La région arabe pourrait devenir le prochain centre créatif mondial, selon le comédien Mo Amer

Mo Amer insiste sur la nécessité pour les artistes qui viennent du Moyen-Orient de se montrer innovants et de créer des genres, tout en restant fidèles à leurs racines. (Photo fournie)
Mo Amer insiste sur la nécessité pour les artistes qui viennent du Moyen-Orient de se montrer innovants et de créer des genres, tout en restant fidèles à leurs racines. (Photo fournie)
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Publié le Jeudi 22 juin 2023

La région arabe pourrait devenir le prochain centre créatif mondial, selon le comédien Mo Amer

  • La comédie est souvent considérée comme un moyen léger d’introduire des questions controversées dans la sphère publique
  • Une grande partie du travail de Mo Amer consiste à recadrer le récit stéréotypé sur la région arabe

CANNES: La région arabe peut devenir le prochain centre mondial des arts en raison du nombre croissant d’artistes talentueux qui montrent qu’ils méritent une place sur la scène mondiale: c’est ce que déclare le comédien Mo Amer, lauréat de plusieurs Awards.

«Tout dépend de la façon dont vous alimentez la région et dont vous en prenez soin. Il est très difficile d’être conscient de tout cela», confie M. Amer à Arab News lors du Cannes Lions International Festival for Creativity.

L’acteur souligne qu’il est rare que l’investissement monétaire produise des talents de qualité; il défend l’importance de l’éducation, de la pratique et du renforcement de la culture dans les industries créatives.

«Je pense qu’il est possible d’être très progressiste tout en étant ancré dans nos racines historiques […] Je considère que cette période est une occasion en or pour cultiver cela et je suis très enthousiaste non seulement à l’idée d’en être témoin, mais aussi d’en faire partie», précise-t-il.

L’acteur salue les efforts des Saoudiens qui se fraient un chemin sur la scène mondiale du divertissement, en particulier ceux de Moayad Alnefaie, comédien devenu rappeur, qui fait des apparitions régulières dans la série télévisée à succès de M. Amer, Mo.

«Il y a beaucoup de jeunes talents en Arabie saoudite en ce moment et c’est très beau. J’aimerais en voir de plus en plus et il est de ma responsabilité de les aider s’ils me le demandent. Je serai là pour les guider s’ils en ont besoin à travers les étapes qu’ils traverseront», soutient M. Amer.

Ce dernier affirme que de nombreux artistes arabo-américains ont fait des progrès considérables dans le monde créatif en tant qu’interprètes ou dirigeants d’entreprise. Il est sans doute plus important d’être du côté commercial afin d’offrir de plus grandes possibilités pour la région arabe, note l’acteur.

Il insiste sur la nécessité pour les artistes venant du Moyen-Orient de se montrer innovants et de créer des genres, tout en restant fidèles à leurs racines.

«Notre langue a des racines trilatérales; elle est complexe et profondément détaillée. Quel privilège pour nous d’avoir cette richesse! Il est de notre responsabilité d’en informer le monde et je pense que nous vivons à une époque où nous sommes capables de le faire», confie-t-il encore.

C’est aussi le rôle de l’artiste d’expliquer l’histoire de la région. «Vous devez faire vos devoirs», précise M. Amer. Lors du lancement, qu’il s’agisse d’œuvres musicales, de séries télévisées ou d’autres projets créatifs, «il est indispensable d’être à la fois contemporain et intemporel», déclare-t-il.

La comédie est souvent considérée comme un moyen léger d’introduire des questions controversées dans la sphère publique. Au fil de propre carrière dans le stand-up, M. Amer a choisi de mettre en scène les événements qui ont façonné sa vie et continuent de le faire – le profilage racial dans les aéroports, les difficultés à obtenir la citoyenneté américaine, et même les débats sur l’origine du houmous.

«Parfois, c’est bien de ne chercher qu’à divertir. […] Tout ne doit pas nécessairement être nourri d’arrière-pensées. Personnellement, j’ai choisi cette voie, parce que je trouve cela plus stimulant. Cela me rend enthousiaste parce que c’est différent. C’est instructif, c’est vraiment drôle, mais cela présente également un objectif.»

Une grande partie du travail de M. Amer cherche à recadrer le récit stéréotypé sur la région arabe. L’idée est de ne pas se concentrer exclusivement sur les conflits et les questions politiques, mais d’adopter une approche tournée vers l’avenir.

«Nous sommes certainement l’une des minorités les plus sous-représentées au monde. Compte tenu de notre contribution à l’humanité, c’est tout de même très surprenant. Je pense qu’il est vraiment important de se concentrer sur l’avenir et de ne pas regarder en arrière – c’est d’ailleurs contraire à nos propres croyances religieuses. Les scénarios hypothétiques sont vivement déconseillés.»

Il affirme que la question devrait être posée différemment: «Que faire maintenant? Comment aller de l’avant et créer quelque chose de spécial?»

M. Amer n’a pas fourni de détails sur ses projets; il a simplement révélé qu’il «préparait quelque chose».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.