La séparation réussie de jumeaux siamois à Riyad: un exploit de la médecine moderne

Le Dr Abdellah al-Rabeeah (à droite) et son équipe avec l'un des jumeaux syriens après avoir réussi à les séparer le 6 juillet 2023, à l'hôpital roi Abdellah, spécialisé pour enfants, à Riyad (Photo, SPA).
Le Dr Abdellah al-Rabeeah (à droite) et son équipe avec l'un des jumeaux syriens après avoir réussi à les séparer le 6 juillet 2023, à l'hôpital roi Abdellah, spécialisé pour enfants, à Riyad (Photo, SPA).
Le Dr Abdellah al-Rabeeah (à droite) et son équipe avec l'un des jumeaux syriens après avoir réussi à les séparer le 6 juillet 2023, à l'hôpital roi Abdellah, spécialisé pour enfants, à Riyad (Photo, SPA).
Le Dr Abdellah al-Rabeeah (à droite) et son équipe avec l'un des jumeaux syriens après avoir réussi à les séparer le 6 juillet 2023, à l'hôpital roi Abdellah, spécialisé pour enfants, à Riyad (Photo, SPA).
Le Dr Abdellah al-Rabeeah (à droite) et son équipe avec l'un des jumeaux syriens après avoir réussi à les séparer le 6 juillet 2023, à l'hôpital roi Abdellah, spécialisé pour enfants, à Riyad (Photo, SPA).
Le Dr Abdellah al-Rabeeah (à droite) et son équipe avec l'un des jumeaux syriens après avoir réussi à les séparer le 6 juillet 2023, à l'hôpital roi Abdellah, spécialisé pour enfants, à Riyad (Photo, SPA).
Le Dr Abdullah Al-Rabeeah retrouve les bénéficiaires du programme des jumeaux conjoints de l'Arabie saoudite. Sur le cadre de gauche, des jumeaux égyptiens, séparés en 2009, et sur la droite, les Jordaniens Mohammed et Amjad, opérés en 2011 (Photos SPA).
Le Dr Abdullah Al-Rabeeah retrouve les bénéficiaires du programme des jumeaux conjoints de l'Arabie saoudite. Sur le cadre de gauche, des jumeaux égyptiens, séparés en 2009, et sur la droite, les Jordaniens Mohammed et Amjad, opérés en 2011 (Photos SPA).
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Publié le Lundi 10 juillet 2023

La séparation réussie de jumeaux siamois à Riyad: un exploit de la médecine moderne

  • Le Dr Abdellah al-Rabeeah, chef de l'agence d'aide saoudienne KSrelief, a dirigé la dernière opération entreprise sur les directives du roi Salmane et du prince héritier, Mohammed ben Salmane
  • Les opérations réalisées dans le cadre du programme de jumeaux siamois parrainé par l'Arabie saoudite offrent aux enfants une chance de jouir d'une vie normale

DJEDDAH: Depuis plus de 30 ans, le travail qualifié des chirurgiens du programme saoudien de jumeaux siamois a permis à des enfants de mener une vie saine, normale et indépendante, faisant de l’Arabie saoudite un leader mondial dans l'une des procédures chirurgicales les plus complexes de la médecine moderne.

Abdellah al-Rabeeah, chirurgien pédiatrique, a été ministre de la Santé de l’Arabie saoudite, conseiller à la Cour royale et superviseur général du Centre d'aide et de secours humanitaires roi Salmane (KSrelief).

Ce jeudi, Al-Rabeeah a réussi à séparer les jumeaux syriens Bassam et Ihsan au cours d'une opération qui a duré sept heures et demie et s'est déroulée en cinq phases avec la participation de 26 médecins saoudiens spécialisés, selon la SPA.

Au cours de sa carrière de chirurgien, Al-Rabeeah a effectué 58 opérations sur des jumeaux siamois nés dans des familles pauvres de 23 pays. Au total, le programme a supervisé quelque 130 cas, totalisant des centaines d'heures d'opération.

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Le Dr Abdullah al-Rabeeah pose avec un groupe multinational de jumeaux siamois qu'il a opérés en 2010 (Photo fournie).

Bassam et Ihsan, qui ont été transportés par avion de Turquie en mai, ont tout juste fêté leur troisième anniversaire. Réunis au niveau de la poitrine, de l'abdomen, du foie et des intestins, ils pesaient ensemble 19 kg. Si l'état de Bassam est stable, celui d'Ihsan ne devrait malheureusement pas dépasser quelques jours.

«Ihsan est considéré comme un intrus par rapport à son frère Bassam parce qu'il n'a pas de système urinaire et reproducteur au niveau des reins, des uretères, de la vessie et des organes génitaux masculins», a précisé Al-Rabeeah à la suite de l'opération, selon la SPA.

«Il souffre également de malformations congénitales importantes au niveau du cœur qui entravent sa vie avec une atrophie du développement neurologique, et il présente des déficiences et des malformations congénitales au niveau de l'intestin», a-t-il ajouté.

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Avant l'opération de séparation du 6 juillet, Bassam et Ihsan étaient unis au niveau du bas de la poitrine, de l'abdomen, du foie et des intestins (Photo, Huda Bashatah/Arab News).

Pour sauver la vie de Bassam, l'équipe médicale a décidé de poursuivre l'opération très complexe de séparation des jumeaux. «Cette opération est une opération de sauvetage pour Bassam, dont l'état de santé est normal et stable», a déclaré l'équipe médicale à l'agence SPA.

Les opérations chirurgicales réalisées dans le cadre du programme pour jumeaux siamois sont entièrement financées par le gouvernement saoudien. Elles offrent aux enfants une chance de jouir d'une vie longue et saine, sans devoir être soignés 24 heures sur 24, et en étant soulagés des contraintes mentales et physiques liées à leur état.

Les jumeaux conjoints, souvent appelés siamois, sont un phénomène reproductif rare, qui ne se produit qu'une fois toutes les 50 000 à 60 000 naissances. D'autres estimations indiquent qu'ils ne se produisent qu'une fois toutes les 200 000 naissances vivantes.

 

EN CHIFFRES

130 cas supervisés par le personnel médical.

58 opérations de séparation réalisées.

28 pays de provenance des patients.

Selon des études médicales, environ 60% des jumeaux conjoints sont mort-nés, tandis qu'environ 40% de ceux qui survivent à la naissance meurent dans les jours qui suivent. Environ 70% des jumeaux siamois sont de sexe féminin.

La fréquence des cas tend à varier en fonction de divers facteurs tels que la situation géographique — avec une incidence légèrement plus élevée en Asie du Sud-Ouest et en Afrique — la prédisposition génétique et les influences environnementales.

En mai dernier, des médecins ont pratiqué une opération compliquée de 15 heures sur des jumeaux yéménites, Youssef et Yassine. Soulignant les difficultés rencontrées, l'un des jumeaux est également décédé le deuxième jour de l'opération à la suite d'une insuffisance cardiaque.

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Les jumeaux yéménites Yousef et Yassin après une opération chirurgicale «compliquée» qui a duré 15 heures en mai 2022 (Photo, SPA/Archives).

Le jumeau survivant s'en est sorti et reste en observation dans un état stable à l'hôpital spécialisé pour enfants roi Abdellah, dans la cité médicale roi Abdelaziz à Riyad, selon l'agence de presse saoudienne.

L'hôpital joue un rôle crucial dans le programme de jumeaux siamois de l’Arabie saoudite. Doté d'installations médicales de pointe et d'une technologie avancée, l'hôpital dispose d'une équipe médicale hautement qualifiée, spécialisée dans les soins pédiatriques complexes.

«Avec la grâce d'Allah, puis la présence d'une équipe et d'un centre spécialisés, le Royaume d’Arabie saoudite, sous la direction du Gardien des deux saintes mosquées et de son prince héritier digne de confiance, a investi dans deux choses: l'infrastructure et, ce qui est plus important encore, les personnes», a souligné Al-Rabeeah à Arab News, jeudi.

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Le Dr Abdullah al-Rabeeah et son équipe ont réalisé 58 opérations de séparation dans le cadre du programme saoudien de jumeaux siamois (Photo, SPA/Archives).

«Mes collègues ont l'expérience et les compétences nécessaires. Par conséquent, la présence de l'expérience et de l'infrastructure contribue à la réussite de ces opérations», a-t-il précisé.

Compte tenu des risques encourus, les médecins ne sont pas toujours convaincus que la séparation est la meilleure solution. Entre 1990 et 2011, 34 des 64 cas présentés à l'équipe saoudienne ont été jugés inopérables en raison de malformations mettant en danger le pronostic vital des enfants.

 

Chirurgies de séparation notables depuis 1990

1990: Première opération de séparation du programme de jumeaux siamois réalisée sur des jumelles saoudiennes siamois au niveau de l'estomac.

1991: Les jumelles soudanaises Samah et Heba, séparées avec succès lors de la deuxième opération du programme.

2002: Les jumeaux malaisiens Ahmed et Mohammed Rahman sont séparés après une opération de 23 heures.

2003: Les jumelles égyptiennes Talia et Taline séparées lors d'une opération retransmise en direct à la télévision.

2005: Les jumelles polonaises Daria et Olga Kolacz ont survécu à une opération de 15 heures.

2012: Les jumelles ischiopage saoudienne Reem et Rana séparées avec succès.

2017: Hanin, fille palestinienne, séparée d'une jumelle parasite qui n'avait ni cœur, ni poumons, ni cerveau.

2021: La fille yéménite Aicha Ahmed séparée avec succès de sa jumelle parasite.

2022: Un jumeau yéménite meurt au cours d'une chirurgie après une grave chute de la circulation sanguine et une défaillance cardiaque.

2023: Les jumelles craniopages égyptiennes Salma et Sarah séparées avec succès après 17 heures d’opération chirurgicale.

 

Les jumeaux siamois sont classés dans différentes catégories en fonction de l'ampleur et de l'emplacement de leur lien physique.

Cette pathologie résulte d'un événement rare survenu au début du développement embryonnaire, lorsqu'un seul œuf fécondé ne parvient pas à se séparer complètement en deux individus. Par conséquent, les jumeaux peuvent partager certains organes, membres ou autres structures corporelles.

En raison de la complexité des grossesses de jumeaux siamois et des problèmes de santé potentiels qu'elles posent, les professionnels médicaux suivent souvent de près ces grossesses et peuvent recommander des soins prénataux spécialisés et une planification de l'accouchement.

La décision finale de tenter ou non une chirurgie de séparation dépend de plusieurs facteurs, notamment de l'état de santé général des jumeaux, de la faisabilité de la séparation et des risques encourus.

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Le Dr Abdullah al-Rabeeah et son équipe opèrent des jumeaux siamois syriens nouvellement séparés, Bassam et Ihsan, le 6 juillet 2023 à l'hôpital spécialisé pour enfants roi Abduelah à Riyad (Photo, Huda Bashatah/Arab News).

«L'existence d'organes conjoints importants et sensibles rend l'opération de séparation des jumeaux difficile. De même, l'existence de malformations congénitales dans certains organes, tels que le cœur, le système urinaire ou le système reproductif et, parfois, le cerveau, rend l'opération complexe», a indiqué Al-Rabeeah à Arab News.

«La difficulté réside donc dans la façon dont les jumeaux sont réunis, et à quel degré exactement, et la malformation congénitale rend généralement l'opération complexe, réalisée dans des centres médicaux spécialisés dans le monde», a-t-il ajouté.

Le type le plus courant de jumeaux siamois, le thoracopage, représente environ 40% des cas. Les jumeaux sont réunis au niveau de la poitrine ou de la partie supérieure de l'abdomen et, dans certains cas, peuvent partager un cœur, un foie ou d'autres organes thoraciques.

BIOGRAPHIE

Abdellah al-Rabeeah, MD, FRCSC

Le Dr Al-Rabeeah dirige l'équipe chirurgicale et multidisciplinaire du programme saoudien de jumeaux. 

Éducation

1979: Licence en médecine et en chirurgie à l'Université du Roi Saoud, Riyad

1986: Bourse de recherche en chirurgie générale à l'hôpital de l'Université de l'Alberta à Edmonton, Canada

1987: Stage de chirurgie pédiatrique à l'hôpital pour enfants IWK, Université Dalhousie, Halifax, Nouvelle-Écosse, Canada.

Postes occupés

Depuis 2015: Superviseur général de l'agence d'aide KSrelief

2009-14: Ministre de la Santé

2009-16: Membre du conseil d'administration de l'Université roi Abdallah pour la science et la technologie

2010-14: Président du conseil d'administration de l'hôpital spécialisé et du centre de recherche roi Faisal

2005-09: Fondateur et président de l'Université des sciences de la santé du roi Saoud ben Abdelaziz à la Cité médicale du roi Abdelaziz

2003-09: Directeur général des affaires sanitaires de la Garde nationale à la Cité médicale du roi Abdelaziz

 

Les jumeaux d’Omphalopagus, quant à eux, sont reliés au niveau de la partie inférieure de l'abdomen            et peuvent partager des parties du tractus gastro-intestinal, du foie ou d'autres organes abdominaux.

Le type le plus rare de jumeaux siamois, craniopagus parasiticus, est celui où l'un des jumeaux n'est pas complètement formé et dépend de l'autre pour sa survie. Le jumeau sous-développé peut être attaché à la tête ou au corps du jumeau plus formé.

Les défis spécifiques associés à chaque type de jumeaux siamois peuvent varier considérablement. La faisabilité de la chirurgie de séparation et les risques potentiels pour la santé dépendent de l'ampleur du lien et des organes vitaux concernés.

Chaque cas nécessite une évaluation médicale individualisée et une prise de décision par une équipe multidisciplinaire d'experts. Une planification chirurgicale très détaillée est nécessaire pour qu'une opération de séparation de jumeaux siamois puisse avoir lieu.

«Pour moi, chaque jumeau est important», a soutenu Al-Rabeeah lors d'une interview accordée à Arab News en mars dernier. «Et je peux vous dire que mes collègues, l’équipe, et moi-même pensons que ces enfants font partie de leur famille.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


L'eau dessalée au secours de l'agriculture dans le sud du Maroc

A l'échelle nationale, le Maroc dispose de 16 stations de dessalement d'une capacité totale de 270 millions de m3 par an et entend atteindre 1,7 milliard de m3 par an d'ici 2030. (AFP)
A l'échelle nationale, le Maroc dispose de 16 stations de dessalement d'une capacité totale de 270 millions de m3 par an et entend atteindre 1,7 milliard de m3 par an d'ici 2030. (AFP)
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  • Depuis 2022, la station de dessalement fournit l'équivalent de 125.000 m3 d'eau par jour pour l'irrigation de 12.000 hectares de primeurs
  • Mais aussi 150.000 m3 par jour pour l'eau potable destinée à 1,6 million d'habitants de la ville et ses environs, indique à l'AFP Ayoub Ramdi, responsable au sein de l'Office régional de mise en valeur agricole

AGADIR: Elle est coûteuse et critiquée pour son impact environnemental. Mais sans l'eau dessalée, "on ne serait plus là", dit la responsable d'un géant de la production de tomates cerises dans le sud du Maroc.

Abir Lemseffer, directrice générale adjointe du groupe Azura, fait référence à la grave sécheresse liée au changement climatique, que traverse le pays depuis 2018.

Dans la plaine de Chtouka, à une soixantaine de kilomètres d'Agadir, les 800 hectares d'exploitation de ce groupe franco-marocain sont irrigués à 100% par de l'eau dessalée.

Depuis 2022, la station de dessalement fournit l'équivalent de 125.000 m3 d'eau par jour pour l'irrigation de 12.000 hectares de primeurs. Mais aussi 150.000 m3 par jour pour l'eau potable destinée à 1,6 million d'habitants de la ville et ses environs, indique à l'AFP Ayoub Ramdi, responsable au sein de l'Office régional de mise en valeur agricole.

La station compte atteindre 400.000 m3 par jour, dont la moitié destinée à l'irrigation, à fin 2026.

Sans cette eau, affirme l'agronome Rqia Bourziza, "un scénario catastrophique se profilait au Maroc".

L'agriculture, qui représente environ 12% du PIB du pays, a été gravement affectée par un stress hydrique aigu, du fait de six années consécutives de sécheresse.

"Eau chère" 

A l'échelle nationale, le Maroc dispose de 16 stations de dessalement d'une capacité totale de 270 millions de m3 par an et entend atteindre 1,7 milliard de m3 par an d'ici 2030.

Si 1.500 agriculteurs irriguent avec l'eau dessalée dans la région du Souss-Massa qui englobe Agadir, d'autres n'y ont pas souscrit en raison de son coût.

C'est le cas de Hassan qui cultive, sur un demi-hectare, de la courgette et du poivron irrigués par l'eau d'un puits partagé par 60 agriculteurs.

"Je ne peux pas me permettre d'utiliser cette eau car elle est chère", explique cet homme qui n'a pas souhaité donner son nom.

L'eau dessalée est vendue à 0,48 euro le m3 (cinq dirhams hors taxe) contre en moyenne 0,096 euro par m3 (un dirham) pour des eaux conventionnelles.

A la sortie de l'usine, cette eau coûte en fait encore plus cher: 1,05 euro par m3 (onze dirhams). Mais les contributions publiques de 40% à ce projet font baisser le tarif.

Pour l'agronome Ali Hatimy, "le coût de l'eau dessalée réduit considérablement le nombre des cultures pouvant être irriguées, car elle n'est amortie que par des cultures à très haute valeur ajoutée".

Ce que confirme Mme Bourziza: l'irrigation à l'eau dessalée est une "très bonne alternative", mais "lorsqu'elle est utilisée dans des cultures à haute valeur comme les tomates ou l'arboriculture".

Au-delà du coût, "la production de l'eau dessalée demande énormément d'énergie électrique et les rejets de saumure ont un impact sur les écosystèmes marins", note Ali Hatimy.

M. Ramdi de l'Office de mise en valeur agricole assure qu'"aucun impact" n'a été constaté autour de la ville côtière d'Agadir, et que des diffuseurs sont utilisés "dans les conduits de rejet pour diluer la saumure".

L'eau des nappes "insuffisante" 

Les enjeux dans la région du Souss-Massa, qui totalise 85% des exportations marocaines de produits maraîchers, sont de taille.

Les cultures maraîchères y occupent 29.000 hectares, pour une production de près de deux millions de tonnes par an et près de 940 millions d'euros de chiffre d'affaires, selon le ministère de l'Agriculture.

La station de dessalement a ainsi permis d'éviter une perte de plus de 860 millions d'euros en valeur ajoutée en plus de préserver plus d'un million d'emplois par an, selon M. Ramdi.

"Le dessalement a sauvé l'agriculture dans Chtouka", dit avec enthousiasme Mohamed Boumarg en arpentant une de ses serres de tomates, produit phare de la région.

"Avant, je ne cultivais que cinq hectares car j'étais conditionné par la quantité d'eau que j'avais. L'eau de nappe n'était pas suffisante", raconte cet agriculteur de 38 ans qui exploite désormais une vingtaine d'hectares dont 60% de la production est destinée à l'export.

"Il en va de notre survie", souligne Mme Lemseffer: "Soit on accepte de sacrifier une partie de la marge en utilisant de l'eau dessalée, soit on met la clef sous la porte".

 


Gaza: «Nous ne nous arrêterons pas», affirme le chef du programme d'aide soutenu par Israël

L'ONU et les principales organisations d'aide ont refusé de travailler avec la GHF, affirmant qu'elle servait les objectifs militaires israéliens et violait les principes humanitaires de base. (AFP)
L'ONU et les principales organisations d'aide ont refusé de travailler avec la GHF, affirmant qu'elle servait les objectifs militaires israéliens et violait les principes humanitaires de base. (AFP)
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  • "Nous ne fermerons pas. Nous avons une tâche à accomplir. C'est très simple, fournir tous les jours de la nourriture gratuite aux habitants de Gaza. C'est tout", a lancé devant la presse à Bruxelles le président de la GHF, Johnnie Moore
  • Il a en outre assuré que son organisation restait déterminée à poursuivre son travail dans la bande de Gaza si un cessez-le-feu était conclu

BRUXELLES: La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les Etats-Unis et Israël mais remise en cause par l'ONU et des dizaines d'ONG internationales poursuivra son aide à la bande de Gaza, a affirmé mercredi son chef, démentant que des Palestiniens aient été tués sur ses sites.

"Nous ne fermerons pas. Nous avons une tâche à accomplir. C'est très simple, fournir tous les jours de la nourriture gratuite aux habitants de Gaza. C'est tout", a lancé devant la presse à Bruxelles le président de la GHF, Johnnie Moore, un évangélique chrétien allié au président Donald Trump.

Il a en outre assuré que son organisation restait déterminée à poursuivre son travail dans la bande de Gaza si un cessez-le-feu était conclu. "Sauf si nous y sommes contraints d'une manière ou d'une autre, nous n'avons absolument aucune intention d'abandonner ces personnes", a-t-il martelé.

Selon M. Moore, la GHF, une organisation caritative privée qui a officiellement son siège aux Etats-Unis et dont les financements sont opaques, a livré plus d'un million de boîtes de produits alimentaires depuis le début de ses opérations, le 26 mai, dans la bande de Gaza. Et ce après qu'Israël a interrompu les flux d'aide alimentaire dans ce territoire palestinien pendant plus de deux mois, en dépit des avertissements de risque de famine.

Controverses 

La mise en place de cette aide a donné lieu à des scènes chaotiques, l'armée israélienne ayant fait feu à plusieurs reprises pour tenter de contenir des centaines de Palestiniens désespérés.

L'ONU et les principales organisations d'aide ont refusé de travailler avec la GHF, affirmant qu'elle servait les objectifs militaires israéliens et violait les principes humanitaires de base.

Le bureau des droits de l'homme des Nations unies a déclaré la semaine dernière que, depuis le début des opérations de la GHF, les militaires israéliens avaient "bombardé et tiré sur des Palestiniens essayant d'atteindre les points de distribution, causant de nombreux décès".

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a pour sa part déclaré vendredi que 500 personnes avaient été tuées "sur des sites de distribution de nourriture militarisés non liés à l'ONU" au cours des deux semaines précédentes.

"Chaque jour, les équipes de MSF voient des patients tués ou blessés en essayant d'obtenir de la nourriture sur l'un de ces sites", a quant à elle déploré, également le 27 juin, l'ONG Médecins sans frontières.

Mais M. Moore a nié que des Palestiniens aient été tués dans ou à proximité des quatre sites de distribution de la GHF.

"Nous n'avons eu aucun incident violent sur nos sites de distribution", ni "à proximité immédiate", a-t-il assuré.

Fermeture en Suisse 

Johnnie Moore a également affirmé que l'annonce mercredi des autorités suisses concernant la fermeture pour des raisons administratives de la branche genevoise de son groupe n'aurait "absolument aucun impact sur l'avenir des opérations de la GHF".

L'Autorité suisse fédérale de surveillance (ASF) des fondations a publié dans la feuille officielle suisse du commerce "un appel aux créanciers suite à la liquidation de la fondation enregistrée à Genève" et "pourra ordonner la dissolution de la fondation si aucun créancier ne s'annonce dans le délai légal de 30 jours", a expliqué le Département fédéral de l'Intérieur à l'AFP.

De son côté, "la GHF a confirmé (...) qu'elle n'avait jamais exercé d'activités en Suisse en tant que fondation et qu'elle entendait dissoudre la fondation enregistrée à Genève", selon l'Autorité.

"Etant donné qu'elle ne respectait pas certaines obligations légales", l'ASF avait exigé de GHF qu'elle clarifie la situation d'ici à fin juin.

L'ASF avait constaté plusieurs manquements: "La fondation ne disposait pas d'un membre du conseil de fondation habilité à signer et domicilié en Suisse; elle n'avait pas le nombre minimum de trois membres au sein du conseil de fondation prévu par ses statuts; elle n'avait pas de compte en Suisse; elle ne disposait pas d'adresse valable en Suisse; elle ne disposait pas d'organe de révision."

Israël, dont l'offensive a débuté au lendemain d'une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023, a imposé début mars à la bande de Gaza un blocus humanitaire.

Ce dernier a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité et n'a été que partiellement assoupli lorsque la GHF a commencé ses distributions dans des centres.

Le 1er juillet, près de 170 ONG internationales ont appelé à mettre fin à ce nouveau système de distribution d'aide et réclamé un retour au mécanisme qui prévalait jusqu'en mars, quand la distribution d'aide était coordonnée par diverses ONG et agences de l'ONU.

 

 


Le Premier ministre libanais redouble d'efforts en matière de contrôle des armes

Nawaf Salam a déclaré que le gouvernement libanais intensifiait ses efforts pour limiter les armes aux seules institutions de l'État. (Fourni)
Nawaf Salam a déclaré que le gouvernement libanais intensifiait ses efforts pour limiter les armes aux seules institutions de l'État. (Fourni)
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  • Les autorités libanaises rédigent une réponse à la proposition de désarmement des États-Unis
  • Le Premier ministre Nawaf Salam déclare que le pays ne peut rester en marge des changements régionaux historiques

BEYROUTH : Le Premier ministre libanais Nawaf Salam a déclaré mercredi que son gouvernement intensifiait ses efforts pour limiter les armes aux seules institutions de l'État et pour étendre son autorité à toutes les régions du pays, dans le cadre d'une initiative plus large visant à faire progresser la mise en œuvre d'un cessez-le-feu.

Les commentaires de M. Salam interviennent alors que les responsables libanais préparent une réponse à la proposition de Washington de désarmer le Hezbollah, qui a été présentée par l'envoyé américain pour la Syrie et le Liban, Tom Barrack, lors d'une visite à Beyrouth le mois dernier.

La proposition est axée sur un désarmement complet d'ici la fin de l'année, le renforcement des relations libano-syriennes, la mise en œuvre de réformes financières et l'établissement d'un mécanisme supervisé par les Nations unies pour garantir la libération des prisonniers détenus par Israël au cours de la récente guerre contre le Hezbollah.

Tom Barrack devrait se rendre à Beyrouth lundi pour discuter de cette réponse.

Lors de son discours devant le Conseil économique, social et environnemental, M. Salam a confirmé le contrôle de l'aéroport international Rafik Hariri et de ses voies d'accès dans le cadre des mesures de sécurité visant à lutter contre la contrebande et à renforcer la sécurité publique.

Il a toutefois ajouté que le retrait d'Israël du territoire libanais faisait partie intégrante de la stabilité du pays, soulignant les efforts déployés par le Liban pour intensifier la pression politique et diplomatique afin de faire appliquer la résolution 1701, d'assurer le retour des citoyens déplacés dans leurs villages et de faire progresser la reconstruction des zones dévastées par la guerre de l'année dernière avec Israël.

À ce jour, un prêt de 250 millions de dollars a été obtenu de la Banque mondiale pour financer la phase de reconstruction immédiate, sous réserve de l'approbation du Parlement, a déclaré M. Salam.

Parallèlement, le Liban s'associe aux agences des Nations unies pour mettre en œuvre des projets d'une valeur de plus de 350 millions de dollars dans le sud du pays, dans les domaines de l'éducation, de la santé, du logement et de la sécurité alimentaire, dans le cadre d'un plan d'aide quadriennal.

M. Salam a indiqué que le Liban accueillerait également une conférence internationale sur la reconstruction dans les mois à venir afin de mobiliser le soutien sous la direction du gouvernement.

"La reconstruction n'est pas seulement une question d'ingénierie ou de finances, mais un processus politique, économique et social global", a-t-il déclaré.

"Les crises cumulées auxquelles le Liban est confronté ne laissent aucune place au retard ou au déni. Le véritable salut passe par des réformes significatives qui construisent un État moderne, un État qui rétablit la confiance de ses citoyens et gagne la confiance de la communauté internationale.

M. Salam a souligné le rôle des pays de la région dans le soutien à la reconstruction du Liban, décrivant les visites du président Joseph Aoun dans les États arabes comme "des mesures concrètes visant à revitaliser les relations du Liban avec ses voisins arabes et à réaffirmer son rôle dans le cadre de la coopération régionale".

Il a ajouté : "La région connaît une transformation historique et le Liban ne peut se permettre de rester à l'écart. Il ne peut y avoir de progrès en dehors du giron arabe, ni d'avenir sans un partenariat fondé sur le respect mutuel et les intérêts partagés."

Le premier ministre a également souligné la coordination directe avec la Syrie pour renforcer la sécurité aux frontières, réduire les activités de contrebande et assurer le retour en toute sécurité des réfugiés syriens.

"Nous attendons avec impatience des contributions significatives qui aideront à restaurer ce qui a été perdu et à renforcer la voie du redressement du pays.

Un comité tripartite composé de représentants des cabinets de M. Salam, de M. Aoun et du président du Parlement, M. Nabih Berri, a récemment tenu une série de réunions afin de rédiger un cadre préliminaire qui servira de réponse de l'exécutif à la proposition de désarmement des États-Unis.

Une source politique au fait des discussions du comité a déclaré à Arab News : "L'atmosphère est constructive et un avant-projet de la réponse du Liban sera finalisé d'ici lundi, avant l'arrivée de l'envoyé américain Barrack à Beyrouth".

La source a déclaré que Berri est chargé de communiquer la position du Hezbollah sur les exigences américaines.

"Il est peu probable que la réponse du Liban soit moins obstinée que celle d'Israël. On ne peut pas attendre du Liban qu'il fasse tous les compromis, alors qu'Israël ignore tous les accords de cessez-le-feu", a déclaré la source.

Il s'agit notamment du fait qu'Israël ne se retire pas des cinq points clés du Liban qu'il occupe, de ses attaques quotidiennes contre le sud et le nord du Liban et de son refus de libérer des prisonniers.

Selon certaines sources, le Hezbollah refuse d'être lié par un quelconque calendrier de désarmement.

"Il considère le traitement actuel du Liban comme une forme de tutelle imposée, d'autant plus qu'Israël continue de représenter une menace existentielle. Les États-Unis sont tenus de fournir des garanties écrites de l'engagement total d'Israël à l'égard de l'accord", ont déclaré les sources.

Le Hezbollah a confirmé qu'il avait remis la zone située au sud du fleuve Litani à l'armée libanaise, qui a ensuite saisi des centaines de dépôts d'armes.

Toutefois, la situation concernant les armes au nord du fleuve est soumise à des conditions différentes, et le groupe militaire a déclaré qu'elle était gérée dans le cadre d'un dialogue interne entamé avec M. Aoun il y a plusieurs mois.

Mohieddine Al-Shahimi, professeur de droit international, a déclaré à Arab News que la proposition américaine au Liban n'était pas nouvelle.

"L'envoyé américain Barrack établit simplement une feuille de route pour que le Liban mette en œuvre toutes les résolutions internationales qu'il n'a pas réussi à appliquer, en commençant par l'accord de Taëf et en allant jusqu'à l'accord de cessez-le-feu.

L'accord, négocié par les États-Unis et la France, vise à mettre en œuvre la résolution 1701, qui appelle au désarmement du Hezbollah, au contrôle exclusif des armes par l'État, au déploiement de l'armée libanaise au sud du fleuve Litani et au rétablissement de la pleine souveraineté du Liban sur son territoire.

"L'accord est mis en œuvre progressivement et dépend des efforts de l'État, qui en assume l'entière responsabilité. Ce n'est qu'après cela qu'Israël remplira ses obligations en vertu de l'accord", a déclaré M. Al-Shahimi.

M. Al-Shahimi estime que le Hezbollah cherche délibérément à gagner du temps.

"Le parti attend de voir comment les relations américano-iraniennes évoluent, tout en ignorant qu'Israël est devenu plus agressif et que la Syrie est très différente de ce qu'elle était auparavant. Le Hezbollah crée de faux espoirs de garanties. Cette stratégie met le Liban dangereusement au bord du gouffre et fait directement le jeu de l'Iran.

Le groupe soutenu par l'Iran a été gravement affaibli par la guerre qui l'a opposé à Israël l'année dernière : plus de 70 % de son arsenal militaire a été détruit et un grand nombre de ses combattants de première ligne ont été tués.

"Le Hezbollah sait que la situation a changé, tant au niveau local qu'international, et que ses anciennes tactiques ne fonctionnent plus", a déclaré M. Al-Shahimi.

"L'Iran, à son tour, épuise le Hezbollah, car il a créé les armes pour défendre ses propres intérêts, mais il ne se considère pas comme responsable de la défense du Hezbollah. Peut-être que le Hezbollah, par son déni délibéré, essaie d'obtenir un effet de levier interne".

Le Hezbollah a accusé Israël d'avoir violé la trêve du 27 novembre à 3 799 reprises, dont 1 916 violations de l'espace aérien et 112 violations de l'espace maritime, faisant 159 morts et 433 blessés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com