Hajj: Les pèlerins de tous horizons unis autour des valeurs de foi, de compassion et d’humilité

Des fidèles prient à la Grande Mosquée de La Mecque, le site le plus sacré de l'islam (Photo, AFP).
Des fidèles prient à la Grande Mosquée de La Mecque, le site le plus sacré de l'islam (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 28 juin 2023

Hajj: Les pèlerins de tous horizons unis autour des valeurs de foi, de compassion et d’humilité

  • L'ouverture croissante de l'Arabie saoudite fait du Hajj une occasion précieuse de compréhension interculturelle
  • Le message de piété, de bonté, de vertu et d'égalité traverse les cultures, reliant toutes les confessions, toutes les nations et toutes les classes sociales

DUBAÏ: Des musulmans du monde entier sont arrivés à La Mecque au cours des dernières semaines en prévision du pèlerinage annuel du Hajj qui a débuté lundi. Bien que la participation à cette tradition sacrée soit strictement réservée aux adeptes de l'islam, la nature de plus en plus ouverte de l’Arabie saoudite signifie qu'elle offre également une occasion précieuse de dialogue et de compréhension entre les cultures.

Le Hajj est l'un des cinq piliers de l'islam, après la profession de foi, la prière, les actions caritatives et le jeûne. Il s'agit d'un acte d'adoration hautement symbolique qui rassemble les musulmans du monde entier, sans distinction de race, de classe, de culture ou de nationalité, pour marcher sur les traces des millions de personnes qui ont accompli avant eux ce voyage spirituel intense.

«Le Hajj est une période incroyablement spéciale de l'année pour nous», a déclaré à Arab News Kumail Almusali, conservateur à Ithra, le Centre du roi Abdelaziz pour la culture mondiale, qui a récemment organisé une exposition sur l'Hijrah (le voyage du prophète Mohammed et de ses compagnons de La Mecque à Médine).

«Il ne s'agit pas seulement d'une obligation religieuse, mais d'une occasion de se réunir avec des millions de musulmans du monde entier afin de vivre une expérience commune de connexion et d'unité, dans un environnement spirituel unique», a-t-il ajouté.

Un pèlerin prie au sommet du Mont Arafat (Photo, AFP).

Tous les musulmans sont tenus d'accomplir le Hajj, d'une durée de cinq jours, au moins une fois dans leur vie, s'ils en sont physiquement et financièrement capables. Il s'agit d'une expérience spirituelle profondément émouvante qui, selon eux, absout leurs péchés et les rapproche de Dieu, et qui sert à unir les 1,8 milliard de musulmans du monde.

Le Hajj rappelle aux musulmans de tous horizons l'importance de leur lien avec Dieu et de leur «contribution à l'humanité», a expliqué Almusali.

«Le pèlerinage représente un nouveau départ, une chance d'effacer tous les péchés qui ont pu s'accumuler au fil des ans et de recommencer à zéro avec un sentiment de pureté et d'utilité.»

Le mot arabe Hajj se traduit par «entreprendre un voyage» ou par l'idée métaphorique de s'efforcer continuellement, même face à l'adversité, d'atteindre ses objectifs.

Si la tradition du Hajj est principalement associée à la vie du prophète Mohammed, qui a fondé le pèlerinage en 632, l'année de sa mort, les musulmans croient que les rituels du Hajj remontent à des milliers d'années, à l'époque d'Abraham.

Selon les croyances islamiques, Abraham a construit la Kaaba sur les instructions d'Allah. Il s'agit de la structure cubique qui se trouve au cœur du Masjid al-Haram, ou Grande Mosquée, à La Mecque, qui est le site le plus sacré de l'islam. Les pèlerins vêtus de blanc marchent autour de la Kaaba pendant le Hajj, en répétant des invocations.

Des pèlerins prient autour de la Kaaba à la Grande Mosquée (Photo, AP).

Le Hajj et les rituels qui y sont associés sont ardus et exigeants. Selon la foi islamique, ils reflètent les rituels accomplis pour la première fois par Abraham, sa femme Hajar et leur fils Ismaël, et plus tard par le prophète Mohammed.

Tout comme l'islam, le christianisme et le judaïsme remontent tous à Abraham, ils partagent un ensemble de valeurs communes, notamment la foi, la compassion et l'humilité, qui se reflètent également dans le message central du Hajj.

En effet, alors que le Royaume d’Arabie saoudite s'ouvre de plus en plus au monde extérieur, grâce aux réformes sociales et au plan de transformation économique de la Vision saoudienne 2030, le Hajj offre une riche opportunité pour les Saoudiens, les pèlerins d'autres pays, les touristes et les résidents étrangers de célébrer ces valeurs partagées et de reconnaître leurs racines communes.

EN BREF

2.5 millions de pèlerins ont afflué vers la ville sainte de La Mecque pour accomplir le Hajj.

«Son message est un message de foi, de compassion, d'humilité et d'unité, et il est apprécié par des personnes de toutes confessions et de tous horizons», a indiqué Almusali.

Les pays d'origine des pèlerins et leur statut social dans leur pays d'origine sont sans importance pendant le Hajj. La croyance qui résonne chez tous les pèlerins est celle de l'humilité et de l'abandon total de l'importance de soi.

Comme l'a dit le Prophète : «Toute l’humanité descend d’Adam et Ève. Un Arabe n’est point supérieur à un non-Arabe, et un non-Arabe n’est point supérieur à un Arabe; et les Blancs ne sont point supérieurs aux Noirs, de même que les Noirs ne sont point supérieurs aux Blancs. Aucune personne n’est supérieure à une autre, si ce n’est en piété et en bonnes actions.»

De chaque abîme : Maseera (Le chemin)

Les pèlerins estiment que les enseignements islamiques de piété, de bonté, de vertu et d'égalité sont des valeurs qui transcendent les cultures, reliant toutes les confessions, toutes les nations et toutes les classes sociales. Le Hajj donne donc l'occasion aux habitants et aux visiteurs étrangers de l’Arabie saoudite d'accomplir des actes de charité et de générosité et d'en être les témoins.

Rawan al-Selhi, une créatrice de bijoux saoudienne, a déclaré à Arab News que le Hajj est une période où l'on rappelle aux musulmans qu'ils doivent aider leurs compagnons de pèlerinage, en particulier ceux qui ont eu moins d'opportunités économiques, «par exemple en demandant instamment le report des prières dans la Mosquée du Prophète autant que possible afin de créer plus d'espace pour les pèlerins venant de l'étranger».

«Ces gestes simples ont permis d'établir une relation différente entre nous, les pèlerins et les visiteurs. La science s'est également développée et les moyens de confort ont évolué, et l'Arabie saoudite a investi dans la technologie afin d’offrir aux pèlerins un voyage inoubliable», a-t-elle ajouté.

Al-Selhi, qui a grandi à Médine, a révélé que sa première collection de bijoux était inspirée par l'architecture de la mosquée du prophète dans la ville.

«Médine est la destination et la première étape pour les pèlerins et les visiteurs avant leur départ pour La Mecque», a-t-elle indiqué. «Pour ma génération, nos parents essaient de nous parler de cette période, de l'importance de la prière et de la nécessité de se rapprocher de Dieu. C'est une période d'optimisme pour l'année à venir.»

Elle se souvient que son grand-père aidait les pèlerins et les autres visiteurs du Royaume de l’Arabie saoudite pendant le Hajj.

«Il ouvrait sa maison pendant le mois et accueillait d'autres personnes ayant besoin d'un endroit où loger», a-t-elle affirmé. «Il en résultait un échange de cultures et d'expériences. Certaines familles saoudiennes ont même quitté leur maison pour la laisser libre pour les pèlerins et les visiteurs étrangers.»

Le travail de Nahla Khogeer s'inspire de celui de son père et de son oncle, en tant que guides à La Mecque pendant le Hajj (Photo fournie).

Nahla Khogeer, designer et artiste visuelle à Djeddah, a déclaré que le Hajj avait profondément influencé son travail.

«Mon grand-père, mon père et mes oncles travaillaient tous comme guides pendant les saisons du Hajj et de la Omra», a-t-elle déclaré à Arab News. «La relation avec mon père a eu un impact important sur mon intérêt pour le voyage du Hajj et sur ce que j'ai vécu dans mon enfance.»

Khogeer se souvient qu'elle accompagnait souvent son père à La Mecque pour le regarder travailler et qu'elle prenait des photos de nombreux lieux liés au Hajj, à partir desquelles elle créait des cartes postales qu'elle donnait aux pèlerins pour qu'ils les ramènent chez eux, en souvenir de leur pèlerinage.

«Ce sont ces expériences vécues avec mon père pendant le Hajj qui ont inspiré mon travail, surtout depuis sa mort», a-t-elle précisé. «Leur souvenir réside désormais dans mon travail.»

Le Hajj de cette année est le premier depuis la levée des restrictions de voyage liées à la pandémie de Covid-19, et les autorités saoudiennes s'attendent à ce qu'environ 2,5 millions de pèlerins participent au Hajj cette année, soit l'un des plus grands nombres jamais enregistrés.

Al-Selhi et Almusali ont déclaré que l’Arabie saoudite considère le Hajj non seulement comme un pilier de la foi islamique, mais aussi comme un événement qui unit le peuple saoudien et qui, en cette nouvelle ère pour l’Arabie saoudite, reflète les grands progrès sociaux et économiques que le pays a accomplis ces dernières années, ainsi que son ouverture croissante au reste du monde.

«Dans un monde qui peut souvent sembler divisé et déconnecté, le Hajj est un rappel puissant de notre humanité partagée et de l'importance de s'unir pour rechercher le bien commun», a souligné Almusali. «C'est un moment de renouveau et de rajeunissement.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.