BASTIA: Une alerte à la bombe a entraîné l'évacuation du théâtre de Bastia et des spectateurs rassemblés vendredi soir pour la première projection en Corse d'un film inspiré d'un double assassinat dans l'île, a-t-on appris auprès du parquet, des secours et de l'organisation.
A 22h00, deux heures après l'évacuation, la projection du film a finalement pu commencer, l'alerte ayant été levée après le passage des démineurs, a constaté une journaliste de l'AFP sur place. Parmi les quelques 700 spectateurs se trouvaient notamment le préfet de Haute-Corse et le maire de Bastia.
"Les gendarmes ont reçu un appel anonyme faisant état de la présence d'une charge explosive" dans le bâtiment, avait précisé à l'AFP François Thévenot, procureur par interim de Bastia.
"Une brigade de CRS s'est présentée et nous a indiqué avoir reçu un appel les alertant sur la présence d'un colis piégé", avait indiqué de son côté à l'AFP Mélanie Manigand, directrice du festival de cinéma Arte Mare. Les services de police n'ont pas fait de lien direct avec la projection du film "Borgo", en présence du réalisateur et d'une partie de l'équipe, a-t-elle ajouté.
Ce long-métrage signé Stéphane Demoustier est inspiré de l'histoire d'une surveillante pénitentiaire impliquée dans un double assassinat perpétré en 2017 à l'aéroport de Bastia-Poretta et dont le procès doit s'ouvrir en mai.
Ce film a suscité un début de polémique ces dernières semaines dans l'île, sa sortie en salle étant prévue avant la tenue du procès devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône.
"Si j'avais voulu faire un film polémique, je l'assumerai, mais ce n'est pas le cas", a insisté Stéphane Demoustier avant la reprise de la projection, avec 45 minutes de retard sur l'horaire initialement prévu.
Me Julien Pinelli, avocat de l'un des 17 mis en examen dans cette affaire, a estimé auprès de l'AFP qu'il était "particulièrement regrettable qu'une oeuvre de fiction s'empare avant même l'ouverture du procès" de ce dossier qui "n'est pas un spectacle ni un divertissement" mais "la réalité dans ce qu'elle a de plus dramatique pour les personnes et les familles concernées".
Le 5 décembre 2017, Jean-Luc Codaccioni et Antoine Quilichini, deux hommes considérés comme membres du grand banditisme corse, étaient victimes d'un guet-apens par un tireur à l'aéroport de Bastia-Poretta. Grièvement blessé, le premier était décédé quelques jours plus tard, le second était mort sur le coup.
Au total, 17 personnes ont été mises en examen dans cette affaire, dont une gardienne de la prison de Borgo accusée d'avoir permis d'identifier les cibles.