LONDRES: Le chef de département de santé publique par intérim à l’Université du Qatar, de nationalité australienne, et qui a joué un rôle primordial dans la lutte du pays contre la Covid-19, est détenu sans inculpation depuis cinq mois par les autorités locales.
Le professeur Lukman Thalib, 58 ans, et son fils Ismail, 24 ans, ont été arrêtés le 27 juillet et sont maintenus depuis en détention dans un endroit tenu secret. L’arrestation a eu lieu après que le département d'État américain ait désigné Ahmed, un autre fils de Thalib, commerçant de pierres précieuses, comme membre d'Al-Qaïda en octobre.
La famille de Thalib a révèle qu’elle n’a pas eu de nouvelles de son fils pendant les 40 jours qui ont suivi l’arrestation. Ismail n'a toujours pas pris contact avec les siens.
Malgré les efforts des autorités australiennes, la famille n’a toujours pas été informée des motifs de l’arrestation. Les deux hommes reçoivent un soutien consulaire intégral de la part de l'ambassade d'Australie au Qatar.
La fille de Thalib, Maryam, révèle au journal britannique The Guardian que sa famille «a traversé un véritable enfer. C’était douloureux, et ça nous a brisés. Ma mère n’est plus jeune, mes deux parents sont tous deux âgés… Ce fut une période très, très difficile pour nous. Le fait de ne rien savoir d’eux nous détruit». Elle raconte que son père a perdu énormément du poids, et qu’il souffre à présent d’insomnie chronique.
Thalib, un illustre expert en santé publique, vit au Qatar depuis 2015. Survivant d’une leucémie, il est actuellement en rémission.
Son fils Ahmed a été accusé en octobre par les États-Unis de financer Al-Qaïda. L'annonce a entraîné une fouille de son domicile par les services de renseignement australiens, flanqués de la police locale et des forces fédérales. Aucune accusation officielle n'a été portée contre lui jusqu’à présent.
L'organisation britannique Cage, qui dit « donner une voix aux communautés touchées par la guerre contre le terrorisme » et soutient la famille de Thalib dans son épreuve, affirme dans un communiqué que « la famille a de fortes raisons de croire que les arrestations au Qatar et le raid en Australie sont des formes de punition collective à son encontre ».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com