MARSEILLE: Quelque 200 personnes se sont rassemblées jeudi en fin d'après-midi cité Air Bel, à Marseille, au pied de l'immeuble où vit la veuve de Mohamed, mort dans la nuit de samedi à dimanche, possiblement victime d'un tir de LBD policier.
Un appel à une marche blanche avait été lancé et relayé sur les réseaux sociaux, notamment par des associations et des collectifs citoyens, sans que la famille de Mohamed en soit à l'origine.
"La famille est touchée par cet élan de solidarité", a déclaré à la presse Kaouther Ben Mohamed, présidente de l'association "Marseille en colère !". "On parle d'un papa qui ne va pas voir naître un de ses enfants et qui ne verra pas grandir ses enfants", a-t-elle martelé, relayant notamment l'appel au calme et à la justice de la mère de Mohamed.
"Sa mère dit que son fils n'était pas dans les émeutes, qu'il filmait à côté de Foot Locker (NDLR: un magasin du centre de Marseille pillé dans la nuit de samedi à dimanche), et après, on n'a plus rien", a ajouté Mme Ben Mohamed, rapportant les propos de la mère du jeune homme. "Elle a demandé via ses conseils qu'on retrace son chemin avec les caméras de vidéosurveillance pour comprendre ce qu'il s'est passé".
"Pour qu'il y ait apaisement, il faut qu'il y ait justice, l'un ne pourra pas aller sans l'autre", a-t-elle conclu.
Mohamed, 27 ans, marié, père d'un enfant et dont la veuve attend un deuxième enfant, a perdu la vie dans la nuit de samedi à dimanche, après avoir fait un malaise alors qu'il circulait à scooter au coeur de Marseille. La ville était alors secouée par de violentes émeutes dans le sillage de la mort de Nahel à Nanterre, et un dispositif policier fortement renforcé avait été déployé.
«Choc violent au niveau du thorax»
C'est lors de son autopsie qu'a été repérée sur sa poitrine la trace de ce qui pourrait être l'impact d'un tir de LBD.
Le parquet de Marseille a estimé "probable" que son décès ait été "causé par un choc violent au niveau du thorax causé par le tir d'un projectile de 'type Flash-Ball'" et ouvert une information judiciaire pour "coups mortels avec usage ou menace d'une arme". La police judiciaire et l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) ont été co-saisies de l'enquête.
"Il faudrait que ça change, il y a eu trop de morts, trop de jeunes qui partent pour un oui ou pour un non. C'est toujours la même chose, comme une cassette qui répète toujours la même chose", a témoigné auprès de l'AFP Zoulika Zemmar, mère de famille, venue au rassemblement de jeudi d'un quartier voisin.
"On demande des éclaircissements, on ne veut pas que ça passe à la trappe comme le cas de Souheil", a souligné de son côté Mohamed Benmeddour, éducateur dans les quartiers nord, faisant référence au cas d'un jeune de 19 ans mortellement blessé par un policier à la Belle-de-Mai à Marseille en août 2021 lors d'un refus d'obtempérer.
Présent lui aussi, le père de Souheil, Issam El Khalfaoui, voulait "soutenir la famille" de Mohamed: "Encore un jeune tué par un policier, certainement", a-t-il déclaré. "Et je suis aussi venu dénoncer le fait qu'a priori l'IGPN commence à dire que (les faits) n'ont pas été filmés. Tout a été filmé, sauf le tir, comme par hasard."