GAZA: La Mercedes beige vintage aurait attiré l'attention n'importe où dans le monde mais dans les rues de Gaza, bande de terre paupérisée coincée entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée, elle fait particulièrement sensation.
Un groupe d'enfants court derrière la Gazelle Mercedes-Benz de 1929 que Mounir al-Chandi, au volant, a lui-même restauré et tentent de toucher sa carrosserie.
"Tout le monde est surpris et les gens demandent à prendre des photos", raconte à l'AFP ce passionné de voitures anciennes.
"La réparation aurait pu être plus rapide, la qualité et la forme de la voiture encore meilleures si j'avais eu les moyens", ajoute l'homme de 42 ans.
Israël impose un strict blocus sur l'enclave palestinienne depuis la prise de pouvoir du mouvement islamiste Hamas en 2007. Il y interdit l'entrée de nombreuses marchandises qu'il estime pouvoir être détournées à des fins guerrières, y compris des pièces détachées pour voitures.
Quand il a pu en trouver, Mounir al-Chandi a utilisé des pièces mécaniques disponibles sur place mais il a pu compter aussi sur des amis hors de Gaza pour se procurer des pièces de rechange arrivées par le passage de Rafah depuis l'Egypte.
"J'ai fait venir, par des amis aux Emirats arabes unis, des pièces de rechange pour la voiture, qu'ils avaient eux-mêmes fait venir des Etats-Unis, mais ça a pris huit mois", se souvient-il.
Il a commencé à restaurer la Gazelle en 2015, dans son atelier à l'est de la ville de Gaza, et cela lui a pris un an.
La Gazelle, avec son cuir rouge et son intérieur en bois, n'est pas la seule voiture de M. Chandi, qui possède également une Armstrong de 1946.
Pas à vendre
Passionné de voitures anciennes depuis l'enfance, il a commencé à travailler dans un garage à l'âge de 15 ans.
En 2003, il quitte Gaza pour les Emirats arabes unis, où il travaille dans une entreprise spécialisée dans les voitures anciennes et voitures de collection, où il acquiert une grande expérience dans le domaine.
En 2009, il revient à Gaza et ouvre un atelier où il investit ses fonds propres pour assouvir sa passion: restaurer les voitures anciennes.
Depuis deux ans, il a un nouveau projet: restaurer une British Armstrong Siddeley Hurricane, une voiture de luxe produite entre 1946 et 1953.
"La voiture a son moteur d'origine. J'ai essayé de lui rendre sa forme d'origine en utilisant certaines pièces d'autres voitures et en les modifiant", explique-t-il.
Dans son atelier sont suspendus les châssis d'une Audi allemande de 1960 et d'une Ford américaine de 1951, ainsi que d'une Saab suédoise de 1975.
Les trois voitures sont inutilisables mais il est bien décidé à les remettre en état.
"C'est un hobby. Les voitures ne sont pas à vendre même si de nombreuses personnes m'ont contacté depuis l'étranger et m'ont demandé de les acheter, mais les sortir de la bande (de Gaza) est impossible à cause du blocus", explique M. Chandi.
Il y a plusieurs années, il a demandé un permis pour travailler en Israël, mais celui-ci lui a été refusé.
Avec un plus gros salaire, il pourrait rénover plus de voitures, estime-t-il.
Il rêve à présent de participer à une "exposition internationale" de voitures anciennes.