Éclairage: Sahara contre Israël, un “cadeau” de Trump?

Atterrissage d’un hélicoptère Mil Mi-8 de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) du côté marocain du point de passage frontalier entre le Maroc et la Mauritanie à Guerguerat situé au Sahara occidental, le 25 novembre 2020, après l'intervention des forces armées royales marocaines dans la région. (Fadel Senna / AFP)
Atterrissage d’un hélicoptère Mil Mi-8 de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) du côté marocain du point de passage frontalier entre le Maroc et la Mauritanie à Guerguerat situé au Sahara occidental, le 25 novembre 2020, après l'intervention des forces armées royales marocaines dans la région. (Fadel Senna / AFP)
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Publié le Vendredi 11 décembre 2020

Éclairage: Sahara contre Israël, un “cadeau” de Trump?

  • Selon Bruce Maddy-Weitzman, spécialiste des relations israélo-marocaines à l’université de Tel-Aviv, «c’était dans l’air depuis un certain temps, mais je n’étais vraiment pas certain que ça allait se produire»
  • «Le fait que les accords d’Abraham (entente de normalisation entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn, ndlr) aillent de l’avant rend la chose plus facile pour le Maroc»

JÉRUSALEM : En échange de relations ouvertes avec Israël, le Maroc a obtenu un “cadeau” de Trump: la reconnaissance par Washington de sa souveraineté sur le Sahara occidental, déclare Bruce Maddy-Weitzman, spécialiste des relations israélo-marocaines à l’université de Tel-Aviv.

Avez-vous été surpris lorsque le président américain, Donald Trump, a annoncé jeudi un accord de normalisation des relations entre Israël et le Maroc?

Honnêtement, oui. J‘ai été surpris. C’était dans l'air depuis un certain temps, mais je n'étais vraiment pas certain que ça allait se produire. Et pour comprendre pourquoi ça c'est produit, il faut regarder le timing. Du point de vue des Marocains, il s’agit d'un cadeau d’une administration Trump sur le départ et d'un cadeau de surcroît central à l’identité nationale du Maroc, et à sa priorité en terme de politique étrangère depuis le milieu des années 1970: le Sahara occidental. Le fait que l’administration américaine reconnaisse la souveraineté du Maroc sur ce territoire et y ouvre un consulat, c’est vraiment hors de l’ordinaire. Aussi, le fait qu’une nouvelle administration arrive à Washington a poussé les Marocains à conclure l'accord. Enfin, le fait que les accords d'Abraham (entente de normalisation entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn, ndlr) aillent de l’avant rend la chose plus facile pour le Maroc.

S'agit-il d’un échange entre d’un côté la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et de l’autre la normalisation par le Maroc de ses relations avec Israël, allié clé de Washington?

Oui, il s'agit définitivement d’une transaction. Les Marocains n’utilisent pas le mot «normalisation», mais dans la pratique il s’agit d’étendre des relations qui ont toujours été là, et pour les Marocains cela renforce leur image en Occident de pays libéral, tolérant, ouvert, multiculturel et qui valorise son patrimoine juif (...) La question est de savoir quel est le prix payé par les Marocains? Ils ont calculé le prix en termes de politique intérieure de cette mesure. Depuis que le Maroc a fermé son bureau de liaison en Israël, et le bureau de liaison israélien au Maroc au début des années 2000, le roi a préféré maintenir un profil bas en maintenant des relations avec Israël, en développant ces relations, mais en les gardant sous le radar, car il y a une opposition à l’intérieur du pays sur ces relations de la part des islamistes, des nationalistes, de personnes proches des Palestiniens. Pour la monarchie, la question était donc: quel bénéfice pouvons-nous tirer de ça? Et il n’y avait jamais assez de bénéfice qu’Israël pouvait offrir à lui seul afin de renverser la décision de fermer ces bureaux de liaison. Israël avait beau faire du lobbying à Washington en faveur du Maroc sur la question du Sahara occidental, ou pour une aide au Maroc, ce n’était pas suffisant. Mais là, la donne change complètement avec la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. 

Croyez-vous que la France, qui jouit de relations privilégiées avec le Maroc, a joué un rôle pour arriver à ces accords?

C'est la question que je me pose moi-même. Mais je parierais que les Français n'ont pas joué de rôle dans cette affaire et qu’ils vont faire profil bas. Je ne pense pas qu’ils vont suivre les Américains en reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Les Français doivent gérer leur relation avec l’Algérie (qui soutient le Front Polisario, mouvement indépendantiste sahraoui, ndlr) et ne peuvent être perçu comme ayant un parti pris. Il n’est pas dans l'intérêt de suivre les Américains sur ce front, et c'est pour cela que je pense qu’ils n'étaient probablement pas impliqués.

 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".