WASHINGTON: Les Etats-Unis débloqueront-ils une nouvelle enveloppe pour l'Ukraine? Le ténor républicain Kevin McCarthy restera-t-il en poste? Si Washington a évité in extremis une paralysie de l'Etat fédéral ce week-end, la tension au Congrès n'est pas retombée, bien au contraire.
Nouveau compte à rebours
Les Etats-Unis se sont certes donné un peu d'air en votant samedi soir une prolongation de leur budget pour 45 jours.
Mais tout est à refaire. Les deux chambres du Congrès doivent à nouveau adopter une loi de finances avant le 17 novembre à minuit pour éviter l'assèchement des finances de l'Etat fédéral, le fameux "shutdown".
Or les dissensions restent les mêmes: quelques élus trumpistes, qui disposent d'un veto de fait à la Chambre, exigent une orthodoxie budgétaire stricte pour adopter tout texte, ce que les démocrates, majoritaires au Sénat, refusent.
L'aide à l'Ukraine très incertaine
L'avenir de l'aide américaine à l'Ukraine est notamment en jeu.
Le texte adopté ce week-end pour prolonger le budget ne comprend pas d'enveloppe pour Kiev, contrairement à ce qui était réclamé par la Maison Blanche et le Sénat.
Les démocrates espèrent malgré tout faire adopter une mesure distincte sur une aide additionnelle à Kiev au plus vite. Son montant est pour l'instant incertain.
Mais les élus trumpistes de la Chambre refusent catégoriquement de débloquer de nouveaux fonds pour Kiev, estimant que cet argent devrait plutôt servir à lutter contre la crise migratoire à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
Le «speaker» McCarthy sur un siège éjectable
Un élu de la droite dure américaine, Matt Gaetz, a déposé lundi une motion pour destituer le président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, coupable à ses yeux d'avoir négocié avec les élus démocrates ce budget provisoire pour l'administration, auquel s'opposaient de nombreux conservateurs.
Cette manoeuvre procédurale de destitution, très rarement utilisée dans l'histoire parlementaire américaine, va très vraisemblablement déclencher une épreuve de force ces prochains jours à la chambre basse.
"Vas-y!", a d'ailleurs immédiatement répondu sur le ton du défi M. McCarthy, dans un message sur X (ex-Twitter).
Matt Gaetz, un élu de Floride très proche de Donald Trump, accuse également le président de la Chambre, issu de son propre parti, d'avoir fomenté un "accord secret" avec Joe Biden pour débloquer une aide à l'Ukraine.
Le "speaker" de 58 ans avait été élu au forceps en janvier, en raison de la très mince majorité des républicains à la Chambre.
Pour accéder au perchoir, il avait dû faire d'énormes concessions avec une vingtaine de trumpistes, dont la possibilité que n'importe quel élu ait le pouvoir de convoquer un vote pour le destituer.
Pour être adoptée, la motion de Matt Gaetz nécessite un vote à la majorité à la Chambre.
Afin de conserver son siège, le président républicain de la Chambre pourrait devoir s'appuyer sur les voix de démocrates. Or, chez ces derniers, rien n'est décidé. Des discussions sont en cours à l'échelle du parti de Joe Biden pour décider si Kevin McCarthy mérite, ou non, d'être sauvé.