CASABLANCA: Le Festival international du film documentaire d’Agadir (Fidadoc) survit à la crise et revient pour une 12e édition haute en couleur. Cette année, l’événement compte bien tenir ses promesses en faisant honneur à sa devise, «Le cinéma partout, le cinéma pour tous», avec 8 longs métrages, 4 courts métrages et la participation de 16 pays.
Sauvé par le Web
Le Fidadoc renaît de ses cendres car, initialement prévu du 15 au 19 juin dernier, l’événement, organisé par l’Association de culture et d’éducation par l’audiovisuel, avait été reporté pour cause de pandémie, avant d’être finalement reprogrammé du 14 au 19 décembre 2020.
Sauvée par le digital, cette édition particulière se déroule presque entièrement sur la toile, avec une programmation qui consacre une large place à l’Afrique et au monde arabe.
Par ailleurs, les organisateurs – dont Hind Saïh, la présidente du Festival – se sont lancé le défi de survivre malgré la crise: «Nous souhaitions ne pas priver les personnes qui attendent chaque année le lancement de cette activité culturelle dans la région d’Agadir. Il faut continuer en fonctionnant différemment, en proposant des choses avec des moyens différents et surtout en s’adaptant.»
Ainsi, chaque jour pendant une semaine, les internautes peuvent visionner trois à quatre films diffusés sur la toile. L’accès à la plate-forme en ligne www.fidadoc2020.online est gratuit et disponible depuis tout le continent Africain.
Une sélection riche et variée
Cette année, le Fidadoc propose aux cinéphiles de découvrir douze films documentaires répartis dans cinq catégories.
L’ouverture du Festival sera marquée par un hommage rendu à Dalila Ennadre. La réalisatrice franco-marocaine, célèbre pour son engagement en faveur de la cause féminine, est décédée en mai dernier. À l’occasion de cette édition, son film Je voudrais vous raconter est mis à l’honneur. Sorti en 2005, le documentaire met en avant des parcours de Marocaines au lendemain de l’entrée en vigueur de la Moudawana au Maroc. Un nouveau code de la famille qui garantit aux femmes, après des années de lutte, la parité dans de nombreux domaines.
Vient ensuite la section «Made in Agadir» avec deux films tournés dans la ville hôte du Festival. Là encore, le combat des femmes est mis en lumière, dans Mères de Myriam Bakir et Dar Taliba d’Edouard Mills-Affif.
La troisième catégorie, «L’Afrique en courts», unique section en compétition, est consacrée aux œuvres africaines, à travers quatre courts métrages tournés récemment sur le continent: Clebs de Halima Ouardiri; Les Compagnons de la grotte de Fakhri El Ghezal; Searching for Ghazala de Bassam Mortada; Nuit debout de Nelson Makongo.
Dans la section «Trois de cœur et d’exil», trois œuvres qui ont conquis les organisateurs de l’événement sont proposées: Barzakh d’Alejandro G. Salgado; A comedian in Syrian tragedy de Rami Farah; et Traverser de Joël Akafou. Il s’agit là de films qui traitent de la question migratoire. De la Syrie à la France en passant par la Côte d’Ivoire, l’Italie ou encore Melilla, ils retracent l’histoire et parfois la tragédie de personnages attachants et valeureux.
Enfin, pour clôturer cette semaine cinématographique, le Fidadoc propose un «Retour au présent» à travers deux films projetés lors de précédentes éditions, mais dont l’histoire coïncide avec la situation politique et sociale actuelle vécue par des millions de Maliens et d’Algériens dans leurs pays respectifs: Les Héritiers de la colline d’Ousmane Samassekou et Bla Cinima de Lamine Ammar-Khodja.
L’Afrique à l’honneur
Le Festival, qui dès sa création en 2008 avait pour ambition de s’ouvrir sur le monde, poursuit ainsi son ascension et continue de porter un message de respect et de tolérance, tout en veillant au maintien du standard international de qualité de sa programmation.
Cette nouvelle édition entend bien consolider l’importance que revêt l’Afrique dans ses sélections, à travers des longs et courts métrages tournés en grande partie, voire en intégralité, sur ce continent: des films documentaires pour la première fois accessibles à tous les internautes résidant en Afrique.
Autre nouveauté, seule la compétition pour les courts métrages africains a été conservée. Un choix qui, selon le délégué général du Festival, Hicham Falah, répond a deux objectifs prioritaires: «Promouvoir la création émergente et favoriser les échanges culturels et professionnels au sein de notre continent.»
À cet égard, un jury composé d’une douzaine d'auteurs arabes et africains, sélectionnés pour participer à la Ruche documentaire (programme de formation et d'accompagnement artistique du Fidadoc qui se déroule en parallèle du Festival) sera chargé de désigner le grand vainqueur de cette 12e édition, avec à la clé une dotation de 15 000 dirhams marocains (1 dirham = 0,092 euro).