Face à la désertification médicale, l'Assurance maladie joue la carte tarifaire

Les médecins généralistes Pierre Le Tinnier (G), 70 ans, et Yves Carcaillet (D), 74 ans, médecins retraités qui ont repris le travail, discutent entre deux consultations dans leur cabinet à Albi, dans le sud-ouest de la France, le 15 juin 2023. (Photo, AFP)
Les médecins généralistes Pierre Le Tinnier (G), 70 ans, et Yves Carcaillet (D), 74 ans, médecins retraités qui ont repris le travail, discutent entre deux consultations dans leur cabinet à Albi, dans le sud-ouest de la France, le 15 juin 2023. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mardi 18 juillet 2023

Face à la désertification médicale, l'Assurance maladie joue la carte tarifaire

  • Les grands absents dans ce tableau restent pour l'instant les médecins
  • La semaine dernière, le directeur général de l'Assurance maladie Thomas Fatôme s'est montré encourageant sur un retour à des négociations avec les syndicats de médecins

PARIS: Kinés, sage-femmes, infirmières, en attendant peut-être les médecins : l'Assurance maladie utilise ses négociations tarifaires avec les soignants libéraux pour tenter de contrer l'extension des déserts médicaux.

L'accord tarifaire anti-inflation (+3%) signé la semaine dernière avec les masseurs-kinésithérapeutes prévoit aussi de freiner l'installation de masseurs kinésithérapeutes en zone déjà bien dotée.

La règle "un départ pour une installation" concernera désormais une partie plus grande du territoire national, représentant 30% de la population française, contre 12,5% auparavant.

A l'inverse, les aides à l'installation et au maintien en zones sous-denses sont élargies, et concerneront désormais 15% de la population.

La semaine dernière également, l'Assurance maladie a scellé un accord tarifaire avec les deux syndicats de sage-femmes, qui va permettre aux sage-femmes libérales de venir au secours des hôpitaux et de leurs services débordés plus facilement.

Une aide annuelle pouvant aller jusqu'à 2 000 euros a été décidée pour les sage-femmes exerçant une partie de leur activité en établissement de santé.

Lorsque ces professionnelles recevront une patiente à la demande du service d'accès aux soins (le nouveau "15", qui se met actuellement en place), la consultation sera majorée de 15 euros, sur le modèle de ce qui est proposé aux médecins.

S'agissant des infirmiers, l'Assurance maladie a signé le 16 juin un accord avec deux syndicats d'infirmiers libéraux, qui généralise le bilan de soin infirmiers (BSI) aux patients de moins de 85 ans.

L'extension de ce forfait "reconnait le rôle essentiel des infirmiers libéraux dans la prise en charge des patients dépendants à domicile", a souligné l'Assurance maladie.

L'accord crée aussi une aide de 15 000 euros pour les infirmiers qui décident de refaire deux années d'études supplémentaires pour devenir infirmiers en pratique avancée, et pouvoir pratiquer de nouveaux actes de soin.

Négocier avec les médecins

Les grands absents dans ce tableau restent pour l'instant les médecins.

Au printemps dernier, lors des négociations conventionnelles visant à redéfinir les tarifs de consultation pour cinq ans, l'Assurance maladie avait bien proposé une revalorisation de la consultation -30 euros, contre 25 aujourd'hui- pour les médecins qui accepteraient certains engagements pour être plus présents face à leurs patients : embaucher une assistante médicale, accepter plus de patients, faire des gardes de nuit, exercer dans un désert médical, travailler le samedi matin etc.

Mais le refus de cette proposition par tous les syndicats de médecins a conduit l'Assurance maladie à remiser son paquet à 1,5 milliard d'euros. Et c'est un texte arbitral moins ambitieux qui va s'appliquer à partir du 1er septembre: exit les engagements pour augmenter le temps médical, et la consultation de base sera revalorisée à seulement 26,5 euros pour tous.

Mais l'Assurance maladie ne désespère pas de revenir à la charge.

La semaine dernière, le directeur général de l'Assurance maladie Thomas Fatôme s'est montré encourageant sur un retour à des négociations avec les syndicats de médecins.

"Nous avons sans doute mal estimé le malaise de la profession", a-t-il déclaré dans une interview aux Echos. "Je souhaite qu'on se remette autour de la table (...) Nous n'allons pas reproduire les propositions qui ont été faites en début d'année".

L'exemple des kinés donne peut-être de l'espoir à l'Assurance maladie.

En décembre 2022, seul le principal syndicat FFMKR (Fédération française des masseurs kinesithérapeutes) avait signé une première version, ce qui avait empêché son application automatique.

Mais la semaine dernière, le petit syndicat Alize s'est finalement joint à la FFMKR, après la proposition par l'Assurance maladie d'une petite rallonge financière, et de quelques aménagements du texte de décembre.

Sans accord, la probabilité était "immense que la profession se retrouve sans revalorisation et sans évolution pendant une longue période, probablement jusqu'en 2027", a justifié Alizé. Or "les conditions économiques se dégradent" et "Bercy essore le budget de nombreux ministères avec la fin du 'quoi qu'il en coûte'", expliquait-il.


1er-Mai: des milliers de personnes défilent pour les salaires ou pour la paix

Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT  (Photo, AFP).
Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT (Photo, AFP).
Short Url
  • Marseille, Lyon, Rennes ou Toulouse, les premiers cortèges, avec souvent des drapeaux palestiniens en plus de ceux des syndicats, se sont élancés dès la matinée
  • A l'approche des élections européennes du 9 juin, plusieurs responsables politiques étaient de la partie

PARIS: "La colère sociale, elle est bel et bien présente": des milliers de personnes manifestent en France mercredi à l'occasion du 1er-Mai, avec des revendications diverses portées par les syndicats pour les salaires, la paix, Gaza ou encore une Europe "plus protectrice".

Marseille, Lyon, Rennes ou Toulouse, les premiers cortèges, avec souvent des drapeaux palestiniens en plus de ceux des syndicats, se sont élancés dès la matinée.

A l'approche des élections européennes du 9 juin, plusieurs responsables politiques étaient de la partie comme Fabien Roussel (PCF) à Lille ou Manon Aubry (LFI) à Lyon. A Saint-Etienne, la tête de liste du PS et de Place publique Raphaël Glucksmann a été empêché de rejoindre le cortège après des jets de peinture et des invectives de quelques dizaines de militants. Une éviction que le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a dit désapprouver "totalement".

Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT, sous un ciel gris, derrière une banderole proclamant: "Mobilisés pour la paix et le progrès social".

A Rennes, la manifestation a attiré 1.400 manifestants, selon la préfecture, tandis qu'à Nantes, ils étaient entre 4.000 et 5.000, a constaté un journaliste de l'AFP. Vers midi, de premières dégradations avaient lieu.

A Lyon aussi, entre 6.500 (préfecture) et 13.000 (CGT) ont défilé. Au moins 17  personnes ont été interpellées après des dégradations et des tensions avec les forces de l'ordre.

A Toulouse, ils étaient 3.000, selon la préfecture, 8.000, selon les organisateurs. Le défilé, sous la pluie, s'est tenu au milieu de drapeaux syndicaux, mais aussi palestiniens. "Stop à la guerre, augmentez les salaires" ou "contre la précarité", pouvait-on lire sur des pancartes.

A Paris, la manifestation doit s'élancer à 14H00 de la place de la République vers la place de la Nation. Dans une unité assez large, puisque la CFDT et l'Unsa en seront avec la CGT, FSU et Solidaires.

Avant le départ du cortège parisien, la numéro un de la CGT Sophie Binet a notamment mis en avant "le refus des politiques de casse sociale" et la défense des libertés, y compris syndicales.

La CGT, FSU et Solidaires, ainsi que des organisations de jeunesse dont l'Unef, la Fage ou le MNL (Mouvement national lycéen), ont lancé un appel commun notamment "contre l'austérité", pour l'emploi et les salaires ou encore la paix.

Le premier syndicat français, la CFDT, a de son côté appelé à "rejoindre les cortèges organisés partout en France, pour revendiquer une Europe plus ambitieuse et plus protectrice pour les travailleurs et les travailleuses". Sa numéro un Marylise Léon devait se rendre à Nancy, où elle participera à un débat sur les enjeux des élections européennes.

«plus compliqué»

Son homologue de FO, Frédéric Souillot, était à Montauban, en Occitanie, et dans la capitale les militants devaient manifester séparément depuis la place d'Italie à midi.

L'an dernier, les huit principaux syndicats français (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites.

"Là évidemment, c'est plus compliqué", a reconnu sur BFMTV Benoit Teste (FSU), tout en soulignant comme Marylise Léon, plus tôt sur France Inter, que les appels sont signés "assez largement" localement, notamment à Paris.

Dans ce contexte, au niveau national, "120.000 à 150.000" manifestants sont attendus, selon une note des services de renseignement territoriaux, consultée par l'AFP.

C'est nettement moins que l'an dernier où la mobilisation avait rassemblé près de 800.000 manifestants, selon les autorités, et 2,3 millions, selon la CGT, bien au delà d'un 1er mai classique. A titre de comparaison en 2022, la police avait dénombré quelque 116.000 manifestants (dans la fourchette ordinaire se situant entre 100.000 et 160.000) et la CGT 210.000.

Selon les remontées de la CGT, la mobilisation est "un petit peu plus élevée que le 1er mai 2022. (...) La colère sociale, elle est bel et bien présente", a affirmé Sophie Binet.

A Paris entre 15.000 et 30.000 personnes sont attendues par les autorités, dont 400 à 800 manifestants radicaux.

Mais les autorités s'attendent globalement à des manifestations "plus apaisées" que l'an dernier. De source policière, 12.000 policiers et gendarmes seront mobilisés dont 5.000 à Paris.


Visite du chef de la diplomatie française au Caire mercredi

Short Url
  • Stéphane Séjourné, qui s'est rendu ces derniers jours au Liban, en Arabie Saoudite et en Israël, rencontrera son homologue Sameh Choukri à la mi-journée
  • La France presse depuis des mois Israël de cesser son offensive durablement pour permettre la libération des otages et à l'aide humanitaire d'affluer

 

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères a décidé de prolonger sa tournée au Moyen-Orient par une visite au Caire mercredi "dans le cadre des efforts de l'Egypte pour obtenir la libération des otages et une trêve à Gaza", a indiqué son entourage à l'AFP.

Stéphane Séjourné, qui s'est rendu ces derniers jours au Liban, en Arabie Saoudite et en Israël, rencontrera son homologue Sameh Choukri à la mi-journée pour porter "le sujet des trois otages français et la coopération humanitaire".

Cette visite intervient alors qu'une médiation qatarie, égyptienne et américaine de longue haleine a fait naître un espoir de trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, associée à la libération d'otages, après près de sept mois de combats et de bombardements quasi quotidiens dans la bande de Gaza.

La France presse depuis des mois Israël de cesser son offensive durablement pour permettre la libération des otages et à l'aide humanitaire d'affluer alors que la population manque de tout.

Israël a donné "jusqu'à mercredi soir" au Hamas pour répondre à son offre de trêve discutée au Caire.

L'Egypte avait affirmé lundi avoir "bon espoir" concernant une trêve. Mais Zaher Jabareen, un des négociateurs du Hamas, a déclaré à l'AFP qu'il était "trop tôt pour parler d'une atmosphère positive dans les négociations".

Quelque 250 personnes ont été enlevées par le mouvement palestinien le 7 octobre lors de son attaque sans précédent dans le sud d'Israël et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes, selon des responsables israéliens.

L'attaque menée depuis Gaza en Israël le 7 octobre a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. L'opération militaire menée en représailles par Israël dans la bande de Gaza a fait 34.535 morts, majoritairement des civils, d'après le Hamas.


Ecrans: Macron donne un mois au gouvernement pour dégager des mesures

Cette photographie d'illustration prise le 14 février 2024 montre un enfant regardant un écran à Paris. (AFP)
Cette photographie d'illustration prise le 14 février 2024 montre un enfant regardant un écran à Paris. (AFP)
Short Url
  • «Déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe» : c’est l'objet du rapport
  • La commission préconise d'interdire l'usage des écrans et des téléphones portables aux plus jeunes et d'en limiter drastiquement l'accès pour les adolescents

PARIS: Le gouvernement a un mois pour dégager des mesures à partir du rapport remis par une commission mandatée pour plancher sur l'usage des écrans et des téléphones portables chez les enfants et adolescents, a annoncé mercredi Emmanuel Macron.

"Déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe : c’est l'objet du rapport qui m'a été remis par la commission d'experts sur l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans que j’avais lancée. J’ai donné un mois au gouvernement pour examiner ses recommandations et les traduire en actions", a écrit sur X le chef de l'Etat.

Dans ce rapport d'une centaine de pages, la commission préconise d'interdire l'usage des écrans et des téléphones portables aux plus jeunes et d'en limiter drastiquement l'accès pour les adolescents. Elle alerte en particulier sur "les effets négatifs, directs et indirects, des écrans", notamment sur le sommeil, la sédentarité ou encore la myopie.

Les dix experts dépeignent également les réseaux sociaux comme "facteurs de risque" de dépression ou d'anxiété en cas de "vulnérabilité préexistante", et jugent "alarmant" le niveau d'exposition des enfants à des contenus violents. Ils proposent donc par exemple de pouvoir donner un smartphone sans accès aux réseaux sociaux à partir de 13 ans seulement, puis d'ouvrir cet accès à partir de 15 ans, uniquement sur des réseaux "éthiques".