RABAT: Le Maroc, confronté à des «défis majeurs» liés au climat et à l’approvisionnement en eau, va bénéficier d’un Programme ambitieux de la Banque mondiale d'une valeur de 350 millions de dollars (317 millions d’euros ; 1 dollar = 0,91 euro) pour renforcer la sécurité de l'eau dans le pays, a annoncé l’institution ce lundi.
Dans son communiqué, la Banque mondiale indique que le Programme vise à soutenir le gouvernement marocain dans la mise en œuvre de son Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation dans le cadre du Plan national de l’eau sur 30 ans.
Axé sur trois piliers, il entend renforcer la gouvernance du secteur de l’eau, améliorer la viabilité financière et l’efficacité de l’utilisation de l’eau, ainsi qu’intégrer des ressources en eau non conventionnelles, telles que le dessalement et la réutilisation des eaux usées.
Marcus J. Wishart, spécialiste principal de la gestion des ressources en eau et coresponsable du Programme à la Banque mondiale, a déclaré que ce Programme soutiendra les efforts du gouvernement pour renforcer la «reconnaissance de la valeur de l’eau», «accroître la transparence des coûts tout au long de la chaîne de valeur de l’eau», et «favoriser une utilisation plus efficace et rationnelle des rares ressources en eau».
Carolina Dominguez Torres, spécialiste senior en approvisionnement en eau et assainissement et responsable du Programme à la Banque mondiale, a fait savoir que le Programme vise à «économiser 25 millions de m3 d’eau potable dans les réseaux de distribution» et «à mettre à disposition 52 millions de m3 d’eaux usées traitées pour réutilisation».
Par ailleurs, l’institution rappelle que le Maroc «approche du seuil critique de 500 mètres cubes d’eau par personne et par an d’ici 2030». Elle avertit que le changement climatique risque d’«exacerber les effets cumulatifs et en cascade sur la sécurité de l’eau» dans le pays.
Jesko Hentschel, Directeur pays pour le Maghreb et Malte à la Banque mondiale, a estimé pour sa part que «garantir l’accès aux ressources naturelles, notamment à l’eau, tout en les préservant, est essentiel pour construire un avenir durable au Maroc», ajoute le communiqué de la Banque mondiale.
Été difficile
Le Maroc affronte un été difficile en raison du stress hydrique causé par une année pauvre en pluie et un printemps particulièrement chaud.
Avec seulement 32,1% de remplissage des barrages à la date du 18 mai 2023, contre 33,8% l'année précédente, les ressources en eau du pays sont sous pression.
Le barrage Al Massira, deuxième en capacité au Maroc, ne compte que 3,7% d'eau, contre 7,5% en 2022. Cette situation inquiétante menace l'approvisionnement en eau potable, notamment dans les grandes villes comme Marrakech.
Le gouvernement marocain intensifie ses efforts pour résoudre cette crise et accélère la construction de l'ambitieuse «autoroute de l'eau», reliant l'oued du Sebou à l'oued Bouregreg pour transférer l'excédent en eau.
L'agriculture, secteur le plus gourmand en eau, représente 87% de la consommation directe annuelle, et le dessalement de l'eau apparaît comme une alternative essentielle pour l'avenir.
Le Maroc prévoit de passer de 9 à 20 stations de dessalement d'ici 2030, avec une capacité de 1,3 milliards de m3.