Les affrontements meurtriers suscitent un malaise au Kosovo

Les soldats de la Force internationale de maintien de la paix dirigée par l'OTAN, la Force du Kosovo (KFOR), marchent dans la partie nord de la ville ethniquement divisée de Mitrovica, le 28 septembre 2023 (Photo, AFP).
Les soldats de la Force internationale de maintien de la paix dirigée par l'OTAN, la Force du Kosovo (KFOR), marchent dans la partie nord de la ville ethniquement divisée de Mitrovica, le 28 septembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 30 septembre 2023

Les affrontements meurtriers suscitent un malaise au Kosovo

  • Les corps des trois Serbes tués dans cet affrontement ont été remis à leurs familles, samedi à Pristina, selon la Télévision d'Etat serbe (RTS)
  • Samedi, dans la région de Raska, ville du sud de la Serbie proche de la frontière avec le Kosovo, aucun mouvement particulier ou présence accrue des forces armées serbes n'était visible

PRISTINA: Une semaine après les affrontements meurtriers au Kosovo qui y ont déclenché l'une des plus graves escalades des tensions depuis des années, la possibilité d'un rapprochement entre les Albanais et les Serbes semble être plus éloignée que jamais.

Le meurtre d'un policier kosovar albanais, tué dimanche dans une embuscade par un commando paramilitaire , et la fusillade qui s'en est suivie toute la journée, en faisant trois morts parmi le commando - des Serbes du Kosovo -, ont fait remonter à la surface des années de méfiance et d'amertume.

Les corps des trois Serbes tués dans cet affrontement ont été remis à leurs familles, samedi à Pristina, selon la Télévision d'Etat serbe (RTS).

Vendredi, les Etats-Unis ont mis en garde sur "un important déploiement militaire serbe le long de la frontière avec le Kosovo" et ont appelé la "Serbie à retirer (ses) troupes".

Samedi, dans la région de Raska, ville du sud de la Serbie proche de la frontière avec le Kosovo, aucun mouvement particulier ou présence accrue des forces armées serbes n'était visible, a constaté un journaliste de l'AFP.

En même temps, les autorités de la Serbie et celles de son ancienne province - dont Belgrade ne reconnaît pas l'indépendance proclamée en 2008 -, se sont livrées à une guerre des mots et d'accusations qui risque d'éloigner davantage leurs positions dans un dialogue voulu par Bruxelles.

Peur

Ces violences ont eu lieu dans le village de Banjska, dans le nord du Kosovo, une zone où les Serbes sont majoritaires.

Un tiers des quelque 120.000 Serbes du Kosovo (1,8 million d'habitants) vivent dans cette région frontalière de la Serbie. Soutenus par Belgrade, ils refusent toute allégeance au gouvernement du Kosovo.

Dans la partie serbe de la ville divisée de Mitrovica, ses habitants disent craindre désormais une présence accrue des forces spéciales de la police kosovare.

"J'ai peur de la répression que nous avons déjà connue. Un policier a été tué et c'est terrible. Maintenant, je ne peux qu'imaginer ce qui va suivre", a dit à l'AFP un Serbe de 38 ans, sous le couvert de l'anonymat.

"Je veux juste une vie normale, et ce n'est pas une vie normale. Je pense que, après ce qui s'est passé, toute la communauté sera stigmatisée", ajoute-t-il.

«Rêve de liberté»

Lors de l'opération contre le commando qui s'était retranché dans un monastère orthodoxe, la police kosovare a arrêté trois suspects et saisi une quantité d'armes et de munitions, suffisante, selon Pristina, pour équiper des "centaines de combattants".

Vendredi matin, la police a notamment fouillé les propriétés d'un responsable politique serbe local, Milan Radoicic.

Ce dernier, qui se trouverait en Serbie, a affirmé vendredi, par la voie d'un avocat, avoir organisé le commando à l'insu de Belgrade, avec l'objectif "de créer les conditions pour réaliser le rêve de liberté de (son) peuple dans le nord du Kosovo".

Les habitants essentiellement albanais de la capitale, Pristina, rejettent, comme le gouvernement kosovar, la responsabilité des dernières violences sur Belgrade.

"La Serbie est responsable de ce qui s'est passé. La réconciliation avec les Serbes dans le nord est possible. Pourquoi ne pas vivre ensemble ? Mais ils ne veulent pas", dénonce Mevluda Hoxha, une Albanaise de 64 ans.

Les dernières discussions à Bruxelles en septembre ont débouché sur un échec.

Des mois de tensions 

Alors que la partie serbe souhaite obtenir une forme d'association des municipalités serbes dans le nord, à savoir une certaine autonomie, la partie kosovare réclame avant toute discussion la reconnaissance par Belgrade de l'indépendance du Kosovo.

Dans le nord du Kosovo, régulièrement secoué, les tensions s'étaient nettement attisées en mai lorsque Pristina a décidé d'installer dans quatre municipalités à majorité serbe des maires albanais élus lors d'un scrutin boycotté par les Serbes.

Les Serbes étaient alors descendus dans la rue pour empêcher les nouveaux édiles d'exercer leurs fonctions. Des dizaines de membres de la force de l'Otan au Kosovo (Kfor) ont été blessés dans des affrontements avec les manifestants.

"La réconciliation sera possible si les provocations répétées cessent", dit Agim Maloku, 60 ans, un économiste de Pristina, qui ajoute qu'une éventuelle partition du territoire pour céder le nord aux Serbes et faire la paix n'est pas envisageable.

"Le nord fait partie du Kosovo et restera partie intégrante du Kosovo".


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.