NATIONS-UNIES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit s'adresser mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU, faisant face à la Russie, membre permanent, pour la première fois depuis le début de la guerre.
Alors que l'invasion russe de l'Ukraine s'enlise, le président ukrainien poursuit ainsi son offensive diplomatique à New York où sont réunis les grands dirigeants de ce monde, en l'absence notable du Chinois Xi Jinping et du Russe Vladimir Poutine.
Il figure parmi les premiers à prendre la parole lors de cette réunion spéciale monstre, soigneusement calibrée, où plus d'une soixantaine d'intervenants sont prévus sous présidence albanaise, selon l'ordre du jour consulté par l'AFP.
La réunion se déroule à haut niveau et de nombreux dirigeants doivent s'y exprimer.
C'est la première fois depuis le début de l'invasion russe de son pays, le 24 février 2022, que le président Zelensky s'exprimera en personne devant le Conseil de sécurité de l'ONU, instance qui du reste est paralysée à ce sujet en raison du veto russe.
La Russie, justement, sera représentée par son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov arrivé mardi soir à New York, au même niveau que les Etats-Unis et la France avec respectivement Antony Blinken et Catherine Colonna.
Il n'est pas clair si M. Lavrov assistera en personne à l'intervention du président Zelensky ou se fera représenter pendant son discours, comme cela a déjà été le cas lors d'une réunion du Conseil au niveau des chefs de la diplomatie.
Hormis les Etats-Unis, aucun autre membre permanent du Conseil de sécurité n'est d'ailleurs représenté au plus haut niveau à cette grand-messe diplomatique annuelle qu'est
l'Assemblée générale de l'ONU et qui entame mercredi sa deuxième journée de discours. Des absences que certains diplomates voient comme un mauvais signe pour l'ONU.
La journée sera par ailleurs intense avec la rencontre bilatérale, très attendue, entre le président Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en marge de l'Assemblée.
«Aucun vainqueu»
S'adressant mardi à la tribune de l'Assemblée générale, M. Zelensky, habillé comme de coutume en treillis militaire, a accusé la Russie de commettre un "génocide" en Ukraine, s'efforçant de rallier à sa cause des pays du Sud parfois sceptiques en leur disant qu'ils avaient eux aussi intérêt en la victoire de Kiev.
Il a argué du fait que la Russie se sert de l'alimentation et de l'énergie nucléaire "comme d'une arme", ce qui impacte l'Ukraine comme "le reste du monde".
"Pour la première fois dans l'histoire moderne, on a l'occasion de faire cesser cette agression selon les termes du pays attaqué", a-t-il lancé en invitant les dirigeants de la planète opposés à l'agression russe à l'aider à préparer "un sommet de la paix".
Après un an et demi de guerre aux impacts en cascade sur le monde, notamment sur la sécurité alimentaire, certains pays du Sud plaident de plus en plus ouvertement pour une solution diplomatique.
Plusieurs dirigeants dont le président turc Recep Tayyip Erdogan ont ainsi appelé à "intensifier" les efforts de paix car "la guerre n'aura aucun vainqueur et la paix aucun perdant".
Pour Olga Oliker, de l'International Crisis Group, "bien qu'elle soit loin d'être le seul conflit qui agite le monde, la guerre de la Russie en Ukraine concerne à la fois la défense de la souveraineté de l'Ukraine, l'avenir de l'ordre de sécurité européen et la sécurité mondiale pour les années à venir. L'enjeu est de taille, pour nous tous".
Après New York, le président ukrainien, qui doit aussi s'entretenir mercredi avec le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, doit se rendre à Washington jeudi pour y être reçu par le président américain, qui mène la coalition en soutien de Kiev.
Mardi, également à la tribune de l'ONU, ce dernier a fustigé la Russie qui "croit que le monde va se lasser et la laisser brutaliser l'Ukraine sans conséquence".
Réunis lundi en marge de l'Assemblée, les ministres des Affaires étrangères des pays du G7 ont reconnu que "la Russie s'installe dans la durée" et que le soutien international à l'Ukraine doit lui aussi s'inscrire "à moyen et long terme", selon un haut diplomate américain.
"Il s'agit bien sûr de montrer qu'il (le président russe) ne peut pas l'emporter mais aussi de s'assurer du partage équitable du fardeau et de planifier à long terme", a-t-il confié sous couvert d'anonymat.