Erdogan entend resserrer les liens économiques avec les pays du Golfe

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, rencontre le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à Djeddah, en Arabie saoudite, le 17 juillet 2023 (Photo, SPA).
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, rencontre le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à Djeddah, en Arabie saoudite, le 17 juillet 2023 (Photo, SPA).
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Publié le Mardi 18 juillet 2023

Erdogan entend resserrer les liens économiques avec les pays du Golfe

  • Des experts soulignent l'importance des questions économiques dans la nouvelle approche de la politique étrangère d'Ankara
  • Erdogan a donné la priorité à la consolidation des liens de la Turquie avec ses voisins régionaux afin d'obtenir un soutien économique avant les élections cruciales de mai

ANKARA: Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, entame une tournée de trois jours dans le Golfe: en Arabie saoudite puis au Qatar et aux Émirats arabes unis.

Accompagné de plusieurs ministres et hommes d'affaires, Erdogan souhaite renforcer les liens avec la région et traiter des questions internationales et régionales d'intérêt commun, notamment la Syrie, la Libye, la Palestine et l'Irak.

«Les préoccupations économiques seront la principale priorité de la visite d'Erdogan dans le Golfe», a déclaré Robert Mogielnicki, chercheur non résident à l'Institut des États arabes du Golfe à Washington, soulignant l'importance d'attirer les investissements étrangers et les partenariats stratégiques.

M. Mogielnicki reconnaît que le renforcement des liens économiques et commerciaux sera un processus progressif dont le retour sur investissement est incertain, malgré les annonces d'investissement ou les protocoles d'accord qui pourraient résulter de la visite d'Erdogan.

Le président Erdogan a rencontré lundi soir le prince héritier Mohammed ben Salmane d'Arabie saoudite.

En outre, trois forums économiques se tiendront à Djeddah, à Doha et à Abu Dhabi.

La visite devrait déboucher sur plusieurs accords bilatéraux dans divers secteurs dont l'énergie, les produits pharmaceutiques, la technologie, l'alimentation, la logistique, l'agriculture et la pétrochimie.

Cette visite est étroitement liée au besoin urgent de la Turquie, qui traverse une période de turbulences économiques, d'attirer des investissements directs étrangers et d'augmenter ses réserves de devises internationales.

Erdogan s'est tourné vers les investisseurs du Golfe à la recherche de ressources extérieures avant le mois de novembre, alors que le pays doit rembourser plusieurs dettes.

Aylin Unver Noi, professeure à l'université Halic d'Istanbul, a noté que divers facteurs, tels que les accords d'Abraham, le changement d'administration américaine, l'accord d'AlUla de 2021, l'impact économique de la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et les séismes dans le sud-est de la Turquie, ont contribué à la normalisation des relations entre les acteurs régionaux.

Mme Unver Noi a souligné l'importance des questions économiques dans la nouvelle approche de la politique étrangère de la Turquie et des pays du Golfe.

«La recherche de partenariats économiques joue un rôle déterminant dans cette nouvelle approche de la politique étrangère», a-t-elle indiqué à Arab News.

«Le mois dernier, Aramco a rencontré 80 entrepreneurs turcs pour discuter de projets potentiels d'une valeur de 50 milliards de dollars en Arabie saoudite», a-t-elle ajouté.

Le ministre turc du Trésor et des Finances, Mehmet Simsek, s'est récemment rendu en Arabie saoudite, accompagné de la nouvelle gouverneure de la Banque centrale turque, Hafize Gaye Erkan.

Les entreprises turques ont signé plusieurs accords avec leurs homologues saoudiens dans les domaines du conseil en ingénierie, de la construction et du développement immobilier, ce qui témoigne d'un renforcement de la collaboration. 

Coopération avec Riyad

Avant le voyage d'Erdogan, le vice-président Cevdet Yilmaz, chargé de préparer le plan économique à moyen terme du pays, a déclaré dimanche qu'il prévoyait une augmentation de l’entrée de capitaux en Turquie après cette visite. 

Lors du forum d'affaires turco-saoudien qui s'est tenu à Istanbul le 12 juillet, les opportunités d'investissements turco-saoudiens, en particulier dans des domaines tels que le développement urbain, les villes intelligentes et l'immobilier, ont été discutées.

Le ministre saoudien des Affaires municipales et rurales et du Logement, Majed al-Hogail, a invité les entreprises turques à investir dans le secteur immobilier du Royaume et à participer à l'exposition immobilière Cityscape Global à Riyad en septembre.

Le commerce bilatéral entre la Turquie et l'Arabie saoudite s'est élevé à 6,5 milliards de dollars américains (1 dollar = 0,89) l'année dernière et a atteint 3,4 milliards de dollars au cours du premier semestre de cette année.

L'objectif du commerce bilatéral à court terme est de 10 milliards de dollars, avec un objectif à long terme de 30 milliards de dollars. Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, a répondu à la précédente visite d'Erdogan en Arabie saoudite par une visite dans la capitale turque, Ankara.

De retour en Turquie après le sommet annuel de l'OTAN dans la capitale lituanienne, Erdogan a répété la semaine dernière qu'il espérait renforcer les liens de son pays avec l'Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis lors de sa visite dans la région.

«Au cours de notre visite, nous aurons l'occasion d'assurer un suivi direct du soutien que ces pays apporteront à la Turquie», a-t-il déclaré jeudi.

«Lors de mes précédents contacts, ils ont déjà exprimé leur volonté d'investir sérieusement en Turquie», a-t-il ajouté.

Pour Hakan Akbas, de la société de conseil d’investissement Albright Stonebridge Group, en Turquie, Erdogan a récemment donné la priorité à la reconstruction de relations positives avec les voisins régionaux de la Turquie afin d'attirer le soutien économique indispensable à l'économie turque à l'approche de deux élections cruciales qui se tiendront en mai.

«Au cours des deux dernières années, la Turquie a normalisé ses relations avec les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite et a ardemment courtisé les investissements du Golfe pour soutenir son économie en difficulté», a-t-il déclaré à Arab News.

Ankara «a également cherché à améliorer ses relations avec Israël – avec la visite prochaine du Premier ministre Benjamin Netanyahou à Ankara – et avec l'Égypte – en rétablissant les liens par la nomination d'ambassadeurs – bien que la prudence reste de mise dans les deux pays», a-t-il ajouté.

Selon M. Akbas, l'Arabie saoudite, dans le cadre de sa stratégie Vision 2030, poursuit une «diplomatie du carnet de chèques» avec Ankara qui comprendra davantage de lignes de swap avec la Banque centrale turque, l'investissement dans des actifs appartenant à l'État dans le cadre du Fonds de patrimoine turc, et l'investissement dans des entreprises exportatrices cotées en bourse dont les prix des actions sont au plus bas et dans des mégaprojets immobiliers tels que le Canal Istanbul.

«La visite d'Erdogan entraînera une augmentation du commerce bilatéral et des flux touristiques saoudiens vers la Turquie. De nouveaux accords seront également conclus pour l'acquisition d'équipements militaires et de défense, car le gouvernement saoudien entend diversifier ses fournisseurs en plus des États-Unis», a déclaré M. Akbas.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Espagne: la maison mère de Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier se lance en Bourse

 Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe. (AFP).
Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe. (AFP).
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  • Cent dix ans après sa création, la maison de beauté catalane va connaître une petite révolution avec cette opération, censée lui donner les moyens de concurrencer les grands noms du secteur
  • C'est "une étape décisive" qui "nous permettra d'être plus compétitifs sur le marché international de la beauté", soulignait dans un récent communiqué le PDG de l'entreprise, Marc Puig

MADRID: Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe.

Cent dix ans après sa création, la maison de beauté catalane va connaître une petite révolution avec cette opération, censée lui donner les moyens de concurrencer les grands noms du secteur comme Estée Lauder, Hermès, Kering et LVMH.

C'est "une étape décisive" qui "nous permettra d'être plus compétitifs sur le marché international de la beauté", soulignait dans un récent communiqué le PDG de l'entreprise, Marc Puig, en assurant viser une "approche de long terme".

Fondé en 1914 à Barcelone par l'entrepreneur Antonio Puig Castellò, le groupe de parfums et cosmétiques espagnol s'est fait une place ces dernières années parmi les géants du luxe et de la mode, en multipliant les acquisitions de marques de prestige.

La maison catalane contrôle ainsi les griffes Paco Rabanne, Nina Ricci, Charlotte Tilbury, Carolina Herrera, Dries Van Noten et Jean Paul Gaultier. Il a également noué des contrats de licence avec Prada, Christian Louboutin et Comme des Garçons.

Contrôle familial

L'introduction en Bourse de Puig se fera vendredi au prix de 24,50 euros par action. Elle est présentée par les analystes comme le plus gros lancement boursier de l'année en Espagne et comme l'un des principaux en Europe.

Le montant fixé pour l'action Puig valorise le groupe barcelonais à près de 14 milliards d'euros. Cela lui permettra d'intégrer directement l'Ibex 35, indice vedette regroupant les 35 plus grosses entreprises espagnoles.

Cette opération d'envergure se déclinera en deux phases: une émission de nouvelles actions, devant rapporter 1,25 milliard d'euros, et la vente de parts détenues par Exea, la holding de la famille Puig, pour près de 1,36 milliard d'euros.

Cette double opération pourrait être complétée par une vente de titres réservée à certains investisseurs pour un total de 390 millions d'euros, selon le groupe. De quoi lever au total quelque 3 milliards d'euros.

Malgré cette opération, la famille Puig assure qu'elle restera l'actionnaire majoritaire de l'entreprise avec 71,7% des parts. Elle conservera, en outre, une très large majorité des droits de vote (92,5%) au sein de son conseil d'administration.

« Muscle financier »

L'introduction en Bourse du groupe catalan avait été officialisée le 8 avril, après avoir été évoquée pour la première fois le 20 octobre par Marc Puig en personne dans un entretien au quotidien économique Financial Times.

Le PDG de 62 ans avait alors estimé qu'elle permettrait d'imposer une "discipline" de marché à l'entreprise et d'éviter les possibles "difficultés" auxquelles les sociétés familiales sont confrontées lors du passage de témoin entre générations.

Il arrive, en effet, "que les entreprises familiales perdent leur position sur le marché. Elles peuvent commencer à mourir lentement et personne au sein de l'entreprise n'en est conscient", avait insisté le petit-fils d'Antonio Puig, à la tête du groupe depuis 2004.

Selon Javier Cabrera, analyste chez XTB, ce lancement boursier devrait permettre à la maison de beauté catalane d'acquérir du "muscle financier", en profitant de la "bonne dynamique boursière du secteur".

De fait, le contexte est actuellement porteur pour le luxe, dont les poids lourds ont enregistré des niveaux de ventes record en 2023, malgré un léger ralentissement après deux années de croissance à deux chiffres.

Puig a, pour sa part, réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 4,3 milliards d'euros et dégagé un bénéfice net de 465 millions d'euros, en hausse de 16% sur un an. Et cette dynamique pourrait s'accélérer.

Les acquisitions réalisées ces dernières années permettent "une forte croissance" et une "diversification des revenus" du groupe, observe Javier Cabrera, qui insiste sur ses bons résultats en Chine, marché devenu incontournable pour le secteur du luxe.


Liban: l'Union européenne annonce une aide d'un milliard d'euros pour soutenir l'économie

Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
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  • Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés
  • Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens

BEYROUTH: La cheffe de la Commission européenne a annoncé jeudi à Beyrouth une aide d'un milliard d'euros pour soutenir la "stabilité socio-économique" du Liban et appelé ce pays à bien coopérer dans la lutte contre l'immigration clandestine.

Les fonds seront "disponibles à partir de cette année jusqu’en 2027. Nous voulons contribuer à la stabilité socio-économique du Liban", a déclaré Ursula von der Leyen, ajoutant "compter sur une bonne coopération" des autorités libanaises dans la lutte contre l'immigration clandestine vers l'Europe.

Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens, soit le plus grand ratio par habitant au monde.

Le petit pays méditerranéen, frontalier de la Syrie, n'a de cesse d'exhorter la communauté internationale de les rapatrier, les armes s'étant tues dans plusieurs régions syriennes.

Les migrants, demandeurs d'asile et réfugiés qui quittent le Liban par bateau à la recherche d'une vie meilleure en Europe se dirigent souvent vers Chypre qui affirme être en première ligne face aux flux migratoires au sein de l'UE.

"La réalité actuelle de cette question est devenue plus grande que la capacité du Liban à la traiter", a déclaré le Premier ministre libanais Najib Mikati, lors d'une conférence de presse en présence de Mme. von der Leyen et du président chypriote Nikos Christodoulides.

Augmentation des ressortissants syriens à Chypre 

"Nous renouvelons notre demande à l'UE, (...) d’aider les personnes déplacées dans leur pays (d'origine et non au Liban), pour les encourager à rentrer volontairement", a-t-il poursuivi.

De son côté, Chypre, qui fait état d'une augmentation des arrivées de ressortissants syriens, estime que la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, qui a déclenché des violences à la frontière israélo-libanaise, a affaibli les efforts de Beyrouth pour empêcher les départs.

De janvier à avril 2024, plus de 40 bateaux transportant environ 2.500 personnes ont accosté à Chypre, a indiqué à l'AFP l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Chypre avait conclu il y a des années avec le Liban un accord pour le retour de migrants en situation irrégulière.

Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés et de la manière de contrôler le flux migratoire vers son pays.


TotalEnergies: le gouvernement remonté contre un possible transfert de sa cotation à New York

Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire (Photo, AFP).
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  • Aujourd'hui, TotalEnergies a déjà des titres inscrits à Londres et à New York, mais de manière secondaire
  • M. Pouyanné avait notamment évoqué la frilosité de l'Europe vis-à-vis de sa stratégie qui consiste à continuer d'investir dans les énergies fossiles

PARIS: Confronté à la réflexion de TotalEnergies quant au transfert de la cotation principale du groupe à New York, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a affirmé jeudi qu'il comptait se battre pour que ce déménagement de la Bourse de Paris "n'ait pas lieu".

 

"Je suis là pour faire en sorte que ça n'ait pas lieu, parce que je pense que c'est une décision qui est grave", a déclaré M. Le Maire sur BFMTV/RMC.

"Est-ce que l'intérêt suprême de la nation est de garder le siège social de Total en France et la cotation principale de Total en France? Oui, et donc je me battrai pour ça", a-t-il ajouté.

"Nous avons besoin de Total", a-t-il souligné, mentionnant le plafonnement à moins de 2 euros du litre du carburant dans ses stations françaises.

L'affaire est partie des déclarations surprises de Patrick Pouyanné à l'agence Bloomberg. Dans un entretien publié le 26 avril, Patrick Pouyanné avait dit réfléchir à une cotation principale à la Bourse de New York. Près de la moitié de l'actionnariat de TotalEnergies est désormais constituée d'actionnaires institutionnels (fonds de pension, gestionnaires d'actifs, assureurs...) nord-américains.

"Ce n'est pas une question d'émotion. C'est une question d'affaires", avait ajouté le dirigeant de l'entreprise, tout en assurant que le siège social de ce fleuron du CAC 40 resterait bien à Paris.

Son argument principal: "une base d'actionnaires américains qui grossit", ce qui amène l'entreprise à s'interroger sur la façon de "donner accès plus facilement aux actions pour les investisseurs américains", a-t-il expliqué aux analystes, le 26 avril.

Appétit américain pour les fossiles 

Las du manque d'appétit des investisseurs européens pour le secteur pétrogazier, alors que le groupe estime investir beaucoup dans les énergies vertes, le PDG chercherait à se rapprocher des investisseurs américains moins contraints par des règles d'investissement durable.

"Les politiques au sens large ESG (environnement, social et de gouvernance, NDLR) en Europe ont plus de poids", a ainsi justifié M. Pouyanné lundi devant des sénateurs français.

Le PDG observe que "la base d'actionnaires européens de TotalEnergies diminue, notamment la base française" qui a reculé de "7% au cours des quatre dernières années, largement à cause des réglementations, de la pression qui est faite sur eux".

En filigrane, le patron pointe du doigt le changement en France du label Investissement socialement responsable (ISR), qui exclut désormais les entreprises exploitant du charbon ou des hydrocarbures non conventionnels, une mesure décidée par Bercy lui-même fin 2023. Ahmed Ben Salem, analyste du groupe financier Oddo BHF, nuance ce point en indiquant que les fonds labellisés ISR représentaient 1,7% de l'actionnariat de TotalEnergies.

Pendant que l'UE muscle sa réglementation pour flécher les investissements vers la transition écologique, aux Etats-Unis la pression de certains Etats, comme le Texas, pour ne pas délaisser les entreprises d'énergies fossiles a poussé de grands gérants d'actifs à abaisser leurs ambitions climatiques.

"Nous observons clairement plus d'appétit pour les actions d'entreprises des secteurs énergétique, pétrole et gaz du côté de l'Amérique du Nord qu'en Europe", a dit M. Pouyanné aux analystes.

Conséquence de ce manque d'appétit: une valorisation moins importante. TotalEnergies avance "exactement les mêmes résultats trimestriels qu'une entreprise comme Chevron". Le groupe énergétique américain est valorisé 300 milliards de dollars en Bourse, contre 175 milliards pour TotalEnergies.

Le mirage d'un marché européen 

La faute au cloisonnement des marchés financiers en Europe, selon M. Le Maire, qui avait dans un premier temps estimé dimanche sur LCI qu'il fallait offrir à TotalEnergies "les moyens de se développer" en accélérant sur l'union des marchés de capitaux (UMC) dans l'UE.

L'UMC permettrait d'augmenter la taille du marché boursier européen pour que les entreprises s'y financent davantage. Ahmed Ben Salem n'est cependant pas convaincu des changements éventuels pour TotalEnergies: "Il faut des acheteurs sur le secteur, pas seulement des liquidités."

La moindre valorisation de TotalEnergies "est aussi subie par les autres majors européennes", explique-t-il à l'AFP, citant l'exemple du britannique Shell qui "est dans la même réflexion" concernant une cotation principale à New York.

Au Sénat, le patron n'a pas exclu de reconsidérer la question si "plus d'actionnaires européens (...) rachètent du TotalEnergies".