Assemblée: statu quo aux postes-clés, malgré la présence décriée du RN

La présidente de l'Assemblée nationale française, Yaël Braun-Pivet, assiste à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris le 6 juin 2023. (Photo, AFP)
La présidente de l'Assemblée nationale française, Yaël Braun-Pivet, assiste à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris le 6 juin 2023. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mardi 26 septembre 2023

Assemblée: statu quo aux postes-clés, malgré la présence décriée du RN

  • L'an dernier, le RN y avait obtenu deux vice-présidences sur six, pour Hélène Laporte et Sébastien Chenu, avec l'appui de voix du camp présidentiel
  • La reconduction est généralement une formalité, mais la demande d'un seul groupe aurait suffi à provoquer un nouveau vote

PARIS: Face aux risques d'un chamboule-tout hasardeux, les patrons des groupes politiques ont convenu mardi de ne pas remettre en cause la répartition des postes-clés à l'Assemblée nationale, malgré l'embarras autour des deux vices-présidences occupées par le Rassemblement national.

Les chefs de file de l'Assemblée étaient réunis en fin d'après-midi pour trancher cette question épineuse, alors que les écologistes avaient manifesté le souhait de revoir la composition actuelle du bureau, plus haute instance de l'Assemblée, avec ses vice-présidents, questeurs et secrétaires.

L'an dernier, le RN y avait obtenu deux vice-présidences sur six, pour Hélène Laporte et Sébastien Chenu, avec l'appui de voix du camp présidentiel. La reconduction est généralement une formalité, mais la demande d'un seul groupe aurait suffi à provoquer un nouveau vote.

Aucun groupe n'a cependant présenté cette requête mardi. "Je suis un peu dépitée", a dit la présidente des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, expliquant avoir renoncé à provoquer un nouveau scrutin car, selon elle, les votes du camp présidentiel en faveur du RN "auraient été reconduits".

Mardi matin, devant les députés de la majorité, Elisabeth Borne avait prôné la stabilité: "Si tout nous sépare des extrêmes", LFI et RN selon elle, "ils représentent à eux deux un tiers de nos députés, donc on ne peut pas les exclure de nos consultations, de nos institutions".

"Pour autant, nous continuerons à ne pas chercher des accords avec eux" sur les textes de loi, avait insisté la Première ministre.

La présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet plaidait elle aussi pour le statu quo, jugeant notamment que le bureau actuel "respecte notre règlement" en représentant "les différentes sensibilités politiques".

«Une erreur»

Autant de messages à ceux qui, dans la majorité, ne cachent pas leur embarras d'avoir contribué à "respectabiliser" selon eux l'extrême droite il y a un an.

"Il y a toute une stratégie de légitimation du Rassemblement national, pour lesquels on a pu faire des erreurs" et "clairement", le "vote pour les députés RN aux vice-présidences" il y a un an en était une, a ainsi estimé le député macroniste Sacha Houlié, tout en jugeant "difficile" de les remettre en cause "sans victimisation de leur part".

En cas de nouveau scrutin cette année, les députés Renaissance n'auraient pas renouvelé leurs votes favorables, assurent plusieurs sources au sein du groupe.

Mais les cadres du camp présidentiel redoutaient ce scénario aux conséquences imprévisibles. Ils craignaient, alors que leur majorité n'est que relative dans l'hémicycle, de perdre la majorité absolue qu'ils détiennent au sein du bureau. Un atout décisif, puisque c'est cette instance qui avalise des décisions-clés, dont les sanctions infligées aux députés en cas d'incidents.

"Il est hors de question de continuer comme ça l'an prochain", a d'ailleurs dit à l'AFP le chef du groupe indépendant Liot, Bertrand Pancher. Le fait que le camp présidentiel dispose de la majorité absolue au bureau est "un vrai scandale démocratique".

«Jeux de couloirs»

A gauche aussi, les partenaires des écologistes étaient réticents face à la perspective d'un grand chamboulement. Ils redoutaient la possible remise en cause par ricochet d'autres postes, comme celui du président LFI de la commission des Finances Eric Coquerel.

"Nous, les forces qu'on consacre en ce moment, c'est pas à des jeux de couloirs ou à des directions de commission, c'est à battre le gouvernement sur France Travail et sur le PLFSS (budget de la Sécurité sociale)", a souligné le député LFI Hadrien Clouet mardi matin.

Selon des sources parlementaires, le chef des députés socialistes, Boris Vallaud, a lui insisté pendant la réunion sur le fait que son groupe ne se "résolvait pas à la présence du RN", mais qu'il avait "pris acte" du fait que la majorité avait "décidé le statut quo".

L'attitude à adopter face au Rassemblement national, et à ses 88 députés, est une préoccupation récurrente des autres forces politiques à l'Assemblée.

Pour le camp présidentiel, elle pourrait se poser à nouveau mercredi lors de l'examen de la loi de programmation des finances publiques, qui fixe la trajectoire budgétaire 2023-2027.

Le gouvernement envisage de faire passer ce texte sans vote grâce à l'arme constitutionnelle du 49.3.

Le RN s'est abstenu en commission sur ce projet de loi et n'a pas exclu d'adopter la même attitude en séance. Mais l'hypothèse de s'appuyer sur l'abstention du RN pour faire passer un texte embarrasse la majorité présidentielle.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
Short Url
  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Short Url
  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Short Url
  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".