ALGER: L'Algérie, dont le président se remet du Covid-19, fait face à une grave crise politique à la suite d'un soulèvement populaire qui a entraîné le départ en 2019 d'Abdelaziz Bouteflika.
Bouteflika démissionne
Le 2 avril 2019, le président Abdelaziz Bouteflika, contesté par la rue et sommé de quitter le pouvoir par un de ses principaux fidèles, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée, démissionne.
Très affaibli depuis un AVC en 2013, Bouteflika, 83 ans, avait annoncé le 10 février qu'il briguerait un 5e mandat, déclenchant un mouvement de protestation pacifique d'une ampleur inédite.
Se débarrasser du « système »
Le 5 avril, les Algériens descendent à nouveau dans la rue, déterminés à se débarrasser du « système » politique en place depuis l'indépendance (1962).
Les protestataires appellent au départ des « 3B », Abdelkader Bensalah (président du Conseil de la Nation, chambre haute), Taïeb Belaiz (président du Conseil constitutionnel) et le Premier ministre Noureddine Bedoui, trois hommes-clés de l'appareil mis en place par Bouteflika et à qui la Constitution confie les rênes du processus d'intérim.
Le 9, Abdelkader Bensalah est nommé président par intérim. Les manifestations se poursuivent.
L'armée durcit le ton
Le 20 mai, le général Gaïd Salah, nouvel homme fort du pays, rejette les principales demandes du « Hirak »: report de la présidentielle convoquée le 4 juillet et départ des figures honnies du « système ».
Le 2 juin, faute de candidats, le Conseil constitutionnel annule la présidentielle.
Le général Gaïd Salah juge début août que les revendications « fondamentales » de la contestation ont été satisfaites.
Les Algériens continuent néanmoins à manifester massivement et pacifiquement à Alger et dans tout le pays chaque vendredi.
Le 18 septembre, l'armée durcit le ton, indiquant qu'elle empêchera désormais les manifestants des autres régions de se joindre aux cortèges d'Alger.
Ex-responsables condamnés
Le 25 septembre, un tribunal militaire condamne Saïd Bouteflika, frère et puissant conseiller du président déchu, ainsi que deux ex-chefs du renseignement à 15 ans de prison pour «complot».
Deux ex-Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, jugés pour corruption, sont condamnés en décembre respectivement à 15 et 12 ans de prison. Ils seront lourdement condamnés dans d'autres affaires de corruption.
Nouveau président contesté
Le 12 décembre, Abdelmadjid Tebboune, un ancien fidèle de Bouteflika, remporte la présidentielle boycottée par l'opposition et marquée par une abstention record (plus de 60%).
Le lendemain, le nouveau chef de l'Etat invite le « Hirak » au dialogue. Mais les manifestants le conspuent.
1er vendredi sans « Hirak »
Le vendredi 20 mars, pour la première fois depuis le début de la contestation, les rues d'Alger sont vides, après l'interdiction des rassemblements afin de lutter contre le nouveau coronavirus.
La progression de la pandémie oblige aussi les partisans du « Hirak » à suspendre volontairement les marches.
Répression
Le 29 mars, Khaled Drareni, correspondant pour la chaîne francophone TV5 Monde et pour Reporters sans frontières (RSF), est placé en détention préventive, après avoir couvert début mars une manifestation du « Hirak » à Alger.
Le 15 septembre, il est condamné en appel à deux ans de prison ferme. La sévérité de la peine déclenche indignation et colère.
Depuis plusieurs mois, une vague de répression cible quotidiennement des militants du « Hirak », des opposants politiques, des journalistes et des blogueurs.
Référendum constitutionnel
Le 10 septembre, le Parlement adopte le projet de révision de la Constitution.
Le projet est rejeté par une plateforme de partis et d'associations liés au « Hirak », ainsi que par le principal parti islamiste.
Le 1er novembre, le « oui » l'emporte largement lors du référendum constitutionnel, mais le taux de participation s'établit à 23,7%, un plus bas historique depuis l'indépendance de l'Algérie.
Tebboune convalescent du Covid
Abdelmadjid Tebboune, censé promulguer la nouvelle Constitution, est hospitalisé à partir du 28 octobre en Allemagne après avoir contracté le Covid-19. Les informations sur son état sont rares et imprécises.
Le 13 décembre, le chef de l'Etat, amaigri, annonce rester en convalescence « encore une, deux ou trois semaines », lors de sa première apparition publique depuis le 15 octobre.