PARIS : Sa légendaire capacité de déduction est intacte mais le Sherlock Holmes campé par Bernard Menez sur la scène du Théâtre de Passy, à Paris, vire au personnage comique, offrant une partition inédite à l'austère héros créé par Arthur Conan Doyle en 1887.
Parmi les rares pièces estivales, à l'affiche jusqu'à fin septembre, "L'Affaire du Pont de Thor", parodie librement inspirée du roman policier paru en 1922, met aussi en scène Philippe Chevallier (qui a longtemps formé un duo comique avec Régis Laspalès) dans le rôle du docteur Watson, le fidèle assistant du célèbre détective.
Dans cette pièce fantaisiste, adaptée à un public familial et signée Jean-Philippe Ancelle et Georges Mathieu, Sherlock Holmes enquête sur le meurtre de l'épouse d'un milliardaire dans leur propriété du nord de l'Angleterre. La trame inventée par Conan Doyle est respectée: la gouvernante est mise en cause par la police locale, un peu trop rapidement selon le flair de l'enquêteur.
Bernard Menez et Philippe Chevallier forment un duo débridé, à grand renfort de gags, de jeux de mots et de contrepèteries, quand ils ne poussent pas la chansonnette sur des airs d'Offenbach entre deux réplique.
physique et jeu atypiques
"J'ai proposé aux auteurs de cette parodie quelques intermèdes musicaux pour forcer le trait comique", dit à l'AFP Bernard Menez, qui a fêté ses 79 ans sur scène début août. "C'est amusant de proposer une version fantaisiste d'un personnage aussi emblématique que Sherlock Holmes".
Parmi les seconds rôles populaires, le comédien au répertoire éclectique a joué plus d'une cinquantaine de pièces depuis 1967, dont "Le Roi des cons" de Georges Wolinski et Claude Confortès. En 1991, il a rejoint la Comédie-Française une saison pour "On purge bébé" de Georges Feydeau.
Au cinéma, son physique et son jeu atypiques ont séduit de nombreux réalisateurs, dont Jacques Rozier, Pascal Thomas, Georges Lautner, Edouard Molinaro et Jean-Pierre Mocky. François Truffaut l'a enrôlé pour "La Nuit américaine".
"J'ai fait du théâtre par réaction à ma timidité. Au cinéma, c'est Pascal Thomas qui m'a ouvert les portes de la comédie en 1973 avec 'Pleure pas la bouche pleine'", raconte le comédien qui rêve toujours d'un grand rôle dramatique.
En 1984, Bernard Menez, ancien professeur de mathématiques, a décroché un disque d'or avec l'improbable tube "Jolie poupée", un moment en tête du hit-parade devant "Thriller" de Michael Jackson.
"'Jolie poupée', c'est ma gloire! Ce n'était pas du tout prévu. Cette aventure insensée m'a rapproché du grand public, tout en m'éloignant de certains réalisateurs qui, dès lors, ne m'ont pas jugé sérieux", estime-t-il, ne regrettant cependant rien. "Je me suis réconforté avec le théâtre populaire!"