Les criquets pèlerins menacent les ressources de plusieurs millions de personnes dans la région MENA

Des criquets pèlerins envahissent le ciel de la capitale yéménite Sanaa le 28 juillet 2019. (Dossier/AFP)
Des criquets pèlerins envahissent le ciel de la capitale yéménite Sanaa le 28 juillet 2019. (Dossier/AFP)
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Publié le Samedi 19 décembre 2020

Les criquets pèlerins menacent les ressources de plusieurs millions de personnes dans la région MENA

  • Le Yémen est devenu un « réservoir de criquets pèlerins », selon un expert de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture
  • La FAO lance un appel de fonds de 40 millions de dollars pour aider à surveiller et contrôler le fléau et soutenir les agriculteurs qui se retrouvent sans récoltes

NEW YORK : Les moyens de subsistance pour des millions de personnes au Moyen-Orient et en Afrique sont menacés par un parasite vorace - cependant, cette menace n'est pas apparue du jour au lendemain. En fait, elle se développait peu à peu au cours des trois dernières années.

Les criquets pèlerins se reproduisent dans les régions lointaines et prolifèrent dans les conditions humides. L'humidité est essentielle pour que leurs œufs survivent et éclosent, et nourrit également la végétation fraîche et verte dont ils ont besoin pour subsister et s'abriter.

Au début de l'année 2018, ces insectes ont trouvé un lieu de reproduction idéal dans le Rub' al Khali; une partie du désert peu accessible, avec des « dunes de sable atteignant la hauteur des gratte-ciel de Manhattan ».

 Le Rub'al Khali ne comporte ni routes, ni villages, ni moyens de communication qui permettent d'appliquer les mesures qui permettraient de surveiller et d'endiguer les essaims de criquets pèlerins en pleine prolifération. Les conditions climatiques sont alors intervenues pour compliquer encore les choses.

Il est très rare que deux cyclones provoquent des tempêtes dans la région en une seule année. Pourtant, c'est ce qui s'est passé. En octobre 2018, le sable du Rub'al Khali commençait à s'assécher à la suite de la première tempête, mais une seconde tempête est survenue, apportant de nouvelles pluies. Résultat : les essaims de criquets pèlerins se sont mis à se multiplier de façon incontrôlable.

« Cela a permis à trois générations de se reproduire: le nombre de criquets pèlerins a été multiplié par 8 000 en une très courte période de neuf mois », explique Keith Cressman, responsable des prévisions acridiennes à l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Depuis 33 ans, il gère un système destiné à surveiller et à prévenir les invasions de criquets pèlerins dans le désert.

« Comme au Club Med, les criquets étaient en vacances », ajoute-t-il.

En effet, la végétation a poussé grâce aux pluies abondantes et elle a nourri les criquets pèlerins pendant la reproduction. Lorsque la végétation est tombée à nu, les insectes ont entrepris leur migration. Le premier essaim a traversé le Golfe Arabique pour se diriger vers l'Iran, le Pakistan, l'Inde et l'Asie du Sud-Ouest. Un deuxième essaim est parti dans la direction opposée, vers le Yémen.

Durant l'été 2019, les criquets pèlerins ont traversé la mer Rouge et le golfe d'Aden pour gagner la Somalie et l'Éthiopie, où ils ont ravagé la Corne de l'Afrique, bénéficiant des pluies saisonnières abondantes qui ont de nouveau créé les conditions idéales pour une reproduction intensive.

La FAO a mené des opérations de contrôle qui ont permis de sauver 2,7 millions de tonnes de céréales, de quoi nourrir 18 millions de personnes pendant un an, dans des pays qui souffrent déjà de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire.

En revanche, le mois dernier, le cyclone Gati a provoqué des inondations dans le nord de la Somalie, ce qui a créé des conditions propices à la propagation des parasites dans les mois qui ont suivi. La FAO a mis en garde contre de nouveaux essaims qui se formaient déjà et qui menaçaient de retourner dans le nord du Kenya. Les criquets pèlerins se reproduisent également des deux côtés de la mer Rouge, ce qui pose de nouvelles menaces pour l'Erythrée, l'Arabie Saoudite, le Soudan et le Yémen.

Les agriculteurs d'Arabie Saoudite et du Soudan sont bien conscients du danger que représentent les criquets pèlerins, principale menace pour l'agriculture. Les deux pays ont mis en place des programmes bien établis au niveau national pour contrôler les infestations.

À titre d'exemple, les agriculteurs du Kenya n'ont pas été exposés à un fléau de criquets depuis 70 ans. Ils ont seulement entendu leurs grands-parents leur raconter des histoires terrifiantes à ce sujet. Faute de ressources pour l'irrigation, ces agriculteurs cultivent leurs récoltes à la lisière du désert - ils seront donc les premiers à perdre leurs récoltes lorsque les essaims de criquets pèlerins émergeront du cœur du désert.

En outre, il arrive que les agriculteurs prennent un essaim de criquets pèlerins pour une tempête de pluie; ils voient alors leurs récoltes détruites en quelques heures.

« Durant une année propice à l'agriculture, ces récoltes représentent le seul moyen de subsistance de votre famille, non seulement pour l'année en cours, mais souvent pour les années à venir », explique M. Cressman. « La récolte peut être exceptionnelle : elle vous permet alors de disposer d'un surplus pour les années de vaches maigres. Ainsi, en une demi-journée, cet essaim peut balayer votre gagne-pain. C'est une idée terrifiante ».

Par le passé, le programme national de surveillance et de contrôle des criquets pèlerins qui était en place au Yémen avait permis d'éviter de telles catastrophes agricoles, avant de tomber à l'eau lorsque la guerre a éclaté dans le pays. Selon M. Cressman, le conflit empêche les experts acridiens « de se rendre dans ces régions désormais dangereuses. On ne va pas risquer sa vie pour courir après les criquets ».

Il poursuit en précisant que « Le Yémen est le pays le plus important de cette région : à la suite des deux cyclones, il est devenu un réservoir de criquets pèlerins ».

La pluie n'a cessé de tomber au Yémen, provoquant des inondations dans des régions du pays où la pluie n'est généralement pas une chose habituelle.

« Les criquets pèlerins sont de grands professionnels en matière de survie et ils ne font que profiter de cette situation de manière opportuniste », précise M. Cressman.

La FAO a lancé un appel de fonds de 40 millions de dollars pour renforcer les efforts de surveillance et de contrôle au cours de l'année à venir dans les pays les plus touchés - notamment le Soudan, le Yémen, l'Ethiopie, le Kenya et la Somalie - et pour apporter une aide aux agriculteurs qui ont perdu leurs moyens de subsistance.

Selon l'organisation, plus de 35 millions de personnes dans ces pays souffrent déjà d'une grave insécurité alimentaire. Elle a estimé que ce nombre pourrait augmenter de 3,5 millions si aucune mesure n'est prise pour contrôler les derniers essaims de ravageurs.

La menace posée par les criquets pèlerins survient après trois années consécutives de sécheresse suivies de plusieurs mois d'inondations, sans compter les défis posés par la pandémie de Covid-19.

« Les chocs se succèdent », avoue M. Cressman. « De nouveaux chocs s'accumulent dans cette région déjà très fragile ».

« Si nous ne recevons pas l'argent nécessaire, les opérations de contrôle risquent d'être interrompues ou sévèrement réduites. Nous devons éviter cela car les essaims de criquets pèlerins apparaissent déjà, avant la prochaine saison de croissance et ils vont donc se multiplier. Les conséquences seront très lourdes pour la production agricole et la sécurité alimentaire ».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: le ministère de la Santé du Hamas annonce 1.042 morts depuis la reprise des frappes israéliennes

 Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien, dont 41 au cours des dernières 24 heures. (AFP)
Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien, dont 41 au cours des dernières 24 heures. (AFP)
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  • Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées
  • Le ministère ajoute dans un communiqué que les bombardements et l'offensive au sol d'Israël ont également fait 2.542 blessés depuis le 18 mars

GAZA: Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien, dont 41 au cours des dernières 24 heures.

Le ministère ajoute dans un communiqué que les bombardements et l'offensive au sol d'Israël ont également fait 2.542 blessés depuis le 18 mars, et que le bilan total depuis le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, se monte désormais à 50.399 morts dans la bande de Gaza.

 


Djibouti : nomination d'un nouveau ministre des Affaires étrangères

Le ministre des Affaires étrangères de Djibouti et candidat à la Commission de l'Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, pose pour une photo lors du 38e sommet de l'Union africaine (UA), au cours duquel les dirigeants éliront un nouveau chef de la Commission de l'UA, au siège de l'UA à Addis-Abeba, le 15 février 2025. (Photo Amanuel Sileshi / AFP)
Le ministre des Affaires étrangères de Djibouti et candidat à la Commission de l'Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, pose pour une photo lors du 38e sommet de l'Union africaine (UA), au cours duquel les dirigeants éliront un nouveau chef de la Commission de l'UA, au siège de l'UA à Addis-Abeba, le 15 février 2025. (Photo Amanuel Sileshi / AFP)
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  • Un nouveau ministre des Affaires étrangères a été nommé à Djibouti pour remplacer Mahamoud Ali Youssouf, élu en février à la tête de la Commission de l'Union africaine
  • Abdoulkader Houssein Omar, ancien ambassadeur à Koweït et en Jordanie, est nommé « au poste de ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale.

ADDIS ABEBA, ETHIOPIE : Un nouveau ministre des Affaires étrangères a été nommé à Djibouti pour remplacer Mahamoud Ali Youssouf, élu en février à la tête de la Commission de l'Union africaine, selon un décret présidentiel publié mardi.

Abdoulkader Houssein Omar, ancien ambassadeur à Koweït et en Jordanie, est nommé « au poste de ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, porte-parole du gouvernement » d'après le décret signé par le chef de l'État, Ismaïl Omar Guelleh.

« On ne parle même pas de remaniement ministériel, c'est le seul changement au sein du gouvernement », a précisé à l'AFP Alexis Mohamed, porte-parole de la présidence djiboutienne.

L'ancien titulaire du poste, Mahamoud Ali Youssouf, était resté à la tête de la diplomatie de Djibouti pendant près de 20 ans.

Le chef de l'État Ismaël Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, quittera son poste à la suite de la prochaine élection présidentielle, prévue en 2026.

Djibouti, pays parmi les moins peuplés du continent avec quelque un million d'habitants, joue un rôle central dans la région.

Îlot de stabilité prisé dans une région troublée, ce pays d'Afrique de l'Est est situé face au Yémen, à la sortie de la mer Rouge, dans le détroit de Bab-el-Mandeb où transite une grande part du commerce mondial entre Asie et Occident.

La France, ancienne puissance coloniale de plus en plus contestée sur le continent, y dispose de bases militaires en compagnie des États-Unis et de la Chine.


Une étude saoudienne sur le microbiome de l'œil humain participe au lancement de la fusée SpaceX

Une mission saoudienne visant à étudier les effets de la faible gravité sur le microbiome de l'œil humain a rejoint le lancement du vol Fram2 de SpaceX dans la nuit de lundi à mardi. (Reuters)
Une mission saoudienne visant à étudier les effets de la faible gravité sur le microbiome de l'œil humain a rejoint le lancement du vol Fram2 de SpaceX dans la nuit de lundi à mardi. (Reuters)
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  • L'étude menée par Falak for Space Science and Research portera sur les bactéries et autres micro-organismes de l'œil dans des conditions de microgravité.
  • « Ce projet contribuera à la réalisation de progrès qualitatifs en matière d'éducation et de recherche dans le domaine de l'espace et des technologies associées », a déclaré le Dr Ayoub Al-Subehi, PDG de Falak,

RIYAD : Une mission saoudienne visant à étudier les effets de la faible gravité sur le microbiome de l'œil humain s'est jointe au lancement du vol Fram2 de SpaceX dans la nuit de lundi à mardi.

L'étude menée par Falak for Space Science and Research examinera les bactéries et autres micro-organismes de l'œil dans des conditions de microgravité.

Une équipe de chercheurs a recueilli des échantillons biologiques de cultures microbiennes et a effectué des tests pour s'assurer que les échantillons pouvaient résister aux conditions de lancement et revenir de l'espace en toute sécurité.

« Ce projet contribuera à la réalisation de progrès qualitatifs en matière d'éducation et de recherche dans le domaine de l'espace et des technologies associées », a déclaré le Dr Ayoub Al-Subehi, PDG de Falak, à l'agence de presse saoudienne avant le lancement.

L'étude du microbiome oculaire dans l'espace est un domaine de recherche émergent. Cette expérience analysera les taux de croissance des micro-organismes dans l'espace par rapport aux taux de croissance sur Terre.

Elle permettra également de suivre les changements génétiques et protéiques pouvant résulter de l'exposition à la microgravité.

L'expérience vise également à évaluer la capacité des microbes à former des biofilms, ce qui peut augmenter le risque d'infection dans l'espace, ainsi qu'à analyser les changements dans la résistance microbienne aux antibiotiques après une exposition à la microgravité.

Le Dr Wedad bint Saeed Al-Qahtani, chercheuse dans le cadre de la mission, a déclaré : « Étudier l'impact de l'environnement spatial sur la microflore naturelle de l'œil pourrait fournir des données précieuses sur la façon dont elle réagit aux conditions de microgravité. Cela pourrait aider à développer de nouvelles stratégies et de nouveaux protocoles pour préserver la santé des yeux. »

Un autre scientifique de la mission, le professeur Salwa Al-Hazza, a souligné l'importance de la recherche ophtalmologique en déclarant : « Ce que nous faisons aujourd'hui ne se limite pas à l'envoi d'une expérience scientifique dans l'espace, mais constitue une étape fondamentale pour mieux comprendre l'impact de l'environnement spatial sur la santé oculaire.

Nous espérons que les résultats contribueront au développement de futures solutions médicales qui amélioreront les soins de santé oculaire, à la fois dans l'espace et sur Terre. 

Cela permettra également de porter fièrement le drapeau saoudien et de représenter une étape importante dans l'engagement du Royaume à innover scientifiquement et à renforcer son rôle grandissant dans le secteur spatial mondial. »

Cette mission s'inscrit dans le cadre des efforts déployés à l'échelle mondiale pour étudier l'impact de l'espace sur la santé humaine. Elle a été précédée par des recherches similaires sur l'effet de la microgravité sur les microbiomes intestinaux et buccaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com