Zelensky face à la Russie au Conseil de sécurité de l'ONU

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'adresse à la 78e Assemblée générale des Nations Unies au siège de l'ONU à New York, le 19 septembre 2023. (Photo, AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'adresse à la 78e Assemblée générale des Nations Unies au siège de l'ONU à New York, le 19 septembre 2023. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 20 septembre 2023

Zelensky face à la Russie au Conseil de sécurité de l'ONU

  • Alors que l'invasion russe de l'Ukraine s'enlise, le président ukrainien poursuit ainsi son offensive diplomatique à New York où sont réunis les grands dirigeants de ce monde
  • Il figure parmi les premiers à prendre la parole lors de cette réunion spéciale monstre, soigneusement calibrée, où plus d'une soixantaine d'intervenants sont prévus sous présidence albanaise

NATIONS-UNIES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit s'adresser mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU, faisant face à la Russie, membre permanent, pour la première fois depuis le début de la guerre.

Alors que l'invasion russe de l'Ukraine s'enlise, le président ukrainien poursuit ainsi son offensive diplomatique à New York où sont réunis les grands dirigeants de ce monde, en l'absence notable du Chinois Xi Jinping et du Russe Vladimir Poutine.

Il figure parmi les premiers à prendre la parole lors de cette réunion spéciale monstre, soigneusement calibrée, où plus d'une soixantaine d'intervenants sont prévus sous présidence albanaise, selon l'ordre du jour consulté par l'AFP.

La réunion se déroule à haut niveau et de nombreux dirigeants doivent s'y exprimer.

C'est la première fois depuis le début de l'invasion russe de son pays, le 24 février 2022, que le président Zelensky s'exprimera en personne devant le Conseil de sécurité de l'ONU, instance qui du reste est paralysée à ce sujet en raison du veto russe.

La Russie, justement, sera représentée par son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov arrivé mardi soir à New York, au même niveau que les Etats-Unis et la France avec respectivement Antony Blinken et Catherine Colonna.

Il n'est pas clair si M. Lavrov assistera en personne à l'intervention du président Zelensky ou se fera représenter pendant son discours, comme cela a déjà été le cas lors d'une réunion du Conseil au niveau des chefs de la diplomatie.

Hormis les Etats-Unis, aucun autre membre permanent du Conseil de sécurité n'est d'ailleurs représenté au plus haut niveau à cette grand-messe diplomatique annuelle qu'est

l'Assemblée générale de l'ONU et qui entame mercredi sa deuxième journée de discours. Des absences que certains diplomates voient comme un mauvais signe pour l'ONU.

La journée sera par ailleurs intense avec la rencontre bilatérale, très attendue, entre le président Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en marge de l'Assemblée.

«Aucun vainqueu»

S'adressant mardi à la tribune de l'Assemblée générale, M. Zelensky, habillé comme de coutume en treillis militaire, a accusé la Russie de commettre un "génocide" en Ukraine, s'efforçant de rallier à sa cause des pays du Sud parfois sceptiques en leur disant qu'ils avaient eux aussi intérêt en la victoire de Kiev.

Il a argué du fait que la Russie se sert de l'alimentation et de l'énergie nucléaire "comme d'une arme", ce qui impacte l'Ukraine comme "le reste du monde".

"Pour la première fois dans l'histoire moderne, on a l'occasion de faire cesser cette agression selon les termes du pays attaqué", a-t-il lancé en invitant les dirigeants de la planète opposés à l'agression russe à l'aider à préparer "un sommet de la paix".

Après un an et demi de guerre aux impacts en cascade sur le monde, notamment sur la sécurité alimentaire, certains pays du Sud plaident de plus en plus ouvertement pour une solution diplomatique.

Plusieurs dirigeants dont le président turc Recep Tayyip Erdogan ont ainsi appelé à "intensifier" les efforts de paix car "la guerre n'aura aucun vainqueur et la paix aucun perdant".

Pour Olga Oliker, de l'International Crisis Group, "bien qu'elle soit loin d'être le seul conflit qui agite le monde, la guerre de la Russie en Ukraine concerne à la fois la défense de la souveraineté de l'Ukraine, l'avenir de l'ordre de sécurité européen et la sécurité mondiale pour les années à venir. L'enjeu est de taille, pour nous tous".

Après New York, le président ukrainien, qui doit aussi s'entretenir mercredi avec le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, doit se rendre à Washington jeudi pour y être reçu par le président américain, qui mène la coalition en soutien de Kiev.

Mardi, également à la tribune de l'ONU, ce dernier a fustigé la Russie qui "croit que le monde va se lasser et la laisser brutaliser l'Ukraine sans conséquence".

Réunis lundi en marge de l'Assemblée, les ministres des Affaires étrangères des pays du G7 ont reconnu que "la Russie s'installe dans la durée" et que le soutien international à l'Ukraine doit lui aussi s'inscrire "à moyen et long terme", selon un haut diplomate américain.

"Il s'agit bien sûr de montrer qu'il (le président russe) ne peut pas l'emporter mais aussi de s'assurer du partage équitable du fardeau et de planifier à long terme", a-t-il confié sous couvert d'anonymat.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Short Url
  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.