PARIS: Ancien chef d'état-major des armées choisi par Emmanuel Macron pour orchestrer la reconstruction de Notre-Dame, le général Jean-Louis Georgelin est mort vendredi soir à 74 ans lors d'une randonnée dans les Pyrénées.
Le PGHM (peloton de gendarmerie de haute-montagne) a découvert "le cadavre d'un homme qui a été formellement identifié comme étant le général Georgelin", a indiqué samedi un représentant du parquet de Foix, évoquant un accident.
Le PGHM avait été alerté par le gardien du refuge des Estagnous (2 246 m), en contrebas du Mont-Valier, qui l'avait informé qu'un randonneur n'était pas rentré.
"Les investigations permettent d’établir que son décès est consécutif à une chute importante lors de la descente (du Mont Valier, ndlr), aux alentours de 20 heures, au niveau d’un passage rocheux particulièrement raide", a précisé samedi soir le parquet.
L'annonce de cette mort a suscité une pluie d'hommages.
Notre-Dame perd "le maître d'oeuvre de sa renaissance", a réagi le président de la République sur le réseau X (ex-Twitter).
"Il avait su créer les conditions humaines et d'organisation pour mener à bien la reconstruction de Notre-Dame", a estimé sur le même réseau la maire de Paris Anne Hidalgo.
"La poursuite résolue de la restauration de la cathédrale, afin d’assurer sa réouverture au culte et à la visite en 2024 si chère au cœur du général, est le meilleur hommage que nous tous (...) puissions rendre à sa mémoire", a affirmé Philippe Jost, directeur général de l'établissement public Rebâtir Notre-Dame, dans un communiqué.
"A la fin de l'année, nous verrons la flèche dans le ciel de Paris", s'enthousiasmait le général Georgelin moins d'un mois avant sa mort, le 21 juillet, lors de la répétition générale du montage du premier étage de la flèche de la cathédrale à Briey (Meurthe-et-Moselle).
"Le général Georgelin ne verra jamais de ses yeux la réouverture de Notre-Dame aux Français, dont il aura été l'incomparable artisan. Mais le 8 décembre 2024, il sera présent avec nous, à sa réouverture, d'une autre manière, dans l'émotion que nous lui devrons", a commenté l'Elysée en conclusion de son communiqué d'hommage.
"Depuis quatre ans, il était dévoué à son ultime +mission de combat+ : la reconstruction de Notre-Dame", a souligné la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak.
Dans la foulée de l'incendie qui a ravagé en avril 2019 ce monument mondialement connu, le haut gradé avait été choisi pour faire avancer avec détermination le chantier extrêmement complexe de sa reconstruction.
En fixant un objectif de cinq ans pour la restauration, Emmanuel Macron avait besoin d'un homme qui tranche dans les nombreux arbitrages entre des métiers et intérêts très divers.
Carré d'épaules, abord rugueux, grand rire, voix puissante, cet homme très attaché au patrimoine religieux cultivait le lien direct avec les compagnons du chantier, tel un officier avec ses soldats.
Foi catholique
En bon militaire, le général se définissait comme chef d'opérations à la tête d'une "task force" pour Notre-Dame et clamait son obéissance totale à l'Etat.
Cet ancien élève de Saint-Cyr, chef de l'état-major particulier de Jacques Chirac en 2002, avait été promu général d'armée en 2003.
Chef d'état-major des armées françaises (Cema) de 2006 à 2010, il avait supervisé les opérations en Côte d'Ivoire, Afghanistan, dans les Balkans ou au Liban.
Originaire d'Aspet (Haute-Garonne), ce général cinq étoiles célibataire, né le 30 août 1948, était cultivé, peu mondain, sobre, et sa foi catholique était aussi ancrée que discrète.
"La France et l'Église perdent aujourd'hui l'un de leurs plus dévoués serviteurs", a déploré dans un communiqué l'archevêque de Paris, Laurent Ulrich, en indiquant que la messe de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, dimanche à Paris, serait célébrée à la mémoire du général Georgelin.