Syrie: Les crises successives accentuent les troubles mentaux dans la population

Des Syriens déplacés se réfugient à la mosquée Sultan Ibrahim dans la ville de Jableh, contrôlée par le régime syrien, au nord-ouest de la capitale Damas, le 12 février 2023, à la suite d'un tremblement de terre meurtrier en Turquie et en Syrie (Photo, AFP).
Des Syriens déplacés se réfugient à la mosquée Sultan Ibrahim dans la ville de Jableh, contrôlée par le régime syrien, au nord-ouest de la capitale Damas, le 12 février 2023, à la suite d'un tremblement de terre meurtrier en Turquie et en Syrie (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 29 juin 2023

Syrie: Les crises successives accentuent les troubles mentaux dans la population

  • Des années de guerre et les tremblements de terre de février ont eu des répercussions psychologiques profondes en Syrie
  • L'organisation caritative MedGlobal a déclaré qu'il y avait eu «un impact psychologique grave» sur les civils, entraînant dépression, anxiété et syndrome de stress post-traumatique

WASHINGTON: Après plus d'une décennie de guerre civile, les tremblements de terre dévastateurs qui ont frappé la Syrie cette année ont infligé un traumatisme supplémentaire à une population déjà vulnérable, ont déclaré des experts lors d'une conférence organisée mercredi aux États-Unis.

De nombreux Syriens souffrent non seulement des effets physiques des crises dans leur pays, mais aussi de graves répercussions mentales, notamment le syndrome de stress post-traumatique, qui pèsent lourdement sur la société syrienne dans son ensemble et sur les habitants du nord-ouest en particulier.

Les effets d'entraînement de cette crise de santé mentale, qui touche non seulement les victimes du conflit et de la catastrophe naturelle, mais aussi ceux qui leur fournissent des soins de santé, comprennent l'abus de drogues telles que l'amphétamine Captagon, les stupéfiants et les analgésiques.

Ces effets sont observés dans de nombreuses couches de la société syrienne, selon des experts médicaux et sociaux qui ont partagé leurs expériences et leurs conclusions lors de l'événement de mercredi, organisé par l'Institut du Moyen-Orient à Washington et auquel Arab News a assisté.

Alors que la guerre civile approchait de la fin de sa douzième année, deux tremblements de terre, de magnitude 7,8 et 7,5, ont causé des dégâts dévastateurs dans certaines régions du nord de la Syrie et du sud de la Turquie le 6 février.

Selon un rapport de MedGlobal, une organisation caritative non gouvernementale qui fournit une aide humanitaire d'urgence et des soins de santé, le «conflit syrien a eu un impact psychologique grave sur ses civils, entraînant des niveaux élevés de problèmes de santé mentale tels que la dépression, l'anxiété et le syndrome de stress post-traumatique».

MedGlobal a ajouté que de nombreux Syriens ont vécu des événements traumatisants tels que des bombardements, des fusillades et des déplacements forcés, qui ont contribué à l'apparition de problèmes de santé mentale. Le manque d'accès à des soins de santé mentale et à un soutien adéquats a aggravé les effets psychologiques de la guerre sur la population.

La conférence a permis d'apprendre que près de la moitié de la population syrienne, et en particulier les personnes les plus touchées par les tremblements de terre, souffrent de troubles mentaux à un degré ou à un autre, et que nombre d'entre elles ont développé des troubles graves et présentent tous les symptômes du syndrome de stress post-traumatique (SSPT).

La Dr Nora Abdallah, résidente en psychiatrie à l'hôpital Yale New Haven dans le Connecticut et bénévole chez MedGlobal, a signalé qu'il y avait une crise aiguë de la santé mentale dans les régions du nord-ouest de la Syrie qui échappent au contrôle du régime syrien, avec seulement deux psychiatres pour desservir une population d'environ 3,5 millions de personnes.

Elle a qualifié l'ampleur de la crise de «sidérante» et a déclaré qu'une approche de «télésanté», utilisant la technologie pour fournir des traitements et des services de soutien aux patients et au personnel médical travaillant dans des conditions très stressantes, qui sont souvent eux-mêmes victimes de problèmes de santé mentale. Cela va certainement aider à compenser le manque de professionnels de la santé mentale dans certaines régions de la Syrie.

«Environnement dangereux»

La Dr Dania Albaba, résidente en psychiatrie au Collège de médecine de Baylor à Houston (Texas), bénévole et auteure du rapport pour MedGlobal, a déclaré que les «premiers secours psychologiques» sont utilisés sur le terrain en Syrie pour aider les gens à reconnaître les signes avant-coureurs de traumatismes et de troubles mentaux, et leur apprendre ce qu'ils peuvent faire pour y remédier.

«Nous savons que l'aide d'urgence en matière de santé mentale est très importante et qu'elle est nécessaire immédiatement après un tremblement de terre ou toute autre crise», a-t-elle ajouté.

Alex Mahoney, directeur par intérim pour le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et l'Europe au Bureau d'aide humanitaire de l'Agence américaine pour le développement international, a déclaré qu'en plus de soutenir la fourniture de traitements d'urgence en santé mentale, l'agence contribue également à fournir des services de soutien psychosocial au peuple syrien, en particulier une aide matérielle et des formations pour les réfugiés déplacés.

Il a reconnu que la région reste «un environnement dangereux», en particulier pour les organisations ayant des liens directs avec les États-Unis. C'est pourquoi l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) travaille avec les Nations unies et veille à ne pas révéler l'identité des personnes qui l'assistent dans la distribution de l'aide aux communautés.

Il a également parlé de la «télésanté» et a indiqué qu'il s'agit d'un des services fournis par son agence, grâce au travail de partenaires spécialisés.

Natacha Hall, chargée de recherche au programme Moyen-Orient du Centre d'études stratégiques et internationales de Washington, a prévenu que la situation dans le nord-ouest de la Syrie était désastreuse, en particulier depuis les tremblements de terre. Entre 60 et 85% de la population est au chômage et environ 9 000 personnes qui avaient un emploi l'ont perdu à cause de la réduction des financements par les donateurs internationaux, a-t-elle ajouté.

L'aide internationale et les fonds destinés aux réfugiés dans le pays s’épuisent, alors que la situation des Syriens ne s'est pas améliorée depuis des années, a souligné Hall.

«Cette population est totalement dépendante de l'aide humanitaire», a-t-elle soutenu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les dirigeants du CCG réaffirment le lien de «sécurité indivisible» lors du sommet de Bahreïn

Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG. (SPA)
Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG. (SPA)
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  • Toute atteinte à la souveraineté d'un État membre est considérée comme une menace pour la sécurité collective
  • Les pays soulignent l'objectif d'un Moyen-Orient exempt d'armes nucléaires

LONDRES: Les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe ont réaffirmé leur lien de sécurité indivisible, enraciné dans une foi, une lignée et une langue communes, ainsi que dans une destinée partagée, à l'issue de la 46e session du Conseil suprême au palais d'Al-Sakhir, à Bahreïn.

Les délégués ont déclaré que la sécurité des États du CCG était indivisible et que toute atteinte à la souveraineté d'un État membre constituait une menace directe pour leur sécurité collective.

"Respecter la souveraineté des États du CCG et de tous les pays de la région, ne pas s'ingérer dans leurs affaires intérieures et rejeter le recours à la force ou à la menace d'y recourir", ont-ils déclaré dans un communiqué.

Le secrétaire du CCG, Jasem Mohamed Albudaiwi, a déclaré que les États du Golfe étaient unis dans leur soutien au Qatar à la suite des attaques distinctes lancées cette année contre ce pays par l'Iran et Israël dans le cadre du conflit à Gaza.

L'attaque de missiles iraniens visant la base aérienne américaine d'Al-Udeid en juin était "une agression rejetée, une violation claire de sa souveraineté, de son espace aérien et des principes de bon voisinage", a-t-il déclaré.

En septembre, Israël a lancé une attaque aérienne contre des figures du Hamas à Doha, qui a fait six morts, dont un citoyen qatari.

"L'agression israélienne brutale (...) représente une attaque flagrante contre les efforts internationaux visant à obtenir un cessez-le-feu et la libération des otages", a déclaré M. Albudaiwi.

Les dirigeants du Golfe ont salué les résultats du sommet de la paix de Charm el-Cheikh en octobre et les efforts internationaux visant à mettre fin à la guerre de Gaza, à faciliter l'aide humanitaire et à soutenir un État palestinien indépendant le long des frontières d'avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément à la solution à deux États et à l'initiative de paix arabe.

Ils ont déclaré que leur objectif était de consolider une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient, tout en s'efforçant de résoudre les conflits régionaux et internationaux par des moyens pacifiques.

M. Albudaiwi a félicité l'Arabie saoudite et la France d'avoir coprésidé une conférence organisée en septembre à New York, qui a abouti à la reconnaissance du statut d'État palestinien par plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie. Il a également salué les efforts constants du Qatar, de l'Égypte et de la Turquie pour faciliter les discussions qui ont abouti à l'accord de Gaza.


Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG et a coprésidé la quatrième réunion du Conseil de coordination saoudo-bahreïnien.

Le roi de Bahreïn, Hamad bin Isa bin Salman Al-Khalifa, a déclaré que le sommet avait abordé des questions régionales et diverses méthodes pour renforcer la solidarité et l'intégration du CCG.

L'émir du Koweït, Cheikh Mishal Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, a déclaré que le CCG avait surmonté des circonstances régionales et internationales complexes et a réitéré la condamnation par le CCG de l'agression israélienne contre le Qatar.

Les dirigeants ont insisté sur l'objectif consistant à débarrasser le Moyen-Orient des armes nucléaires et des armes de destruction massive. Ils ont souligné les efforts déployés par les forces navales conjointes basées à Bahreïn pour renforcer la sécurité énergétique, protéger la navigation maritime et préserver le commerce international.

Ils ont également souligné la nécessité de satisfaire aux exigences du marché commun et de l'union douanière du CCG, de stimuler le commerce et le tourisme et d'investir dans des domaines clés tels que les infrastructures, les transports, l'énergie, les communications, l'eau et l'alimentation.

Les dirigeants ont accueilli le premier ministre italien, Giorgia Meloni, qui a participé au sommet en tant qu'invitée d'honneur.

Le CCG a été créé en 1981 et se compose de six membres : Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Oman, Bahreïn, Qatar et Koweït. Son siège est situé à Riyad.


Yémen: les marins d'un navire coulé par les Houthis libérés 

Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts. (AFP)
Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts. (AFP)
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  • "L'équipage du navire Eternity C a été libéré grâce à la médiation omanaise et un avion le transporte actuellement de Sanaa à Mascate"
  • Dix membres ont quitté l'aéroport mercredi après-midi, a-t-elle précisé plus tard sur le réseau social X

SANAA: Les membres d'équipage d'un cargo coulé par les rebelles yéménites houthis en juillet ont été libérés, a annoncé mercredi un média de ces insurgés, ajoutant qu'ils avaient été transportés par avion de Sanaa à Mascate, la capitale omanaise.

"L'équipage du navire Eternity C a été libéré grâce à la médiation omanaise et un avion le transporte actuellement de Sanaa à Mascate", a déclaré la chaîne de télévision rebelle Al-Massirah.

Dix membres ont quitté l'aéroport mercredi après-midi, a-t-elle précisé plus tard sur le réseau social X.

Des images de la chaîne Oman TV ont ensuite montré les marins arriver à Mascate, où ils ont été reçus par des responsables omanais et philippins.

Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts.

Un responsable houthi a indiqué à l'AFP que la remise en liberté de l'équipage faisait partie d'un accord conclu avec Oman, visant à rapatrier 35 Yéménites, "des malades et des blessés" qui se trouvent "bloqués à l'étranger".

"Ils seront remis à Sanaa" et en échange, les marins du navire doivent être "remis à la partie omanaise", a expliqué cette source sécuritaire, sous couvert d'anonymat.

L'Eternity C, battant pavillon libérien, avait été coulé en juillet dernier en mer Rouge.

Les Houthis avaient publié à l'époque une vidéo de l'attaque, en déclarant avoir "sauvé" un nombre non précisé de marins et les avoir transférés en lieu sûr.

Après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les Houthis pro-iraniens, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont mené des attaques contre des navires qu'ils estimaient liés à Israël.

Ils n'ont revendiqué aucune attaque de ce type depuis la trêve conclue à Gaza en octobre.


Premières discussions directes entre le Liban et Israël en plus de 40 ans

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban. (AFP)
Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban. (AFP)
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  • Jusqu'à présent, des militaires représentaient le Liban et Israël, qui n'ont pas de relations diplomatiques officielles, aux réunions de l'organisme dirigé par les Etats-Unis et qui comprend également la France et l'ONU
  • La délégation libanaise évitait tout contact direct avec la partie israélienne, selon une source diplomatique qui a requis l'anonymat

BEYROUTH: Des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu dans le sud du Liban, les premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays.

Alors que les deux voisins sont toujours techniquement en état de guerre, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a pris soin de souligner qu'il ne s'agissait pas de négociations de paix.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui salué "l'atmosphère positive" dans laquelle s'est déroulée la réunion, selon son bureau.

Celle-ci intervient alors qu'Israël menace d'une escalade au Liban, où son armée continue de viser le Hezbollah malgré un cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, accusant le mouvement pro-iranien de se réarmer.

"Pas important" 

Dirigées par des civils, les deux délégations se sont rencontrées au quartier général de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), à Naqoura, près de la frontière avec Israël, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus, selon l'ambassade américaine à Beyrouth.

Jusqu'à présent, des militaires représentaient le Liban et Israël, qui n'ont pas de relations diplomatiques officielles, aux réunions de l'organisme dirigé par les Etats-Unis et qui comprend également la France et l'ONU.

La délégation libanaise évitait tout contact direct avec la partie israélienne, selon une source diplomatique qui a requis l'anonymat.

L'ambassade des Etats-Unis au Liban a salué mercredi sur X la participation à la réunion de représentants civils: l'ancien diplomate libanais, Simon Karam, et le responsable du Conseil de sécurité nationale d'Israël, Uri Resnick. Elle a parlé d'un "pas important" en vue d'une "paix durable".

"Il a été convenu d'élaborer des idées pour promouvoir une éventuelle coopération économique entre Israël et le Liban", a souligné le bureau de Benjamin Netanyahu.

Le Premier ministre libanais a indiqué pour sa part que ce type de réunions avait pour but de parvenir "à la cessation des hostilités (et) au retrait israélien total" du territoire libanais, où l'armée israélienne conserve des positions dans le sud.

"Les relations économiques viendront à la toute fin du processus de normalisation, qui doit venir après la paix", a expliqué M. Salam. "Elles ne peuvent pas précéder la paix".

Il a souligné que le Liban n'avait pas l'intention de conclure une paix séparée avec Israël.

La rencontre intervient au lendemain de réunions de Mme Ortagus avec Benjamin Netanyahu et son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, qui a affirmé sur X que "le désarmement du Hezbollah était crucial pour l'avenir du Liban et la sécurité d'Israël".

Désarmement "incontournable" 

Le gouvernement israélien a répété mercredi que le désarmement du Hezbollah était "incontournable".

L'émissaire américaine est par la suite attendue au Liban, où le président Joseph Aoun s'était déclaré prêt à des négociations avec Israël, brisant un tabou entre les deux pays.

En 1983, après l'invasion israélienne du Liban, les deux pays avaient mené des contacts directs qui avaient abouti à la signature d'un accord prévoyant l'établissement de relations entre eux, mais il n'a jamais été ratifié.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.

"Israël se prépare à une escalade majeure au Liban à la lumière du renforcement militaire en cours du Hezbollah", a affirmé la radio-télévision publique israélienne mercredi.

Selon M. Salam, le Liban est ouvert à ce que l'ONU, les Etats-Unis et la France "vérifient" le désarmement du mouvement pro-iranien par l'armée libanaise dans le sud du pays.

Il a confirmé qu'elle devrait achever d'ici la fin de l'année le démantèlement des structures militaires du Hezbollah entre la frontière et le fleuve Litani, à une trentaine de km plus au nord.