Les hommages affluent après le décès de la chanteuse Sinead O'Connor

La chanteuse irlandaise Sinead O'Connor se produit au Highline Ballroom à New York le 23 février 2012. (Photo Jason Kempin / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
La chanteuse irlandaise Sinead O'Connor se produit au Highline Ballroom à New York le 23 février 2012. (Photo Jason Kempin / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 27 juillet 2023

Les hommages affluent après le décès de la chanteuse Sinead O'Connor

  • Au lendemain de l'annonce par sa famille de la mort de l'artiste reconnaissable à son crâne rasé, la police britannique a indiqué l'avoir retrouvée « inconsciente à une adresse résidentielle» du sud de Londres
  • La mort de l'artiste, qui n'avait pas caché des pensées suicidaires ces dernières années, a provoqué une forte émotion

LONDRES: Une voix "unique" qui "fendait la pierre": le décès à Londres de la chanteuse irlandaise Sinead O'Connor à 56 ans, célèbre pour son tube "Nothing Compares 2 U", suscitait de nombreux hommages jeudi.

Au lendemain de l'annonce par sa famille de la mort de l'artiste reconnaissable à son crâne rasé, la police britannique a indiqué l'avoir retrouvée "inconsciente à une adresse résidentielle" du sud de Londres. "Le décès n'est pas considéré comme suspect", a-t-elle ajouté.

Une autopsie sera effectuée car "aucune cause médicale de la mort n'a été donnée", a indiqué peu après la London Inner South Coroner's Court.

Ame tendre

La mort de l'artiste, qui n'avait pas caché des pensées suicidaires ces dernières années, a provoqué une forte émotion.

"Il n'y a pas de mot", a sobrement affiché sur Instagram le chanteur du groupe REM Michael Stipe, avec une photo de lui et de la chanteuse.

Le chanteur Cat Stevens, converti de longue date à l'islam, comme la chanteuse en 2018, a salué son "âme tendre", tandis que la chanteuse pop britannique des années 1980, Alison Moyet, a insisté sur une voix qui "fendait la pierre".

Le groupe Massive Attack, qui a travaillé avec elle, s'est dit "effondré" sur les réseaux sociaux, évoquant "le feu dans ses yeux" lorsqu'elle parlait de ses engagements.

Au-delà du monde de la musique, le champion irlandais de MMA Conor McGregor a estimé que "le monde a perdu une artiste à la voix d'ange".

Sinead O'Connor avait fait ses débuts dans les rues et les pubs de Dublin, avant d'enregistrer en 1987 à Londres son premier album, "The Lion and the Cobra", un classique punk.

Il est suivi trois ans plus tard par "I Do Not Want What I Haven't Got", qui contient la chanson qui la fait accéder à la célébrité mondiale: "Nothing Compares 2 U" écrit par l'artiste américain Prince.

Outre sa musique, la chanteuse était connue pour son combat contre les abus sexuels dans l'Eglise catholique, qu'elle accusait de ne pas avoir suffisamment protégé les enfants. En 1992, elle avait déchiré à la télévision américaine une image du pape Jean Paul II.

Scandales

"Elle avait le courage de parler quand tous les autres restaient prudemment silencieux", a souligné sur son site internet Morrissey, le chanteur du groupe The Smiths.

La chanteuse, qui affirmait avoir été maltraitée par sa mère, fit de nouveau scandale en 1999 quand une église irlandaise dissidente l'ordonna "prêtresse".

Elle avait ensuite peu à peu disparu du devant de la scène, s'essayant toutefois au reggae en 2005 sur son album "Throw Down Your Arms" après s'être installée un temps en Jamaïque.

A Dublin, des habitants rencontrés par l'AFP dans le quartier de Temple Bar jeudi saluent aussi, comme Aga Szot, une artiste de 44 ans, son "extrême courage".

"Elle s'en fichait de ce que les gens pensaient d'elle. Elle a toujours défendu ce en quoi elle croyait et je pense qu'en tant qu'artiste c'est une des choses les plus importantes que vous pouvez faire", abonde Scott Bellew, jeune anglais de 20 ans qui se dit "choqué" par sa disparition.

"Les gens avaient peut-être une opinion partagée sur elle" mais en tant qu'artiste elle était "absolument incroyable", estime Grainne Wray, guide touristique anglaise de 32 ans.

Ces dernières années, la chanteuse déversait ses états d'âme sur les réseaux sociaux, menaçant ses anciens associés de poursuites judiciaires, s'épanchant sur ses problèmes de santé physiques et mentaux, partageant ses pensées suicidaires et ses relations compliquées avec sa famille.

En 2022, son fils Shane, 17 ans, avait mis fin à ses jours. Sinead O'Connor avait alors été hospitalisée après avoir indiqué sur les réseaux sociaux qu'elle songeait elle aussi au suicide.

On la voyait récemment dans une vidéo postée début juillet sur le réseau social Twitter, rebaptisé "X", où elle évoquait sa douleur après le suicide de son fils, et affirmait vouloir finir un nouvel album.


Rétrospective Mehdi Qotbi à l’IMA: l’art de faire danser les lettres arabes

Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable. (Photo Arlette Khouri)
Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable. (Photo Arlette Khouri)
Short Url
  • Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable
  • Cette œuvre libre et empreinte d’optimisme, tout comme la personne de Qotbi, puise ses racines dans l’enfance de l’artiste, dans ce quartier de Takaddoum où il est né à Rabat

PARIS: Alors que l’Institut du Monde Arabe à Paris met à l’honneur la langue arabe en collaboration avec l’Académie Internationale du Roi Salman pour la langue arabe, c’est l’écriture et les lettres arabes qui sont à l’honneur à travers la rétrospective des œuvres de l’artiste franco-marocain Mehdi Qotbi exposé à l’institut jusqu’au 5 janvier prochain.

qotbi
C’est une myriade de fraîcheur colorée qui accueille le visiteur de cette exposition et l’emporte dans l’univers joyeux, qu’expriment les œuvres de cet artiste atypique. (Photo Arlette Khouri)

C’est une myriade de fraîcheur colorée qui accueille le visiteur de cette exposition et l’emporte dans l’univers joyeux, qu’expriment les œuvres de cet artiste atypique.

Il a beau se servir des lettres arabes pour composer ses tableaux, son œuvre est à l’opposé de la calligraphie.

Son art, selon sa propre définition est plutôt « une désécriture » et non un alignement calligraphique de mots et de phrases.

Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable.

Cette œuvre libre et empreinte d’optimisme, tout comme la personne de Qotbi, puise ses racines dans l’enfance de l’artiste, dans ce quartier de Takaddoum où il est né à Rabat dans une famille modeste.

qotbi
L’universitaire et critique d’art Philippe Dagen décrit l’œuvre de Qotbi comme étant « un rapport constant et déconcertant entre peinture et écriture » et affirme que cette œuvre « s’offre et se dėrobe à l’interprétation critique. Elle se laisse admirer et ne se laisse pas saisir ». (Photo Arlette Khouri)

Dès l'enfance, Qotbi a baigné dans un univers de couleurs à l’ombre de sa mère tapissière dont il dit « elle ne savait ni lire, ni écrire, elle n’avait aucune culture. Mais elle avait la faculté de faire fusionner les couleurs », « elle savait les allier. Pour moi c’étaient des moments de rêve ».

Ce sont peut-être ces moments avec les émotions qui les accompagnent que Qotbi tente de reproduire dans son travail qui s’expose au musée Georges Pompidou à Paris ainsi qu’au musée d’art moderne, ailleurs aussi à la National Gallery of fins arts à Amman où à Houston dans le cadre de la Menil Collection.

Pourtant à l’âge de douze ans, Qotbi s’est cru destiné à une carrière militaire, il saisit l’opportunité d’un défilé militaire et aborde le ministre de la Défense de l’époque Mahjoubi Ahetdane qui l’aide à intégrer le lycée militaire de Kénitra.

Très vite, son penchant pour et le dessin pris le dessus sur son penchant pour le maniement des armes, et rejoint par la suite l’école des beaux arts de Rabat.

Sa rencontre avec le grand artiste marocain Jilali Gharbaouie finit par sceller son destin, il se consacre à sa vocation artistique qui le mène par la suite aux Beaux arts de Paris, dont il est diplômé.

Parallèlement à sa carrière d'artiste, Qotbi s’attache à transmettre sa passion aux jeunes et enseigne les arts plastiques dans des lycées à Paris et Auxerre.

Travailleur infatigable, il publie des livres d’artistes en collaboration avec de grands écrivains et poètes dont le syrien Adonis, la libanaise Andrée Chédid, la française Nathalie Sarraute et également le tchèque Vaclav Havel et le sénégalais Léopold Sedar Senghor.

L’universitaire et critique d’art Philippe Dagen décrit l’œuvre de Qotbi comme étant « un rapport constant et déconcertant entre peinture et écriture » et affirme que cette œuvre « s’offre et se dėrobe à l’interprétation critique. Elle se laisse admirer et ne se laisse pas saisir ».

Sa notoriété lui ouvre les portes des plus hautes sphères culturelles et politiques aussi bien en France qu’au Maroc, et Qotbi met cela à profit pour resserrer les liens entre son pays natal et son pays d’adoption.

Il se retrouve chargé de créer un « cercle d’amitié franco-marocain » qui s’est nourri de son large réseaux de contacts autant au Maroc qu’en France.

Le tout Paris artistique et politique était invité à l’inauguration de sa rétrospective, et bien sûr, l’épouse du président français Brigitte Macron était parmi les premiers à être présente.

 


Amira Ghenim, lauréate du Prix de la littérature arabe 2024 de l’Institut du Monde Arabe

Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès). (Photo fournie)
Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès). (Photo fournie)
Short Url
  • Le désastre de la maison des notables (finaliste de l’Arab Booker Prize, prix Comar d’Or en Tunisie en 2021) est son deuxième roman, mais le premier à être traduit en français
  • Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès)

PARIS : Pierre Leroy, administrateur délégué de la Fondation Jean-Luc Lagardère et président du jury du Prix s’est dit ravi lundi dernier que cette nouvelle édition du Prix de la littérature arabe consacre « un roman intense, entremêlant intrigue familiale et grande Histoire, qui dessine le portrait complexe et tout en nuances d'une Tunisie en pleine mutation. L’ensemble des membres du jury et moi-même saluons par ailleurs la plume unique de l’auteure qui, grâce à un procédé narratif élaboré, a su donner naissance à une œuvre puissante, portée par une nouvelle collection qui met en lumière la littérature arabophone du Maghreb, encore trop souvent privée d’écho en France ».

Ce roman est celui d’ Amira Ghenim, lauréate du Prix de la littérature arabe 2024. Née en 1978 à Sousse en Tunisie, elle est agrégée d’arabe, titulaire d’un doctorat en linguistique et enseigne à l’université de Sousse. Elle est l’autrice d’essais universitaires et de trois romans, dont Le dossier jaune (2019) et Terre ardente (2024).

Le désastre de la maison des notables (finaliste de l’Arab Booker Prize, prix Comar d’Or en Tunisie en 2021) est son deuxième roman, mais le premier à être traduit en français.

Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès).

Pour sa part, Jack Lang, Président de l’IMA, a voulu souligner « l’importance de faire rayonner la richesse des cultures du monde arabe, dont la littérature et la poésie sont des modes majeurs. Dans le contexte où la traduction des textes arabophones se raréfie, la mise en lumière des auteurs issus du monde arabe est essentielle et ce prix, également porté désormais par la jeunesse, en est le précieux instrument ».

 


Sally Rooney, Hisham Matar et Arundhati Roy appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes

Des auteurs de renom du monde entier, dont Sally Rooney, Hisham Matar et Arundhati Roy, appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes. (AFP)
Des auteurs de renom du monde entier, dont Sally Rooney, Hisham Matar et Arundhati Roy, appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes. (AFP)
Short Url
  • Plus de 1 000 écrivains et professionnels de l'édition ont signé une lettre dans laquelle ils s'engagent à boycotter les institutions culturelles israéliennes
  • Les auteurs se sont engagés à ne pas travailler avec des éditeurs, des festivals, des agences littéraires et des publications israéliens qui sont "complices de la violation des droits des Palestiniens"

DUBAÏ: Des auteurs de renom du monde entier appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes.

Plus de 1 000 écrivains et professionnels de l'édition ont signé une lettre dans laquelle ils s'engagent à boycotter les institutions culturelles israéliennes qui "sont complices ou sont restées des observateurs silencieux de l'oppression écrasante des Palestiniens".

Parmi les auteurs populaires qui ont signé la lettre figurent l'Irlandaise Sally Rooney, connue pour des romans tels que "Conversations with Friends", "Normal People" et, plus récemment, "Intermezzo"; le romancier américano-libyen Hisham Matar, lauréat du prix Pulitzer; le romancier Viet Thanh Nguyen, lauréat du prix Pulitzer; la lauréate du prix Booker Arundhati Roy; Mohsin Hamid, auteur de "The Reluctant Fundamentalist"; et la lauréate du prix Booker Avni Doshi, qui est basée à Dubaï.

Les auteurs se sont engagés à ne pas travailler avec des éditeurs, des festivals, des agences littéraires et des publications israéliens qui sont "complices de la violation des droits des Palestiniens", notamment en appliquant des "politiques et pratiques discriminatoires" ou en "blanchissant et justifiant l'occupation, l'apartheid ou le génocide d'Israël".

Les institutions qui n'ont jamais reconnu publiquement les "droits inaliénables du peuple palestinien tels qu'ils sont inscrits dans le droit international" seront également boycottées.

La campagne a été organisée par le Festival palestinien de littérature (également connu sous le nom de PalFest), qui organise chaque année des manifestations publiques gratuites dans plusieurs villes de Palestine.

"En tant qu'écrivains, éditeurs, travailleurs de festivals littéraires et autres travailleurs du livre, nous publions cette lettre alors que nous sommes confrontés à la crise morale, politique et culturelle la plus profonde du XXIe siècle", commence la déclaration, qui poursuit en indiquant qu'Israël a tué "au moins 43 362" Palestiniens à Gaza depuis octobre dernier et que cela fait suite à "75 ans de déplacement, de nettoyage ethnique et d'apartheid".

La culture "a joué un rôle essentiel dans la normalisation de ces injustices". Les institutions culturelles israéliennes, "qui travaillent souvent directement avec l'État, ont joué un rôle crucial dans l'obscurcissement, le camouflage et le lavage artistique de la dépossession et de l'oppression de millions de Palestiniens pendant des décennies".

Les travailleurs de l'industrie ont un "rôle à jouer", affirme l'engagement. "Nous ne pouvons pas, en toute conscience, nous engager avec les institutions israéliennes sans nous interroger sur leur relation avec l'apartheid et le déplacement", peut-on lire, en notant que "d'innombrables auteurs" ont adopté la même position contre l'apartheid en Afrique du Sud.

La lettre se termine par un appel aux pairs des signataires à se joindre à l'engagement.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com