Au Kenya, une série d'attaques ravive le spectre des islamistes shebab

Un soldat somalien se cache sur les lieux de deux explosions près des ministères des travaux publics et du travail à Mogadiscio le 23 mars 2019. (AFP)
Un soldat somalien se cache sur les lieux de deux explosions près des ministères des travaux publics et du travail à Mogadiscio le 23 mars 2019. (AFP)
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Publié le Dimanche 23 juillet 2023

Au Kenya, une série d'attaques ravive le spectre des islamistes shebab

  • Pour un chercheur, les récentes attaques constituent une "vengeance" après de récentes frappes de l'aviation kényane contre les positions shebab en Somalie

NAIROBI: Une série d'attaques à la bombe artisanale et de décapitations menées le mois dernier dans le nord-est rural du Kenya ont ravivé le spectre des islamistes radicaux shebab dans ce pays voisin de la Somalie.

Le Kenya, puissance économique et touristique d'Afrique de l'Est, n'a plus connu depuis 2019 d'attentat d'envergure mené par le groupe somalien affilié à Al-Qaïda.

Des attaques de moindre intensité ont toutefois toujours lieu régulièrement dans les comtés de Lamu, Mandera et Garissa, situés le long des 700 kilomètres de frontière entre les deux pays.

Depuis un mois, habitants et autorités s'inquiètent. Entre le 3 et le 24 juin, 24 personnes ont été tuées (dont 15 membres des forces de sécurité) dans ces régions, dans six attaques distinctes attribuées aux shebab.

L'une de ces attaques, revendiquée par le groupe islamiste, a vu des civils décapités dans une zone rurale reculée du comté de Lamu, réputé pour ses îles sur l'Océan indien.

Selon certains analystes, les shebab se tournent à nouveau vers le Kenya après avoir été mis sur la défensive en Somalie, où le gouvernement du président Hassan Cheikh Mohamoud leur a déclaré une "guerre totale".

Les shebab, qui comptaient entre 7.000 et 12.000 combattants en 2022, selon la CIA, font face depuis plusieurs mois à une offensive de l'armée somalienne et de milices claniques locales (les "macawisley"), appuyées par la force de l'Union africaine (Atmis) - à laquelle participent des troupes kényanes - et des frappes aériennes américaines.

Cette opération militaire a permis aux forces gouvernementales de reprendre du terrain dans le centre du pays. Une deuxième phase doit être lancée prochainement dans le sud du pays.

Les attaques au Kenya sont une façon pour eux "de dire que malgré la pression qu'ils subissent, ils conservent la même force de frappe", explique à l'AFP Nicolas Delaunay, directeur de l'International Crisis Group pour l'Afrique orientale et australe.

"Cela peut aussi être un moyen d'avertir le Kenya, qui s'est engagé à participer à l'offensive du gouvernement somalien", poursuit-t-il.

«Désorganisation»

Le Kenya est ciblé par les shebab depuis son intervention militaire dans le sud de la Somalie en 2011, puis sa participation à la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom, devenue Atmis) créée en 2012 pour combattre cette insurrection.

Les jihadistes, qui profitent de la porosité de la frontière mais recrutent également dans la jeunesse locale, ont mené des attentats meurtriers contre le centre commercial Westgate à Nairobi, la capitale kényane, en septembre 2013 (67 morts), l'université de Garissa en avril 2015 (148 morts) et le complexe hôtelier Dusit, également à Nairobi, en janvier 2019 (21 morts).

Pour Roland Marchal, chercheur à Sciences Po Paris et spécialiste de l'Afrique, les récentes attaques constituent une "vengeance" après de récentes frappes de l'aviation kényane contre les positions shebab en Somalie.

"Les dirigeants de l'appareil sécuritaire kényan ont été changés ces derniers temps avec la nouvelle administration Ruto (le président élu en août 2022, ndlr) et il y a une désorganisation relative à la frontière", souligne-t-il également.

Les attaques jihadistes ne sont pas concentrées sur le Kenya. L'Ethiopie, envers laquelle les shebab nourrissent une animosité historique, a déclaré le mois dernier avoir déjoué une attaque dans la ville frontalière de Dollo.

«Avertissement»

Le mois dernier, un responsable américain déclarait à l'AFP que les récentes attaques transfrontalières étaient une "manifestation de désespoir" des shebab.

Malgré les gains de l'offensive de l'armée somalienne et de ses alliés, "la situation demeure fragile", a toutefois récemment mis en garde le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat.

Chassés des principales villes de Somalie en 2011-2012, les shebab restent néanmoins solidement implantés dans de vastes zones rurales, d'où ils continuent de mener des attentats parfois sanglants contre des cibles sécuritaires et civiles.

"Il y a un désir des shebab de montrer qu'ils sont résilients", souligne Hassan Khannenje, directeur de l'Institut international d'études stratégiques de la Corne, centre de réflexion basé à Nairobi.

Ces attaques doivent "servir d'avertissement pour le Kenya", estime-t-il, appelant les autorités à rester "vigilantes".

Le gouvernement kényan a fait le choix de la prudence. Après avoir annoncé mi-mai la réouverture progressive de sa frontière terrestre avec la Somalie, officiellement fermée depuis 2011, le ministre de l'Intérieur Kithure Kindiki a annoncé reporter cette mesure "jusqu'à ce que nous traitions de manière concluante la récente série d'attaques terroristes et de crimes transfrontaliers".


TikTok annonce sa fermeture dimanche aux États-Unis, suite à la décision de la Cour suprême

Cette photo d'illustration prise le 27 mai 2020 à Paris montre le logo de l'application de réseau social Tik Tok sur l'écran d'un téléphone. L'application (Photo par Martin BUREAU / AFP).
Cette photo d'illustration prise le 27 mai 2020 à Paris montre le logo de l'application de réseau social Tik Tok sur l'écran d'un téléphone. L'application (Photo par Martin BUREAU / AFP).
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  • TikTok se bat depuis des mois contre cette loi adoptée en mars dernier par le Congrès au nom de la sécurité nationale, mais la Cour suprême américaine a refusé vendredi de la suspendre
  • La décision de la plus haute juridiction américaine est intervenue à un peu plus de 36 heures de l'échéance imposée par le Congrès à la maison mère de TikTok, le groupe chinois ByteDance, pour vendre sa filiale.

WASHINGTON : « TikTok sera contraint de fermer le 19 janvier, soit dimanche, a annoncé la populaire application sur X vendredi soir, à moins que le gouvernement de Joe Biden ne garantisse la non-application de la loi qui interdit la plateforme aux États-Unis à moins que son propriétaire chinois n'accepte de la vendre.

TikTok se bat depuis des mois contre cette loi adoptée en mars dernier par le Congrès au nom de la sécurité nationale, mais la Cour suprême américaine a refusé vendredi de la suspendre, scellant le sort du réseau social dans le pays, sauf intervention de dernière minute.

« Il ne fait pas de doute que, pour plus de 170 millions d'Américains, TikTok offre un important mode d'expression, d'interaction et d'appartenance à une communauté », ont estimé les neuf hauts magistrats, unanimes.

« Mais le Congrès a établi que sa cession était nécessaire pour répondre à ses inquiétudes légitimes en matière de sécurité nationale », ont-ils observé.

La décision de la plus haute juridiction américaine est intervenue à un peu plus de 36 heures de l'échéance imposée par le Congrès à la maison mère de TikTok, le groupe chinois ByteDance, pour vendre sa filiale.

La loi impose théoriquement aux fournisseurs d'accès à Internet et aux boutiques d'applications de bloquer les téléchargements et les mises à jour à partir de minuit dans la nuit de samedi à dimanche. Les principales d'entre elles, contactées par l'AFP, n'ont pas répondu.

Selon une déclaration de la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, « l'application de la loi (devait) revenir au prochain gouvernement, qui prendra ses fonctions lundi ».

- « Besoin de temps » -

Le ministère américain de la Justice a de son côté fait savoir vendredi que l'application de la loi allait s'étaler dans le temps, ce qui pose la question de ses effets à très court terme.

« Les déclarations publiées aujourd'hui par la Maison Blanche et le département de la Justice n'ont pas apporté la clarté et l'assurance nécessaires aux fournisseurs de services qui font partie intégrante du maintien de la disponibilité de TikTok pour plus de 170 millions d'Américains », a indiqué TikTok, avant d'avertir que l'application serait certainement contrainte d'afficher un écran noir dimanche.

Donald Trump s'est, à plusieurs reprises, dit favorable à ce que l'application soit préservée aux États-Unis, et avait même plaidé en ce sens auprès de la Cour suprême, en vain.

Vendredi, il a souligné que la décision de la Cour devait être « respectée », mais dit avoir « besoin de temps » pour statuer sur le sort du réseau social, promettant une décision « dans un avenir assez proche ».

Celui qui doit prendre ses fonctions lundi à midi a évoqué le sort de TikTok lors d'une conversation téléphonique avec le président chinois, Xi Jinping, vendredi.

Signe de l'ouverture de Donald Trump vis-à-vis du réseau social préféré des jeunes, le PDG de TikTok, Shou Chew, a été invité à la cérémonie d'investiture en tant qu'invité d'honneur.

« Je tiens à remercier le président Trump pour son engagement à travailler avec nous afin de trouver une solution qui permette à TikTok de rester disponible aux États-Unis », a déclaré Shou Chew dans une vidéo postée sur la plateforme vendredi.

« Nous allons mettre en place des mesures pour empêcher que TikTok n'éteigne la lumière » aux États-Unis, a assuré jeudi sur la chaîne Fox News Mike Waltz, élu républicain à la Chambre des représentants et nommé conseiller à la Sécurité nationale par Donald Trump.

- « Victoire » -

Adoptée en avril 2024 par les élus américains, cette loi vise à empêcher les autorités chinoises d'accéder aux données des utilisateurs du réseau social aux États-Unis ou de tenter de manipuler l'opinion américaine.

ByteDance a jusqu'ici systématiquement refusé de céder TikTok, même si plusieurs investisseurs américains, en premier lieu l'homme d'affaires Frank McCourt, se sont positionnés, prêts à mettre 20 milliards de dollars sur la table.

« Les créateurs de contenu présents sur TikTok se préparent à une possible interdiction, dans un contexte de grande incertitude », explique Courtney Spritzer, la patronne de l'agence de marketing numérique Socialfly, spécialisée dans les réseaux sociaux.

Quant aux annonceurs, « certains parient sur une extinction de la plateforme, tandis que d'autres sont plus optimistes et pensent qu'elle continuera après dimanche », a-t-elle ajouté.

La perspective d'une disparition potentielle de TikTok a suscité l'agitation sur Internet, les trois applications les plus téléchargées sur l'App Store d'Apple étant trois plateformes vidéo : la chinoise Xiaohongshu, Lemon8, une autre filiale de ByteDance, et l'application américaine Clapper. TikTok figurait lui-même dans le top 10.


«Tout est sur la table »: le Canada se prépare à répondre aux menaces économiques de Trump

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis
  • Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade

OTTAWA: Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis, tout en gardant l'espoir d'éviter une guerre commerciale.

Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade.

"Si l'administration américaine choisit de mettre en œuvre son augmentation des droits de douane, nous réagirons de manière ciblée, énergique et résolue", a expliqué Justin Trudeau.

"Tout est sur la table", a-t-il ajouté.

Selon une source gouvernementale à l'AFP, Ottawa réfléchit notamment à imposer des droits de douane plus élevés sur certains produits en acier, sur les céramiques telles que des toilettes et des éviers, de la verrerie et du jus d'orange de Floride.

Les dirigeants des provinces et de l'opposition ont également évoqué la possibilité de bloquer les exportations de pétrole, d'électricité et de minéraux critiques du Canada.

Mais la Première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, s'est désolidarisée de ses collègues sur ce point, refusant mercredi de signer le communiqué final de la réunion. Elle s'oppose à toute perturbation en matière d'exportations pétrolières: plus de trois millions de barils de pétrole sont expédiés quotidiennement depuis sa province vers les États-Unis.

"L'Alberta n'acceptera tout simplement pas de droits de douane sur l'exportation de notre énergie ou d'autres produits, et nous ne soutenons pas non plus une interdiction des exportations de ces mêmes produits", a-t-elle posté sur X.

A l'inverse, son homologue de l'Ontario, moteur économique du pays, préconise une réponse forte. "Je suis désolé mais lorsque quelqu'un attaque votre pays et tente de priver des gens de leurs moyens de subsistance, il faut se battre comme on ne l'a jamais fait auparavant", a déclaré Doug Ford.

Ce dernier a expliqué que 500.000 emplois seraient en danger dans sa province si Donald Trump augmentait les droits de douane à 25%.

Cette mesure serait catastrophique pour le Canada selon les experts. Les Etats-Unis en sont en effet le premier partenaire commercial et la destination de 75% de ses exportations. Près de 2 millions de personnes au Canada en dépendent, sur une population de 41 millions d'habitants.


Le secrétaire d'État désigné par Trump appelle à une « diplomatie audacieuse » pour mettre fin à la guerre en Ukraine

Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
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  • L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».
  • « La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

WASHINGTON : Marco Rubio, désigné secrétaire d'État par Donald Trump, a appelé mercredi à une « diplomatie audacieuse » des États-Unis pour mettre un terme à la guerre menée en Ukraine par la Russie.

« Cette guerre doit cesser, et cela devrait être la politique officielle des États-Unis que nous voulons qu'elle cesse », a déclaré le probable futur chef de la diplomatie américaine lors de son audition de confirmation au Sénat.

L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».

« La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

Mais « il est également irréaliste de croire qu'une nation de la taille de l'Ukraine, aussi compétente soit-elle (...), puisse repousser ces gens jusqu'à l'endroit où ils se trouvaient la veille de l'invasion » en 2022, a ajouté Marco Rubio.

Le 20 janvier, dès son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a promis de résoudre le conflit en « 24 heures », ce qui fait craindre à l'Ukraine d'être forcée à faire des concessions majeures en échange de la paix. Or, Moscou a gagné du terrain ces derniers mois, tandis que l'armée ukrainienne, épuisée, manque de moyens.

Mercredi, Marco Rubio a également affirmé que « le rôle des États-Unis et de l'OTAN au XXI^e siècle » devait être remis en question.

Tout en reconnaissant l'importance de l'Alliance atlantique pendant la Guerre froide, le sénateur a affirmé qu'il était important pour les États-Unis d'avoir « non seulement des alliés de défense », mais aussi « des alliés de défense compétents, capables de défendre leur région ».

Début janvier, Donald Trump avait déclaré que les pays de l'Otan devaient accroître leur budget de défense pour le porter à 5 % de leur PIB.

Le président élu ne cache pas son mépris pour l'Alliance atlantique, pilier de la sécurité en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Il avait notamment semé la panique durant la campagne électorale en menaçant de ne plus garantir la protection des pays de l'Otan face à la Russie tant que ceux-ci ne consacreraient pas un budget suffisant à leur défense.