Colère des policiers: L'Intérieur hausse le ton contre les arrêts maladie

Des personnes tiennent une banderole géante sur laquelle on peut lire "Respect et soutien total à nos forces de l'ordre" au Palais de justice d'Aix-en-Provence le 3 août 2023, alors que la Cour d'appel examine l'appel sur la détention provisoire déposée par un policier soupçonné d'avoir battu un jeune homme de 22 ans dans la nuit du 1er au 2 juillet à Marseille. (AFP)
Des personnes tiennent une banderole géante sur laquelle on peut lire "Respect et soutien total à nos forces de l'ordre" au Palais de justice d'Aix-en-Provence le 3 août 2023, alors que la Cour d'appel examine l'appel sur la détention provisoire déposée par un policier soupçonné d'avoir battu un jeune homme de 22 ans dans la nuit du 1er au 2 juillet à Marseille. (AFP)
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Publié le Samedi 05 août 2023

Colère des policiers: L'Intérieur hausse le ton contre les arrêts maladie

  • La colère au sein de la police a éclaté après le placement en détention provisoire le 21 juillet d'un policier de la Bac de Marseille
  • Le mouvement de colère, parti de la base à Marseille, a pris de court la hiérarchie policière, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ainsi que les syndicats de police

PARIS: Le ministère de l'Intérieur a haussé le ton vendredi contre le recours par des policiers à des arrêts maladie pour protester contre l'incarcération de leur collègue marseillais, en menaçant de les leur refuser.

Dans des notes séparées, le directeur de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont demandé à leurs services de refuser des arrêts maladies qui pourraient être injustifiés et de procéder à des retenues sur salaires.

"La hiérarchie et le ministre ont mis 15 jours à rappeler à l'ordre les policiers fraudant la sécurité sociale. On va voir maintenant qui a le dernier mot", a écrit sur X (ex Twitter) Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise). "Epreuve de force politique. La République va-t-elle gagner?", a-t-il ajouté.

La colère au sein de la police a éclaté après le placement en détention provisoire le 21 juillet d'un policier de la Bac de Marseille.

Ce dernier, qui avait blessé grièvement au crâne un jeune homme de 22 ans, Hedi, en marge des émeutes début juillet, a été maintenu en détention jeudi par la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence, saisie d'une demande de remise en liberté.

Peu après l'incarcération du policier, certains fonctionnaires se sont mis en arrêt maladie. D'autres ont répondu à l'appel du syndicat Unité SGP Police et se sont mis en "code 562", un jargon policier qui signifie qu'ils n'assument plus que les missions d'urgence et essentielles.

La zone Sud ainsi que celle de la préfecture de police de Paris (la capitale et la petite couronne) ont été particulièrement impactées.

Le mouvement de colère, parti de la base à Marseille, a pris de court la hiérarchie policière, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ainsi que les syndicats de police.

Face au risque de propagation de cette colère, Frédéric Veaux a souhaité le 24 juillet la libération du policier incarcéré, estimant de manière générale qu'un agent de police, "avant un éventuel procès, n'a pas sa place en prison même s'il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail".

Cette interview au Parisien du DGPN, qui avait reçu l'aval de Gérald Darmanin, a provoqué une levée de boucliers à gauche et au sein de la magistrature.

«Avec discernement»

Quelques jours après, le ministre de l'Intérieur avait publiquement apporté son soutien aux policiers et dit "comprendre" leur "colère".

Mais une semaine plus tard, il a décidé de frapper fort pour endiguer la multiplication des arrêts maladie, même si ceux-ci ont décru. Lundi dernier, ils avaient baissé de 5% sur l'ensemble du territoire, par rapport au pic de la semaine précédente, selon une source policière. Cette baisse a été de 13% dans la zone Sud et "jusqu'à 40%" dans celle de la préfecture de police de Paris, selon la même source.

Il a été rappelé aux policiers qu'ils ne disposaient pas du droit de grève et que toute "cessation concertée du service ou tout acte collectif d'indiscipline caractérisé peut être sanctionné".

Face à une avalanche d'arrêts maladie sur une courte période, il n'a pas été possible de faire procéder à des contrôles médicaux, a-t-on expliqué de source policière.

C'est pourquoi le ministère a décidé de recourir à cette procédure de refus de certains arrêts, assortie d'une retenue sur salaire pour "absence de service fait".

Ce dispositif avait été utilisé en 2018 lors d'un mouvement similaire du personnel pénitentiaire, a rappelé une source policière.

Les policiers concernés par ces refus d'arrêt maladie disposeront de huit jours pour "établir la réalité du motif médical ayant justifié leur absence".

Pour autant, a assuré une source policière, ces refus seront décidés avec "discernement". Pas question de sanctionner un fonctionnaire malade, a-t-on ajouté.

"La hiérarchie policière comprend la fatigue et l'émotion des policiers, particulièrement consciente de l'engagement exceptionnel qui leur a été demandé lors des récentes émeutes", ont fait valoir auprès de l'AFP des sources proches du DGPN et du PP.

"Pour autant, les policiers se doivent d'assurer la continuité des missions du service public de la sécurité", ont-elles justifié, oscillant entre compréhension et nécessité de durcir le ton.

"Nous prenons acte des lettres de l'administration relatives aux arrêts maladie. Elles sont analysées en interne par des spécialistes de notre organisation avant toute prise de position", a commenté auprès de l'AFP Eric Henry, délégué national d'Alliance, une des principaux syndicats de police.


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lors d'un rassemblement antifasciste à Paris

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  • Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée.
  • « Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle.

PARIS : Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée, pour laquelle six membres de l'ultradroite ont été inculpés, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Paris, Paris, Antifa ! », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Nous sommes tous antifascistes », ont scandé les manifestants réunis place de la République. Un drapeau rouge « No pasaran » a été accroché sur un flanc de la statue, au centre de la place emblématique.

Ce rassemblement se tient six jours après l'agression à l'arme blanche d'un homme membre du collectif Young Struggle, qui se présente comme une « organisation de jeunesse socialiste » et adhérent au syndicat CGT. Il avait dû être hospitalisé quelques heures.

Dimanche dernier, « une vingtaine de personnes » appartenant à la mouvance d'ultradroite, « cagoulées et munies de tessons de bouteille » selon la préfecture de police, avaient pénétré dans la cour d'un immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie et agressé une personne avant de prendre la fuite.

Six jeunes hommes ont été inculpés pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, qui avait du sang sur ses vêtements et qui a reconnu sa participation, a été incarcéré.

« Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle, avant de faire siffler le nom de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur et connu pour ses positions très conservatrices.

« Partout, l'extrême droite se répand, encouragée par les saluts nazis de Elon Musk et Steve Bannon », a déclaré à sa suite Mathilde Panot, cheffe des députés du parti de gauche radicale LFI (La France Insoumise).

Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a récemment été sous le feu des projecteurs pour un geste qualifié de salut nazi lors de la convention CPAC, la grand-messe des conservateurs américains près de Washington.

Il a brièvement tendu sa main en l'air après avoir déclaré devant les supporters de Donald Trump : « Nous n'allons pas reculer, nous n'allons pas capituler, nous n'allons pas abandonner. Luttez, luttez, luttez ! »

En janvier, le milliardaire Elon Musk, conseiller de Donald Trump, avait lui-même été épinglé pour un geste ambigu analogue.


Macron dira à Trump qu'entre alliés on ne peut pas "faire souffrir l'autre" avec des droits de douane

Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
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  • "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
  • Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques

PARIS: "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur de multiples produits européens.

"Je vais (lui) en parler parce qu'on a besoin d'apaiser tout ça", a relevé le président français qui doit rencontrer son homologue américain lundi à Washington.

"La filière agricole et agroalimentaire (française), c'est une grande filière d'exportation, donc il faut la défendre pour la rendre encore plus compétitive", a-t-il ajouté.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, c'est-à-dire que les États-Unis appliqueront le même niveau de droits de douane sur les produits en provenance d'un pays que le niveau appliqué dans ce pays aux produits américains.

Il a également annoncé le retour de droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Et, s'il a déjà visé le Canada, le Mexique et la Chine, il a régulièrement assuré que les pays européens étaient également menacés.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son premier marché en valeur.

"Je suis déterminé sur tous les sujets pour avoir un échange" avec Donald Trump, a encore dit Emmanuel Macron. "On partagera nos accords, nos désaccords et j'espère surtout qu'on trouvera des solutions sur la question de l'Ukraine".

Le président américain est reparti à la charge vendredi contre son homologue ukrainien. Tout en estimant que Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine allaient "devoir se parler", pour "mettre fin au massacre de millions de personnes", il a jugé que la présence de l'Ukrainien n'était "pas importante" dans des négociations avec la Russie.

Il a ciblé par ailleurs Emmanuel Macron, et Keir Starmer, qui n'ont selon lui "rien fait" pour mettre un terme à la guerre. Le Premier ministre britannique est attendu jeudi à Washington.


Au Salon de l'agriculture, Macron attendu au tournant

Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
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  • Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier
  • Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon

PARIS: Visites politiques encadrées et les vaches seront bien gardées? Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier.

Pas d'incitation à chahuter cette année, mais des appels au calme ambivalents de la part des principaux syndicats agricoles, qui doivent être reçus l'un après l'autre en début de matinée avant la traditionnelle coupe de ruban et la déambulation présidentielle.

Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon, qui ouvre ses portes au public à 09H00. En 2024, des milliers de personnes avaient été bloquées à l'extérieur pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d'Emmanuel Macron, entre huées, insultes, bousculades et violences.

Sécurité renforcée, commissariat mobile, chartes pour encadrer les visites politiques... Les organisateurs sont sur les dents pour ne pas voir se répéter le scénario catastrophe de l'an dernier.

L'entourage d'Emmanuel Macron lui a conseillé d'éviter une visite marathon, à l'image des 13 heures de déambulation de 2024 parmi les plus de 1.400 exposants et 4.000 animaux accueillis chaque année.

"Le président sera très probablement pris à parti", a averti Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat historique, qui l'attend sur les dossiers internationaux.

Cet automne, c'est l'opposition à l'accord de libre-échange UE-Mercosur qui a servi de cri de ralliement pour relancer les manifestations d'agriculteurs, qui dénoncent aussi les taxes douanières chinoises et craignent des mesures similaires de la nouvelle administration américaine.

"Je souhaite qu'il en parle à Donald Trump (...): arrêter les importations massives qui ne respectent pas nos normes, lever les contraintes qui nous empêchent d'être compétitifs", renchérit Pierrick Horel des Jeunes Agriculteurs, alliés de la FNSEA.

Pour Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale, forte de sa percée aux élections professionnelles de janvier, "ça va être tendu". Selon lui, Emmanuel Macron va aussi avoir du mal à "expliquer qu'on négocie encore un accord pour importer du sucre ou du poulet d'Ukraine" — l'accord d'association UE-Ukraine, en cours de révision — évoquant des produits érigés en symboles d'une "concurrence déloyale".

Coutumière des actions coup de poing, la Coordination rurale a toutefois passé à ses sympathisants un message d'apaisement, dans l'espoir qu'Emmanuel Macron "aura vraiment quelque chose" à leur dire, selon sa président Véronique Le Floc'h.

- "Où sont les promesses?" -

Plus d'un an après la mobilisation qui avait bloqué routes et autoroutes, l'heure est au bilan des mesures obtenues par les agriculteurs qui réclament un revenu "décent", plus de considération et moins d'injonctions.

Pour le gouvernement, ses engagements ont été "honorés": "500 millions d'euros d'allégement de charges fiscales prévus dans le budget", "soutien à la trésorerie pour les agriculteurs en difficulté", "indemnisations à hauteur de 75 millions d'euros aux propriétaires du cheptel touché par les épizooties" ou encore "la mise en place du contrôle administratif unique en octobre dernier".

Surtout, deux jours avant le Salon, le Parlement a adopté la loi d'orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession. Ce texte érige l'agriculture au rang "d'intérêt général majeur", facilite les installations, la construction de bâtiments d'élevage et le stockage de l'eau, tout en dépénalisant certaines infractions environnementales.

"Un an après, où sont passés les prix plancher et ses promesses? Au Salon 2024, nous demandions des prix minimum garantis pour les producteurs: non seulement on n'a pas du tout avancé, mais la situation est pire aujourd'hui", s'indigne Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, troisième syndicat.

Elle estime que les demandes de l'alliance FNSEA-JA et de la CR ont été privilégiées, au détriment d'une "réelle transition agroécologique". Un argument repris par la gauche à propos de la loi d'orientation agricole.

Les personnalités politiques de tous bords devraient se succéder auprès de la vache limousine Oupette, égérie de l'édition 2025. Le Premier ministre François Bayrou est attendu lundi.

Malgré la volonté des organisateurs de limiter les visites à une journée pour chaque parti, Jordan Bardella (RN) a prévu de s'y rendre dimanche et lundi avec une délégation, comme en 2024, où les demandes de "selfies" avec le chef du parti d'extrême droite avaient contrasté avec la visite présidentielle.

En novembre, à la veille de nouvelles mobilisations paysannes, il s'était affiché dans le Lot-et-Garonne avec des cadres de la Coordination rurale, qui faisait campagne de son côté pour "dégager la FNSEA" des chambres d'agriculture.