PARIS: Les banques européennes sont suffisamment solides pour affronter une crise majeure, selon les résultats d'un test de résistance du secteur, même si les banques françaises ont moins bien réussi cet exercice que leurs homologues de l'UE, plombées par la Banque Postale.
"Malgré des pertes cumulées de 496 milliards d'euros (dans un scénario de crise, NDLR), les banques européennes restent suffisamment capitalisées pour continuer à soutenir l'économie", a résumé l'Autorité bancaire européenne (ABE) vendredi dans un communiqué.
Le régulateur européen a mené ce test alors que le secteur a été secoué en mars par de vives turbulences qui ont ravivé le spectre de la crise bancaire de 2008.
La Banque centrale européenne (BCE), qui a réalisé ce test de résistance auprès d'un échantillon un peu plus large que l'ABE, en a tiré les mêmes conclusions. Neuf établissements sont toutefois tombés sous les minima de fonds propres exigés par la BCE.
Le scénario utilisé dans cet exercice, auquel participaient 70 établissements couvrant environ 75% des actifs bancaires de l'Union européenne dans l'étude de l'ABE, prévoyait notamment une "aggravation sévère de la situation géopolitique" et "une hausse des prix des matières premières", des événements de nature à faire baisser le produit intérieur brut (PIB) européen de 6% en trois ans.
A cela s'ajoutait une hausse de 6,1 points du taux de chômage, une baisse plus lente que prévu de l'inflation, une chute des prix de l'immobilier et un effondrement des actions en Bourse.
Après un tel choc, bien plus sévère qu'en 2021 lors du test précédent, le ratio de fonds propres "durs", indicateur clé de mesure de la solidité financière, passerait pour l'ensemble du secteur bancaire européen de 15,2% à 10,4%, niveau équivalent à celui d'il y a deux ans, globalement considéré acceptable par les superviseurs.
L'ABE a aussi noté une amélioration de la qualité des crédits des banques par rapport au test de 2021, ainsi que des bénéfices plus importants, permettant aux établissements de résister à un crise bien plus importante.
«Les banques françaises sont suffisamment capitalisées»
Ce niveau constitue toutefois une moyenne, les banques de quatre pays tombant sous la barre de 10%: celles de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Allemagne et de la France.
Les banques françaises terminent même à la dernière place, avec un ratio de fonds propres durs de 9,15% à l'issue de ces trois années de turbulences.
Cette moyenne française a cependant était plombée par la Banque Postale, qui termine l'exercice avec un ratio à 0,05%. Société Générale est à 8,19%, BNP Paribas à 8,35%, BPCE à 9,92%, Crédit Agricole à 9,94% et Crédit Mutuel à 11,43%.
Vendredi soir, la Banque Postale a jugé son "profil de risque robuste", en rappelant qu'"à la suite de la prise de contrôle à 100% de CNP Assurances en 2022, les activités d'assurance représentent environ 60%" de son bilan, induisant "une sensibilité supérieure de la solvabilité à certains chocs de marchés".
"Compte tenu de ces hypothèses prudentes et de ce scénario macroéconomique et financier particulièrement dégradé, les résultats des tests de résistance permettent de confirmer la résilience du système bancaire français dans son ensemble du fait d’une bonne capacité d’absorption du choc", a salué l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, gendarme français du secteur.
Cela "montre que les banques françaises sont suffisamment capitalisées pour continuer à soutenir l’économie, même dans des conditions particulièrement dégradées", a estimé de son côté la Fédération bancaire française (FBF).
Deutsche Bank, dont la santé a, par le passé, inquiété, conclut le test à 8,08% de fonds propres durs. La banque italienne Monte dei Paschi di Siena, qui avait terminé l'exercice précédent avec des fonds propres négatifs de l'ordre de -0,10%, a cette fois fait bien mieux: 10,13%.
Ce test n'est pas conçu pour déterminer si telle ou telle banque a réussi ou échoué. En revanche, les données récoltées serviront aux superviseurs bancaires européens pour évaluer les besoins en capitaux des banques sous leur surveillance ces prochains mois.
L'exercice a débuté fin janvier, juste avant que le secteur bancaire ne soit bousculé au premier trimestre par la faillite d'établissements américains et le rachat en urgence de Credit Suisse par UBS.
Dans son test, qui n'inclut pas les établissements suisses, l'ABE n'intègre pas l'aspect psychologique avec un phénomène de panique bancaire, comme observé ces derniers mois dans certains établissements considérés comme fragiles.