Le casse-tête de la distribution du vaccin anti-Covid-19 dans le monde arabe

Un nombre de vaccins contre la Covid-19 ont terminé la phase des essais avancés et obtenu une licence d'utilisation, une nouvelle accueillie avec soulagement et jubilation. Le défi à présent consiste à trouver le moyen de distribuer les milliards de doses aux quatre coins du globe. (Photo, AFP/Archives).
Un nombre de vaccins contre la Covid-19 ont terminé la phase des essais avancés et obtenu une licence d'utilisation, une nouvelle accueillie avec soulagement et jubilation. Le défi à présent consiste à trouver le moyen de distribuer les milliards de doses aux quatre coins du globe. (Photo, AFP/Archives).
Short Url
Publié le Jeudi 17 décembre 2020

Le casse-tête de la distribution du vaccin anti-Covid-19 dans le monde arabe

  • Certains nouveaux vaccins doivent être stockés à des températures ultra-froides, dans des contenants spéciaux remplis de glace sèche. Ces conditions peuvent s’avérer trop coûteuses et fastidieuses pour les pays les moins nantis de la planète
  • «Livrer le vaccin à Dubaï en grosses quantités pour ensuite (le distribuer) en plus petites quantités est donc la meilleure solution»

DUBAI: Un nombre de vaccins contre la Covid-19 ont terminé la phase des essais avancés et obtenu une licence d'utilisation, une nouvelle accueillie avec soulagement et jubilation. Le défi à présent consiste à trouver le moyen de distribuer les milliards de doses aux quatre coins du globe, dans l’espoir de mettre un terme à la pandémie.

Emirates, le plus grand transporteur commercial du monde arabe, s’est associé à la société de logistique DHL pour lancer un effort massif de livraison de vaccins avant la fin de l’année, selon des responsables de la société.

Emirates, le plus grand transporteur commercial du monde arabe, s’est associé à la société de logistique DHL pour lancer un effort massif de livraison de vaccins avant la fin de l’année. (Photo Fournie).

Emirates, le plus grand transporteur commercial du monde arabe, s’est associé à la société de logistique DHL pour lancer un effort massif de livraison de vaccins avant la fin de l’année. (Photo Fournie).

Nabil Sultan, vice-président principal de la division Emirates SkyCargo, a révélé à Arab News qu'un centre à l'aéroport international Al-Maktoum, connu sous le nom de Dubai World Central, pour recevoir, a été conçu pour entreposer et distribuer des vaccins aux hôpitaux de la région.

Les préparatifs ont commencé en été, lorsque les firmes pharmaceutiques ont annoncé pour la première fois le début des phases avancées. «Nous sommes en mesure d’entreposer près d'un million de doses de vaccins dans notre installation selon les exigences de température fixées par les fabricants», a affirmé Sultan.

Certains nouveaux vaccins doivent être stockés à des températures ultra-froides, dans des contenants spéciaux remplis de glace sèche. Ces conditions peuvent s’avérer trop coûteuses et fastidieuses pour les pays les moins nantis de la planète.

A titre d’exemple, le vaccin développé par le géant pharmaceutique américain Pfizer en partenariat avec la société allemande BioNTech doit être conservé à une température glaciale de -70° C. Il est autorisé au Royaume-Uni à partir du 2 décembre, et aux États-Unis par la Food and Drug Administration pour une utilisation d'urgence, le 12 décembre.

Moderna, un autre fabricant de médicaments américain, a développé son vaccin en utilisant la même méthode révolutionnaire d'ARNm que Pfizer-BioNTech, qui doit être conservé à la température froide, quoique nettement plus modérée, de -20° C.

Par ailleurs, le vaccin Sinopharm, fabriqué en Chine et approuvé par les Émirats arabes unis le 9 décembre, ainsi que celui d’Oxford / AstraZeneca, produit au Royaume-Uni, peuvent être stockés dans un réfrigérateur normal à la température de 4° C.

«L'un des défis que nous avons rencontré est que de nombreux pays autour de nous, en Afrique, au Moyen-Orient et dans le continent indien, ne disposent pas d’infrastructures de stockage appropriées», a souligné Sultan.

«Livrer le vaccin à Dubaï en grosses quantités pour ensuite (le distribuer) en plus petites quantités est donc la meilleure solution».

QUELQUES FAITS

LE PLAN DE VACCINATION DU ROYAUME

* Le programme de vaccination de l’Arabie saoudite s’articule en trois phases.

* La 1ère phase cible les personnes âgées de 65 ans et plus, les individus immunodéprimés, et les malades chroniques.

* La 1ère phase doit inclure également les personnes à risque comme le personnel de la santé.

* Les 2e et 3e étapes ciblent les personnes de 50 ans et plus, suivies du grand public.

Même les pays développés sont à la recherche de ressources afin de se préparer à acueillir les vaccins, surtout en ce qui concerne le délicat produit de Pfizer- BioNTech, estime la Dr Mais Absi, chercheuse au King’s College de Londres.

«Le nombre congélateurs qui atteignent une température de -80 degrés Celsius est limité dans les pays européens», a-t-elle déclaré à Arab News. «Vous pouvez donc imaginer la situation dans les pays en développement».

Avec autant de vaccins différents produits, les gouvernements seront bientôt en mesure de à magasiner le produit qui réponde le mieux à leurs besoins. Et, grâce à Emirates Airlines, Dubaï sera sans aucun doute un grand centre régional.

«Emirates SkyCargo dispose déjà d'une installation pharmaceutique à l'aéroport international de Dubaï (DXB)», a révélé Sultan. «Ensemble, pour le projet de centre régional de vaccins de Dubaï, les deux installations offrent près de 9 000 mètres carrés de zone de stockage pharmaceutique en plus de 10 000 emplacements de stockage de palettes pour le vaccin».

La société a transporté plus de 75 millions de kg de produits pharmaceutiques rien qu'en 2019, faisant de Dubaï un choix naturel en tant que centre régional de vaccination. Mais même pour un transporteur aussi expérimenté, le vaccin Pfizer- BioNTech s’avère particulièrement difficile.

«Si vous prenez Pfizer par exemple, une boîte de vaccins nécessitera près de 23 kg de glace sèche», a déclaré Sultan. «La limite maximale dans un avion commercial est d'environ 1 000 kg de glace carbonique. Cela signifie que vous ne pouvez transporter qu’une seule palette par avion de passagers».

Pour régler le casse-tête du poids, Emirates est retourné voir le constructeur aéronautique et s'est entretenu avec les autorités compétentes dans le but d’augmenter la capacité des avions cargo et civils.

«Nous disposons désormais d'une flotte d'avions modernes, dont 11 avions cargo Boeing 777 et 14 avions Boeing 777-300ER. Les sièges ont été retirés de la classe économique pour une capacité de chargement supplémentaire. A ceux-là s’ajoutent nos avions de passagers Boeing 777 et Airbus A380, convertis en avions cargo, et qui transportent entre autres les vaccins thermosensibles dans la soute inférieure de l'avion», a indiqué Sultan.

L'industrie aéronautique a été durement touchée par la pandémie de la Covid-19, les gouvernements ayant fermé les frontières et les vols annulés. Même avec l’assouplissement des restrictions, Emirates opère des vols vers 130 destinations, contre 170 qu'elle desservait avant la pandémie.

En déployant sa flotte sous-utilisée pour distribuer des vaccins contre la Covid-19, la compagnie aérienne fait sans aucun doute sa part pour la reprise économique mondiale ainsi que le rebondissement tant espéré des voyages commerciaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Au Liban, la plupart des sites militaires du Hezbollah ont été cédés à l'armée dans le sud du pays

L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
Short Url
  • « Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.
  • Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

BEYROUTH : Selon une source proche du mouvement pro-iranien, l'AFP a appris samedi que la plupart des sites militaires du Hezbollah dans le sud du Liban avaient été placés sous le contrôle de l'armée libanaise.

« Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.

Dimanche, une émissaire américaine en visite à Beyrouth a exhorté les autorités libanaises à accélérer le désarmement du Hezbollah.

« Nous continuons d'exhorter le gouvernement à aller jusqu'au bout pour mettre fin aux hostilités, ce qui inclut le désarmement du Hezbollah et de toutes les milices », a déclaré Morgan Ortagus sur la chaîne locale LBCI. 

Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

« Nous allons bientôt élaborer une stratégie de défense nationale dans ce cadre », a-t-il ajouté.

Le Hezbollah est le seul groupe libanais à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la « résistance » contre Israël.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban pour soutenir son allié palestinien.

Ces hostilités ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2006 avec des bombardements israéliens intenses au Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, dont la direction a été quasiment décimée. La guerre a fait plus de 4 000 morts.

Israël, qui a maintenu sa présence militaire au Liban dans cinq points « stratégiques » le long de la frontière, continue de mener régulièrement des frappes au Liban, disant viser des infrastructures et des membres du Hezbollah.


Gaza : une délégation du Hamas est attendue au Caire samedi pour discuter d'une trêve

Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
Short Url
  • « Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat.
  • « Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

LE CAIRE : Une délégation du Hamas est attendue samedi au Caire pour des discussions avec les médiateurs égyptiens en vue d'une nouvelle trêve dans la bande de Gaza, a indiqué à l'AFP un responsable du mouvement islamiste palestinien.

« Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre et à l'agression, et garantissant le retrait complet des forces d'occupation de la bande de Gaza », a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat, en référence à Israël.

Selon lui, le Hamas n'a reçu aucune nouvelle offre de trêve, malgré des informations de médias israéliens rapportant que l'Égypte et Israël avaient échangé des projets de documents portant sur un accord de cessez-le-feu et de libération d'otages.

« Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

La délégation est conduite par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du Hamas, a-t-il précisé.

Selon le Times of Israel, la proposition égyptienne prévoirait le retour en Israël de 16 otages, huit vivants et huit morts, en échange d'une trêve de 40 à 70 jours ainsi que de la libération d'un grand nombre de prisonniers palestiniens.


Reconnaissance de l'État palestinien : de nombreuses conditions à réunir pour que la France agisse

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
Short Url
  • - Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 
  • Il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

PARIS : Toute reconnaissance de l'État palestinien par la France ne contribuera à mettre la solution des deux États avec Israël sur les rails que si elle réunit une myriade de conditions qui semblent pour le moment inatteignables.

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique ». Les obstacles sont de taille.

- Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 

L'an passé, il avait déclaré que la reconnaissance d'un État palestinien n'était pas un tabou, à condition que ce geste symbolique soit « utile ».

Mercredi, il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

La conférence pour les deux États, prévue en juin à New York sous l'égide de la France et de l'Arabie saoudite, doit être « un tournant », a-t-il dit. 

Des frontières à définir 

« Les attributs juridico-politiques de l'État palestinien en question n'existent pas aujourd'hui. C'est une pure fiction diplomatique », souligne néanmoins David Khalfa, de la Fondation Jean-Jaurès à Paris.

« Pour qu'un État palestinien soit viable, il faut une continuité territoriale entre Gaza et la Cisjordanie », note Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris. Or, « on ne voit pas aujourd'hui le gouvernement israélien accepter d'entamer un processus de décolonisation, de mettre un terme à l'occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, et de demander aux 700 ou 800 000 colons israéliens de quitter ces territoires occupés », dit-il. 

Une autre question épineuse est celle du désarmement du Hamas, qui a perpétré les attentats sanglants du 7 octobre 2023 en Israël et provoqué les représailles meurtrières de l'armée israélienne à Gaza.

Israël a fait de l'éradication du groupe sa priorité. 

Démilitarisation du Hamas et exfiltration

Quoiqu'affaibli, le groupe « a réussi à recruter des milliers de jeunes miliciens » et dispose encore d'un arsenal lui permettant de « mener des actions de guérilla contre les soldats israéliens et de réprimer dans le sang les leaders de la contestation anti-Hamas à Gaza », observe-t-il.

S'agissant de l'exfiltration de certains cadres du Hamas, la question est complexe à explorer avec ceux qui parlent au Hamas, reconnaît-on à Paris. Comment les exfiltrer et vers quelle destination, en plus du Qatar et de la Turquie ? Des interrogations  qui restent sans réponse actuellement. 

Revitaliser l'Autorité Palestinienne

« Les Israéliens doivent être convaincus que le Hamas va être désarmé, qu'il est exclu de la gouvernance de Gaza et que l'Autorité palestinienne va réellement se réformer », a expliqué à l'AFP une source diplomatique française.

Cela passe par le renforcement de la légitimité de l'Autorité palestinienne, alors que la popularité du Hamas augmente au sein de la population. 

Normalisation avec Israël

Selon Hasni Abidi, enseignant au Global Studies Institute de l'Université de Genève, il faut un changement de personnel politique en son sein pour qu'une Autorité palestinienne revitalisée soit en mesure d'assurer une gouvernance crédible dans la bande de Gaza. Or, ses dirigeants ne manifestent aucun désir de passer la main, ce qui permet à Israël d'entretenir l'idée qu'ils n'ont pas d'interlocuteur crédible.

La source diplomatique rappelle que la normalisation est un processus et pas un acte isolé. Elle souligne que ce processus peut se faire progressivement et que d'autres pays peuvent participer. Cependant, la France est réaliste et ne s'attend pas à un règlement immédiat du conflit israélo-palestinien.