Pauvreté en France: Les associations débordées par les demandes d'aide

Des bénévoles préparent une distribution de nourriture de l'association caritative française "Les Restos du coeur" à Paris le 21 mars 2023. (AFP)
Des bénévoles préparent une distribution de nourriture de l'association caritative française "Les Restos du coeur" à Paris le 21 mars 2023. (AFP)
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Publié le Lundi 04 septembre 2023

Pauvreté en France: Les associations débordées par les demandes d'aide

  • L'inflation en France a progressé de 4,8% sur un an en août, selon l'Insee. L'un de ses principaux moteurs reste le prix des produits alimentaires, qui ont bondi de 11,1% sur un an le mois dernier
  • A la Croix-Rouge, les demandes d'aide alimentaire ont progressé de 7% au premier semestre, par rapport à la même période l'an dernier, également marquée par un bond des demandes

PARIS: Les associations de lutte contre la pauvreté en France alertent sur la forte hausse de demandes d'aide, à l'instar des Restos du Coeur qui ne parviennent plus à faire face et ont décidé de réduire le nombre des personnes accueillies.

Après avoir vérifié la carte d'inscription d'une femme accompagnée de son bébé, Corine Lemeunier se retourne pour attraper derrière elle une boîte de lait infantile, des petits pots et un paquet de couches, qu'elle glisse rapidement dans le sac cabas de la bénéficiaire. "C'est très dense, on n'arrête pas", commente auprès de l'AFP cette bénévole des Restos du Coeur.

Ce centre de distribution du XIe arrondissement de Paris, calibré pour recevoir 1.400 personnes par semaine, en accueille désormais 3.500.

"Il y a eu un afflux de demandes d'aide pendant la pandémie et cela n'a pas baissé depuis, au contraire, cela augmente", dit à l'AFP Philippe Blanc, le responsable adjoint. Le centre a reçu cette année 37% de personnes supplémentaires par rapport à l'an dernier.

Les bénéficiaires, majoritairement des femmes avec des enfants en bas âge ce vendredi-là, se pressent le long d'une petite allée centrale. Des bénévoles, installés à côté des piles de cageots de pommes de terre, tomates et pastèques, remettent à chacun la quantité qui lui revient, selon la composition de la famille.

Noëlle, 32 ans, ressort avec des compotes, yaourts et produits bébé, calés en bas de sa poussette. "Vu leur coût, les produits du quotidien ne sont plus à notre portée", témoigne cette mère de famille. "Avec l'inflation, tout est chamboulé, on n'arrive plus à manger normalement".

Restriction 

L'inflation en France a été de 4,8% sur un an en août, selon les données officielles. L'un de ses principaux moteurs reste le prix des produits alimentaires, qui ont bondi de 11,1% sur un an le mois dernier, une envolée moins rapide qu'en juillet (12,7%) mais toujours significative.

Dans ce contexte, les Restos du Coeur constatent également au niveau national une hausse significative du nombre des demandes d'aide : l'association a déjà accueilli 1,3 million de personnes en 2023, contre 1,1 million sur l'ensemble de l'année dernière. En parallèle, ses coûts de fonctionnement s'alourdissent, notamment celui de ses achats de produits alimentaires, redistribués ensuite gratuitement aux bénéficiaires.

"C'est une situation extrêmement complexe, qu'on n'a jamais connue aux Restos", depuis leur création en 1985 par l'humoriste et comédien Coluche et qui a plongé les comptes dans le rouge, explique à l'AFP son président, Patrice Douret.

L'association, qui assure 35% de l'aide alimentaire en France, s'est résignée à réduire cet hiver le nombre des bénéficiaires. Pour cela, elle va abaisser le seuil du reste à vivre (montant des revenus disponible après la déduction des charges fixes, comme le loyer, l'électricité) permettant une inscription.

"C'est un véritable crève-coeur, nous allons devoir massivement dire non à des personnes que nous aurions pu accueillir avant l'inflation" mais "nous n'avons pas le choix", souligne Patrice Douret, qui dit espérer "une mobilisation massive" des pouvoirs politique et économique pour aider l'association à "franchir ce cap difficile".

Approvisionnement 

La ministre des Solidarités Aurore Bergé a en réponse promis dimanche soir aux Restos du Coeur une aide supplémentaire de 15 millions d'euros.

Par ailleurs, une enveloppe de six millions d'euros sera distribuée à des associations venant en aide aux tout petits (via la distribution de couches, lait infantile, petits pots, etc.), a annoncé à la télévision la ministre qui a elle aussi lancé un "appel solennel aux grandes entreprises" à se mobiliser "pour l’aide au plus fragiles".

Contactées par l'AFP, d'autres grandes associations de lutte contre la pauvreté observent cet afflux de demandes d'aide mais n'envisagent pas pour l'heure de restreindre leur action.

Au Secours Populaire, elles progressent "de 20 à 40%, selon les territoires", une situation "très inquiétante", selon Houria Tareb, sa secrétaire nationale. "On manque de moyens humains et financiers".

A la Croix-Rouge, les demandes d'aide alimentaire ont progressé de 7% au premier semestre, par rapport à la même période l'an dernier, également marquée par un bond des demandes. "La tendance se perpétue, on est encore capable de répondre grâce à nos donateurs mais il ne faudrait pas que cela continue", commente auprès de l'AFP Audrey Boursicot, la responsable du programme de lutte contre la précarité alimentaire.

Plusieurs associations travaillent notamment sur des solutions pour continuer de s'approvisionner, tout en préservant leurs finances.

L'Armée du Salut, qui a "pratiquement doublé" l'aide alimentaire qu'elle apporte par rapport à la période d'avant la crise sanitaire, tente par exemple de passer des accords avec des agriculteurs.


Des syndicats de journalistes dénoncent le "ciblage" de la presse au Proche-Orient

De la fumée s'élève après une frappe aérienne israélienne sur Khiam, dans le sud du Liban, le 29 octobre 2024. (AFP)
De la fumée s'élève après une frappe aérienne israélienne sur Khiam, dans le sud du Liban, le 29 octobre 2024. (AFP)
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  • La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et d'autres syndicats de presse français ont demandé mardi qu'il soit mis fin au "ciblage" des journalistes tués à Gaza et au Proche-Orient
  • Leur communiqué répertorie "143 journalistes" tués, dont "130 Palestiniens à Gaza, 4 Israéliens, 1 Syrienne et 8 Libanais – dont les 3 derniers assassinés au sud Liban

PARIS: La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et d'autres syndicats de presse français ont demandé mardi qu'il soit mis fin au "ciblage" des journalistes tués à Gaza et au Proche-Orient et appellent à une manifestation samedi à Paris.

Leur communiqué répertorie "143 journalistes" tués, dont "130 Palestiniens à Gaza, 4 Israéliens, 1 Syrienne et 8 Libanais – dont les 3 derniers assassinés au sud Liban le 25 octobre 2024".

Ce texte est signé de la FIJ, du Syndicat national des journalistes (SNJ), de la SNJ-CGT, la LDH (Ligue des droits de l'homme), Solidaires, Reporters solidaires et du Comité de soutien Assange.

Ces journalistes "ont en très grande majorité été délibérément ciblés, ce qui constitue des crimes de guerre", poursuivent les signataires.

"Israël a en outre récemment stigmatisé six journalistes du nord de Gaza en les présentant comme des +terroristes+, une accusation sans preuve qui vise à faciliter l'acceptation de leur potentiel assassinat", lit-on encore.

Les signataires condamnent "ces assassinats de journalistes" et s'élèvent "contre les menaces explicites à leur encontre".

Ils soutiennent "l'exigence d'un cessez-le-feu au Proche-Orient" et exigent "l'ouverture de Gaza aux médias internationaux et la protection des journalistes, en commençant par l'évacuation d'urgence des journalistes blessés".

À l'occasion de la Journée internationale pour la fin de l'impunité pour les crimes commis contre les journalistes, les signataires appellent aussi à un rassemblement samedi à 15H00, place de la République, à Paris.

L'offensive israélienne dévastatrice à Gaza a été lancée en riposte à une attaque menée le 7 octobre 2023 contre Israël par le mouvement islamiste Hamas. Cette attaque a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.

En représailles, Israël a promis d'anéantir le mouvement palestinien, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, et lancé une offensive qui a tué au moins 43.061 Palestiniens, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas.


Sahara occidental: Macron réaffirme le soutien à la «souveraineté marocaine», une position «hostile à personne»

Emmanuel Macron a réaffirmé mardi solennellement, devant le Parlement du Maroc à Rabat, que "le présent et l'avenir" du Sahara occidental "s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine", suscitant les applaudissements nourris des élus. (AFP)
Emmanuel Macron a réaffirmé mardi solennellement, devant le Parlement du Maroc à Rabat, que "le présent et l'avenir" du Sahara occidental "s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine", suscitant les applaudissements nourris des élus. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a réaffirmé mardi solennellement, devant le Parlement du Maroc à Rabat, que "le présent et l'avenir" du Sahara occidental "s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine"
  • "Cette position n'est hostile à personne", a assuré le président français dans une réponse aux critiques de l'Algérie, qui soutient les indépendantistes sahraouis du Front Polisario dans ce territoire disputé

RABAT: Emmanuel Macron a réaffirmé mardi solennellement, devant le Parlement du Maroc à Rabat, que "le présent et l'avenir" du Sahara occidental "s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine", suscitant les applaudissements nourris des élus.

"Cette position n'est hostile à personne", a assuré le président français dans une réponse aux critiques de l'Algérie, qui soutient les indépendantistes sahraouis du Front Polisario dans ce territoire disputé.

"Et je le dis ici aussi avec beaucoup de force, nos opérateurs et nos entreprises accompagneront le développement de ces territoires au travers d'investissements, d'initiatives durables et solidaires au bénéfice des populations locales", a-t-il ajouté.

Cette ex-colonie espagnole, considérée comme un "territoire non autonome" par l'ONU, oppose depuis un demi-siècle le Maroc au Front Polisario.

Après la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur ce territoire, Rabat a multiplié les pressions sur la France pour qu'elle en fasse autant.

Le 30 juillet, Emmanuel Macron a fini par considérer dans une lettre adressée au roi Mohammed VI que l'avenir du Sahara occidental s'inscrivait "dans le cadre de la souveraineté marocaine", ouvrant la voie à un réchauffement avec Rabat et par ricochet à une nouvelle crise avec Alger.

Ce réalignement de la position française avait ouvert la voie à cette visite d'Etat, maintes fois repoussée jusque-là.

"Nouvelle page"

"L'autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue et le plan d'autonomie de 2007" proposé par le Maroc "constitue la seule base pour parvenir à une solution politique juste, durable et négociée, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies", a insisté mardi le président français.

"Ancrée dans l'histoire, respectueuse des réalités et prometteuse pour l'avenir, cette position est celle que la France mettra en œuvre pour accompagner le Maroc dans les instances internationales", s'est-il engagé.

Selon lui, "elle permet d'ouvrir une nouvelle page", y compris "avec tous ceux qui veulent agir dans un cadre de coopération régionale en Méditerranée avec les pays voisins du Maroc et avec l'Union européenne".

Au-delà du territoire disputé, Emmanuel Macron a évoqué la nécessité d'aboutir dans la région du Sahel à "une stabilité respectueuse des peuples".

Il a plaidé pour des "projets de développement pour la jeunesse" qui "seule permettra non seulement la stabilité, mais de mettre fin aux routes des trafics et de la misère qui, du Golfe de Guinée à la Libye, sont ceux qui font souffrir le continent africain et le continent européen".

Trois pays du Sahel, Niger, Mali et Burkina Faso, dirigés par des juntes, ont rompu avec la France, ex-puissance coloniale.

La France "a été accusée par certains de tous les maux, bien injustement, car pendant une décennie, elle a évité l'effondrement de plusieurs Etats face au terrorisme et à des califats territoriaux", a déploré le président français. Il a assuré vouloir, "avec humilité", "bâtir une stratégie partenariale nouvelle" dans la région.


Sciences Po: quatre étudiants propalestiniens toujours suspendus

Des étudiants se préparent à quitter l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) en brandissant un drapeau palestinien pour manifester contre la guerre d'Israël dans la bande de Gaza, à Paris, le 8 octobre 2024. (AFP)
Des étudiants se préparent à quitter l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) en brandissant un drapeau palestinien pour manifester contre la guerre d'Israël dans la bande de Gaza, à Paris, le 8 octobre 2024. (AFP)
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  • Quatre étudiants de Sciences Po Paris qui avaient mené fin septembre une action propalestinienne et sont depuis interdits d'accès à l'établissement par la direction, vont devoir poursuivre leurs cours à distance
  • Plusieurs syndicats d'enseignants et étudiants (Sud Education, Solidaires, Unef...) ont dénoncé "le nouveau tournant répressif de l'administration de Sciences Po à l'encontre des étudiants engagés contre la guerre menée par Israël contre les Palestiniens

PARIS: Quatre étudiants de Sciences Po Paris qui avaient mené fin septembre une action propalestinienne et sont depuis interdits d'accès à l'établissement par la direction, vont devoir poursuivre leurs cours à distance, a-t-on appris auprès de leur conseil et de la justice administrative, lundi.

Saisi en référé pour la deuxième fois, le tribunal administratif de Paris a débouté lundi les étudiants qui réclamaient leur retour en classe en estimant que "la condition d'urgence n'est pas remplie" pour examiner leur demande.

"Nous attendons désormais une prochaine date d’audience au fond et en attendant, les quatre étudiants poursuivent leurs cours à distance", a expliqué leur avocate, Me Damia Taharraoui, contactée par l'AFP.

Les faits remontent à fin septembre, lors d'un forum auquel participaient des entreprises pour informer sur les débouchés professionnels.

Selon Sciences Po, quatre étudiants avaient "été identifiés comme ayant participé à une action" propalestinienne au cours de laquelle "du matériel a été dégradé notamment" sur les stands de quatre entreprises. "La section disciplinaire a été saisie, et dans l'attente de sa décision, ils ont eu une interdiction d'accès au campus" prononcée début octobre.

"On leur a proposé de suivre leurs études en zoom", a précisé Sciences Po à l'AFP.

Dans une interview aux Echos mi-octobre, le nouveau directeur de Sciences Po Paris, Luis Vassy, avait promis de "prendre les décisions pour assurer un fonctionnement serein". Il avait précisé l'avoir fait "en prenant quatre mesures temporaires d'interdiction d'accès au campus pour des étudiants qui avaient participé, lors de la journée des carrières, à une action dirigée contre les représentants de quatre entreprises".

Il avait alors estimé que le rejet du premier référé des étudiants par le tribunal administratif était "un bon signal en vue du retour à la sérénité sur le campus".

Dans un communiqué publié jeudi, plusieurs syndicats d'enseignants et étudiants (Sud Education, Solidaires, Unef...) ont dénoncé "le nouveau tournant répressif de l'administration de Sciences Po à l'encontre des étudiants engagés contre la guerre menée par Israël contre les Palestiniens et les Libanais".

"Nous réaffirmons notre soutien plein et entier aux étudiants mis en cause et demandons que cessent immédiatement toutes les poursuites et qu'aucune sanction ne soit prise à leur encontre", ont-ils ajouté.