DUBAI : L’ancienne broderie du tatreez nous rappelle souvent les vêtements décoratifs et les motifs élégants qui ornent des articles comme les coussins. Cependant, pour 81 Designs - une entreprise sociale familiale - le tatreez est une opportunité pour assurer un avenir plus confortable et plus prospère à la communauté des Palestiniennes réfugiées au sud du Liban.
Nadine Maalouf, avec sa mère Nesrine El-Tibi, assure un salaire mensuel à une équipe d'artistes réfugiées : elle leur procure du travail et vend leurs créations dans des foires à travers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (MENA).
« Le travail est plein de détails et loin d'être conventionnel, c'est pourquoi il prend énormément de temps », déclare Mme Maalouf. « L'exécution de certaines pièces peut prendre quatre mois. Nous réalisons les pièces pendant toute l’année pour les exposer à la foire car chaque projet prend environ six mois, de son lancement à sa livraison ».
En créant leur entreprise en 2015 pour la lancer deux ans plus tard lors de la foire annuelle Art Dubaï, qui se tient aux EAU, Mme Maalouf et Mme El-Tibi ont souhaité rétablir le tatreez en tant qu'art tout en apportant un impact humanitaire positif.
Trois années plus tard, la compagnie crée des pièces uniques qui ont préservé et modernisé l'art ancien du tatreez et emploie 20 artistes palestiniennes réfugiées.
Mme Maalouf a eu l'idée de lancer 81 Designs à la naissance de son fils aîné. Elle a fait des études dans la direction artistique et l'histoire de l'art et a occupé divers emplois après avoir obtenu son diplôme. Mais aucun de ces emplois n'intégrait les éléments artistiques qu'elle aimait.
Des artistes palestiniennes employées par 81 Designs pour créer des pièces qui préservent et modernisent le tatreez.
« J'ai eu cette idée en faisant beaucoup de recherches sur les textiles traditionnels et l'art », dit-elle. Je me demandais sans cesse : « Pourquoi n'y a-t-il qu'une forme unidimensionnelle de tatreez » ?
« C'est une forme d'art. Ainsi, je souhaitais trouver un moyen de recréer ou de donner une plate-forme plus solide à ces dames afin qu'elles puissent conserver leur activité à titre individuel ».
En raison de la pandémie de Covid-19, les entreprises du Moyen-Orient ont été durement affectées et un grand nombre de personnes ont subi des problèmes économiques et sociaux. Toutefois, 81 Designs a eu la possibilité de collaborer, dans le cadre d'une association à but non lucratif, avec les services de santé d'Abu Dhabi sur le projet « I Am Committed » (Je m’engage), qui vise à faire face au coronavirus.
« Nous avons créé des bracelets qui sont offerts aux gens dans tous les centres de dépistage des Émirats arabes unis et ils ont été sponsorisés par différentes entreprises de la communauté », précise Mme Maalouf. « Les bracelets incitaient les gens à se faire tester ».
Selon Mme Maalouf, on pourrait créer davantage d'entreprises sociales comme 81 Designs pour améliorer les conditions de vie des gens. « Lorsque vous créez une entreprise sociale qui fait appel aux compétences des personnes et leur fournit un emploi, je pense que vous inspirez les autres à suivre cet exemple », dit-elle.
« On voit de nombreuses entreprises sociales émerger de la région. Elles ont un impact important puisqu'elles génèrent des opportunités pour ceux qui sont moins chanceux, mais néanmoins extraordinaires ».
Cependant, 81 Designs n'a pas toujours connu le succès. Plusieurs ONG ont été contactées au Liban en vue d’obtenir un financement de départ, mais certaines d'entre elles ont trouvé que le concept était trop abstrait et qu'il ne fonctionnerait pas, tandis que d'autres ne parvenaient pas à imaginer le produit final. Cependant, rien de tout cela n'a entravé le succès de Mme Maalouf.
« Lorsque vous vous établissez en tant qu'entreprise, vous rencontrez des difficultés et il vous suffit de maintenir le cap. Il faut croire en soi. Ayez la conviction que ce que vous créez peut avoir un impact positif sur les autres ».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.