant les océans et les mers, notamment la santé et la sécurité des océans, le changement climatique, la perte de biodiversité, la surpêche et la pollution marine.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.