KABOUL: Le nouvel ambassadeur de Chine en Afghanistan, Zhao Xing, a présenté ses lettres de créance au Premier ministre taliban, le mollah Mohammed Hassan Akhund, mercredi.
La Chine est le premier pays à nommer officiellement un nouvel envoyé au niveau des ambassadeurs depuis que les talibans ont repris le contrôle du pays en août 2021, à la suite du retrait des troupes américaines. Le gouvernement taliban n’est officiellement reconnu par les autorités d’aucun autre pays, et il n’était pas clair dans l’immédiat si cette nomination signifiait que Pékin était le premier à le reconnaître.
«Mohammed Hassan Akhund, Premier ministre de l’Émirat islamique d’Afghanistan, a accepté les lettres de créance de Zhao Xing, nouvel ambassadeur de Chine en Afghanistan, au cours d’une cérémonie», a déclaré Zabihullah Mujahid, porte-parole principal des talibans.
«Le Premier ministre de l’Émirat islamique a remercié les dirigeants chinois d’avoir nommé Zhao Xing au poste d’ambassadeur et espère que sa nomination conduira à la promotion des relations diplomatiques à un niveau élevé et à l’ouverture d’un nouveau chapitre entre les deux pays.»
La Chine s’est engagée activement avec le régime des talibans à plusieurs niveaux depuis leur arrivée au pouvoir, notamment dans le cadre de projets d’investissement et d’infrastructure.
L’année dernière, les autorités ferroviaires afghanes et chinoises ont conclu un accord avec leurs homologues d’Ouzbékistan et du Kirghizstan en vue de créer un corridor économique entre leurs pays, ce qui, selon le gouvernement afghan, devrait stimuler le commerce et la connectivité.
En janvier, la compagnie pétrolière privée Xinjiang Central Asia Petroleum and Gas a signé un contrat d’extraction de pétrole dans le bassin de l’Amou-Daria, dont une partie se trouve en Afghanistan. Il s’agit du premier contrat d’extraction important conclu par les talibans avec une entreprise étrangère depuis qu’ils ont repris le pouvoir.
En vertu de ce contrat, la compagnie pétrolière investira 150 millions de dollars (1 dollar = 0,93 euro) par an en Afghanistan, montant qui passera à 540 millions de dollars d’ici trois ans, dans le cadre d’un accord d’une durée de vingt-cinq ans. Le projet permettra de créer des emplois pour environ 3 000 Afghans, selon les talibans.
Alors que de nombreux pays ont fermé leur ambassade à Kaboul après la prise du pouvoir par les talibans, la Chine est l’un des rares pays à y avoir maintenu une présence diplomatique. Certains ambassadeurs nommés par leur pays alors que le précédent gouvernement afghan, soutenu par l’étranger, était au pouvoir, sont restés à Kaboul.
Le précédent ambassadeur de Chine en Afghanistan, Wang Yu, a pris ses fonctions en 2019 et son mandat s’est achevé le mois dernier.
«Le Premier ministre a qualifié d’importantes les relations entre l’Afghanistan et la Chine», a indiqué M. Mujahid. «(Il) a exprimé l’espoir que d’autres mesures seraient prises pour renforcer les relations bilatérales.»
Abdel Waheed Waheed, un expert en relations internationales à Kaboul qui a travaillé avec l’International Rescue Committee, a expliqué à Arab News que la nomination de l’ambassadeur représentait un «succès important» pour les talibans.
Il a précisé que «cela ne signifie pas nécessairement une reconnaissance diplomatique complète, mais il s’agit certainement d’un développement significatif» et a ajouté: «Les raisons économiques jouent certainement un rôle considérable dans l’engagement de la Chine en Afghanistan, mais l’approche du gouvernement chinois est multiforme, englobant à la fois des intérêts économiques et stratégiques.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com