ANKARA: Face à la perspective de sanctions à la fois des États-Unis et de l'UE, le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé vendredi que les sanctions économiques seraient néfastes pour toutes les parties et que les différends de la Turquie avec ses alliés ne peuvent être résolus que par le dialogue et la coopération.
Les commentaires d'Erdogan sont intervenus quelques heures après que l'UE a donné son feu vert à l'élargissement des sanctions contre la Turquie en raison à son exploration des réserves de gaz dans les eaux de la Méditerranée orientale revendiquées par la Grèce et Chypre, tous deux membres de l'UE.
S'exprimant à Bruxelles après le sommet de l'UE, le président français Emmanuel Macron, a déclaré que l'Europe «reste effectivement toujours ouverte au dialogue mais n'acceptera jamais une politique déstabilisant ses États membres ainsi que son environnement régional».
La Turquie n'a retiré que récemment son navire d’exploration Oruc Reis au port afin de ne pas trop irriter Bruxelles avant le sommet - une décision qui a été décrite d’une façon sarcastique par le président du Conseil européen Charles Michel comme un «jeu du chat et de la souris».
L’année dernière, l’UE a mis en œuvre un programme de sanctions en vue de mettre fin aux activités d’exploration «illégales» dans la zone économique exclusive de Chypre dans la Méditerranée orientale, y compris le gel des avoirs des personnes et des entreprises concernées.
À ce jour, seuls deux hauts fonctionnaires de la Société pétrolière de l’État turc, ont été inscrits sur la liste des sanctions, malgré l’espoir que d'autres personnes y seront ajoutées.
Dans le passé, certaines sanctions, comme la menace de geler les négociations d'adhésion, n’ont fait qu’inciter Ankara à jouer la carte des réfugiés comme monnaie d'échange tout en menaçant de laisser toutes les portes grandes ouvertes devant les vagues de réfugiés qui n’attendent qu’une pareille occasion pour envahir les pays européens.
Pour Karol Wasilewski, analyste à l'Institut polonais des affaires internationales de Varsovie, la décision de l'UE était complétement attendue.
«D'une part, l'UE devait faire quelque chose puisque sa crédibilité était en jeu, car au cours des derniers mois, la Turquie n'a rien fait afin d’apaiser les décideurs européens. D'autre part, avec l'élection de Joe Biden à la tête de l'administration américaine, il y a une plus grande chance pour une approche transatlantique envers la Turquie qui pourrait être plus efficace », a-t-elle déclaré à Arab News.
En attendant, Washington se prépare à exécuter ses sanctions longtemps spéculées contre la Turquie pour son acquisition l'année dernière du système de défense aérien russe les S-400, a rapporté Reuters.
Selon Max Hoffman, un analyste spécialiste de la Turquie du Centre pour le progrès américain, basé à Washington, il semble à première vue une réaction prévue dans le but de faire comprendre à Ankara que les États-Unis prennent cette question très au sérieux et qu’ils sont prêts à aller encore plus loin.
«Mais Washington préférerait malgré tout qu'Erdogan changera d’avis pour que les deux parties évitent un conflit spirale pour le moment», a-t-il révélé à Arab News.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com