Turquie: jugé de nouveau, le mécène Kavala maintenu en détention

Des gens, parmi lesquels des représentants de certaines ambassades de pays européens, arrivent devant un tribunal le 18 décembre 2020 à Istanbul pour assister à une audience dans le procès de l'homme d'affaires et philanthrope turc emprisonné Osman Kavala, pour des accusations liées à un coup d'État manqué en 2016. (AFP)
Des gens, parmi lesquels des représentants de certaines ambassades de pays européens, arrivent devant un tribunal le 18 décembre 2020 à Istanbul pour assister à une audience dans le procès de l'homme d'affaires et philanthrope turc emprisonné Osman Kavala, pour des accusations liées à un coup d'État manqué en 2016. (AFP)
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Publié le Vendredi 18 décembre 2020

Turquie: jugé de nouveau, le mécène Kavala maintenu en détention

  • La prison à vie a été requise contre M. Kavala en octobre pour «tentative de renversement du gouvernement», désignant une implication présumée dans un putsch avorté contre M. Erdogan en juillet 2016, et pour «espionnage politique»
  • «Ces accusations ne s'appuient pas sur la moindre preuve concrète. Elles sont en totale contradiction avec ma vision du monde et mon éthique», a dit M. Kavala au juge après la lecture de l'acte d'accusation

ISTANBUL : un tribunal turc a maintenu vendredi en détention l'homme d'affaires et philanthrope Osman Kavala, une figure de la société civile, à l'issue de la première audience d'un nouveau procès pour des accusations d'implication dans un putsch manqué en 2016.

Le tribunal a suivi la requête du parquet en rejetant la demande de remise en liberté pendant la durée du procès formulée par les avocats de M. Kavala, qui est détenu depuis plus de trois ans, selon une correspondante de l'AFP sur place. La prochaine audience aura lieu le 5 février.

Les défenseurs de M. Kavala, qui jugent fallacieuses les accusations pesant contre lui, nourrissaient l'espoir de le voir libéré par le tribunal après des promesses de réformes des procédures judiciaires faites par le président turc Recep Tayyip Erdogan. 

Âgé de 63 ans, M. Kavala, incarcéré à la prison de Silivri en lisière d'Istanbul, a assisté par visioconférence à cette audience au palais de Justice de la mégalopole, qui est intervenue alors que la Cour constitutionnelle doit prochainement examiner la légalité de sa détention sans jugement depuis octobre 2017.

«Mon maintien en détention pendant des années, faisant fi de la décision rendue par la Cour européenne des droits de l'homme et malgré mon précédent acquittement par un tribunal local et deux ordres de libération, n'est pas une violation ordinaire de mes droits. C'est devenu une sorte de torture morale», a-t-il dit au juges avant la fin de l'audience.

La prison à vie a été requise contre M. Kavala en octobre pour «tentative de renversement du gouvernement», désignant une implication présumée dans un putsch avorté contre M. Erdogan en juillet 2016, et pour «espionnage politique».

«Ces accusations ne s'appuient pas sur la moindre preuve concrète. Elles sont en totale contradiction avec ma vision du monde et mon éthique», a dit M. Kavala au juge après la lecture de l'acte d'accusation. «Ces allégations sont infondées. J'ai toujours été opposé aux coups militaires et à l'interférence de l'armée en politique».

Décrit dans l'acte d'accusation comme le «collaborateur local» de M. Kavala, le chercheur américain Henri Barkey, jugé par contumace, est aussi visé par les mêmes charges. «Tout est inventé», a-t-il affirmé dans un message à l'AFP.

La presse pro-gouvernementale a surnommé M. Kavala «le milliardaire rouge», en le comparant au milliardaire américain George Soros, bête noire de plusieurs dirigeants autoritaires dans le monde.

- «Le réduire au silence» -

M. Erdogan lui-même l'a accusé d'être «le représentant en Turquie» de M. Soros et de «financer les terroristes».

M. Kavala est connu pour son soutien aux projets culturels portant sur les droits des minorités, la question kurde et la réconciliation arméno-turque.

Acquitté en février lors d'un premier procès portant sur son rôle présumé dans des manifestations anti-gouvernementales en 2013, il avait immédiatement été placé en détention dans le cadre d'une autre enquête liée à la tentative de coup d'Etat.

Le Conseil de l'Europe, dont la Turquie fait partie, réclame la libération de M. Kavala, en application d'une décision de la CEDH estimant que son incarcération vise à le «réduire au silence».

«Nous sommes déçus par la décision du tribunal», a indiqué dans un communiqué le rapporteur du Parlement européen sur la Turquie, Nacho Sanchez Amor, estimant que la justice turque «a manqué une nouvelle opportunité» pour se conformer aux décisions de la CEDH.

La comparution de M. Kavala a eu lieu sur fond de spéculations sur un assouplissement des pressions exercées sur les opposants en Turquie pouvant conduire à une libération de M. Kavala.

Dans un contexte de difficultés économiques susceptibles de plomber sa popularité, M. Erdogan a en effet annoncé fin novembre des «réformes» pour renforcer l'Etat de droit, dans l'espoir d'attirer des investisseurs étrangers.

- «Intimider la société civile» -

Sezgin Tanrikulu, député social-démocrate et défenseur de longue date des droits humains, a  estimé  que la détention «sans base légale» de M. Kavala était une manière pour le gouvernement d' «intimider la société civile» et les milieux d'affaires.

Le député rend régulièrement visite à M. Kavala, un ami de longue date.

«Il n'avait jamais imaginé qu'il serait détenu aussi longtemps», dit-il. «Mais il réalise parfaitement pourquoi on tient à le garder en prison».


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.