PARIS : Des stars et de nombreux anonymes sont venus dire adieu lundi à Jane Birkin, "ex-fan des sixties" comme elle le chantait, lors d'émouvantes obsèques en l'église Saint-Roch à Paris.
La cérémonie a eu lieu en présence de ses filles, Charlotte Gainsbourg et Lou Doillon qui, fait rare, ont porté le cercueil de leur mère en entrant dans l'église.
De nombreuses célébrités étaient également présentes: Etienne Daho, Carole Bouquet, Catherine Deneuve, Yvan Attal, Chiara Mastroianni ou Isabelle Huppert, accueillis par le manager de l'artiste.
Brigitte Macron et la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, ont également pris place dans l'église, dont le parvis était couvert de fleurs, témoignant de l'émoi national suscité par la disparition de la chanteuse et actrice, dimanche dernier à 76 ans.
"Je vois déjà le vide qu'elle nous laisse. C'est ma maman, notre maman. votre maman", a lu Charlotte Gainsbourg, très émue, arrachant des larmes aux anonymes, plus de 1 500, selon une journaliste de l'AFP, rassemblés à proximité de l'église devant un grand écran. L'accès à l'église était réservé à l'entourage.
Audace
Lou Doillon s'est souvenue de nombreux moments partagés avec sa mère et toute sa famille, tous témoignant de l'excentricité, l'audace et l'humour de l'Anglaise préférée des Français. Elle a conclu: "Maman, (...) Merci de ne pas avoir été ordinaire, raisonnable et docile. Ce monde de demain, bien paisible et raisonné, ça m'emmerde déjà".
La cérémonie d'une 1H30 a été célébrée selon le rite anglican et ponctuée de poignants hommages dont celui du médecin qui l'a suivie lors de sa leucémie. Le cercueil a ensuite été porté au son de "La Javanaise", sous les applaudissements nourris du public.
Jane Birkin, Londonienne, naturalisée française mais restée anglaise dans l'inconscient collectif avec ses délicieuses fautes d'accent, faisait partie du paysage depuis plus d'un demi-siècle et sa rencontre avec Serge Gainsbourg à la fin des années 1960.
"Sans elle, il nous manque la lumière, j'adorais cette femme artiste engagée capable d'empathie pour les causes essentielles", a commenté Jean-Baptiste, venu de Bourgogne avec une pancarte indiquant "Merci Jane Birkin" et "Jane Forever".
"Nous sommes venues rendre hommage à celle qui nous a soutenues dès le début en se coupant une mèche de cheveu après le meurtre de Mahsa Amini" en Iran, a expliqué Mahasti, la cinquantaine, portant elle aussi une pancarte: "Merci Jane, les femmes iraniennes ne vous oublieront pas".
"Elle fait partie des étoiles qui transmettent la liberté", a commenté Serge Quin, 60 ans. "Son sourire c'est une époque et une génération qui nous offrait cette spontanéité", a renchéri Bouchra, 50 ans.
"Un jour je l'ai vue à Odéon, j'ai couru vers elle et je lui ai dit que je l'aimais ! Elle m'a fait la bise et souhaité la bonne année", a raconté Christophe Fougeray, 45 ans, "amoureux de Jane depuis l'enfance" et dont il adore la musique autant que les films.
«Icône»
"Ma Jane, grâce à ton talent, ton élégante beauté libre, ton humour piquant, macabre et britannique, tu as accompagné nos adolescences moroses. Nous voulions être toi, ou Serge", avait écrit dans son hommage Etienne Daho, chanteur devenu un proche, collaborateur sur le dernier album de la chanteuse "Oh ! Pardon tu dormais..."
"Partie rejoindre ton Serge, Romy et tous les autres... Un ange de plus... Merci Merci, ma Jane!", a de son côté réagi dans un message transmis lundi à l'AFP Alain Delon, qui avait tourné avec elle dans "La Piscine".
"Parce qu'elle incarnait la liberté, qu'elle chantait les plus beaux mots de notre langue, Jane Birkin était une icône française", avait aussi salué sur Twitter le président Macron.
Depuis que l'artiste a été découverte sans vie à son domicile parisien, les fans se pressent, parfois bouquet de fleurs à la main, au 5 bis de la rue Verneuil à Paris. Lieu où elle résida avec Serge Gainsbourg, quand le couple incarnait l'alliance du chic et du choc, accompagné d'un parfum de scandale.
Des fleurs ont également été accrochées sur la palissade autour de la maison que l'actrice de "La piscine" possédait en Bretagne. Une cérémonie s'est également déroulée lundi en même temps à Lanillis (Finistère), où elle aimait se ressourcer.
La disparition de la chanteuse de "Di Doo Dah" et des "Dessous chics", morte de cause naturelle selon son entourage, est survenue alors que Jane Birkin projetait de remonter sur scène.