PARIS : A la veille des vacances, les proviseurs s'interrogent : doivent-ils faire revenir en "présentiel" les élèves de Terminale dès début janvier pour préparer au mieux le baccalauréat ? Si certains vont faire ce choix, d'autres préfèrent attendre une amélioration de la situation sanitaire.
Face à l'aggravation de l'épidémie de Covid-19, les lycées n'ont pas fermé mais le gouvernement leur a demandé début novembre d'adapter leur organisation jusqu'aux vacances de Noël.
Pour respecter le protocole sanitaire, 69% des lycées publics - selon le ministère - ont instauré une alternance des élèves par demi-classe, par niveau ou par semaine.
Que se passera-t-il au retour des vacances de Noël ? Fin novembre, Emmanuel Macron avait évoqué une réouverture pour tous "autour du 20 janvier" si la situation sanitaire le permet.
Mais l'échéance du baccalauréat, avec les premières épreuves de spécialité prévues au mois de mars, conduit certains proviseurs à accélérer la cadence pour les Terminales.
"Un delta se crée entre les élèves restés en cours à plein temps et ceux passés à mi-temps", explique Bruno Bobkiewicz, proviseur à Vincennes (Val-de-Marne), qui vient de faire valider en conseil d'administration le retour de tous ses Terminales le 4 janvier.
"Ce n'est pas une décision prise à la légère mais cela nous semble un juste équilibre entre les contraintes sanitaires et pédagogiques", poursuit le secrétaire national du premier syndicat des chefs d'établissement (SNPDEN). "Evidemment, si trois jours avant la rentrée les conditions se détériorent, je l'annulerai", ajoute-t-il.
Un changement souhaité par les fédérations de parents, certains enseignants de spécialité et des élèves qui "paniquent", explique le proviseur.
A l'instar de Sofiane, en Terminale à Mantes-la-Jolie (Yvelines), qui a cours seulement un jour sur deux depuis la mi-novembre. Le reste du temps, il travaille seul chez lui, mais "ce n'est pas facile de se motiver, s'organiser à distance". "En Première on a déjà pris beaucoup de retard, là le bac approche, c'est très stressant", confie-t-il.
"Rupture d'équité"
Quand il a dû revoir son organisation mi-novembre, Gérard Heinz, proviseur à Lyon et membre du SNPDEN, a tout de suite décidé de garder les Terminales à plein temps et d'instaurer un mi-temps seulement pour les autres niveaux.
Un choix qu'il ne regrette pas. "Je n'ai jamais ressenti autant d'appréhension chez mes élèves qui vont bientôt passer le bac, je n'imagine pas qu'ils puissent le préparer en partie seuls", explique-t-il.
Chez les parents d'élèves, l'inquiétude est aussi palpable: "les élèves qui sont à mi-temps au lycée risquent de décrocher", lance Hubert Salaün, porte-parole de la Peep. "On espère vraiment que tous pourront reprendre à plein temps le 20 janvier, et si certains peuvent avant, ce sera tant mieux".
Mais certains proviseurs n'envisagent pas de retour à la normale tant que les données sanitaires ne se seront pas nettement améliorées.
"Si fin janvier la décision n'est pas prise de faire revenir tout le monde, alors je me poserai la question pour les Terminales, mais pas avant", affirme Florence Delannoy, proviseure à Lille, du SNPDEN.
Tous les chefs d'établissement s'inquiètent d'une "rupture d'équité" entre élèves, dans la perspective de la préparation du baccalauréat, examen national.
A ce sujet, un consensus a émergé chez les organisations syndicales: elles réclament le report ou l'annulation des épreuves de spécialité, maintenues en mars par le ministère.
"Tous les élèves ne préparent pas le bac de la même manière, il y a notamment une inégalité entre ceux des lycées publics et des lycées privés, qui ont conservé davantage le présentiel", justifie Sophie Vénétitay, du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.
"Le maintien des épreuves de mars nous paraît assez fou", abonde Florence Delannoy. "Pour les préparer, on va être obligé de faire revenir des élèves en nombre, au mépris du sanitaire", déplore-t-elle.