Tariq Ramadan renvoyé en procès à Paris pour des viols sur quatre femmes

L'islamologue suisse Tariq Ramadan quitte le palais de justice de Genève le 24 mai 2023, après avoir été acquitté à l'issue de son procès pour "viol et contrainte sexuelle" dans une affaire remontant à 15 ans. (Photo Fabrice Coffrini / AFP)
L'islamologue suisse Tariq Ramadan quitte le palais de justice de Genève le 24 mai 2023, après avoir été acquitté à l'issue de son procès pour "viol et contrainte sexuelle" dans une affaire remontant à 15 ans. (Photo Fabrice Coffrini / AFP)
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Publié le Samedi 08 juillet 2023

Tariq Ramadan renvoyé en procès à Paris pour des viols sur quatre femmes

  • Fin mai, le conférencier, qui était aussi accusé en Suisse par une femme, a été acquitté de l'accusation de viol et contrainte sexuelle par un tribunal genevois qui a jugé qu'il n'y avait pas de preuve contre lui
  • L'affaire, qui a provoqué la chute de cette figure charismatique et contestée de l'islam européen, avait été déclenchée fin octobre 2017 par les plaintes d'Henda Ayari, une ex-salafiste devenue militante laïque

PARIS  : Deux juges d'instruction ont ordonné vendredi que le prédicateur suisse Tariq Ramadan, récemment acquitté de viol dans un dossier à Genève, soit jugé par la cour criminelle départementale de Paris pour d'autres soupçons de viols commis sur quatre femmes.

Deux de ses avocats, Me Pascal Garbarini et Pauline Baudu-Armand, ont aussi annoncé aussitôt que M. Ramadan ferait appel «sans délai» de l'ordonnance, soulignant qu'il contestait «formellement» les accusations.

«Les accusations ont été fermement combattues depuis l'origine et l'instruction n'a fait que confirmer leur fragilité», a estimé de son côté une autre avocate, Me Elise Arfi.

Selon l'ordonnance de mise en accusation, dont l'AFP a eu connaissance, le conférencier aujourd'hui âgé de 60 ans, est renvoyé pour des soupçons de viols commis à Lyon, Paris ou encore Lille entre 2009 et 2016 sur quatre femmes.

Une décision de non-lieu partiel a en revanche été rendue concernant deux plaignantes.

«Tenter de renvoyer une personne devant une juridiction de jugement alors que la Cour de cassation est saisie d'une requête en nullité concernant le point central de ce dossier est inadmissible», ont par ailleurs réagi auprès de l'AFP Mes Philippe Ohayon, Ouadie Elhamamouchi et Nabila Asmane, trois autres de ses avocats.

La défense de M. Ramadan a en effet formé un pourvoi en cassation après la validation le 11 mai dernier par la cour d'appel de Paris d'expertises psychiatriques capitales, qu'elle contestait.

Fin mai, le conférencier, qui était aussi accusé en Suisse par une femme, a été acquitté de l'accusation de viol et contrainte sexuelle par un tribunal genevois qui a jugé qu'il n'y avait pas de preuve contre lui.

Me Laure Heinich, qui défend trois femmes dans le dossier instruit à Paris, a indiqué que ses clientes se réjouissaient de son renvoi devant une cour criminelle et du «travail manifestement très méticuleux rendu» par les magistrates.

Me Laura Ben Kemoun, qui en défend deux avec Me Heinich, a ajouté qu'elles étaient «soulagées et prêtes pour la suite».

- «Domination» et «soumission» -

Dans ce dossier emblématique de l'ère #MeToo, les plaignantes ont décrit des relations sexuelles particulièrement brutales: selon l'ordonnance, certaines ont relaté «la main qui tient et force la tête, le bras qui empêche de bouger ou de se retourner, le poids du corps, le regard de fou, les paroles de domination et de soumission, les ordres, les gestes ».

M. Ramadan, 60 ans, a pour sa part d'abord nié avoir eu des relations sexuelles extraconjugales avant d'être contraint de reconnaître, face aux preuves accumulées par la justice, des «relations de domination», rudes mais «consenties».

L'affaire, qui a provoqué la chute de cette figure charismatique et contestée de l'islam européen, avait été déclenchée fin octobre 2017 par les plaintes d'Henda Ayari, une ex-salafiste devenue militante laïque, et «Christelle», qui dénonçaient respectivement un viol en 2012 à Paris et en 2009 à Lyon.

Entre février 2018 et octobre 2020, M. Ramadan avait été successivement mis en examen pour viols sur ces deux premières plaignantes et trois autres victimes potentielles.

Il a été incarcéré dix mois.

Deux des victimes avaient été identifiées par la police sur des photos et des messages retrouvés dans son ordinateur, tandis que la troisième, l'ex-escort girl Mounia Rabbouj, l'avait accusé de neuf viols sur la période 2013-2014.

Les juges d'instruction ont finalement décidé de renvoyer le prédicateur devant la cour criminelle départementale, constituée de magistrats professionnels et sans jurés populaires, pour viols sur Henda Ayari, Mounia Rabbouj et une des femmes identifiées sur photo, ainsi que pour viols sur personne vulnérable sur «Christelle».

Tout au long de l'instruction, par ailleurs rythmée par la notion d'«emprise» exercée sur ces femmes qui l'admiraient, M. Ramadan a dénoncé des mensonges des plaignantes, les accusant de s'être concertées pour le «faire tomber».

Pour les magistrates instructrices, «la méthode de Tariq Ramadan est simple: contester l'existence de la rencontre, puis une fois la rencontre établie, dénigrer et discréditer les parties civiles, dans leur parole judiciaire et dans ce qu'elles sont, dénoncer un mensonge concerté entre femmes».

Mais «la théorie d'une concertation entre toutes pour dénoncer des viols et piéger Tariq Ramadan succombe à la chronologie des faits, aux dates d'entrée en contact entre les parties civiles, à la chronologie des confidences et aux modalités de dénonciation», écrivent les juges.


Des syndicats de journalistes dénoncent le "ciblage" de la presse au Proche-Orient

De la fumée s'élève après une frappe aérienne israélienne sur Khiam, dans le sud du Liban, le 29 octobre 2024. (AFP)
De la fumée s'élève après une frappe aérienne israélienne sur Khiam, dans le sud du Liban, le 29 octobre 2024. (AFP)
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  • La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et d'autres syndicats de presse français ont demandé mardi qu'il soit mis fin au "ciblage" des journalistes tués à Gaza et au Proche-Orient
  • Leur communiqué répertorie "143 journalistes" tués, dont "130 Palestiniens à Gaza, 4 Israéliens, 1 Syrienne et 8 Libanais – dont les 3 derniers assassinés au sud Liban

PARIS: La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et d'autres syndicats de presse français ont demandé mardi qu'il soit mis fin au "ciblage" des journalistes tués à Gaza et au Proche-Orient et appellent à une manifestation samedi à Paris.

Leur communiqué répertorie "143 journalistes" tués, dont "130 Palestiniens à Gaza, 4 Israéliens, 1 Syrienne et 8 Libanais – dont les 3 derniers assassinés au sud Liban le 25 octobre 2024".

Ce texte est signé de la FIJ, du Syndicat national des journalistes (SNJ), de la SNJ-CGT, la LDH (Ligue des droits de l'homme), Solidaires, Reporters solidaires et du Comité de soutien Assange.

Ces journalistes "ont en très grande majorité été délibérément ciblés, ce qui constitue des crimes de guerre", poursuivent les signataires.

"Israël a en outre récemment stigmatisé six journalistes du nord de Gaza en les présentant comme des +terroristes+, une accusation sans preuve qui vise à faciliter l'acceptation de leur potentiel assassinat", lit-on encore.

Les signataires condamnent "ces assassinats de journalistes" et s'élèvent "contre les menaces explicites à leur encontre".

Ils soutiennent "l'exigence d'un cessez-le-feu au Proche-Orient" et exigent "l'ouverture de Gaza aux médias internationaux et la protection des journalistes, en commençant par l'évacuation d'urgence des journalistes blessés".

À l'occasion de la Journée internationale pour la fin de l'impunité pour les crimes commis contre les journalistes, les signataires appellent aussi à un rassemblement samedi à 15H00, place de la République, à Paris.

L'offensive israélienne dévastatrice à Gaza a été lancée en riposte à une attaque menée le 7 octobre 2023 contre Israël par le mouvement islamiste Hamas. Cette attaque a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.

En représailles, Israël a promis d'anéantir le mouvement palestinien, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, et lancé une offensive qui a tué au moins 43.061 Palestiniens, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas.


Sahara occidental: Macron réaffirme le soutien à la «souveraineté marocaine», une position «hostile à personne»

Emmanuel Macron a réaffirmé mardi solennellement, devant le Parlement du Maroc à Rabat, que "le présent et l'avenir" du Sahara occidental "s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine", suscitant les applaudissements nourris des élus. (AFP)
Emmanuel Macron a réaffirmé mardi solennellement, devant le Parlement du Maroc à Rabat, que "le présent et l'avenir" du Sahara occidental "s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine", suscitant les applaudissements nourris des élus. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a réaffirmé mardi solennellement, devant le Parlement du Maroc à Rabat, que "le présent et l'avenir" du Sahara occidental "s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine"
  • "Cette position n'est hostile à personne", a assuré le président français dans une réponse aux critiques de l'Algérie, qui soutient les indépendantistes sahraouis du Front Polisario dans ce territoire disputé

RABAT: Emmanuel Macron a réaffirmé mardi solennellement, devant le Parlement du Maroc à Rabat, que "le présent et l'avenir" du Sahara occidental "s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine", suscitant les applaudissements nourris des élus.

"Cette position n'est hostile à personne", a assuré le président français dans une réponse aux critiques de l'Algérie, qui soutient les indépendantistes sahraouis du Front Polisario dans ce territoire disputé.

"Et je le dis ici aussi avec beaucoup de force, nos opérateurs et nos entreprises accompagneront le développement de ces territoires au travers d'investissements, d'initiatives durables et solidaires au bénéfice des populations locales", a-t-il ajouté.

Cette ex-colonie espagnole, considérée comme un "territoire non autonome" par l'ONU, oppose depuis un demi-siècle le Maroc au Front Polisario.

Après la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur ce territoire, Rabat a multiplié les pressions sur la France pour qu'elle en fasse autant.

Le 30 juillet, Emmanuel Macron a fini par considérer dans une lettre adressée au roi Mohammed VI que l'avenir du Sahara occidental s'inscrivait "dans le cadre de la souveraineté marocaine", ouvrant la voie à un réchauffement avec Rabat et par ricochet à une nouvelle crise avec Alger.

Ce réalignement de la position française avait ouvert la voie à cette visite d'Etat, maintes fois repoussée jusque-là.

"Nouvelle page"

"L'autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue et le plan d'autonomie de 2007" proposé par le Maroc "constitue la seule base pour parvenir à une solution politique juste, durable et négociée, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies", a insisté mardi le président français.

"Ancrée dans l'histoire, respectueuse des réalités et prometteuse pour l'avenir, cette position est celle que la France mettra en œuvre pour accompagner le Maroc dans les instances internationales", s'est-il engagé.

Selon lui, "elle permet d'ouvrir une nouvelle page", y compris "avec tous ceux qui veulent agir dans un cadre de coopération régionale en Méditerranée avec les pays voisins du Maroc et avec l'Union européenne".

Au-delà du territoire disputé, Emmanuel Macron a évoqué la nécessité d'aboutir dans la région du Sahel à "une stabilité respectueuse des peuples".

Il a plaidé pour des "projets de développement pour la jeunesse" qui "seule permettra non seulement la stabilité, mais de mettre fin aux routes des trafics et de la misère qui, du Golfe de Guinée à la Libye, sont ceux qui font souffrir le continent africain et le continent européen".

Trois pays du Sahel, Niger, Mali et Burkina Faso, dirigés par des juntes, ont rompu avec la France, ex-puissance coloniale.

La France "a été accusée par certains de tous les maux, bien injustement, car pendant une décennie, elle a évité l'effondrement de plusieurs Etats face au terrorisme et à des califats territoriaux", a déploré le président français. Il a assuré vouloir, "avec humilité", "bâtir une stratégie partenariale nouvelle" dans la région.


Sciences Po: quatre étudiants propalestiniens toujours suspendus

Des étudiants se préparent à quitter l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) en brandissant un drapeau palestinien pour manifester contre la guerre d'Israël dans la bande de Gaza, à Paris, le 8 octobre 2024. (AFP)
Des étudiants se préparent à quitter l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) en brandissant un drapeau palestinien pour manifester contre la guerre d'Israël dans la bande de Gaza, à Paris, le 8 octobre 2024. (AFP)
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  • Quatre étudiants de Sciences Po Paris qui avaient mené fin septembre une action propalestinienne et sont depuis interdits d'accès à l'établissement par la direction, vont devoir poursuivre leurs cours à distance
  • Plusieurs syndicats d'enseignants et étudiants (Sud Education, Solidaires, Unef...) ont dénoncé "le nouveau tournant répressif de l'administration de Sciences Po à l'encontre des étudiants engagés contre la guerre menée par Israël contre les Palestiniens

PARIS: Quatre étudiants de Sciences Po Paris qui avaient mené fin septembre une action propalestinienne et sont depuis interdits d'accès à l'établissement par la direction, vont devoir poursuivre leurs cours à distance, a-t-on appris auprès de leur conseil et de la justice administrative, lundi.

Saisi en référé pour la deuxième fois, le tribunal administratif de Paris a débouté lundi les étudiants qui réclamaient leur retour en classe en estimant que "la condition d'urgence n'est pas remplie" pour examiner leur demande.

"Nous attendons désormais une prochaine date d’audience au fond et en attendant, les quatre étudiants poursuivent leurs cours à distance", a expliqué leur avocate, Me Damia Taharraoui, contactée par l'AFP.

Les faits remontent à fin septembre, lors d'un forum auquel participaient des entreprises pour informer sur les débouchés professionnels.

Selon Sciences Po, quatre étudiants avaient "été identifiés comme ayant participé à une action" propalestinienne au cours de laquelle "du matériel a été dégradé notamment" sur les stands de quatre entreprises. "La section disciplinaire a été saisie, et dans l'attente de sa décision, ils ont eu une interdiction d'accès au campus" prononcée début octobre.

"On leur a proposé de suivre leurs études en zoom", a précisé Sciences Po à l'AFP.

Dans une interview aux Echos mi-octobre, le nouveau directeur de Sciences Po Paris, Luis Vassy, avait promis de "prendre les décisions pour assurer un fonctionnement serein". Il avait précisé l'avoir fait "en prenant quatre mesures temporaires d'interdiction d'accès au campus pour des étudiants qui avaient participé, lors de la journée des carrières, à une action dirigée contre les représentants de quatre entreprises".

Il avait alors estimé que le rejet du premier référé des étudiants par le tribunal administratif était "un bon signal en vue du retour à la sérénité sur le campus".

Dans un communiqué publié jeudi, plusieurs syndicats d'enseignants et étudiants (Sud Education, Solidaires, Unef...) ont dénoncé "le nouveau tournant répressif de l'administration de Sciences Po à l'encontre des étudiants engagés contre la guerre menée par Israël contre les Palestiniens et les Libanais".

"Nous réaffirmons notre soutien plein et entier aux étudiants mis en cause et demandons que cessent immédiatement toutes les poursuites et qu'aucune sanction ne soit prise à leur encontre", ont-ils ajouté.