Maroc: Le rôle crucial des drones dans la gestion des feux de forêt à Tanger

Les drones permettent de lutter contre les feux de forêt à Tanger (Photo d'illustration, Flickr).
Les drones permettent de lutter contre les feux de forêt à Tanger (Photo d'illustration, Flickr).
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Publié le Jeudi 20 juillet 2023

Maroc: Le rôle crucial des drones dans la gestion des feux de forêt à Tanger

  • Les drones survolant la région de Tanger sont dotés de caméras thermiques et capables de voler à des altitudes de 3 000 mètres
  • Avec la hausse des températures estivales, Tanger, comme le reste du royaume, a vu une augmentation des départs de feu dans ses riches étendues forestières

CASABLANCA: Dans la lutte contre les feux de forêt à Tanger, une nouvelle génération d’outils technologiques a fait son apparition : les drones. Ces agents aériens silencieux sont devenus des gardiens vigilants des forêts marocaines, œuvrant en permanence à réduire l'impact dévastateur des incendies.

Avec la hausse des températures estivales, Tanger, comme le reste du royaume, a vu une augmentation des départs de feu dans ses riches étendues forestières. En réponse, l'Agence nationale des eaux et forêts a déployé depuis le début de l’été des drones pour surveiller et gérer ces incendies, une décision qui démontre une volonté croissante d'innovation en matière de préservation environnementale.

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Les drones permettent de lutter contre les feux de forêt à Tanger (Photo d'illustration, Map).

Tanger, charmante ville portuaire qui sert de frontière entre la Méditerranée et l'océan Atlantique, est particulièrement exposée aux flammes en tant que foyer riche en biodiversité, abritant une gamme diversifiée de flore et de faune. Plus largement, le Maroc compte des espaces à risque s'étendant sur une superficie de 9 millions d'hectares, où les écosystèmes forestiers jouent un rôle primordial dans la préservation de l'environnement. Or la menace des incendies de forêts pèse lourdement sur cet héritage biologique, fragilisé par les changements environnementaux et climatiques. 

Pour les prévenir, l'effort de sensibilisation est au cœur de la lutte contre les incendies de forêt au Maroc, orchestrée par l'Agence nationale des eaux et forêts. Historiquement, la préoccupation majeure de la gestion des incendies de forêts a mené à l'élaboration du Plan Directeur de Lutte contre les Incendies de Forêts (PDCI) en 2001, un pilier incontournable dans la préservation des espaces verts marocains.

Ce plan pionnier a été co-construit avec divers départements concernés par la gestion des incendies de forêt, consacrant une approche multi-acteurs en vue d'optimiser la protection du patrimoine forestier. Il a instauré des mesures notables visant non seulement à encadrer et équiper le domaine forestier, mais aussi à sensibiliser le grand public aux risques et conséquences des feux de forêt.

EN CHIFFRES

Au Maroc, la menace d'incendies de forêt est un défi persistant pour la protection des précieuses ressources forestières du pays. En moyenne, 295 feux ravagent chaque année environ 2980 hectares de forêt, un chiffre issu de statistiques compilées entre 1960 et 2019, période durant laquelle 17,711 incendies ont été enregistrés, endommageant une superficie totale de près de 178,773 hectares. Des pics ont été observés en 1983 et 2004, avec respectivement 11,000 et 8,660 hectares brûlés.

Bien que ces chiffres soient impressionnants, il est important de noter qu'ils représentent des superficies parcourues par le feu, sans signifier nécessairement que ces zones sont totalement et définitivement détruites. De plus, bien que la surface totale brûlée ne représente qu'environ 0,04% de la surface forestière totale du pays, l'impact de ces incendies est considérable, compte tenu de la variabilité du taux de boisement, de l'aridité du climat, des défis posés par le changement climatique et de la difficulté de reconstitution des espaces dégradés.

Au niveau régional, Tanger-Tétouan-Al Hoceima est la zone la plus touchée, enregistrant chaque année près de 170 incendies et 1,600 hectares endommagés. Plusieurs autres provinces subissent également une forte pression de mise à feu.

Survoler, détecter et préserver 

Les drones survolant la région de Tanger sont dotés de caméras thermiques et capables de voler à des altitudes de 3 000 mètres pendant plus de 30 minutes, sont bien plus que de simples gadgets. Ils servent d'yeux dans le ciel, détectant les foyers d'incendie et les zones affectées pour cibler précisément les interventions. Ils fournissent également des informations vitales sur la direction du vent, ce qui permet d'ajuster la riposte en fonction de la nature du feu.

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Les drones permettent de lutter contre les feux de forêt à Tanger (Photo d'illustration, Map).

Mais le travail des drones ne s'arrête pas là. Les cartes de risques dynamiques d'éclosion de feux, basées sur les prévisions météorologiques nationales, sont maintenant un outil précieux pour prévenir et combattre les incendies de forêt. Ces cartes de risque fournissent des informations en temps réel sur les zones potentiellement vulnérables, aidant les autorités à se préparer et à réagir rapidement.

L'incendie dans la forêt de Hrarech, bien qu'important, a été contenu cet été et sa propagation aux autres bois de la région de Sania a été évitée grâce à une intervention coordonnée par terre et dans les airs. Une lueur d'espoir dans la lutte contre les incendies de forêt, un signe que, même face aux risques croissants d’incendies en raison du réchauffement climatique, l'innovation et l'ingéniosité humaine peuvent aider à protéger nos écosystèmes.


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.