Une suspension de l'aide américaine à l'Ukraine aurait un effet «  dévastateur » pour Kiev

Cette photo prise et diffusée par le service de presse de la présidence ukrainienne le 2 octobre 2023 montre le président ukrainien Volodymyr Zelensky (2e à gauche) et le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell (C) lors de la réunion des ministres des affaires étrangères de l'UE et de l'Ukraine à Kiev, dans le contexte de l'invasion russe en Ukraine. (AFP).
Cette photo prise et diffusée par le service de presse de la présidence ukrainienne le 2 octobre 2023 montre le président ukrainien Volodymyr Zelensky (2e à gauche) et le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell (C) lors de la réunion des ministres des affaires étrangères de l'UE et de l'Ukraine à Kiev, dans le contexte de l'invasion russe en Ukraine. (AFP).
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Publié le Mardi 03 octobre 2023

Une suspension de l'aide américaine à l'Ukraine aurait un effet «  dévastateur » pour Kiev

  • Depuis le début du conflit en février 2022, les Etats-Unis ont promis plus de 43 milliards de dollars en aide militaire à l'Ukraine
  • Et les plus hauts responsables américains ont assuré à maintes reprises que le soutien militaire et humanitaire à Kiev durerait "autant de temps que nécessaire"

WASHINGTON: Les troupes ukrainiennes pourraient bientôt être à court de munitions et d'équipements si les élus trumpistes, qui pèsent de tout leur poids sur les négociations budgétaires, réussissent à couper le financement américain à Kiev, préviennent des experts.

Depuis le début du conflit en février 2022, les Etats-Unis ont promis plus de 43 milliards de dollars en aide militaire à l'Ukraine, soit plus de la moitié du soutien total apporté par les Occidentaux.

Et les plus hauts responsables américains ont assuré à maintes reprises que le soutien militaire et humanitaire à Kiev durerait "autant de temps que nécessaire".

Or, l'opposition républicaine, poussée par un groupe d'élus de la droite dure, est parvenue samedi à faire approuver au Congrès un budget provisoire de l'administration fédérale dans lequel ne figure pas cette enveloppe, pourtant réclamée par la Maison Blanche et le Sénat.

Ce compromis, grâce auquel a été évitée une paralysie de l'administration ou "shutdown", illustre le fait qu'un tel soutien à l'Ukraine est loin d'être gravé dans le marbre.

Si cette aide venait à être suspendue, "ce serait dévastateur pour les Ukrainiens", prévient Mark Cancian, un conseiller au cercle de réflexion Center for Strategic and International Studies à Washington.

"Les troupes ukrainiennes seraient affaiblies et pourraient même éventuellement s'effondrer", estime-t-il, bien qu'il juge possible "qu'elles continuent d'être en capacité de rester sur la défensive".

Les Etats-Unis ont fourni à Kiev un large éventail d'armes -- allant de munitions classiques à des systèmes sophistiqués de défense antiaérienne ou de déminage -- afin de l'aider à mener sa contre-offensive face aux troupes russes.

"Les militaires en guerre ont besoin d'un flux constant d'armes, de ravitaillement et de munitions pour remplacer celles épuisées ou détruites", note M. Cancian.

Une suspension totale de l'aide -- ce qui selon la Maison Blanche n'arrivera pas -- n'aurait pas un impact immédiat, étant donné que des lots d'aide déjà approuvés sont encore en cours d'acheminement.

"Il faudrait sûrement attendre plusieurs semaines avant de voir des effets sur le champ de bataille", estime l'expert, et Moscou pourrait ne pas être en mesure de capitaliser sur cet affaiblissement, "les Russes (étant) assez épuisés à ce stade".

Loin des lignes de front, la fin de l'aide américaine se traduirait également par un affaiblissement des défenses aériennes ukrainiennes, équipées de divers systèmes complexes inter-opérant fournis par plusieurs pays et devant être continuellement réapprovisionnés en munitions.

Ces dispositifs jouent un rôle clé dans la protection des civils et des infrastructures ukrainiennes des nombreuses attaques russes de drones et de missiles.

Garder « sa parole »

"Vous ne pouvez pas simplement (...) remplacer un système par un autre s'ils fonctionnent de façon légèrement différente ou visent à répondre à différentes menaces", ajoute James Black, du centre de recherche sur la défense et la sécurité RAND Europe.

"Si vous enlevez la composante américaine, vous diminuez inévitablement l'efficacité" de l'ensemble de ce système inter-dépendant, pointe-t-il.

Des dizaines de pays, notamment européens, ont fourni de l'aide militaire à Kiev et pourraient l'accroître, mais le vide que créerait un retrait de l'aide américaine constituerait un problème majeur.

Il faudrait "un effort de plusieurs années et décennies pour que l'Europe arrive à un niveau où elle pourrait remplacer pleinement les Etats-Unis comme puissance militaire ou puissance industrielle de défense", poursuit M. Black.

Ce qui ne constitue "pas un calendrier confortable pour l'Ukraine, qui a besoin d'un soutien (...) dans les semaines et les mois à venir".

Les actions des républicains, qui contrôlent la Chambre des représentants, concernant l'approbation ou non de futures enveloppes, restent incertaines.

Le chef de la Chambre, Kevin McCarthy, a assuré dimanche qu'il allait "(s)'assurer que les armes soient fournies à l'Ukraine", mais a prévenu que de "gros ensembles" d'aides ne seraient débloqués qu'à condition que la sécurité à la frontière entre Etats-Unis et Mexique soit renforcée.

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a appelé dans le week-end les parlementaires à respecter "l'engagement américain à fournir une aide urgente nécessaire aux Ukrainiens qui se battent pour défendre leur pays".

"L'Amérique doit être à la hauteur de sa parole et continuer à diriger", la coalition internationale d'aide à l'Ukraine, a-t-il exhorté dans un communiqué.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018. 


À un mois du vote, le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, est en tête

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'exprime lors d'une conférence de presse au port de Montréal, à Montréal, Canada, le 28 mars 2025.  (Photo ANDREJ IVANOV / AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'exprime lors d'une conférence de presse au port de Montréal, à Montréal, Canada, le 28 mars 2025. (Photo ANDREJ IVANOV / AFP)
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  • Le président américain, ses déclarations, sa personnalité et la menace qu'il fait peser sur l'économie et la souveraineté canadienne sont en effet le point central de cette campagne.
  • Selon tous les experts, la question que les Canadiens vont se poser au moment de déposer leur bulletin le 28 avril sera simple : qui de Mark Carney ou de Pierre Poilievre pourra le mieux affronter Donald Trump ces prochaines années ?

MONTREAL : À quatre semaines des élections législatives au Canada, le Premier ministre et candidat libéral Mark Carney est en tête des sondages devant le conservateur Pierre Poilievre. Il semble réussir son pari d'incarner, aux yeux des électeurs, la personne idéale pour faire face à Donald Trump.

Le président américain, ses déclarations, sa personnalité et la menace qu'il fait peser sur l'économie et la souveraineté canadienne sont en effet le point central de cette campagne.

Selon tous les experts, la question que les Canadiens vont se poser au moment de déposer leur bulletin le 28 avril sera simple : qui de Mark Carney ou de Pierre Poilievre pourra le mieux affronter Donald Trump ces prochaines années ?

« L'économie est le principal enjeu pour moi dans cette élection, ainsi que tout ce qui touche au libre-échange avec les États-Unis », raconte à l'AFP Carol Salemi, une électrice d'Ottawa.

« Nous avons besoin d'une véritable négociation sur le commerce avec eux et d'un dirigeant fort pour le faire », ajoute-t-elle.

« Il nous faut quelqu'un de ferme face aux États-Unis. Il semble que tout le monde soit d'accord sur ce point et c'est une bonne chose », renchérit Danielle Varga, 22 ans.

Et à ce jeu-là, il semble bien que, pour l'instant, la préférence des électeurs se porte sur Mark Carney. Ce novice en politique, qui a dirigé les banques centrales du Canada et de Grande-Bretagne, a remplacé Justin Trudeau mi-mars au poste de Premier ministre.

Après une semaine de campagne, il a complètement renversé la tendance des derniers mois : le dirigeant libéral de 60 ans est maintenant en tête dans tous les sondages et pourrait même être en mesure de former un gouvernement majoritaire. 

« C'est l'élection la plus importante de notre vie », a-t-il martelé samedi. « Elle est cruciale pour redéfinir notre relation avec les États-Unis, défendre le Canada et bâtir une économie forte et unifiée », a-t-il poursuivi devant des électeurs de sa circonscription à Ottawa.

La semaine dernière, il a dû interrompre sa campagne après l'annonce par Donald Trump de son intention d'imposer des droits de douane de 25 % sur les importations de voitures. Une mesure qui viendrait s'ajouter aux tarifs douaniers déjà appliqués par Washington sur l'acier et l'aluminium.

Dans la foulée, les deux hommes ont eu un appel qualifié d'« extrêmement constructif » par le président américain. Un changement de ton de sa part, qui n'est pas passé inaperçu au nord de la frontière. 

- « Période exceptionnelle » -

De son côté, le conservateur Pierre Poilievre, 45 ans, a lancé sa campagne en mettant l'accent sur des réductions d'impôts, l'amélioration de l'accès au logement et le développement des ressources naturelles pour contrer les pressions américaines.

Cet homme politique de carrière cherche à tordre le cou à l'idée qu'il serait proche du président américain, devenue un handicap dans le contexte actuel.

« Le président Trump veut voir les libéraux rester au pouvoir. Nous savons pourquoi : avec eux, le Canada est faible et ils laisseront nos investissements s'enfuir vers les États-Unis", a-t-il estimé dimanche.

Les autres partis, notamment le Nouveau parti démocratique (NPD) de Jagmeet Singh et le Bloc Québécois de Yves-François Blanchet, peinent à faire entendre leur voix en pleine crise nationale.

« C'est vraiment une période exceptionnelle », juge Geneviève Tellier, professeure de sciences politiques à Ottawa, qui estime que « le Canada est à la recherche d'un sauveur ».

Selon elle, le « discours ferme » de Mark Carney jeudi, expliquant que « les relations avec les États-Unis ne seraient plus jamais comme avant », parle aux électeurs.

Les Canadiens se tournent vers Mark Carney, car « ils veulent de la sécurité et une figure rassurante en temps de crise », renchérit Daniel Beland, de l'université McGill de Montréal.

Dans ce pays de 41 millions d'habitants, dont le chef d'État en titre est le roi d'Angleterre, 343 sièges sont à pourvoir lors de cette élection anticipée. Le parti qui obtiendra la majorité (donc au minimum 172 députés) formera le prochain gouvernement et son chef deviendra Premier ministre.