A Gaza, le «rêve brisé» d'un Etat 30 ans après les accords d'Oslo

Des Palestiniens nagent dans la mer Méditerranée près de la ville de Gaza, le 8 septembre 2023. (Photo MOHAMMED ABED / AFP)
Des Palestiniens nagent dans la mer Méditerranée près de la ville de Gaza, le 8 septembre 2023. (Photo MOHAMMED ABED / AFP)
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Publié le Mardi 12 septembre 2023

A Gaza, le «rêve brisé» d'un Etat 30 ans après les accords d'Oslo

  • "Nous pensions que l'Etat était à portée de main", ajoute, non sans amertume, ce Palestinien qui a ouvert il y a deux mois un fast-food à quelques centaines de mètres de l'ex-résidence présidentielle d'Arafat, dans le quartier Al-Rimal à Gaza
  • Le sentiment de désillusion de M. Sounounou est largement répandu à Gaza. Les jeunes se concentrent sur la recherche d'emploi, l'accès au logement, à l'électricité ou à l'eau courante

GAZA: En 1994, Moustafa Al-Sounounou est retourné à Gaza au côté du dirigeant palestinien Yasser Arafat après la signature des accords d'Oslo, portant en lui l'espoir que la région devienne une sorte de "Singapour" du Moyen-Orient.

Trois décennies plus tard, ce rêve s'est envolé, et les accords d'Oslo n'ont pas apporté la paix tant espérée entre Palestiniens et Israéliens.

"Nous pensions que le pays deviendrait comme Singapour: des passages ouverts, des occasions d'emplois pour nos enfants, un gouvernement, un aéroport, un port et un passeport", raconte à l'AFP Moustafa Al-Sounounou, aujourd'hui âgé de 57 ans.

"Nous pensions que l'Etat était à portée de main", ajoute, non sans amertume, ce Palestinien qui a ouvert il y a deux mois un fast-food à quelques centaines de mètres de l'ex-résidence présidentielle d'Arafat, dans le quartier Al-Rimal à Gaza.

Au retour de Yasser Arafat en juillet 2014 dans les Territoires palestiniens après 27 ans d'exil, pour établir l'Autorité palestinienne, M. Sounounou est nommé capitaine dans la Garde présidentielle, puis colonel.

Mais en 2008, il est mis en retraite anticipée, comme des milliers de membres des services de sécurité de l'Autorité palestinienne, conséquence de la guerre fratricide à Gaza entre le Fatah, le parti du président palestinien Mahmoud Abbas, et le mouvement islamiste Hamas.

«En prison»

Le 13 septembre 1993, après six mois de négociations secrètes dans la capitale norvégienne, le président américain, Bill Clinton, orchestre sur le gazon de la Maison Blanche une poignée de main historique entre Yasser Arafat, le chef de l'OLP, et le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin.

Les accords débouchent sur une reconnaissance mutuelle d'Israël et de l'OLP, l'Organisation de libération de la Palestine, et instaurent une autonomie palestinienne transitoire de cinq ans, le temps d'aborder les questions les plus épineuses du conflit et de parvenir à un accord de paix final avec, en ligne de mire, la création d'un Etat palestinien vivant en paix au côté d'Israël.

Aujourd'hui, Israéliens et Palestiniens se renvoient la responsabilité de l'impasse politique et de la poursuite des violences, et la perspective de la solution dite "à deux Etats" semble plus éloignée que jamais.

Le sentiment de désillusion de M. Sounounou est largement répandu à Gaza. Les jeunes se concentrent sur la recherche d'emploi, l'accès au logement, à l'électricité ou à l'eau courante. Des problèmes exacerbés par le blocus israélien imposé sur ce mince territoire côtier depuis sa prise par le Hamas en 2007.

Quelque 2,3 millions de Palestiniens vivent aujourd'hui dans la bande de Gaza, où, selon l'Office central des statistiques palestinien, le taux de chômage dépasse 45%, et atteint même 70% parmi les jeunes.

Pour Israa Mourad, 21 ans, "tous les pays disposent d'aéroports, de postes-frontières, de ports (...), or notre aéroport a été détruit et nos passages sont fermés. Nous sommes en prison."

«Aucune chance»

Fin 1998, les Palestiniens célèbrent l'ouverture du premier aéroport de Gaza, en présence de dirigeants étrangers.

Mais l'aéroport est détruit en 2001 par Israël durant la Seconde Intifada, le soulèvement palestinien de 2000 à 2005.

"Cela ne m'intéresse pas", lâche Imane Hassouna, une étudiante de 20 ans en référence aux accords d'Oslo: "Nous les jeunes sommes à la recherche d'emplois et d'un avenir" meilleur.

Pour Ahmed Al-Abadla, 20 ans, le rêve d'un Etat palestinien n'est plus viable. "Oslo n'est que de l'encre sur du papier."

Depuis fin 2008, la bande de Gaza a été le théâtre de quatre guerres et de violents affrontements entre forces israéliennes et factions palestiniennes ayant fait des milliers de morts surtout parmi les Palestiniens.

"Il n'y a aucune chance de paix entre les Palestiniens et Israël. Ce qui a été pris par la force ne peut être récupéré que par la force", assène Israa Mourad, étudiante à l'Université Al-Aqsa de Gaza.

Hassan Asfour, ex-négociateur palestinien joint par téléphone en Egypte où il réside, accuse les extrémistes des deux camps "d'avoir conspiré pour contrecarrer Oslo". Mais il estime aujourd'hui que "se débarrasser d'Oslo est devenu une nécessité nationale", pour permettre de regarder vers l'avenir.

Quoi qu'il en soit, dit M. Sounounou, "le rêve d'un Etat a été brisé".


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com