Afflux record de migrants sur l'île italienne de Lampedusa

Les migrants d'un centre d'hébergement sur l'île italienne de Lampedusa sont guidés par un agent de sécurité le 14 septembre 2023, alors qu'ils se préparent à embarquer sur le navire "Galaxy", à destination de la ville sicilienne de Porto Empedocle. (Photo, Alessandro Serranò/AFP)
Les migrants d'un centre d'hébergement sur l'île italienne de Lampedusa sont guidés par un agent de sécurité le 14 septembre 2023, alors qu'ils se préparent à embarquer sur le navire "Galaxy", à destination de la ville sicilienne de Porto Empedocle. (Photo, Alessandro Serranò/AFP)
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Publié le Jeudi 14 septembre 2023

Afflux record de migrants sur l'île italienne de Lampedusa

  • Les journées de beau temps ont entraîné une augmentation des traversées ces derniers jours, avec l'arrivée de plus de 5 000 personnes en Italie pour la seule journée de mardi, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur
  • Située à moins de 150 km des côtes tunisiennes, Lampedusa est l'un des premiers points d'escale pour les migrants traversant la Méditerranée

LAMPEDUSA: La petite île italienne de Lampedusa s'efforce jeudi de faire face à l'afflux de migrants en provenance d'Afrique du Nord, après avoir accueilli plus de 7 000 personnes, soit l'équivalent de la population locale.

Le centre d'accueil, construit pour héberger moins de 400 personnes, est débordé, avec des hommes, des femmes et des enfants contraints de dormir dehors sur des lits de fortune en plastique, beaucoup enveloppés dans des couvertures de survie.

Les bonnes conditions météo ont poussé en mer les candidats à l'exil ces derniers jours: plus de 5.000 personnes ont débarqué mardi sur les côtes italiennes, presque exclusivement à Lampedusa, et près de 3 000 mercredi, selon le ministère de l'Intérieur.

Selon Matteo Villa, du centre de réflexion ISPI, le nombre d'arrivées en 48 heures est un "record absolu".

La Croix-Rouge italienne (CRI), qui gère le centre d'accueil de Lampedusa, "fait l'impossible, et plus que l'impossible", a réagi jeudi son président, Rosario Valastro, dans un communiqué.

La commune a déclaré l'état d'urgence local et des tensions ont éclaté mercredi lors de la distribution de nourriture par la CRI.

Située à moins de 150 km des côtes tunisiennes, Lampedusa est l'un des premiers points d'escale pour les migrants traversant la Méditerranée.

2 000 morts en mer

Plusieurs jeunes migrants se sont rendus dans le centre historique de Lampedusa, où un photographe de l'AFP a trouvé certains d'entre eux en train de manger des glaces. Plusieurs migrants ont dit avoir faim et d'autres ont indiqué ne pas avoir d'argent, de sorte que certains restaurants leur ont refusé l'entrée.

Mais d'autres établissements leur offraient de la nourriture gratuitement et des habitants tout comme des touristes leur ont également payé des repas.

La plupart des migrants sont récupérés en mer sur des embarcations de fortune par les garde-côtes qui les amènent au port de Lampedusa.

Mais beaucoup meurent en route: selon l'agence de l'ONU pour les migrations, plus de 2 000 personnes sont mortes cette année lors de la traversée entre l'Afrique du Nord, l'Italie et Malte.

La dernière victime connue est un bébé de cinq mois, qui serait tombé à l'eau tôt mercredi alors qu'il faisait partie d'un groupe que l'on ramenait sur le rivage.

Depuis des années, le centre d'accueil de migrants de Lampedusa a du mal à faire face au nombre d'arrivants, les organisations humanitaires faisant état d'un manque d'eau, de nourriture et de soins médicaux.

Et l'Italie reproche à ses partenaires européens de ne pas se mobiliser suffisamment pour l'aider à gérer ces flux. L’Allemagne a fait savoir cette semaine qu'elle n'acceptait plus de migrants en provenance d'Italie, et la France a annoncé l'envoi de renforts pour lutter contre l'immigration clandestine à la frontière avec l'Italie.

Quelque 5 000 personnes devaient être transférées d'ici la fin de la journée de jeudi vers la Sicile, où se trouvent des centres d'accueil plus importants.

Aide européenne

Le gouvernement italien d'extrême droite a récemment alloué 45 millions d'euros à Lampedusa pour aider l'île à mieux gérer la situation des migrants.

Mais la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni, élue il y a un an en promettant de mettre un terme à l'immigration massive, demande l'aide de l'Union européenne.

Bruxelles "est en contact étroit" avec Rome sur la situation, a assuré jeudi une porte-parole de la Commission, précisant que l'Italie avait déjà reçu 14 millions d'euros de fonds européens pour faire face à cette situation.

Le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, patron de la Ligue (anti-immigration), a dit voir dans ces arrivées massives "un acte de guerre" contre l'Italie. L'opposition de gauche a de son côté ironisé sur l'échec de la politique Meloni-Salvini, qui s'étaient engagés pendant la campagne des législatives de 2022 à "stopper" les bateaux de migrants.

Marion Maréchal, tête de liste du parti français Reconquête, un soutien de la formation post-fasciste Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni, était attendue jeudi soir à Lampedusa.

"Lampedusa n'est pas uniquement la frontière de l'Italie mais de toute l'Europe", a-t-elle dit avant son départ.

Près de 124.000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes depuis le début de l'année, contre 65.500 au cours de la même période l'année dernière.

Les chiffres n'ont toutefois pas encore dépassé ceux de 2016, lorsque plus de 181 000 personnes, dont beaucoup de Syriens fuyant la guerre, étaient arrivées en Europe.


Israël devant la CIJ pour se défendre d'accusations de « génocide »

Dans un arrêt en janvier, la CIJ a ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. (AFP)
Dans un arrêt en janvier, la CIJ a ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. (AFP)
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  • Pretoria a demandé à la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, d'enjoindre à Israël de cesser son incursion à Rafah
  • Israël a précédemment souligné son engagement "inébranlable" envers le droit international et qualifié l'affaire de l'Afrique du Sud de "totalement infondée" et "moralement répugnante"

LA HAYE: Israël va répondre vendredi devant la plus haute juridiction de l'ONU aux allégations de l'Afrique du Sud selon lesquelles il aurait intensifié une campagne "génocidaire" avec son opération militaire à Rafah.

Pretoria a demandé à la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, d'enjoindre à Israël de cesser son incursion à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, essentielle selon Israël pour éliminer les militants du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Israël a précédemment souligné son engagement "inébranlable" envers le droit international et qualifié l'affaire de l'Afrique du Sud de "totalement infondée" et "moralement répugnante".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a juré d'anéantir le Hamas, est déterminé à lancer une offensive terrestre d'envergure à Rafah, où sont retranchés selon lui les derniers bataillons du mouvement islamiste palestinien.

Israël a annoncé jeudi que son armée allait "intensifier" ses opérations au sol à Rafah, malgré les mises en garde internationales contre une offensive d'envergure dans cette ville surpeuplée du territoire palestinien.

Les avocats de Pretoria ont déclaré jeudi devant la CIJ que "le génocide" commis par Israël "a atteint un niveau horrible", évoquant notamment des fosses communes, des actes de torture et un blocage de l'aide humanitaire.

"L’Afrique du Sud avait espéré, lors de notre dernière comparution devant cette cour, mettre un terme à ce processus génocidaire afin de préserver la Palestine et son peuple", a déclaré Vusimuzi Madonsela, le représentant de Pretoria.

"Au lieu de cela, le génocide d'Israël s’est poursuivi à un rythme soutenu et vient d’atteindre un nouveau et horrible niveau", a-t-il ajouté.

Nouvelles mesures 

Dans un arrêt en janvier, la CIJ a ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Mais la cour n'est pas allée jusqu'à ordonner un cessez-le-feu. Or pour Pretoria, l'évolution de la situation sur le terrain – notamment l'opération à Rafah – nécessite une nouvelle ordonnance de la CIJ.

L'opération israélienne à Rafah "est la dernière étape de la destruction de Gaza et de son peuple palestinien", a déclaré Vaughan Lowe, un avocat de l'Afrique du Sud.

"C'est Rafah qui a amené l'Afrique du Sud devant la cour. Mais ce sont tous les Palestiniens en tant que groupe national, ethnique et racial qui ont besoin de la protection contre le génocide que la cour peut ordonner", a-t-il ajouté.

Les ordonnances de la CIJ, qui tranche les différends entre Etats, sont juridiquement contraignantes mais elle n'a aucun moyen de les faire respecter.

Pretoria demande à la CIJ trois nouvelles mesures d'urgence en attendant qu'elle se prononce sur le fond de l'affaire, l'accusation selon laquelle Israël viole la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948.

L'Afrique du Sud souhaite que la cour ordonne à Israël de cesser "immédiatement" toutes les opérations militaires à Gaza, y compris à Rafah, de permettre l'accès humanitaire et de rendre compte des mesures prises dans l'exécution de ces ordonnances.


Plus d'un tiers des zones humides de Méditerrannée menacées par la montée des eaux

Plus d'un tiers des zones humides du bassin méditerranéen sont menacées par les risques de submersion marine causés par le réchauffement climatique, qui risque de détruire un habitat précieux pour les oiseaux côtiers, alerte vendredi une étude scientifique. (AFP).
Plus d'un tiers des zones humides du bassin méditerranéen sont menacées par les risques de submersion marine causés par le réchauffement climatique, qui risque de détruire un habitat précieux pour les oiseaux côtiers, alerte vendredi une étude scientifique. (AFP).
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  • Les zones humides côtières figurent parmi les zones les plus menacées par le réchauffement climatique: en raison de la montée des eaux,
  • Le parc naturel régional de Camargue, plus grande zone humide française, "pourrait par exemple subir la submersion d'une surface de terre équivalente à quatre fois la superficie de Paris"

PARIS: Plus d'un tiers des zones humides du bassin méditerranéen sont menacées par les risques de submersion marine causés par le réchauffement climatique, qui risque de détruire un habitat précieux pour les oiseaux côtiers, alerte vendredi une étude scientifique.

Les zones humides côtières figurent parmi les zones les plus menacées par le réchauffement climatique: en raison de la montée des eaux, plus de la moitié d'entre elles dans le monde pourraient disparaître sous les eaux d'ici 2100, ont déjà montré de précédentes études.

Cette nouvelle étude, parue dans la revue Conservation Biology, a modélisé les futurs risques de submersion en fonction des différents scénarios du Giec (le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU) sur 938 sites côtiers du pourtour méditerranéen.

Elle révèle que 34,4% de ces sites, soit 320 zones humides côtières, sont menacées de disparition d'ici à 2100 par la hausse du niveau de la mer, même dans les scénarios climatiques les plus optimistes (avec un réchauffement de +1,8 degré).

Dans les scénarios pessimistes (jusqu'à +4,4 degrés), ce chiffre pourrait monter à 495, soit plus de la moitié.

Le parc naturel régional de Camargue, plus grande zone humide française, "pourrait par exemple subir la submersion d'une surface de terre équivalente à quatre fois la superficie de Paris", indique un communiqué du Museum national d'histoire naturelle, qui a participé à l'étude avec l'Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes de la Tour du Valat.

Parmi ces zones menacées, figurent entre 54,1% et 60,7% de sites d'importance internationale pour les oiseaux d'eau, comme les flamants roses, les avocettes élégantes ou le canard chipeau, notamment lors de la période d'hivernage ou de nidification. Ces oiseaux ne disposant pas d'habitat alternatif, ces menaces pourraient "affecter négativement" leur nombre et les écosystèmes qui y sont associés.

"Ces chiffres sont sans doute sous-estimés", notent les auteurs de l'étude, soulignant que de nombreuses zones côtières, notamment en Espagne, n'ont pas été incluses et que d'autres menaces (érosion côtière, salinisation, surtourisme...) n'ont pas été prises en compte.

Pour toutes ces raisons, ils recommandent "la mise en place urgente de mesures d'adaptation" dans ces sites, comme la construction de digues mais surtout, plus efficaces à long terme, la mise en place de solutions fondées sur la nature (fixation de dunes avec de la végétation) ou encore une extension des aires protégées pour lutter notamment contre une urbanisation non maitrisée.


Inde: l'opposition fustige Modi et ses propos anti-musulmans

Le Premier ministre indien et chef du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP), Narendra Modi (Photo, AFP).
Le Premier ministre indien et chef du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP), Narendra Modi (Photo, AFP).
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  • M. Modi a offert au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019
  • Les analystes politiques l'ont donné vainqueur avant même les élections générales qui ont débuté le 19 avril

NEW DELHI: L'opposition indienne a accusé jeudi le Premier ministre Narendra Modi de tenir des propos stigmatisant les musulmans et alimentant, en plein processus électoral, les tensions sectaires dans la plus grande démocratie du monde, constitutionnellement laïque.

M. Modi déploie "son jeu habituel consistant à diviser les hindous et les musulmans", a déclaré jeudi P. Chidambaram, ancien ministre des Finances et membre influent du Congrès, principal parti d'opposition,

"Le monde observe et analyse les déclarations du Premier ministre indien, qui ne sont pas à la gloire de l'Inde", a-t-il ajouté.

M. Modi a offert au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019 en jouant sur la fibre religieuse de l'électorat hindou.

Agé de 73 ans et encore très populaire dans l'ensemble du pays, le Premier ministre brigue un troisième mandat à la tête du pays.

Les analystes politiques l'ont donné vainqueur avant même les élections générales qui ont débuté le 19 avril et se déroulent en sept phases jusqu'au 1er juin.

M. Modi a présenté mardi sa candidature au siège de député de Varanasi (Bénarès), cité sacrée de l'hindouisme, dans l'Etat de l'Uttar Pradesh (nord), qu'il occupe depuis une décennie.

L'opposition et les défenseurs des droits accusent M. Modi de favoriser les hindous, majoritaires dans le pays, au détriment d'importantes minorités, dont 210 millions d'Indiens musulmans, inquiètes pour leur avenir.

M. Modi a récemment suscité l'indignation dans les rangs de l'opposition en accusant le Congrès de vouloir distribuer la "richesse nationale" aux "infiltrés", "à ceux qui ont le plus d'enfants", désignant ainsi la communauté musulmane.

L'opposition a saisi les autorités électorales qui n'ont pas sanctionné le Premier ministre. L'Inde est constitutionnellement laïque et son code électoral interdit toute campagne fondée sur des "sentiments communautaires".

Dans un entretien mardi sur la chaîne d'information continue News18, le chef du gouvernement s'est défendu d'alimenter et d'exploiter tout clivage entre hindous et musulmans.

Discrimination 

"Le jour où je commencerai à parler des hindous-musulmans sera celui où je perdrai ma capacité à mener une vie publique", a-t-il affirmé en hindi.

Le lendemain, en plein rassemblement électoral, Narendra Modi accusait le Congrès d'orchestrer un "jihad par le vote" pour que les musulmans se prononcent contre lui.

Au début de la semaine, Madhavi Latha, actrice et candidate du BJP à Hyderabad (sud), s'est autorisée, dans un bureau de vote, à vérifier que la carte électorale de musulmanes correspondait à leur identité, exigeant qu'elles ôtent leur voile.

La police de la ville a ouvert une enquête sur l'incident.

Au total, 968 millions d'Indiens sont appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des Etats-Unis, de l'Union européenne et de la Russie réunis.