Autriche: au pays de l'or bleu, l'hydraulique bouleversé par le climat

Le barrage de Wasserfallboden près de Kaprun, en Autriche, est vu le 27 juin 2023, où des ouvriers souterrains s'affairent sur l'un des chantiers de construction les plus spectaculaires d'Europe, symbole d'une Autriche dépendante de l'énergie hydroélectrique qui s'adapte déjà au réchauffement climatique et préparer des alternatives. (AFP)
Le barrage de Wasserfallboden près de Kaprun, en Autriche, est vu le 27 juin 2023, où des ouvriers souterrains s'affairent sur l'un des chantiers de construction les plus spectaculaires d'Europe, symbole d'une Autriche dépendante de l'énergie hydroélectrique qui s'adapte déjà au réchauffement climatique et préparer des alternatives. (AFP)
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Publié le Dimanche 09 juillet 2023

Autriche: au pays de l'or bleu, l'hydraulique bouleversé par le climat

  • Il s'agit d'agrandir d'ici à 2025 les installations déjà existantes pour absorber les pics de consommation électrique et réagir à des précipitations devenues de plus en plus capricieuses et irrégulières
  • La hausse des températures provoque en outre de la sécheresse et accélère la fonte de neige ou de glace, menaçant l'approvisionnement des rivières

KAPRUN: A 2 040 mètres d'altitude, 350 ouvriers s'activent sur un chantier spectaculaire, symbole d'une Autriche dépendante de l'hydraulique qui doit s'adapter au réchauffement climatique.

Ils construisent dans la montagne une nouvelle centrale capable de stocker de l'énergie au-dessus du village salzbourgeois de Kaprun, à une altitude sauvage et inhospitalière, même en été.

Leur véritable cathédrale, bourrée de technologies, est enfouie sous un décor de cimes blanches et de barrages vertigineux, survolée par des aigles et foulée par des bouquetins.

Au pied de la statue de Sainte-Barbe, patronne des métiers dangereux, on vient de fêter la fin des lourds travaux d'excavation dans des tunnels oppressants, vibrant du va-et-vient des camions.

Il s'agit d'agrandir d'ici à 2025 les installations déjà existantes pour absorber les pics de consommation électrique et réagir à des précipitations devenues de plus en plus capricieuses et irrégulières.

La hausse des températures provoque en outre de la sécheresse et accélère la fonte de neige ou de glace, menaçant l'approvisionnement des rivières.

"La répartition dans l'année va changer: on aura moins d'eau en été et plus en hiver", estime Klaus Hebenstreit, cadre de l'entreprise semi-publique Verbund, le principal producteur d'électricité du pays.

"Nous voulons nous préparer au mieux" à ces nouveaux défis, souligne-t-il. D'où ce projet gigantesque de centrale à accumulation, capable de produire à la demande grâce à des réserves d'énergie.

Exportateur devenu importateur

A l'autre bout du pays, le site de Freudenau sur le Danube viennois alimente plus de 240.000 ménages. Lui fonctionne au fil de l'eau, au gré des débits des rivières.

Ses six turbines d'un diamètre de 7,5 mètres sont impressionnantes et en cette fin d'année scolaire, des classes en sortie viennent les admirer.

Autant d'installations qui n'émettent pas de CO2 lors de l'utilisation et font la fierté de l'Autriche, même si leur impact sur les écosystèmes n'est pas négligeable et est régulièrement dénoncé par les défenseurs de l'environnement.

Exploitant la quasi totalité de ses cours d'eau avec plus de 3.100 barrages, le pays tire plus de 60% de sa production électrique de cette source d'énergie renouvelable, contre 16% dans le monde en moyenne.

Mais le réchauffement se fait déjà ressentir et les chiffres sont en baisse: l'hydroélectricité a généré 42 térawattheures (TWh) en 2021, en recul comparé aux 45 TWh de 2020, selon le cabinet Statista.

Pour la première fois l'an dernier, ce pays prospère - qui tente par ailleurs difficilement de renoncer à l'approvisionnement en gaz russe - a dû se résoudre à... importer de l'électricité, un vrai signal d'alarme.

C'est le résultat de la succession de "plusieurs années de sécheresse", explique Roman Neunteufel, chercheur à l'université agronomique de Vienne. "Les niveaux d'eau n'avaient jamais été aussi bas depuis le début des relevés" il y a une centaine d'années.

L'Europe a connu une année 2022 plus chaude de 2,3 degrés que le climat de la fin du XIXe siècle, selon le récent bilan annuel de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations Unies et du réseau européen Copernicus. Et les glaciers alpins ont connu "une perte de masse record".

Diversification 

"S'il n'est pas possible de produire beaucoup en raison des faibles débits, il est clair qu'il faudra utiliser d'autres ressources", prévient l'expert.

Dans ce contexte, Verbund investit à coups de milliards d'euros dans l'extension de son parc, pour améliorer la sécurité d'approvisionnement et développer des alternatives.

"Nous nous diversifions", explique Klaus Hebenstreit, interrogé dans la capitale autrichienne sous une température accablante de 37 degrés. "Si l'eau restera le coeur de notre activité, nous avons aussi maintenant du photovoltaïque et de l'éolien".

Pour un pays hostile au nucléaire qui avait tout misé sur une ressource paraissant inépuisable et vise le 100% d'électricité renouvelable d'ici à 2030, leur développement est un casse-tête.

"L'énergie solaire, c'est formidable en été", rappelle Roman Neunteufel. "Mais la production est trop faible en hiver, justement quand on en a besoin pour chauffer".

"Et avec le vent c'est encore pire: quand il n'y en a pas, la production est simplement interrompue", selon le chercheur.

Habituée à l'image d'Epinal d'une eau cristalline coulant en abondance dans de vertes prairies, l'Autriche se tourne tardivement vers le vent et le soleil, qui représentent 13% seulement de son paquet énergétique.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.