BEYROUTH: Trois ans après avoir été endommagés par une explosion, les silos à grains du port de Beyrouth restent inutilisables, ce qui constitue une menace croissante pour la sécurité alimentaire du Liban.
Les silos, qui ont été touchés par l’explosion avant de s’effondrer progressivement, avaient la capacité de contenir 120 000 tonnes de blé et de céréales. En conséquence, le Liban est désormais incapable d’importer de grandes quantités de blé puisqu’il ne peut les stocker nulle part.
«Désormais, les silos sont entourés de barbelés pour empêcher les gens de s’en approcher et préserver la sécurité publique», déclare à Arab News le Dr Béchara Asmar, chef du département médical et du syndicat des travailleurs du port.
«Les autorités pulvérisent de temps en temps des pesticides sur les zones environnantes pour empêcher la propagation de champignons en raison de la pourriture des céréales et du blé dans les voûtes des silos», précise-t-il.
Le Dr Asmar ajoute que l’état des silos ne pouvait pas se dégrader plus qu’il ne l’est déjà, mais que «les travaux de restauration des trois bassins adjacents aux silos n’ont toujours pas commencé. C’est un endroit figé et isolé.»
Alors que les familles des victimes refusent la démolition de ce qui reste des silos, certaines personnalités politiques ne souhaitent pas qu’ils soient reconstruits sur leur site d’origine.
L’ancien ministre du Tourisme, Fadi Abboud, met en doute la viabilité économique de «la reconstruction des silos sur un terrain qui coûte dix milliards de dollars (1 dollar = 0,91 euro), outre l’augmentation du nombre de camions qui entrent et sortent du port, ce qui en fait le quartier le plus encombré de Beyrouth».
Transformer le port existant en point d’entrée pour les navires touristiques
Béchara Asmar déclare que M. Abboud avait proposé de transformer le port existant en point d’entrée pour les navires touristiques et de déplacer les opérations commerciales vers Tripoli pour réduire l’encombrement de la circulation.
«Cette proposition est rejetée», précise-t-il. «Nous pouvons construire des ports touristiques n’importe où sur la côte libanaise, mais l’importance du port de Beyrouth réside dans le fait qu’il s’agit de l’un des meilleurs bassins de la mer Méditerranée.»
«Il est profond, unique et particulièrement bien équipé pour devenir un important couloir commercial et il peut également compléter le port de Tripoli.»
L’explosion dévastatrice qui a frappé le port de Beyrouth le 4 août 2020 a endommagé les silos à grains élevés, qui étaient considérés comme un point de repère de la ville. Les grands réservoirs ont en réalité protégé la partie sud de Beyrouth de la destruction en absorbant la majeure partie de la force de l’explosion.
Plusieurs personnes ont toutefois été tuées lorsqu’une partie des silos s’est effondrée.
Quelques jours avant le deuxième anniversaire de l’explosion, un incendie s’est déclaré dans les silos et leurs environs, déclenché par des céréales qui avaient fermenté et s’étaient enflammées à l'intérieur. L’incendie s’est poursuivi pendant plusieurs semaines, les pompiers ne parvenant pas à maîtriser les flammes en raison de l'état de délabrement des silos.
Selon les statistiques douanières, le Liban a importé près de 754 000 tonnes de blé en 2021 et il en a consommé quelque 60 000 tonnes par mois.
Selon le Dr Asmar, les silos contenaient auparavant des réserves suffisantes pour six mois à un an.
«Aujourd’hui, les moulins qui importent du blé tendre pour le pain pita libanais le stockent dans leurs entrepôts relativement petits. La quantité totale importée couvre une période de trois mois tout au plus.»
Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie – les deux pays auxquels le Liban achetait principalement son blé – la nation a conclu des accords avec la Roumanie, la Turquie et l’Égypte pour répondre à sa demande.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com