Décès de Milan Kundera, grande voix de la littérature mondiale

Portrait pris le 14 octobre 1973 de l'écrivain français d'origine tchèque Milan Kundera à Prague. (AFP)
Portrait pris le 14 octobre 1973 de l'écrivain français d'origine tchèque Milan Kundera à Prague. (AFP)
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Publié le Mercredi 12 juillet 2023

Décès de Milan Kundera, grande voix de la littérature mondiale

  • L'auteur de "La Plaisanterie" (1965) et "l'Insoutenable légèreté de l'être" (1984) "est décédé dans l’après-midi du mardi 11 juillet 2023", a précisé Gallimard dans un communiqué
  • Peintre sarcastique de la condition humaine, Kundera était l'un des rares auteurs à être entré de son vivant dans les prestigieuses éditions de La Pléiade

PARIS: L'une des plus grandes voix de la littérature mondiale, l'écrivain franco-tchèque Milan Kundera, auteur de "L'Insoutenable Légèreté de l'être", est mort mardi après-midi à l'âge de 94 ans à Paris, où il résidait depuis des décennies.

Le président français Emmanuel Macron a salué sur Twitter un "esprit libre", ainsi que "son ironie et son génie (qui) ont fait de ses œuvres des classiques de notre temps".

"Immense tristesse. Milan Kundera avait choisi la France pour ne jamais cesser d'être libre. (...) Avec lui, une des plus grandes voix de la littérature européenne s'éteint", a réagi la ministre française de la Culture, Rima Abdul Malak, sur le même réseau social.

Il "est décédé dans l'après-midi du mardi 11 juillet 2023", a annoncé mercredi à l'AFP Gallimard, son éditeur français de longue date.

"Malheureusement, je peux vous confirmer que M. Milan Kundera est décédé (...) à la suite d'une longue maladie", a précisé à l'AFP Anna Mrazova, la porte-parole de la Milan Kundera Library, dans sa ville natale de Brno, dans l'actuelle République tchèque.

A Strasbourg où ils étaient réunis, les députés européens ont observé une minute de silence, debout, en hommage à l'écrivain.

Peintre sarcastique de la condition humaine, Kundera était l'un des rares auteurs à être entré de son vivant dans la prestigieuse collection française de La Pléiade. Il a été traduit dans une cinquantaine de langues .

Né tchécoslovaque le 1er avril 1929, déchu de cette nationalité avant de devenir tchèque sur le tard, il était français depuis 1981.

Milan Kundera "a pu atteindre des générations de lecteurs sur tous les continents avec son travail et a acquis une renommée mondiale", a souligné sur Twitter le Premier ministre Petr Fiala.

Ce défenseur de la liberté, qui a démarré sa carrière en exposant les absurdités du régime communiste, était destiné comme ses parents à une carrière de musicien. Et Milan Kundera fut d'abord un écrivain mélomane: ses premiers textes, des poèmes, sont composés comme des sonates.

Les grandes dates de Milan Kundera

Voici les grandes dates de l'écrivain franco-tchèque Milan Kundera, décédé mardi à l'âge de 94 ans :

 

- 1er avril 1929 : naissance à Brno (actuelle République tchèque)

- 1948 : entre au Parti communiste dont il est exclu deux ans plus tard. Réintégré en 1956.

- 1953 : premier recueil de poèmes "L'Homme, un vaste jardin".

- 1967 : parution de "La Plaisanterie".

- 1970 : perd son poste d'enseignant après l'écrasement du Printemps de Prague. Ses livres sont bannis des librairies et des bibliothèques, il est interdit de publication.

- 1975 : exil en France. Naturalisé français en 1981, avec le soutien du président François Mitterrand.

- 1979 : "Le Livre du rire et de l'oubli". Déchu de sa nationalité tchécoslovaque, il n'obtiendra la citoyenneté tchèque qu'en 2019.

- 1984 : "L'Insoutenable légèreté de l'être", succès mondial.

- 1995 : "La Lenteur".

- 2011 : publication de son œuvre (en deux volumes) dans la prestigieuse collection de la Pléiade.

- 11 juillet 2023 : décède à Paris.

Silence médiatique 

Dans les années 60, il publie deux romans, "La Plaisanterie", salué notamment par le poète français Louis Aragon, et "Risibles amours", des textes dressant un bilan amer des illusions politiques de la génération du coup de Prague qui, en 1948, permit l'arrivée au pouvoir des communistes.

Mis à l'index dans son pays après le Printemps de Prague, Kundera s'exile en 1975 en France avec son épouse Vera, présentatrice vedette de la télévision tchèque.

Naturalisé, il choisira dès lors le français, qu'il maîtrisait parfaitement, comme langue d'écriture. Il marquait sa rupture avec un pays natal qui le déchoit de sa nationalité en 1979, puis la lui rend en 2019.

En France, il publie notamment "La Valse aux adieux" ou "Le Livre du rire et de l'oubli". Découvrant que son premier traducteur français avait dénaturé son style, il a été extrêmement pointilleux ensuite sur les éditions françaises de ses œuvres.

En 1984 paraît ce que d'aucuns considèrent comme son chef-d'œuvre, "L'Insoutenable Légèreté de l'être", roman d'amour et ode à la liberté, tout à la fois grave et désinvolte. Le livre sera adapté au cinéma, avec Juliette Binoche et Daniel Day-Lewis.

Il s'abstient de s'exprimer dans les médias depuis le milieu des années 80, souhaitant qu'on parle de son œuvre et de rien d'autre. Interrogé par l'AFP mercredi, Bernard Pivot se souvient que son passage en 1984 dans l'émission Apostrophes s'était "bien passé", mais qu'il n'avait plus entendu parler de l'écrivain après, comme tous ses confrères journalistes.

Milan Kundera vivait discrètement dans le centre de Paris, avec un cercle de proches très restreint. Il a été plusieurs fois victime de canulars annonçant sa mort avant l'heure.

Il était régulièrement pressenti pour le Nobel de littérature, qu'il n'a jamais décroché.


L'Arabie saoudite annonce la Semaine de la mode de la mer Rouge

Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents. (Photo Arab News).
Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents. (Photo Arab News).
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  • Organisé par la Commission saoudienne de la mode, cet événement mettra en vedette des créateurs locaux et internationaux
  • L’Arabie saoudite avait accueilli sa première semaine de la mode en 2023 à Riyad

DUBAÏ: Le Royaume s’apprête à accueillir la toute première Semaine de la mode de la mer Rouge. Prévu en bord de mer sur l'île d'Ummahat, cet événement glamour se déroulera du 16 au 18 mai au St. Regis Red Sea Resort. Organisé par la Commission saoudienne de la mode, cet événement mettra en vedette des créateurs locaux et internationaux. Son objectif est de célébrer la fusion entre l'esthétique traditionnelle saoudienne et le design contemporain de pointe.

Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents.

Rappelons que l'Arabie saoudite avait accueilli sa première semaine de la mode en 2023 à Riyad. L'événement, qui s’était déroulé dans le quartier financier du roi Abdallah du 20 au 23 octobre, a jeté les bases de la nouvelle capitale de la mode au Moyen-Orient.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La rappeuse afghane Sonita Alizada, voix des jeunes filles pour la liberté

Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars. (AFP).
Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars. (AFP).
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  • Non au travail des enfants, aux mariages forcés, au renoncement à ses rêves: à travers le rap, Sonita Alizada (ou Alizadeh) a trouvé un médium parfait pour crier ses combats et raconter son histoire démarrée sous le régime taliban
  • Postée sur internet, la vidéo est vue plus de 8.000 fois le premier jour, tant les mariages forcés sont répandus dans le monde avec 12 millions de mineures mariées chaque année, selon l'Unicef

ARROMANCHES-LES-BAINS: Non au travail des enfants, aux mariages forcés, au renoncement à ses rêves: à travers le rap, Sonita Alizada (ou Alizadeh) a trouvé un médium parfait pour crier ses combats et raconter son histoire démarrée sous le régime taliban.

"Comme toutes les filles, je suis en cage, je ne suis qu'un mouton qu'on élève pour le dévorer", chante-t-elle, en 2014 en Iran, dans "Brides for sale" (Mariées à vendre), en robe de mariée, code-barre et ecchymoses sur le visage. "Relis le Coran! Il ne dit pas que les femmes sont à vendre."

Postée sur internet, la vidéo est vue plus de 8.000 fois le premier jour, tant les mariages forcés sont répandus dans le monde avec 12 millions de mineures mariées chaque année, selon l'Unicef.

Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars.

Repérée par la documentariste iranienne Rokhsareh Ghaem Maghami qui verse 2.000 dollars, elle a droit à six mois de sursis et saisit sa chance lorsqu'une ONG américaine lui propose d'étudier aux Etats-Unis.

Dans l'Utah, les débuts sont difficiles pour celle qui ne sait dire en anglais que "salut, je suis une rappeuse". Elle découvre aussi qu'aux Etats-Unis les mariages de mineures existent.

Elle décide de raconter son histoire dans les écoles, jusqu'au très prisé festival américain du film de Sundance où le documentaire qui lui est consacré, "Sonita", remporte en 2016 le prix du jury.

Ses jeunes années sont marquées par la peur des Talibans et la faim. Née à Herat en 1996, elle a environ cinq ans lorsqu'elle fuit avec ses parents et ses sept frères et sœurs, sans papiers, vers l'Iran.

"On pensait que la vie y serait plus facile, sans guerre mais c'était très difficile de se faire accepter à cause de l'image des Afghans", se rappelle Sonita Alizada, 27 ans, dans un entretien avec l'AFP.

Là aussi, interdiction d'aller à l'école: "Je cirais des chaussures avec mes frères puis je vendais des fleurs." Sa première bonne étoile est une femme qui apprend clandestinement aux filles à lire et à écrire dans une mosquée.

« Toujours en colère »

De retour en Afghanistan, son père, malade, meurt. Son mariage est planifié puis annulé lorsqu'elle retourne en Iran. Sonita y rencontre une association qui lui permet de prendre des cours de guitare en secret... et l'encourage à écrire après avoir remporté un prix de poésie.

Un jour l'artiste en devenir entend le rappeur star Eminem et, sans comprendre les paroles, pense que c'est "probablement la meilleure façon de partager une histoire".

La jeune fille écrit "Brides for sale" même si sa mère, mariée à 12 ans et illettrée, lui interdit de faire du rap. C'est le succès et le départ vers les Etats-Unis.

Devenue sa plus grande admiratrice, sa mère apparaît dans son clip "Run Boy", qui parle des Talibans essayant d'empêcher la scolarisation des filles.

Le 4 juin, elle sera à Caen, dans le nord-ouest de la France, pour le prix Liberté, qu'elle a remporté en 2021. La jeune artiste chantera "Stand up" avec des locaux et le clip de la chanson, filmé sur les plages du Débarquement, sera diffusé devant des vétérans de la Seconde Guerre mondiale.

"Toujours en colère", elle continue de défendre avec le rap et sur les réseaux sociaux la liberté sous toutes ses formes: à l'éducation, à s'exprimer, à choisir son partenaire. Elle a aussi mis en place deux projets en Afghanistan pour aider les enfants et les femmes.

Diplômée l'année dernière en droits humains et en musique à New York, Sonita Alizada veut maintenant étudier la politique à Oxford.

"L'art et la politique vont ensemble. Toute ma musique parle de politique, de faire la différence, de donner de l'espoir, de prendre conscience. Alors j'essaye d'éveiller les consciences à travers la musique", souligne celle qui espère, un jour, pouvoir prendre une part active dans l'avenir de son pays.


Des artistes français présentent une expérience artistique envoûtante à Djeddah

Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
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  • «C’est un réel plaisir d’être ici, en particulier à Hayy Jameel, où nous mêlons l’art et la science pour créer une expérience sensorielle sans équivalent»
  • «Nous abordons les données non comme de simples codes, mais comme des sensations, ce qui nous permet de caractériser l’expérience et de la partager»

DJEDDAH: L’artiste Paul Marlier et la danseuse Jeanne Morel présentent une exposition d’art numérique interactive baptisée «ETH3R» au centre culturel de Djeddah, Hayy Jameel.

Les deux créateurs français exposent des œuvres immersives réalisées à partir des données biométriques de Jeanne Morel recueillies pendant qu’elle effectue des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur.

Ce mélange unique de technologie et de créativité a captivé le public en raison de la réflexion qu’il offre sur la réalité et du contraste saisissant qu’il présente avec la nature souvent banale de la vie quotidienne.

Dans une interview accordée à Arab News, Paul Marlier évoque le processus créatif qui est à l’origine de cette œuvre numérique. Il explique également comment ces productions sont inspirées par les données humaines et scientifiques qu’il a recueillies.

«C’est un réel plaisir d’être ici, en particulier à Hayy Jameel, où nous mêlons l’art et la science pour créer une expérience sensorielle sans équivalent», déclare-t-il. «Cette expérience représente l’ADN du monde, la danse de nos âmes.»

«ETH3R présente des tableaux, mais aussi des installations dynamiques qui sont dérivées des données biométriques de ma femme, Jeanne Morel, qui danse dans des environnements divers et extrêmes, des profondeurs de l’océan jusque dans les hautes altitudes où s’entraînent les astronautes», poursuit-il.

Paul Marlier a fusionné ces données scientifiques sur la physiologie humaine avec d’autres informations comme la qualité de l’air, l’imagerie satellite et même des faits relatifs à la mer Rouge. «Ces œuvres d’art sont des empreintes émotionnelles qui rappellent des moments de grâce. Il s’agit d’un véritable travail de collaboration.»

Expliquant le processus, il précise: «Jeanne, équipée de capteurs semblables à un pinceau, est le catalyseur. Ses émotions lorsqu’elle danse sont traduites grâce à des codes en art numérique tel qu’on peut le voir dans les peintures. Nous explorons les thèmes de la fragilité, de la spiritualité et de l’unité inhérente entre l’homme et la nature – la danse universelle.»

«Nous abordons les données non comme de simples codes, mais comme des sensations, ce qui nous permet de caractériser l’expérience et de la partager. En recueillant une multitude d’informations de cette danseuse singulière, nous nous efforçons de matérialiser l’essence de la grâce», souligne Paul Marlier.

«La danse est le moyen d’exprimer ses émotions les plus profondes, de manière parfois plus simple qu’avec des mots», explique pour sa part Jeanne Morel.

«C’est l’allégorie de la vie. Elle me permet de rester vivante, connectée aux mouvements du monde. Nos corps sont constamment en train de danser, de bouger, sur cette terre qui elle-même danse autour du soleil et reste en équilibre grâce à la gravité», ajoute la danseuse.

À propos de leur première visite dans le Royaume, Paul Marlier livre cette observation: «Les gens sont très accueillants ici. La spiritualité et la poésie sont très présentes.»

«Nous admirons la spiritualité et l’ouverture d’esprit de ce pays pour tout ce qui touche l’art, notamment l’art numérique», ajoute son épouse.

«Observer des œuvres d’art qui dépassent les frontières a été un voyage envoûtant qui a captivé nos sens et a suscité l’émerveillement face à la fusion de l’art et de la technologie. Les démonstrations en direct et la danse ont été incroyablement relaxantes. Cela nous a permis de nous évader sereinement dans un autre monde, imaginaire», confie Walid Harthi, un passionné d’art.

L’exposition se tient jusqu’au 11 mai.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com