LILLE: Le frère de Shaïna, assassinée à Creil en 2019, a appelé vendredi le président Emmanuel Macron à rompre "le silence coupable" face à la situation "des filles de nos quartiers", exprimant sa "colère" après la condamnation de l'ex-petit ami de l'adolescente à 18 ans de réclusion.
"Je suis en colère (...) Une colère profonde, qui ne me quittera jamais", écrit le frère aîné de l'adolescente, Yasin Hansye, dans une lettre ouverte au président de la République, diffusée sur son compte Twitter, promettant de lutter pour que "les choses changent".
La condamnation de l'ex-petit ami de Shaïna à 18 ans de réclusion criminelle, prononcée le 10 juin par la cour d'assises de mineurs de l'Oise, est devenue définitive mercredi, ni le condamné, ni le parquet n'ayant fait appel.
Le jeune homme, âgé de 17 ans au moment des faits, a été condamné pour avoir attiré Shaïna, 15 ans, probablement enceinte de lui, dans un cabanon pour la poignarder puis la brûler vive.
"Il n'a pas avoué. Le verdict a été rendu. Il m'a nargué. Et personne n'a fait appel. Il ressortira de prison avant ses 35 ans au pire, mais sans doute bien avant", s'émeut Yasin Hansye.
«Ma colère est intacte»
"Ma colère est intacte, mais plus ma confiance. Chaque jour, je me dis que j'aurais dû la venger, parce que la machine judiciaire était grippée, ce jour-là", poursuit le jeune homme, qui dénonce également des dysfonctionnements lors de la plainte déposée par Shaïna pour "viol collectif", deux ans avant son assassinat.
Dans ce premier dossier, quatre jeunes hommes ont été condamnés en appel à de la prison avec sursis pour "agressions sexuelles".
"Il n'est pas trop tard" pour "toutes ces adolescentes (...) de nos quartiers qui n'osent plus aimer, n'osent plus parler, effrayées à l'idée de finir comme ma sœur, parce que leurs agresseurs n'auront plus peur", écrit son frère.
Jeudi, l'avocate de la famille, Negar Haeri, avait déploré dans un communiqué que le parquet n'ait pas fait appel de cette peine très inférieure aux 30 ans de réclusion qu'il avait requis. "Les violences faites aux femmes demeurent une matière subsidiaire", estimait-elle.
En France, selon les chiffres officiels, une femme meurt tous les trois jours de la violence de son conjoint ou ex-conjoint.