Pour le secrétaire général du BIE: «Un jour sur le site d’une exposition universelle ne ressemble à aucun autre»

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le secrétaire général du BIE Dimitri Kerkentzes à Riyad en décembre 2022 (Photo, SPA).
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le secrétaire général du BIE Dimitri Kerkentzes à Riyad en décembre 2022 (Photo, SPA).
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Publié le Samedi 23 septembre 2023

Pour le secrétaire général du BIE: «Un jour sur le site d’une exposition universelle ne ressemble à aucun autre»

  • «La visite d'une exposition offre des opportunités illimitées d’en apprendre davantage sur les autres nations, de rencontrer de nouvelles cultures»
  • «Depuis la toute première, celle de Londres en 1851, les expositions universelles ont démontré leur rôle d’outil stratégique en matière de renouveau urbain, économique et culturel»

PARIS: Dimitri S. Kerkentzes, secrétaire général du Bureau international des expositions (BIE), répond aux questions d’Arab News en français sur la dimension internationale de l’exposition universelle, sur le processus, les critères et les étapes de sélection des candidats ainsi que sur les retombées économiques sur le pays hôte.

 

L’exposition universelle est un événement phare à dimension internationale. Pouvez-vous nous décrire son importance et l’engouement qu’elle suscite auprès des populations au fil des décennies?

Les expositions universelles sont des lieux de découverte et de rencontres qui permettent de s'immerger dans un thème, de stimuler l'imagination, de mobiliser des idées et de forger des liens significatifs avec le monde.

La visite d'une exposition offre des opportunités illimitées d’en apprendre davantage sur les autres nations, de rencontrer de nouvelles cultures, de découvrir des réalisations, des innovations et des solutions créatives, et d’échanger sur l'avenir. Que ce soit à travers les expositions immersives, la programmation culturelle, l'étonnante architecture ou le large choix d'activités proposées, une journée sur le site d’une exposition universelle ne ressemble à aucune autre expérience, en ligne ou hors ligne. L’engouement repose donc sur cette expérience unique qui stimule les sens et élargit les horizons.

Pour la ville hôte, c’est par ailleurs un événement transformationnel qui sert à la fois de moteur de croissance, apportant des avantages et des opportunités à long terme aux citoyens, et de catalyseur de mobilisation. Les projets d'exposition préparent la ville pour l'avenir en stimulant le développement d'infrastructures et d'équipements qui serviront les résidents, les touristes et les entreprises à long terme. Grâce à la construction, à la planification, au tourisme et au développement de nouvelles industries, les expositions universelles entraînent la création de centaines de milliers de nouveaux emplois, stimulent le développement régional et mobilisent l’ensemble des citoyens dans un projet d’avenir.

 

Quels sont les étapes et les critères utilisés par le BIE pour la désignation des candidats et la sélection des finalistes? Quelles sont les principales étapes pour l’étude et le suivi des dossiers des pays sélectionnés pour l’Expo 2030 – dont celui de l’Arabie saoudite?

Chaque pays qui souhaite organiser une exposition universelle dépose tout d’abord une lettre puis un dossier de candidature au BIE. Une délégation du bureau évalue ensuite la candidature dans le cadre d’une mission d’enquête sur la base des éléments fournis dans ce dossier. Elle a pour objectif d’examiner et de valider la faisabilité et la viabilité des projets d’exposition.

Ces missions d’enquête constituent un jalon nécessaire pour permettre à une candidature de poursuivre les autres étapes du processus de sélection. Sur la base des dossiers de candidature, des présentations détaillées des projets et des échanges avec les responsables politiques et d’autres acteurs concernés, les missions étudient notamment les motivations qui sous-tendent les candidatures, l’attrait du thème envisagé, le site proposé et ses plans de réutilisation après l’exposition, les niveaux d’engagement et de soutien tant des autorités locales que nationales, les prévisions de participation ainsi que le plan financier.

«Les expositions universelles sont des lieux de découverte et de rencontres qui permettent de s'immerger dans un thème, de stimuler l'imagination, de mobiliser des idées et de forger des liens significatifs avec le monde.»

En ce qui concerne l’Exposition universelle 2030, les missions d’enquête ont été organisées en mars et en avril 2023. Leurs conclusions ont ensuite été examinées par la commission exécutive du BIE en mai 2023, puis transmises à l’assemblée générale du BIE en juin dernier. En novembre, au cours de la 173e assemblée générale, les États membres du BIE éliront à bulletin secret parmi les projets retenus le pays hôte de l’Exposition universelle 2030 selon la règle «un État, une voix».

 

L’organisation d’un tel événement nécessite le déploiement de moyens importants, notamment en matière d’investissement et de réalisation d’infrastructures pour le pays hôte. Considérez-vous ces engagements comme essentiels à la tenue d’une telle manifestation? Si oui, le BIE est-il chargé du suivi des préparatifs avec le pays hôte?

Depuis la toute première, celle de Londres en 1851, les expositions universelles ont démontré leur rôle d’outil stratégique en matière de renouveau urbain, économique et culturel. Puissants moteurs de transformation et catalyseurs de changements positifs pour les villes qui les accueillent, les expositions y créent de nouveaux quartiers et espaces publics, y encouragent le développement local et initient de nouvelles formes de dynamisme urbain. Leurs effets sont visibles bien au-delà de la durée de l’événement. Ils s’illustrent à la fois en matière de transformation urbaine, avec les infrastructures créées et motivées par l’exposition, mais aussi en matière de transformation sociale, avec ce que l’exposition apporte en matière de qualité de vie, d’attentes et d’opportunités.

Pour le BIE, une exposition doit être partie intégrante de la ville qui l’organise et doit s’appuyer sur les besoins et les aspirations de la ville et de ses habitants. Le legs escompté doit faire l’objet d’une planification rigoureuse et être intrinsèquement lié aux plans et à la vision à long terme de la ville hôte. Les expositions sont d’extraordinaires plates-formes pour la culture, la communication, la solidarité, la coopération, le progrès et la diplomatie publique. Elles engagent la société civile, les gouvernements et les entreprises dans leur environnement immédiat et futur. C’est le rôle du BIE d’accompagner chacun des candidats puis chaque pays hôte dans la réussite de son projet.

 

À travers l’histoire, les expositions universelles ont-elles eu des retombées économiques importantes pour les pays hôtes?

Il n’existe pas de rapport global sur l'impact des expositions universelles établi sur le long terme. Il serait pourtant intéressant de pouvoir chiffrer les retombées induites par exemple par la tour Eiffel depuis sa création, pour l’Exposition universelle 1889, mais ce n’est pas simple.

La plupart des études réalisées portent sur l'impact à court terme consécutif à la tenue de l'événement, c’est-à-dire l’augmentation de l'activité générée par les dépenses liées à l'événement et celles des dépenses des visiteurs de l'événement et du territoire. Elles prennent cependant rarement en compte l'impact différé d’une exposition ou l'attractivité générée. L'effet d'expérience, l'exploitation des équipements construits pour l'événement comme pour la tour Eiffel, le développement concentrique (avec la création d'un secteur industriel) et l'impact en termes de positionnement stratégique ne sont généralement pas pris en considération par ces études.

«Puissants moteurs de transformation et catalyseurs de changements positifs pour les villes qui les accueillent, les expositions y créent de nouveaux quartiers et espaces publics, y encouragent le développement local et initient de nouvelles formes de dynamisme urbain.»

On peut néanmoins citer des études sur l’Expo 1970 d’Osaka qui ont démontré qu’elle avait contribué à une croissance supplémentaire de 2,1% du PIB du Japon. Plus récemment, l'Exposition universelle de Hanovre, en 2000, a eu plus de 12 milliards d'euros de retombées économiques pour l'Allemagne. À Shanghai, en 2010, en ne considérant que l'impact touristique, les revenus directs générés lors de l'exposition s’élevaient à plus de 12 milliards d'euros et les recettes en devises des visiteurs à plus de 33 milliards. L'exposition a entraîné une augmentation du trafic aérien de 34% et du taux d'occupation des hôtels de plus de 16%. Les revenus générés par celle de Shanghai s'élevaient à plus de 218 milliards d'euros. Pour l'Expo 2015 de Milan, la SDA Bocconi School of Management a estimé une augmentation totale de la production de 31,6 milliards d'euros entre 2012 et 2020, générée par l'exposition. Cela équivaut à 1% de la production nationale italienne, l'événement en lui-même ayant une valeur ajoutée de 4,1 milliards d'euros pour la seule année 2015. L'impact financier de l’après-Expo, de 17,7 milliards d'euros, est en grande partie dû à l'augmentation du tourisme en Italie et à l’augmentation des créations d'entreprises autour de l'exposition.

Enfin, un an après la clôture de l’Expo 2020 à Dubaï, une étude réalisée par EY évalue l'impact économique à 154,9 milliards de dirhams des Émirats arabes unis (AED) en valeur ajoutée brute (VAB) pour l'économie des Émirats arabes unis entre 2013 et 2042 (1 AED = 0,25 euro). Le legs de l’exposition, axé autour de l'Expo City Dubai, devrait poursuivre cette création de valeur dans les années à venir et représenter 62% de la VAB produite.

 

Une exposition universelle réussie est-elle, selon vous, celle qui engendre une fréquentation record?

Une exposition universelle est un événement unique, un produit unique de son époque et de son emplacement. Il est dès lors difficile d’en définir la réussite ou de comparer deux expositions universelles selon des indicateurs de performance généraux. Certains critères sont parfois utilisés – comme le nombre de visiteurs, la participation internationale ou les retombées économiques –, mais des critères plus nuancés doivent davantage être pris en compte, tels que l’amélioration de la qualité de vie, de l'image de marque nationale ou des relations diplomatiques.

La réussite d’une exposition dépend également de ce qui se passe dans les six mois qui suivent. Ce point est fondamental pour le BIE. Il s’agit à la fois pour le pays et la ville hôte d’exceller dans la préparation de l’événement, puis dans sa mise en œuvre, et enfin dans sa vision et sa maîtrise de l’après-exposition afin que les infrastructures soient rendues utiles immédiatement, comme cela a été le cas après celle de Dubaï.

Dès la phase de candidature, le pays et la ville hôte placent dans l’événement certaines ambitions, qu’il s’agisse de la rénovation ou de la création d’un quartier, de la dynamisation économique ou encore de la notoriété et de l’image de marque. La réussite doit dès lors se mesurer des années plus tard en fonction de ces objectifs initiaux et de ceux qui ont pu se former au cours du développement du projet.

Les expositions universelles sont pour leurs villes et pays hôtes des événements internationaux permettant d’offrir une large latitude aux participants internationaux et aux organisateurs, non seulement en termes de mise en œuvre, mais aussi d'objectifs. D'une exposition à l'autre, les déterminants du succès varient grandement, aussi le BIE ne cherche pas à comparer les différentes expositions. Chaque projet détermine ses propres objectifs et aura sa propre gamme d'indicateurs pour démontrer son impact à court, moyen et long terme.


Le Saudi French Business Council collabore avec CCI France UAE pour accueillir une délégation française

Le Saudi French Business Council (CAFS) collabore avec CCI France UAE pour organiser la visite d'une délégation française. (AFP)
Le Saudi French Business Council (CAFS) collabore avec CCI France UAE pour organiser la visite d'une délégation française. (AFP)
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  • Cette réunion d'accueil donnera lieu à des présentations de l'économie saoudienne et de l'environnement des affaires par l'Ambassade de France et les membres du CAFS
  • Elle se terminera par un déjeuner de réseautage qui donnera l'occasion aux participants de se rencontrer et d'élargir leurs réseaux d'affaires

RIYAD: Le Conseil d'affaires franco-saoudien collabore avec CCI France UAE pour organiser la visite d'une délégation française.

Cette réunion d'accueil donnera lieu à des présentations de l'économie saoudienne et de l'environnement des affaires par l'Ambassade de France et les membres du CAFS.

Elle se terminera par un déjeuner de réseautage qui donnera l'occasion aux participants de se rencontrer et d'élargir leurs réseaux d'affaires.


Les secteurs industriel et minier saoudiens offrent des opportunités lucratives aux entrepreneurs

Bandar ben Ibrahim Alkhorayef s'exprimant lors du Misk Global Forum 2024. (SPA)
Bandar ben Ibrahim Alkhorayef s'exprimant lors du Misk Global Forum 2024. (SPA)
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  • Les secteurs industriel et minier de l'Arabie saoudite recèlent des opportunités prometteuses pour les jeunes et les entrepreneurs, a insisté le ministre de l'industrie du Royaume
  • S'exprimant lors du Misk Global Forum 2024 à Riyad, Bandar ben Ibrahim Alkhorayef a déclaré que ces opportunités vont au-delà de l'investissement direct et comprennent le développement d'idées innovantes

DJEDDAH: Les secteurs industriel et minier de l'Arabie saoudite recèlent des opportunités prometteuses pour les jeunes et les entrepreneurs, a insisté le ministre de l'industrie du Royaume.

S'exprimant lors du Misk Global Forum 2024 à Riyad, Bandar ben Ibrahim Alkhorayef a déclaré que ces opportunités vont au-delà de l'investissement direct et comprennent le développement d'idées innovantes pour améliorer l'efficacité de la production, la qualité de la fabrication et la conservation de l'énergie dans les installations industrielles.

Il a expliqué que les institutions travaillant dans le domaine des ressources industrielles et minérales ont mis en place une série d'outils et d'initiatives pour soutenir la croissance des entreprises et faciliter l'investissement pour les jeunes innovateurs dans les deux secteurs, selon l'Agence de presse saoudienne.

Le Royaume a été classé troisième dans le rapport Global Entrepreneurship Monitor pour 2023-2024 - une étude qui évalue les écosystèmes des pays du monde entier.

L'Arabie saoudite a montré des progrès significatifs, avec son score de l'indice du contexte national de l'entrepreneuriat passant de 5 en 2019 à 6,3 en 2022 et 2023.

L'analyse souligne que cela reflète les efforts fructueux du pays pour diversifier son économie et favoriser un climat propice aux propriétaires d'entreprises. Le rapport met également l'accent sur l'entrepreneuriat féminin, avec huit femmes créant de nouvelles entreprises pour dix hommes en 2023.

Alkhorayef a ajouté que les programmes introduits comprennent des solutions financières, notamment le programme 1K Miles, conçu pour aider les entrepreneurs à transformer leurs idées en projets, et l'Industrial Hackathon, qui permet aux jeunes innovateurs de présenter des solutions créatives aux défis auxquels sont confrontées les installations industrielles.

Le ministre a également souligné que le Royaume est devenu un centre mondial pour les entrepreneurs, leur offrant la possibilité de présenter des idées innovantes et de tester leur succès. Il a souligné que le soutien indéfectible du gouvernement aux jeunes crée de vastes opportunités pour la réussite de leurs projets.

Il a souligné que l'Arabie saoudite s'est récemment concentrée sur l'exploitation de ses atouts stratégiques pour développer son secteur industriel et stimuler sa compétitivité. Il s'agit notamment d'utiliser ses ressources naturelles et ses avancées technologiques pour être compétitif au niveau mondial dans les industries émergentes et s'imposer comme un acteur clé dans les chaînes d'approvisionnement internationales.

Au cours de l'événement de la veille, le coprésident de la Fondation Bill et Melinda Gates, Bill Gates, a souligné le rôle crucial de l'innovation pour relever les défis du développement mondial et améliorer la qualité de vie des populations vulnérables.

Gates a insisté sur l'importance d'investir dans la technologie et l'éducation comme fondement d'un avenir durable, soulignant que de tels investissements permettent aux générations futures d'avoir un impact positif sur leurs communautés.

Il a salué le leadership de l'Arabie saoudite en matière d'autonomisation des jeunes, mettant en avant des initiatives telles que le MGF 2024, qui se concentre sur le développement des compétences des jeunes et la promotion de l'innovation et de l'esprit d'entreprise. Il a qualifié le forum de modèle mondial digne d'être imité.

Gates a également appelé au renforcement de la coopération internationale afin de développer des solutions communes pour relever les défis actuels.

Le coprésident a souligné l'importance d'encourager la créativité, le travail d'équipe et la réflexion collective pour construire un avenir plus durable, en insistant sur le fait que la collaboration mondiale pouvait conduire à des avancées transformatrices qui améliorent la vie de millions de personnes.

Le MGF 2024 a annoncé le lancement de l'initiative "Misk Grand Challenges" en partenariat avec la Fondation Gates, visant à inspirer les jeunes à proposer des solutions innovantes aux problèmes mondiaux d'éducation et de citoyenneté, en encourageant la créativité et en engageant des esprits brillants à relever les défis urgents du développement.

Lors d'une table ronde organisée dans le cadre du forum, Abdallah Al-Saleem, PDG et cofondateur de Mushtari, a donné des indications précieuses sur le moment et la manière dont les entrepreneurs devraient chercher des conseils pour leurs entreprises.

"C'est toujours le bon moment pour demander de l'aide", a déclaré Al-Saleem, soulignant l'importance de l'apprentissage continu et de la consultation dans le développement d'une entreprise.

Il a préconisé une approche à deux volets pour la recherche de conseils, en faisant la distinction entre les consultants généraux en affaires et les experts spécifiques à un secteur.

"Il y a deux personnes auprès desquelles il faut chercher de l'aide: les personnes qui ont une connaissance générale du secteur et les personnes qui ont une connaissance spécifique du secteur", a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


COP29: le montant du financement climatique sera plutôt dévoilé à la fin des négociations, selon la France

La ministre française de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, Agnès Pannier-Runacher, quitte le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 13 novembre 2024. (AFP)
La ministre française de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, Agnès Pannier-Runacher, quitte le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 13 novembre 2024. (AFP)
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  • Le montant du financement climatique, principal point de négociation à la COP29, "n'a pas vocation à être positionné tout de suite" mais plutôt à la fin des débats, a indiqué mercredi la ministre française de la Transition écologique
  • A Bakou, à deux jours de la fin des négociations, les pays en développement ont à nouveau dit mercredi "avoir besoin d'un chiffre" et déploré le "silence radio" des pays développés

PARIS: Le montant du financement climatique, principal point de négociation à la COP29, "n'a pas vocation à être positionné tout de suite" mais plutôt à la fin des débats, a indiqué mercredi la ministre française de la Transition écologique.

A Bakou, à deux jours de la fin des négociations, les pays en développement ont à nouveau dit mercredi "avoir besoin d'un chiffre" et déploré le "silence radio" des pays développés, particulièrement de l'Union européenne. Ils ont réaffirmé leur besoin de 1.300 milliards de dollars annuels pour financer leur transition et faire face aux conséquences du dérèglement climatique.

"Au delà d'un chiffre qui n'a pas vocation à être positionné tout de suite", l'objectif est de trouver "un chemin qui montre une ambition réelle", avec la volonté de trouver un accord sur l'élargissement de la base des contributeurs, laissant sa place aux financements innovants comme de nouvelles taxations internationales, a déclaré Agnès Pannier-Runacher lors d'un point téléphonique avec des journalistes.

"La France veut que la COP29 réussisse" a-t-elle souligné, rappelant que même si elle-même n'est pas sur place, à la suite des tensions diplomatiques entre la France et l'Azerbaidjan, elle "échange à distance" aussi bien avec les négociateurs français à Bakou ainsi qu'avec des ministres présents à Bakou.

Mais, a rappelé une source au cabinet de la ministre, "le chiffre, on n'y est pas encore". Il sera "lâché en toute fin de négociations" et doit être associé à d'autres objectifs "importants" comme la réaffirmation d'une sortie progressive des énergies fossiles ou le financement de l'adaptation, a-t-il souligné.

Ce qui est certain, c'est que les 1.000 milliards qui sont réclamés, "ce ne sera pas 1.000 milliards de finances publiques des pays du nord", a ajouté cette source, demandant que les banques multilatérales de développement et le secteur privé participent aussi au financement.

"Economiquement, passer de 100 milliards (chiffre actuel de l'aide climatique, atteint péniblement en 2022) à 1.000 milliards est impossible sur la base des donateurs existants", a affirmé cette source, rappelant le contexte de finances publiques amoindries de nombre d'économies européennes.

"Sur l'élargissement de la base des contributeurs, il y a des signes d'ouverture, en particulier de la Chine (...) mais nous n'y sommes pas encore. Nous sommes en train de proposer des pistes de compromis pour obtenir cette avancée", a déclaré Mme Pannier-Runnacher, reconnaissant que les négociations "patinent".

Un projet d'accord est censé être publié dans la nuit. Ce ne "sera probablement pas le dernier" mais "on place un certain espoir sur le fait qu'on ait une bonne base de travail demain" a indiqué la ministre française.

Cela pourra "nous donner le sens du chemin restant à parcourir" et "nous dire si on a raison d'être un peu plus optimiste ou si effectivement il faut rester très précautionneux".

"Sur la baisse des émissions et la sortie progressive des énergies fossiles, (...), nous n'y sommes pas" et nous allons "continuer à pousser sur ce sujet", a assuré Mme Pannier-Runnacher, se déclarant aussi mobilisée sur les questions de genre et de droits de l'homme "dans un pays dont on sait que la présidence n'est pas exemplaire en la matière".