De petits gestes peuvent faire une grande différence dans la lutte contre la pollution plastique

Un ouvrier trie des bouteilles en plastique dans un centre de recyclage à Panagoda, au Sri Lanka. (AFP)
Un ouvrier trie des bouteilles en plastique dans un centre de recyclage à Panagoda, au Sri Lanka. (AFP)
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Publié le Dimanche 02 juillet 2023

De petits gestes peuvent faire une grande différence dans la lutte contre la pollution plastique

De petits gestes peuvent faire une grande différence dans la lutte contre la pollution plastique
  • Près de 14 millions de tonnes d'articles en plastique sont déversées dans nos océans chaque année, empoisonnant la faune marine
  • Certaines bouteilles en plastique peuvent mettre plus de quatre cents ans à se désagréger, se fragmentant en morceaux de plus en plus petits qui ne se décomposent jamais complètement

Le mois de juillet sans plastique est devenu un événement internationalement reconnu qui a incité plus de 100 millions de personnes dans cent quatre-vingt-dix pays à agir. L'objectif de ce mouvement mondial est de réduire les déchets plastiques et d'encourager les gouvernements, les organisations et les individus à agir pour lutter contre la pollution plastique dans le monde.

Bien que le plastique soit une ressource importante en soi, la pollution qu’il génère est devenue un élément phare de la crise environnementale actuelle. Malheureusement, moins de 10% du plastique est recyclé.

La pollution plastique cause des dommages importants à l'environnement, aux mammifères marins et à l'humanité. Près de 14 millions de tonnes d'articles en plastique sont déversées dans nos océans chaque année, empoisonnant la faune marine. Pour mettre ce chiffre en perspective, cela équivaut à jeter un chargement de déchets plastiques d'un camion à ordures dans l'océan toutes les minutes.

Des déchets plastiques ont même été découverts dans les glaces de l'Arctique. Le plastique s'est également introduit dans les moules, une étude ayant montré que 100% des moules testées étaient contaminées par des microplastiques. Par ailleurs, quelque 60% des poissons examinés à l’échelle mondiale étaient porteurs de microplastiques.

Chaque année, la pollution plastique tue près d'un million d'animaux marins, dont des dauphins, des phoques, des tortues et des oiseaux de mer. Et dans trente ans, il y aura plus de plastique que de poissons dans nos océans. Selon Surfers Against Sewage (organisation caritative de conservation marine), «pour les animaux sauvages tels que les poissons, les dauphins, les oiseaux de mer et les phoques, le plastique peut être fatal – ils peuvent s'emmêler ou confondre le plastique avec de la nourriture. De l'albatros mort dans l'atoll de Midway, l'estomac rempli de déchets plastiques, à la baleine retrouvée affamée et mourante au large des côtes norvégiennes avec trente sacs plastiques et des masses d'emballages plastiques dans son système digestif, trop d'incidents illustrent ce problème avec une clarté saisissante.»

Le problème du plastique est qu'il ne se décompose jamais entièrement. Certaines bouteilles en plastique peuvent mettre plus de quatre cents ans à se désagréger, se fragmentant en morceaux de plus en plus petits qui ne se décomposent jamais complètement.

Il n'est pas surprenant que les microplastiques se retrouvent également dans le corps humain. En moyenne, les êtres humains ingéreraient plus de 18 kg de plastique au cours de leur vie. Une étude publiée l'année dernière a révélé que des microplastiques – qui peuvent endommager les cellules de notre corps – ont été trouvés dans le sang de près de 80% des participants. «Notre étude est la première indication que nous avons des particules de polymères dans notre sang – c'est un résultat révolutionnaire. Il est certainement légitime de s'inquiéter. Les particules sont là et sont transportées dans tout le corps», déclare Dick Vethaak, écotoxicologue à la Vrije Universiteit Amsterdam, aux Pays-Bas. Il ajoute: «Nous savons également que les bébés et les jeunes enfants sont plus vulnérables à l'exposition aux produits chimiques et aux particules. Cela me préoccupe énormément.»

En prenant quelques mesures simples, nous pouvons sans aucun doute inciter d'autres personnes de nos communautés à faire de même.

 

Dr Majid Rafizadeh

Près de la moitié du plastique produit dans le monde est à usage unique, c'est-à-dire qu'il n'est souvent utilisé que quelques instants avant d'être jeté. La production de matières plastiques a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, en partie parce qu'elle est bon marché et rentable. Au cours des dix dernières années, on a produit plus de plastique que pendant tout le siècle dernier. Plus de 380 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année et plus d'un million de bouteilles en plastique sont achetées dans le monde chaque minute.

Malheureusement, les pays riches et développés ont tendance à utiliser plus de plastique par habitant que le reste du monde. Les États-Unis et le Royaume-Uni sont les deux principaux producteurs de déchets plastiques par personne. À titre d’exemple, en ce qui concerne l'utilisation des bouteilles par les Américains, plus de 100 milliards de bouteilles ont été vendues dans le pays en un an, ce qui équivaut à près de 315 bouteilles par personne. «Le processus de production de l'eau en bouteille nécessite près de six fois plus d'eau par bouteille qu'il n'y en a dans le contenant... 14% de tous les déchets sauvages proviennent des contenants de boissons. Si l'on tient compte des bouchons et des étiquettes, ce chiffre est encore plus élevé», selon Plastic Oceans International (organisation mondiale qui s'efforce de mettre fin à la pollution plastique).

Chacun d'entre nous peut prendre plusieurs mesures pour faire progresser la lutte contre la pollution plastique et la protection de notre planète. Nous pouvons commencer par relever le défi du mois de juillet sans plastique. Pour participer à ce mouvement mondial, les gens sont mis au défi d'éviter d'utiliser des plastiques à usage unique pendant un mois entier. L'idée est qu'au bout d'un mois, cela peut devenir une habitude durable.

D'autres mesures simples consistent à prendre des sacs réutilisables pour faire ses courses et à se munir de bouteilles réutilisables pour les boissons afin d'éviter les contenants jetables. Les gens peuvent également se porter volontaires et participer à des ramassages de déchets plastiques. Les organisateurs conseillent également d'éviter d'utiliser des pailles et des ustensiles jetables dans les restaurants et les cafés. Dans leur propre quartier, les gens peuvent organiser une action pour nettoyer les rues des déchets plastiques et empêcher l'utilisation de sacs en plastique jetables. Vous serez peut-être surpris de voir le nombre de personnes qui vous rejoindront et le changement positif qui s'ensuivra. On peut aussi faire du bénévolat pour des organisations environnementales quelques heures par semaine.

En adoptant ces simples mesures, nous pouvons sans aucun doute inspirer d'autres personnes dans nos communautés à faire de même. Imaginez ensuite l'effet d'entraînement que le changement de certaines de nos habitudes de vie personnelles pourrait avoir sur notre planète, sur notre santé et celle des générations futures, ainsi que sur la vie marine.

En bref, le mois de juillet sans plastique nous rappelle les dommages considérables que la pollution plastique cause à notre planète. Il est de notre responsabilité d'agir. En prenant des mesures simples, chacun d'entre nous peut contribuer à résoudre le problème de la pollution plastique.

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

- Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.

Twitter : @Dr_Rafizadeh

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.