PARIS: Y aura-il une nouvelle rencontre à l'automne entre Emmanuel Macron et les chefs de partis ? Dans leurs réponses à la lettre du chef de l'Etat, les oppositions, de droite comme de gauche, se montrent peu enthousiastes et s'opposent sur un éventuel référendum sur l'immigration.
Après leur rencontre marathon le 30 août à Saint-Denis, Emmanuel Macron avait envoyé aux responsables de partis une lettre de six pages à laquelle ils devaient répondre d'ici dimanche soir. Avec l'idée notamment de faire une proposition "dans les semaines qui viennent" sur une modification du recours au référendum.
La droite pose ses conditions
Eric Ciotti, le patron des Républicains, dont l'accord serait indispensable pour toute révision constitutionnelle sur le référendum, juge d'emblée l'initiative de Saint-Denis "relativement décevante".
Il exige que le chef de l'Etat dise "la suite qu'il va réserver" à ses revendications, dont un référendum sur l'immigration, et demande un "calendrier précis".
Il énumère trois autres points "incontournables" pour son parti: "le pouvoir d’achat", "l’insécurité", et "la libération de la presse".
De son côté, le président LR du Sénat Gérard Larcher n'a pas encore envoyé de réponse car il souhaite au préalable consulter ses présidents de groupe.
L'autre composante de la majorité sénatoriale, l'UDI, n'avait pas encore répondu lundi.
Le RN ne répond pas mais reviendra
Le président du Rassemblement national Jordan Bardella ne répondra pas au courrier.
"On attend d’avoir des propositions concrètes avant de se positionner sur la suite", explique à l'AFP son entourage. Mais il sera là en cas de prochaine réunion, a assuré le vice-président du parti Sébastien Chenu sur Sud Radio, tout en soulignant qu'il n'irait pas "ad vitam aeternam".
La gauche pas motivée par les sujets
Alors que la Nupes s'était exprimée d'une seule voix avant la réunion, elle a répondu en ordre dispersé, sans se prononcer clairement sur la suite et en mettant l'accent sur ses revendications écologiques et sociales trop peu abordées lors de la première rencontre, selon elle.
Le coordinateur politique de La France insoumise Manuel Bompard laisse entendre qu'il ne reviendra pas, affirmant dans sa lettre que "les débats politiques (...) doivent avoir lieu dans les Assemblées parlementaires" et qu'il "n'a pas l'intention de vous (Emmanuel Macron) accompagner dans cette évolution dangereuse et aveugle des urgences du pays".
La secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier fustige, elle, "l'infime place accordée à l'écologie" avec "deux phrases sur six pages". "S'il y a des réunions où on peut parler d'écologie, j'y serai. Si c'est pour débattre des heures référendum sur l'immigration et assister à la lune de miel entre Macron et l'extrême droite, ça sera sans moi".
Premier à avoir répondu à "ce format inédit", le patron du PCF Fabien Roussel ne dit pas s'il reviendra mais réclame des "réponses inédites", et principalement une remise en cause des contraintes budgétaires européennes.
De son côté, Olivier Faure (PS), qui avait jugé que les sujets institutionnels évoqués par Macron étaient "plutôt secondaires", n'a pas l'intention de se presser. "Nous soumettrons la réponse à nos instances. Macron n’a pas à fixer de deadline", a-t-il dit à l'AFP.
La majorité réservée sur l'extension du référendum
Si le secrétaire général de Renaissance Stéphane Séjourné salue la rencontre de Saint-Denis comme "un moment rare d'unité et de dépassement politique", il manifeste peu d'enthousiasme sur "la question de l’élargissement du champ du référendum, en particulier à l’immigration", qui lui apparaît "délicate" avec le risque d'une "division supplémentaire de notre société".
Le MoDem n'a pas encore envoyé sa réponse. "Je ne suis pas pour qu'on fasse de l'immigration un sujet qui allume le feu, sur lequel on verse tous les jours de l'essence", a fait valoir dimanche François Bayrou dans Le Parisien.
Horizons, le parti d'Edouard Philippe, ne pouvait dire lundi s'il répondrait. De son côté, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet adressera, selon son entourage, une réponse axée "sur les travaux du Parlement et les points qui lui semblent importants".