DUBAÏ: La préservation du patrimoine culturel immatériel de la communauté yézidie irakienne est au centre d’une nouvelle série de vidéos «révolutionnaires» créées par Yazda. L’organisation, dirigée par la communauté, œuvre à l’autonomisation des survivants du génocide en Irak, au Kurdistan irakien et en Syrie. Elle a tourné quarante-cinq vidéos qui ont pour objectif de mettre en valeur le patrimoine yézidi. Pratiques, expressions, recettes, chansons: cette collection couvre de nombreux champs et espère provoquer une prise de conscience mondiale sur le sort des Yézidis. En effet, des milliers de personnes sont toujours portées disparues après la campagne génocidaire de Daech dirigée contre cette minorité ethnique et religieuse.
Deux ans de préparation ont été nécessaires pour faire naître cette série. Elle est l’œuvre de cinéastes yézidis formés et soutenus par l’Antiquities Coalition, une association basée aux États-Unis. Financée par une subvention de l’Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid), la collection couvre divers aspects de la communauté yézidie en Irak.
«Les chansons, les histoires et les danses font partie intégrante de la culture yézidie», explique Elise Jensen, directrice de mission de l’Usaid en Irak. «Immortaliser ces pratiques sur vidéo donne au monde un aperçu de ce patrimoine culturel unique et intangible.»
«Il s’agit d’un projet révolutionnaire, une base de données unique de vidéos qui saisit le patrimoine de la communauté yézidie», ajoute Peter Herdrich, cofondateur de l’Antiquities Coalition. «La documentation de la culture yézidie nous permet de la préserver numériquement pour les générations futures.»
Cette initiative intervient après le lancement l’année dernière des Archives culturelles yézidies, qui consistent en quatre expositions en ligne conçues pour servir de référentiel numérique permanent de la culture yézidie. Les expositions ont été créées par seize femmes qui ont survécu à la campagne génocidaire de Daech contre les Yézidis. Parmi elles figure Malaeen Luqman Khalaf, qui avait 14 ans lorsque Daech a envahi Sinjar, la réduisant, ainsi que des milliers d’autres femmes yézidies, en esclavage.
Dix vidéos sont sorties plus tôt au cours de ce mois, dont Salfa Streeko, un conte folklorique yézidi, et Bayta Dne, un hymne religieux. Toutes seront disponibles sur le site Internet et la chaîne YouTube de Yazda, avec deux nouvelles vidéos de la collection qui seront publiées chaque semaine.
«Je me souviens encore très bien des soirées passées chez ma grand-mère à écouter ses histoires captivantes», confie Ismaïl Issa, responsable du projet de préservation de la culture de Yazda. «Bien que j’aie du mal à me souvenir de tous les détails, la préservation de ce précieux trésor folklorique est un service communautaire inestimable.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com