Le Constantinople de Pierre Loti, égaré à Istanbul mais pas perdu

Une image de Pierre Loti est accrochée au mur du café Pierre Loti dans le quartier Eyup Sultan le 26 juillet 2023 à Istanbul
Une image de Pierre Loti est accrochée au mur du café Pierre Loti dans le quartier Eyup Sultan le 26 juillet 2023 à Istanbul
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Publié le Vendredi 11 août 2023

Le Constantinople de Pierre Loti, égaré à Istanbul mais pas perdu

  • Entre 1876 et 1913, Pierre Loti, écrivain officier de marine, poursuivit à Istanbul son fantasme oriental, épris de la ville autant que des habitants
  • Stamboul, son quartier préféré trône toujours sous l'ombre du palais impérial de Topkapi où il retrouve «le souvenir et le respect des passés magnifiques», entre les dômes de Sainte-Sophie et les minarets de la mosquée bleue de Sultanhamet

ISTANBUL, Turquie : A sept reprises il fit escale à Constantinople. Un siècle après sa mort, Istanbul, la mégapole, conserve les traces du Français Pierre Loti sur les rives du Bosphore et de la Corne d'Or.

Entre 1876 et 1913, l'écrivain officier de marine poursuivit ici son fantasme oriental, épris de la ville autant que des habitants. Comme une deuxième patrie.

«Et ces rues, ces places, ces banlieues de Constantinople, il me semble qu'elles sont un peu à moi, comme aussi je leur appartiens», écrit-il en 1890.

La ville comptait alors 900.000 habitants, contre 16 millions aujourd'hui.

Que reconnaitrait-il aujourd'hui, entre les tours hérissées au-dessus des marbres blancs de Dolmabahce, le dernier palais des sultans, le pont désormais asphalté de Galata, où croisent voitures et tramways enjambant le trafic incessant des ferries?

Près de dix ans après sa rencontre avec Aziyadé, du nom d'un de ses grands succès littéraires, Loti revient hanté par le souvenir de son amoureuse interdite, concubine circassienne d'un marchand prospère, dont il essaie de localiser la tombe.

Mais depuis son dernier passage, le train dessert la capitale de l'Empire, acheminant des touristes qu'en bon réactionnaire il exècre aussitôt.

«Tous ces désœuvrés de boulevard que l'Express-Orient (sic) y jette maintenant en foule, je leur en veux de s'y promener, comme à des intrus profanant mon cher domaine, sans y apporter l'admiration et le respect que le vieux Stamboul commande encore».

- «Occident Express» -

Pour son voyage inaugural en juin 1883, L'Express d'Orient, son nom initial - ou «L'Occident Express» comme disaient les Ottomans - emmenait vingt-quatre passagers...Quelques dizaines par la suite?

«Trop nombreux, tournant à l'invasion, pas décoratifs», tranche l'auteur.

Risible, au regard des 16 millions de visiteurs recensés en 2022 - autant que la population officielle - selon l'association des agences de voyage turques (Türsab).

Cette foule chatouillerait le snobisme pro-turc de Loti qui aimait se travestir en notable ottoman, portant fez et cape brodée.

Stamboul, son quartier préféré trône toujours sous l'ombre du palais impérial de Topkapi où il retrouve «le souvenir et le respect des passés magnifiques», entre les dômes de Sainte-Sophie et les minarets de la mosquée bleue de Sultanhamet.

Un nid de pigeon est visible sur l'enseigne Pierre Loti dans le quartier Eyup Sultan le 26 juillet 2023 à Istanbul. (Photo Ozan KOSE / AFP)
Un nid de pigeon est visible sur l'enseigne Pierre Loti dans le quartier Eyup Sultan le 26 juillet 2023 à Istanbul. (Photo Ozan KOSE / AFP)

Une rue «Piyer Loti» lui est dédiée, sans compter les «Pierre Loti Hotel», «Piyerloti Palas», «Loti Bistro» et bars en rooftop au nom du commandant à talonnettes et moustache effilée.

Mais de tous les cafés, seul compte celui en surplomb de la Corne d'or, le «Café Pierre Loti» d'Eyup où l'auteur venait écrire en regardant le jour tomber sur «ce bras de mer séparant les deux parties de Constantinople et mettant aussi un intervalle de deux trois, siècles» entre elles.

Il rejoignait Eyup, «le saint-faubourg sous les vieux cyprès», en caïque doré au fond de l'estuaire puis grimpait à travers le petit cimetière pentu.

Des canots à moteur couverts d'un dais rouge à pampilles continuent de ravir les promeneurs qu'ils déposent au pied de la terrasse du café, immense esplanade qui s'étire devant la maison originale.

- satin grenat -

Selon Gisèle Durero-Köseoglu, professeure de littérature à Istanbul, Loti a bien fréquenté «son» café en 1894, puis «de 1903 à 1906», passant «de longues heures sur les brouillons de son roman Les Désenchantées», merveilleuse mystification littéraire ourdie par deux bourgeoises ottomanes et une journaliste française qu'il prenait pour des échappées d'un harem.

Loti a connu un café différent du petit salon en satin grenat, aux murs couverts de ses portraits, restauré par une passionnée, Sabiha Tansuğ, qui racheta les lieux en ruines en 1964, raconte-t-elle.

Si le café est très fréquenté, «peu de Turcs connaissent Pierre Loti l'écrivain. Ils pensent qu'il s'agit du nom de la colline», sourit-elle.

Mme Durero-Köseoglu pointe encore la baie de Tarabya, sur la rive européenne du Bosphore vers la Mer Noire: c'est là qu'était ancré le Vautour, l'escorteur du commandant Loti à bord duquel il donna une fête à tout casser pour le baptême de sa chatte Belkis en 1903.

Quant aux maisons de l'écrivain, poursuit-elle, peu ont pu être identifiées, comme celle de Divan Yolu louée à son sixième passage en 1910, immeuble tristounet signalé aujourd'hui par une plaque.

Pour ses biographes, le souvenir que Loti a laissé à Istanbul doit moins à son œuvre qu'à son engagement aux côtés de la Turquie et de l'Empire, contre les Alliés européens et donc la France.

C'est à ce titre qu'il est reçu en visite officielle par le sultan à l'été 1913. Et que le fondateur de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk, lui adresse ses remerciements et un tapis.

Mais, «le Café Pierre Loti, c'est mon plus beau titre de gloire. Avec la plaque que l'on a posée, en ville, sur la maison que j'ai habitée…», confie l'écrivain avant sa mort.


Un pionnier d'Hollywood inspire les cinéastes à Djeddah

Red Sea Labs dévoile le « Programme des réalisateurs » dirigé par le célèbre cinéaste Spike Lee (à gauche sur la photo) afin de promouvoir les talents émergents. (Photo Fournie)
Red Sea Labs dévoile le « Programme des réalisateurs » dirigé par le célèbre cinéaste Spike Lee (à gauche sur la photo) afin de promouvoir les talents émergents. (Photo Fournie)
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  • Le programme des réalisateurs des laboratoires de la mer Rouge marque une « étape audacieuse » avec Spike Lee à sa tête.
  • Le programme Musique offre une formation pratique en musique de film et en conception sonore, avec l'aide d'experts de renommée mondiale.

DJEDDAH : Un nouveau programme de réalisateurs de Red Sea Labs, dirigé par le célèbre cinéaste Spike Lee, débutera à Jeddah mardi.

Ce programme, qui se déroulera jusqu'au 3 mai, réunira 15 cinéastes émergents du Royaume, du monde arabe, d'Asie et d'Afrique.

Spike Lee est connu pour sa vision audacieuse et ses récits qui abordent des questions sociales cruciales avec une profondeur artistique. Les cinéastes se plongeront dans l'art de la réalisation lors de masterclasses, d'ateliers et de sessions personnalisées sous son mentorat.

Le programme leur permettra également d'entrer en contact avec des personnalités mondialement connues du secteur et de se doter des compétences nécessaires pour faire progresser leur carrière.

Shivani Pandya Malhotra, directrice générale de la Red Sea Film Foundation, a déclaré : « Accueillir Spike Lee à Jeddah pour diriger la première édition de notre programme pour les réalisateurs est un moment historique. 

« C'est une occasion extraordinaire pour les cinéastes et écrivains émergents d'être inspirés, stimulés et guidés par l'un des plus grands esprits cinématographiques de notre temps. »

Ryan Ashore, directeur de Red Sea Labs, a ajouté : « Le programme des réalisateurs marque une étape audacieuse dans notre mission qui consiste à cultiver les talents régionaux et à les mettre en contact avec la communauté cinématographique mondiale.

« Le fait que Spike Lee dirige ce programme crée un puissant précédent en offrant aux participants un accès direct à l'artisanat, à la passion et à la conviction qui définissent le grand cinéma ».

Red Sea Labs gère également trois autres programmes tels que The Lodge, une initiative de formation intensive en partenariat avec Torino Film Lab et sponsorisée par Film AlUla, qui guide les cinéastes saoudiens, arabes, asiatiques et africains de l'idée au projet fini.

Le programme Musique offre une formation pratique en musique de film et en conception sonore, avec l'aide d'experts de renommée mondiale.

En partenariat avec Film Independent, SeriesLab soutient 14 créateurs émergents dans le développement et la présentation de pilotes de séries télévisées, y compris une résidence de deux semaines à Los Angeles. Le programme se termine au Souk de la mer Rouge, où les créateurs ont la possibilité de présenter leur projet à des acheteurs, des studios et des producteurs internationaux de premier plan.

Les initiatives précédentes comprenaient des programmes tels que la Short Film Klinik, la Middle East Media Initiative et l'atelier Music for Film, qui font tous partie de la mission de Red Sea Labs : « former la prochaine génération de conteurs mondiaux en Arabie saoudite et dans le monde entier ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com                 


L'orchestre saoudien se produit dans la ville de Sydney

La Commission de la musique saoudienne accueillera le concert « Marvels of Saudi Orchestra » le 12 mai à l'emblématique Opéra de Sydney, en Australie. (Photo Fournie)
La Commission de la musique saoudienne accueillera le concert « Marvels of Saudi Orchestra » le 12 mai à l'emblématique Opéra de Sydney, en Australie. (Photo Fournie)
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  • Ce concert marque la septième étape de la tournée mondiale de l'orchestre et du chœur nationaux saoudiens.
  • La Commission du théâtre et des arts de la scène participera également au programme avec plusieurs pièces de théâtre.

RIYAD : La Commission de la musique d'Arabie saoudite organisera le concert « Marvels of Saudi Orchestra » le 12 mai à l'emblématique Opéra de Sydney, en Australie.

Ce concert sera placé sous le patronage du ministre de la Culture et président de la Commission de la musique, le prince Badr bin Abdullah bin Farhan.

Ce concert marque la septième étape de la tournée mondiale de l'orchestre et du chœur nationaux saoudiens, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Il présentera des œuvres mettant en valeur le riche patrimoine musical et la diversité artistique de l'Arabie saoudite.

L'orchestre métropolitain d'Australie se joindra à la représentation en interprétant des compositions australiennes, tandis qu'une pièce spéciale, réalisée en collaboration, mêlera des éléments des traditions musicales des deux pays.

La Commission du théâtre et des arts de la scène participera également au programme avec plusieurs pièces de théâtre.

Les représentations précédentes ont eu lieu dans des lieux prestigieux à Paris, Mexico, New York, Londres, Tokyo et Riyad. Ces concerts ont été salués par la critique dans le monde entier, démontrant l'influence croissante de la musique saoudienne sur la scène internationale.

La série « Chefs-d'œuvre de l'orchestre saoudien » a pour objectif d'offrir des expériences musicales extraordinaires qui célèbrent le patrimoine culturel saoudien tout en explorant de nouveaux territoires créatifs.

Chaque représentation invite le public à un voyage à travers les expressions musicales traditionnelles saoudiennes, lui permettant d'explorer le paysage artistique diversifié du Royaume à travers des récits musicaux harmonieux.

Cette représentation à Sydney s'inscrit dans le cadre d'une initiative plus large de la Commission visant à hisser les compositions musicales saoudiennes au rang de conversations culturelles mondiales et à célébrer les mélodies authentiques qui définissent l'identité musicale du Royaume. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com                 


Les espaces de bien-être réservés aux femmes à Riyad visent à renforcer leur autonomie

Le studio propose une gamme de séances régulières, pré/post-natales et d'entraînements privés personnalisés. (Photo Fournie)
Le studio propose une gamme de séances régulières, pré/post-natales et d'entraînements privés personnalisés. (Photo Fournie)
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  • Les studios de yoga et de Pilates offrent un environnement calme et sûr.
  • J'y ai rencontré des femmes incroyables », déclare une cliente australienne.

RIYAD : Un certain nombre d'espaces de bien-être réservés aux femmes à Riyad visent à créer des communautés autonomes où les femmes peuvent trouver intimité et confort.

Des lieux tels que les gymnases, les piscines et même certains parcs à thème ont été transformés en espaces sécurisés où les femmes peuvent se retrouver à des jours et à des horaires déterminés.

Les femmes peuvent ainsi s'habiller librement et participer à des activités favorisant le sentiment d'appartenance à une communauté. 

Yoga by Sunset », un environnement serein dédié uniquement aux femmes. (Photo Fournie)
Yoga by Sunset », un environnement serein dédié uniquement aux femmes. (Photo Fournie)

L'un de ces lieux est Sunsets Yoga, un studio paisible dédié exclusivement aux femmes.

Il propose une large gamme de cours et de programmes axés sur la santé et le bien-être, ainsi qu'un espace détente où les femmes peuvent se retrouver et se relaxer.

« Sunsets Yoga est né de ma passion pour le yoga et de mon désir profond d'aider les gens », a déclaré Wateen Al-Tuwaijri, la propriétaire des lieux, à Arab News. 

« J'ai ouvert cet espace parce que je crois au pouvoir de transformation du yoga, sur le corps comme sur l'esprit et l'âme.

« Mon objectif pour Sunsets Yoga est de créer un environnement accueillant et paisible où les gens peuvent échapper au stress de la vie quotidienne, se reconnecter avec eux-mêmes et s'épanouir physiquement et mentalement. »   

« Le yoga est un outil universel d'équilibre et je voulais m'assurer que les femmes d'ici aient accès à un espace où elles peuvent se concentrer sur leur santé et leur bien-être sans aucune barrière. (Photo Fournie)
« Le yoga est un outil universel d'équilibre et je voulais m'assurer que les femmes d'ici aient accès à un espace où elles peuvent se concentrer sur leur santé et leur bien-être sans aucune barrière. (Photo Fournie)

Mme Al-Tuwaijri a déclaré qu'il était « particulièrement important » de disposer de lieux à Riyad réservés exclusivement aux femmes.

« Le yoga est un outil universel d'équilibre et je voulais m'assurer que les femmes d'ici aient accès à un espace où elles peuvent se concentrer sur leur santé et leur bien-être sans aucune barrière.

« Il s'agit de soutenir leur voyage de découverte de soi et de développement personnel dans un endroit où elles peuvent se sentir libres, fortes et inspirées. 

Le studio propose une gamme de séances d'entraînement régulières, pré/post-natales et privées personnalisées. (Photo Fournie)
Le studio propose une gamme de séances d'entraînement régulières, pré/post-natales et privées personnalisées. (Photo Fournie)

Mme Al-Tuwaijri a déclaré vouloir créer « une communauté qui soutient, encourage et nourrit » les gens.

Le studio de Pilates Bdn, situé dans le quartier d'Al-Rayyan, est un autre espace réservé aux femmes.

« Je pratique la méthode Pilates depuis plus de 15 ans et je ne jure que par elle », a déclaré Najd Al-Hatlani, la propriétaire des lieux. 

Un autre espace réservé aux femmes est « Bdn », un studio de Pilates conçu spécialement pour les femmes. (PhotoFournie)
Un autre espace réservé aux femmes est « Bdn », un studio de Pilates conçu spécialement pour les femmes. (PhotoFournie)

« Cela m'a permis d'avoir une excellente conscience de mon corps et de la façon dont les plus petits muscles bougent pour soutenir les plus grands... Cela a complètement changé ma perspective sur toutes les séances d'entraînement.

Elle explique avoir ouvert le studio pour desservir un marché inexploité dans l'est de Riyad.

« Les espaces réservés aux femmes font partie de notre héritage culturel et de notre expérience de vie. Je pense qu'il est important de continuer à offrir ces espaces sécurisés aux femmes afin de maximiser leur bien-être.

« Même si beaucoup de gens veulent être gentils, nous, les femmes, avons partagé beaucoup trop d'expériences similaires au cours de notre vie, ce qui fait qu'il est réconfortant de se trouver dans la même pièce que cette énergie de soutien tacite.

Le studio propose des séances d'entraînement régulières, prénatales et privées personnalisées, a indiqué Mme Al-Hatlani.

Emma Shirley, une Australienne vivant à Riyad, est une habituée de Bdn.

« Depuis que j'ai déménagé en Arabie saoudite, j'ai vraiment remarqué les avantages d'un studio de Pilates adapté aux femmes. Bdn est mon studio de Pilates préféré à Riyad. J'y vais depuis quelques mois.

« Non seulement c'est confortable, mais je me sens bien dans ma peau et dans mon corps. Le point fort pour moi, c'est le réseautage. J'y ai rencontré des femmes incroyables qui ne sont pas seulement une source d'inspiration, mais qui partagent mes idées. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com